Wejlar : une étude (1/3)

2 avril 2014 par Kazz → Atlas

Blason Royal de WejlarPeu de pays, humains ou non, ont autant compté que le Royaume de Wejlar dans l’histoire de Derenworld.
Qu’on l’apprécie ou non, le Wejlar a été le prototype d’une société humaine qui s’est en grande partie imposée sur le reste du continent. Son passé, sa structure, son évolution servent toujours de référence, qu’elle soit positive ou négative, aux autres nations humaines.
Pour mieux comprendre ce pays fertile chargé d’histoire et fertile en aventures, il a paru utile de compléter par une étude plus approfondie l’entrée originelle concernant ce pays sur l’encyclopédie du site, trop succincte par rapport à l’importance du Vieux Royaume des Hommes. Cette étude comportera trois parties :
– le socle historique et social du Wejlar, dont le rôle fut déterminant pour le reste du monde ;
– ce qu’est le Wejlar aujourd’hui ;
– un rapide panorama des grandes maisons de Wejlar.

Nota : j’ai un peu honte de livrer la carte suivante, extraite de la Main Map de DW concernant le Wejlar car elle est très très fausse ; elle sert à donner une vague idée des composants du pays. Toutefois, la remanier est très au-dessus de mes capacités de temps….

Wejlar en 5220

PREMIERE PARTIE : SOCLE HISTORIQUE ET SOCIAL DU WEJLAR

LES PREMIERS WEJLES, ELEVES DES ELFES

Au commencement fut le Dragonlore

Comme les Convads et Krynns, comme les Evlini et Paëreidhels, les Wejles font partie des humains géographiquement les plus proches de Kelngurth, berceau des dragons au nord de la Vallée d’Arlve. C’est donc le cataclysme du Dragonlore, né de la transformation chromatique des dragons, qui va susciter puis sceller l’alliance entre ces humains et les elfes et nains de leur voisinage.

Avant la survenance du Dragonlore, vers -500, les humains représentaient pour les Ainëquendi une des races les moins développées, notamment par comparaison avec les nains, gnomes ou hobbits. Si pour les Sindars une alliance militaire avec des humains aurait été chose toute naturelle, les Ainequendi, fidèles à une conception restrictive de leur mission, estimaient qu’il leur incombait plutôt les encadrer et protéger. Ils ne réalisèrent leur erreur qu’en se rendant compte que les humains pouvaient s’avérer d’excellents combattants alors qu’eux-mêmes, premiers-nés et gardiens de l’Ellgebir par volonté divine, n’avaient pas été capables de les protéger des dragons. Les terribles pertes subies par les Ainëquendi les convainquirent qu’ils avaient eu grand tort de négliger le développement des humains, voire qu’ils s’étaient quelque peu endormis sur leurs lauriers de race « supérieure ». Ainsi, les chroniques elfes ne relatent-elles que vers 575 l’existence de civilisations humaines avancées alors que bien des travaux d’historiens démontrent que ces civilisations se développaient depuis plus d’un millénaire pour les plus anciennes.

Toutefois, dès avant l’arrivée des Sindars, plusieurs Ainëquendi avaient plaidé pour qu’on commence enfin à prendre d’un peu moins haut ces humains et en particulier ceux d’entre eux qui avaient été les premiers à combattre les dragons. C’était notamment le cas des Dantheidels, qui songeaient à développer de concert avec les humains une civilisation dont les valeurs et systèmes seraient compatible avec ceux des elfes. Cette idée fit son chemin jusqu’à la Cour du Roi de Vynar qui posa ouvertement la question dès les réunions préparatoires de l’Ohar’s Scroll. Toutefois les Falinorë et les Sindars refusèrent la conception Danthienne, considérant que les humains devaient développer leur propre civilisation sur la base de nécessités et valeurs personnelles. Les Ariandorë l’acceptèrent sur des bases individuelles ou familiales, au sein d’une ville mixte qui serait Ariacandre . Mais les ex-Evlinorë devenus Vynarëans ne perdirent pas de vue qu’ils avaient été les premiers bénéficiaires de l’alliance et de la fidélité des humains. Que ce soit comme autour de la Vallée d’Arlve abritant les Evlinorë, les trois races : elfes, naines et humaines, avaient étroitement collaboré à la défaite de l’ennemi et nulle part la violence des dragons n’avait été plus grande. Sous l’impulsion du roi Dalmidrandil de Vynar, de la reine Alphanëa de Danth, et du roi Calëyros de Paërmehani, les Ainequendi entreprirent ainsi dans les années qui suivirent la signature de l’Ohar’s Scroll d’aider directement les humains à élaborer une civilisation « elvo-compatible ». Et à cet effet ils se tournèrent vers ceux qui avaient été les premiers à proposer secours et solidarité : les Wejles.

L’apprentissage du Wejlar

Au sein des peuplades humaines du IXe siècle, les wejles sont assurément parmi les moins avancés. Pratiquant le nomadisme, ils partent l’été chasser dans les grandes plaines du nord ou de l’ouest avant de se réfugier au sud pendant l’hiver, occupant alors ce qui est aujourd’hui l’Inwejle, où certains ont commencé de se sédentariser. Ces tribus nomades et plutôt barbares étaient la proie facile des monstres, des intempéries, de la famine. La plupart de ces hommes au teint, yeux et cheveux clairs habitaient dans des tentes ou des huttes de branchages. Bien moins avancés que les Zahires ou Naïgakis de la même époque, leur seul talent consistait en une métallurgie acquise pour l’essentiel des nains Krynn dès les débuts du Dragonlore et entretenue grâce aux richesses minérales de leurs montagnes. Ils savaient fabriquer des armes pour la chasse, des pièces et outils de fer : marteaux, rivets, socs de charrue, et c’est là à peu près tout.

Les elfes entreprirent de leur apprendre le reste, patiemment, à leur rythme, c’est à dire pendant des siècles. Par exemple, comment fabriquer des bougies pour aisément s’éclairer, des poêles pour conserver la chaleur, comment cuire l’argile pour obtenir des briques, comment tailler, cheviller et articuler les charpentes, comment édifier des maisons solides durablement protégées par des toits de chaume, d’ardoise ou de tuile, comment parler aux animaux pour les élever au lieu de les tuer, comment conserver les récoltes des végétaux. Ils leur expliquèrent comment il valait mieux que les tailleurs des carrières aillent donner leurs pierres pour aider à construire des routes et des maisons et que les paysans donnent en échange farine et conserves pour les aider à survivre. Ils leurs enseignèrent à unifier leurs langues en une seule et comment écrire cette langue sur des parchemins et comment archiver ces parchemins. Ils leur apprirent à compter, mesurer, calculer, et comment se servir de ces mesures et calculs pour édifier murailles, ponts, ouvrages. Ils leur apprirent le verre, la poterie, les céramiques, le tissage, la tapisserie, les pigments, la musique. Surtout, les elfes leur enseignèrent leurs vertus : le respect des autres, le goût de la liberté, l’éloge de l’amour, la valeur du rêve.

Comme les hobbits et les gnomes, les nains ne furent pas en reste. Ils apportèrent la mine, l’architecture, la joaillerie, la métallurgie du fer, du cuivre et du zinc, le sérieux et la rigueur au travail ; ils apportèrent aussi l’idée de la monnaie mais également la solidarité, la valeur de l’amitié et encore l’importance de l’organisation sociale, la force militaire mais aussi sa nécessaire loyauté envers le politique.
Les elfes envoyèrent aussi ces humains s’instruire chez les hobbits et gnomes qui maîtrisaient l’agriculture sédentaire. Calyros de Paërmehani obtint des hobbits qu’ils mettent en commun avec les humains leur savoir-faire en particulier dans la semence et la conservation des végétaux. Alphanëa plaida de manière similaire et avec succès auprès des nains Krynn et des gnomes de Goodfield.

Pendant des siècles, les humains wejles furent ainsi des élèves choisis par les autres races. Ce qui permit la lente émergence puis structuration entre 900 et 2400 d’une civilisation bien particulière, appelle haut féodalisme wejlan, et qui allait par la suite servir de modèle ou de référence à la plupart des humains de Derenworld.

 

LA HAUTE FEODALITE WEJLANE

Une société d’hommes libres

Le socle de cette société est sa composition par des hommes ou femmes libres et de toutes races. Nul ne peut être asservi ni se voir privé de sa liberté de se déplacer. Nul, y compris enfant, ne peut devenir en quoi que ce soit propriété ou possession d’autrui, même volontairement. Nul ne peut se voir mis en danger par autrui. Chacun doit offrir son secours en cas de péril et son hospitalité selon ses moyens. Un homme et une femme ont le droit identique de voter à la commune et d’en appeler au seigneur et au roi dès leur quinzième année. La seule restriction admissible à ces droits et libertés ne peut venir que d’une décision de justice prise par une autorité valablement investie de ce pouvoir.

Le premier corollaire est que le Wejlar est composé de propriétaires ou locataires terriens, et non de serfs ou esclaves. La totalité de la terre de Wejlar appartient ou est concédée à des hommes libres qui peuvent cesser à tout moment d’y demeurer et travailler. C’est pourquoi le premier noyau de la société wejlane est la commune, groupe d’habitats, village ou hameau : regroupement d’hommes libres organisés sur un territoire, organisation qui consiste a minima en un chef élu ou héréditaire selon des termes et durées fixées par la coutume locale.

Les second corollaire est l’implantation d’une forme locale de démocratie. Il est impossible d’imposer à des hommes libres des décisions auxquelles ils (ou leurs aïeux) n’auraient pas librement consenti.  Toute modification abrogation ou création de coutume par le seigneur d’un fief exige qu’il réunisse le ban de ses communes, chacune ayant un nombre de voix correspondant au nombre de ses feux, afin de l’approuver. Sans cette approbation, une commune ou un sujet peut légitimement refuser d’appliquer un coutume nouvelle ou modifiée et demander le secours du roi s’il est contraint par son seigneur.
Cette démocratie est de nature locale, comme l’est la coutume qui fait loi ; elle ne se retrouve pas à l’échelon supérieur, celui du royaume.

Le troisième corollaire est que les droits et privilèges des nobles sont la contrepartie de ce que les hommes libres reçoivent d’eux. Les ressources des nobles sont leurs droits de chasse et éventuellement pêche et/ou de forêt, de corvée, et d’exploitation domaniale, c’est-à-dire la concession de leurs domaines en métayage ou fermage. Les corvées varient considérablement selon les endroits mais équivalent en général à 12 à 20 jours de travail par an. Les obligations des nobles en contrepartie sont considérables : protection armée, maintient de l’ordre et de la paix sur appel d’une commune, justice, aménagement et entretien des voiries et ouvrages d’art, service d’ost. Et, comme tout homme libre de Wejlar, le noble est assujetti au devoir coutumier de secours qui exige que toute personne en péril : menace ou danger physique, famine, détresse matérielle, puisse obtenir assistance de la commune ou du fief.

Un quatrième corollaire aurait du être l’importance donnée à la justice du roi. Le système wejlan suppose que le seigneur garantisse que les droits et libertés de chacun seront respectés, le roi étant lui-même garant du seigneur. Mais, à son apogée, le Wejlar comptait plus de 250 coutumes locales différentes,  souvent de tradition orale, en vigueur sur des terres parfois distantes de milliers de kilomètres ;  aucun roi de Wejlar n’a jamais eu les moyens ni de réunir suffisamment de lettrés pour connaître toutes ces 250 coutumes, ni de les payer afin de les faire respecter sur place. En réalité, le système politique wejlan reposait sur le présupposé, d’inspiration elfique, de la bonne volonté et de la droiture du seigneur de fief. Plus de deux millénaires d’histoire des réalités humaines en Wejlar on fait litière de cette supposition et le Naëmbolt (notamment Namrodd Ier, Irwin VI, Coron VI) saura s’en souvenir au moment de (re)construire son Etat.
Le ciment qu’aurait dû apporter la justice royale, sera en réalité assuré localement par des substituts convenus entre le seigneur et son ban : clergés (notamment Tyr, Athéna, Hermès, Silvanus, Frigga, Râ, Votishal, Horus) ou juridictions indépendantes établies dans des villes ou cités.

 

Fiefs et nobles

Le fief est, avec la commune, l’autre entité territoriale fondamentale du pays : région regroupant le plus souvent plusieurs communes, généralement administrée par un noble. Le fief est en principe tenu du roi, c’est à dire que tout titulaire de fief doit prêter serment d’allégance et de loyauté absolue et inconditionnelle au roi.

Nombre de fiefs s’avérant de grande taille, ils sont alors souvent divisés en districts ou en fiefs secondaires. Les premiers sont administrés civilement par un bailli et militairement par un capitaine tous deux nommés par le noble titulaire du fief ; les seconds par un noble ayant allégeance au titulaire, souvent de sa famille ou d’une famille alliée, ayant souvent rang de chevalier, baron ou un vicomte. Les titres nobiliaires des humains, devenus d’application générale, ont été inventés et codifiés par l’Héraulté de Wejlar. Ils sont indiqués suivant leur hiérarchie originelle, laquelle n’a toutefois plus aucun cours en Wejlar même depuis longtemps, mais demeure souvent en vigueur ailleurs, notamment en Empire Naëmbolt :
– Chevalier : tout homme libre ayant un cheval pour parcourir les terres, le titre n’étant pas transmissible par héritage.
– Baron : à l’origine le titre unique de la noblesse wejlane, littéralement « homme fort » ; par la suite, usuellement donné aux féaux ayant prêté allégeance à un noble titulaire d’un fief.
– Vicomte : Baron ou membre de la famille du noble titulaire du fief tenant lieu de ce dernier dans un fief secondaire, celui-ci étant généralement de grande importance économique ou territoriale car le vicomte peut avoir ses propres barons et chevaliers.
– Comte : distingue en principe un noble chargé par le roi d’une tâche pour son compte et membre de son Conseil. Certains titres locaux (Jarls, Earls, Sheiks…) encore portés aujourd’hui et correspondant à des fiefs qui furent intégrés au Wejlar ont été admis au rang de Comte.
– Duc : noble chargé de devoirs (« dutkses » devenu « duties ») particulièrement lourds, généralement par la taille de son fief ou son importance spécifique.  Le Margrave (noble chargé de défendre une marche du royaume, titre d’origine Varik) a rang de Duc.
– Prince : signifie premier noble, titre de souveraineté pouvant impliquer un gouvernement indépendant de toute allégeance.

Contrairement à ce qu’il en sera par la suite, être noble dans la première haute féodalité wejlane est une charge bien plus qu’un avantage, voire même un sacerdoce. Beaucoup de nobles menaient alors une existence bien moins facile que celle de leurs sujets, souvent loin de l’aisance d’un meunier ou d’un vigneron prospères. Dans certains fiefs, il n’était pas exceptionnel qu’un chevalier ou baron doive en appeler au devoir de secours de ses sujets ou ceux d’autres fiefs pour ne pas mourir de faim dans les murailles de son castel. Les gnomes de Goodfield sauveront de la famine bien des féodaux du grand nord.

Toutefois les nobles de Wejlar ont de tout temps joui d’un considérable pouvoir d’obstruction envers la Couronne dont ils tiennent pourtant leurs domaines.  Ils forment en effet le Conseil des Nobles de Wejlar, sorte de véritable Parlement du royaume, qui peut, à la majorité des deux tiers, bloquer pratiquement toute initiative du monarque à portée générale. D’autre part, il suffit que deux nobles s’opposent à une décision royale pour rendre celle-ci invalide sur leurs fiefs, le roi étant alors obligé, s’il y tient vraiment, de les contraindre par la force, et encore pour cela doit-il obtenir l’approbation d’au moins un tiers du Conseil. Ces capacités de blocage expliquent pour une grande part la traditionnelle insuffisance de lois communes à l’ensemble du territoire wejlan ; éviter pareil  écueil sera au centre de la constitution d’Etats comme Kelnore, Avros, l’Empire Naëmbolt, et même le Vizan.

Le roi face à son royaume

Les premiers rois de Wejlar sont élus par leurs pairs. Cependant, avec Olan Ier et l’onction divine qui lui est accordée, la monarchie de Wejlar devient représentée par les trois attributs : le sceptre, la couronne, et la ceinture, qui sont possession d’Olan et de ses descendants. L’élection se transforme alors en approbation par les nobles du prétendant possesseur de ces attributs, qui est en pratique toujours un descendant d’Olan Ier. Si le roi n’a pas désigné de successeur auquel il aurait confié ces attributs, ils sont dévolus à son fils aîné ou en l’absence de fils à sa fille et son époux. La crainte et la révérence attachées à ces attributs sont si fortes que pas une seule fois depuis Olan Ier, le Conseil des Nobles n’a récusé leur possesseur. Toutefois, il est arrivé que ces objets soient répartis entre plusieurs héritiers présomptifs ; ce fut en particulier le cas entre les deux fils de Johan VII, Olan détenteur de la couronne et Leos qui portait la ceinture tandis que le mari de sa fille Edmiane, Jude Meindes, possédait le sceptre. Il fut alors décidé par le Conseil d’une part qu’aucun des trois attributs n’était supérieur à l’un des deux autres ni inférieur à leur réunion, d’autre part qu’en pareil cas le futur roi serait désigné par un collège comprenant la Reine de Danth, le roi de Kynnland, et deux autres membres du Conseil, la Reine ayant voix prépondérante.
Le haut féodalisme wejlan se caractérise par une forte décentralisation qui l’apparente à une mosaïque de territoires divers plutôt qu’à un état gouverné par une tête couronnée. Le Wejlar est constitué d’un ensemble de coutumes locales souvent disparates qui régissent des fiefs jouissant d’une très forte autonomie. Dans ce cadre, le roi n’est qu’un noble primus inter pares. Il a pour fonction essentielle d’harmoniser les politiques et coutumes locales, de juge d’appel, de chef de guerre, et de représenter diplomatiquement le pays. En pratique, pour ses sujets, le roi est une lointaine autorité morale qui ignore tout de ce qui se passe localement et auquel on n’appelle qu’en cas de catastrophe ou de flagrante injustice.
Le roi ne peut confisquer un fief que dans trois cas : absence de titulaire légitime ou élu pendant un an, manquement grave et répété au moins une fois au serment, rébellion armée. Le roi est aussi le seul noble qui ait le droit d’entrer en guerre contre un autre noble, doit qu’il peut aussi conférer ; il ne peut en revanche exiger d’un autre noble d’aide active à cet effet. Il manque toutefois cruellement de moyens car la fonction royale ne confère pas de revenus particuliers.
La notion d’impôt monétaire est quasiment inconnue dans ce Wejlar de la haute époque. Les routes nationales, peu nombreuses, sont le résultat de corvées harmonisées par le roi. La liberté d’aller et de venir interdit en outre d’y percevoir des péages. Il n’y a donc pas de ressources au plan national pour favoriser l’équipement du pays qui est laissé à l’initiative locale.
Par son extrême libéralisme, le haut féodalisme wejlan tranche avec quasiment tous les régimes humains alors en place sur Derenworld. Il rencontre un immense succès, se propageant bien avant la Visitation d’Olan. Lorsque ce dernier lance ce qui va devenir l’expansion du Grand Wejlar, une bonne part des terres occidentales du continent lui est déjà acquise spirituellement sinon administrativement.

L’expansion

En l’an 2469, Olan Ier, qui vient de monter sur le trône, annonce qu’il a reçu une vision de pas moins de huit Dieux : Demeter, Ukko, Frigga, Frey, Balder, Hermès, Râ et Geb. La civilisation humaine du Wejlar doit devenir l’exemple et le modèle des civilisations humaines de Derenworld. Pour cela, il faut descendre vers le sud jusqu’à ce qu’il rencontre la mer d’Azur et ainsi fonder le plus grand pays humain du continent où toutes les races vivront en harmonie, paix et liberté ainsi qu’elles en jouissent déjà dans le nord, c’est à dire le Wejlar stricto sensu, soit l’actuel pays de ce nom. Cette expansion doit être pacifique et afin de garantir qu’elle ne ressemble pas à une quelconque volonté de dominer le monde, elle sera bornée à l’est par le fleuve Undine, sur le reste par les côtes ou par les peuples qui la refuseront.

Et ainsi Olan Ier entreprit-il de descendre le long de l’Undine et de convaincre une à une toutes les peuplades qu’il rencontrait de devenir partie des terres de Wejlar. Tâche qui connut un immense succès, car l’énorme majorité des humains qu’il rencontra dans ce long voyage étaient soit assujettis à des autocrates locaux, soit à de vagues ou lointaines puissances ne se souciant guère de leur sort, soit sans protection aucune ; et tous étaient bien étonnés de voir ce pèlerin pauvre, sans armes, presque va-nu-pieds, leur annoncer qu’il était le roi du Wejlar, l’ami des nains, elfes, hobbits, gnomes et de toutes autres races de bonne volonté, avant d’expliquer comment marchait son royaume auquel il leur proposait d’adhérer en hommes libres. Cette entreprise dura tout le règne d’Olan Ier sans qu’il achève sa quête, décédant à l’âge de 87 ans dans Isablis. C’est son fils et successeur Olan II qui, après la Révélation d’Isis à Isablis lui confirmant que la quête de son père n’était pas terminée mais que lui la réussirait, reprit le flambeau et acheva la délimitation territoriale de ce qui allait devenir le Grand Wejlar. Avec Olan III, Johan II et Luckshyn II, en cinq règnes, le Wejlar devient ce royaume dont l’adjonction avec ses alliés elfes et nains représente le quart des terres du continent. Le modèle social wejlan installe pour les siècles à venir une référence de société dont tous les autres pays, du Lowenland à Avros, de l’Arkandahr au Farxel, vont s’inspirer, fusse pour le rejeter tel Marn ou le Vizan, mais bien plus souvent pour l’adapter et le perfectionner. L’Empire Naëmbolt, le Farxel, Avros, Zevjapuhr, l’Evriand dérivent tous du Grand Wejlar, et de la confluence qu’il incarne entre la condition humaine et le rêve elfique.

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