E T R E    M O N K

L'ordre initial | La scission | Les trois ordres actuels | Glossaire


Aujourd'hui n'importe quel humain peut devenir Monk. Croyances, couleurs de peau, origines ethniques importent peu. C'est cependant loin d'avoir toujours été le cas.
De même, pour le plus grand nombre, le Monk est surtout une sorte de combattant, un genre de guerrier spécialisé dans les arts martiaux avec quelques compétences de voleur en prime. C'est loin de correspondre à l'essence du "monkisme" dont le nom même est impropre et confondre l'effet et la cause.
En fait, le Monk, qu'il s'agisse d'un Ta
ïketshi débutant, d'un Yamakutsi reclus dans son monastère, ou d'un Umadân représentant et dirigeant de l'un des trois Dojs (ordres) est très différent de ces images vulgaires. Cette brève étude historique a pour but d'aider à dissiper "l'éternel brouillard de l'ignorance" (Okina-Do, VII, 38) qui enveloppe l'une des plus intéressantes "classes" de personnages.


Les Origines : de la philosophie naïgaki aux premiers yamakutsis

Les Monks sont à l’origine une émanation directe de la Philosophie Naïgaki (Okina-Do). Celle-ci prône, parmi d’autres aspects de son enseignement, la maîtrise par l’individu humain de son corps (Naya).

Vis à vis de l’image renvoyée par les elfes, les Naïgakis pensaient que les humains n’avaient pas à faire de leur brève durée de vie un complexe. La durée de la vie d’un homme est, pour un Naïgaki, ni longue ni brève : elle est, en tant que telle. Il s’agit d’un phénomène naturel et " envier " les elfes c’est déjà renoncer à sa condition humaine, refuser d’être soi-même, vivre dans l’erreur. Cette durée porte en elle sa propre mesure, son début comme sa fin en tant que vie, et par la même est finalement entièrement semblable à celle de tout être vivant, elfes y compris. La durée prétendument objective de celle-ci n’a pas de valeur réelle ; seul compte de point de vue subjectif, seul auquel la vie d’un être se mesure. Par boutade, un Sage Naïgaki déclara que de son point de vue ce sont peut-être les elfes qui vivent beaucoup trop longtemps.
La durée du laps de temps qui est imparti à chaque individu importe donc bien moins que ce qu’il en fait. Apprendre et approfondir l’usage de son corps, de la première chose matérielle (et peut-être la seule) dont on soit sûr, est primordial. C’est la première priorité.

La Philosophie Naïgaki s’oppose aux fondements de la majorité des autres civilisations et races, notamment elfes.
Pour les elfes, pour les nains, pour la plupart des autres peuples, la domestication de la nature, de son environnement, constitue la priorité ; que ce soit avec des haches, des marteaux ou de la magie. Pas pour les Naïgakis et moins encore pour les Monks. Selon eux, à la fois la priorité et l’outil, le début et la fin, c’est toujours l’homme, l’individu : un corps et un esprit aussi indissociables qu’ils sont dissociés du reste, c’est à dire du monde ; et il faut parfois plus long qu’une vie pour parvenir à concilier tout cela. " Ce n’est qu’en sachant comment entendre (comment on entend) le chant des oiseaux que [le Disciple] entendra le vrai chant des oiseaux " (Okina-Do, XLIV, 24)

Apprendre à connaître, approndir et maîtriser son esprit n’est certes pas une grande nouveauté. Mais que ce processus s’opère simultanément dans le corps et dans l’esprit, cela, oui, est incontestablement une trouvaille Naïgaki.
Il est aussi probable que ce sont les Naïgakis qui les premiers découvrirent ce qu’on appellera plus tard les capacités psioniques et surent éduquer les individus qui en avaient reçu le don. Les préceptes de leur philosophie aboutirent ainsi à une maîtrise du corps et de l’esprit humain devenues ce que le commun appelle vulgairement " psionicisme " et " monkisme ".

Les Monks étaient à l’origine beaucoup moins structurés qu’ils ne le devinrent par la suite. Ce qui les caractérise aujourd’hui, disciplines quasi-psioniques, arts martiaux, refus de la magie, permanence et force de la spiritualité, se retrouvait alors aussi bien chez des guerriers que des prêtres, des paysans ou même les illusionistes-comédiens, seuls mages tolérés par la Philosophie. Ceux qui allaient former les Monks représentaient l’extrême, la plus dure faction de cette Philosophie : celle qui refusait l’intermédiaire d’une armure ou qui comptait avant tout sur son corps pour agir sur le monde matériel. Ils prirent le nom de Yamakutsis, ceux qui maîtrisent leur esprit. Ils s’opposaient en particulier aux samouraïs, adeptes du combat classique, avec armes et armures. La controverse entre samourais et Yamakutsis ne fut pas seulement spirituelle et alimenta plusieurs légendes et pièces théâtrales célèbres en Gaïko.


L' Ordre initial : le Tao-Doj

Cependant, la Philosophie Naïgaki se répandit non seulement en Gaïko, dont elle est originaire et où elle contribue encore aujourd'hui au ciment culturel, mais aussi en Vizan puis dans le milieu du continent.

Dès le XXVIIe siècle on trouve des Yamakutsis sur les sites de Zevjapuhr, Gelkard, Viris. Leur ascétisme, leur assurance, leur simplicité séduisaient souvent bien davantage les humains que les étrangetés des elfes, le mercantilisme des nains, le laisser-aller des Wejles, le systématisme Zahire ou la brutalité tenue pour foncière des Variks.
D’autre part, les Yamakutsis trouvèrent, particulièrement en Vizan, des éléments religieux et mystiques compatibles avec leurs conceptions. Les Zahires de Vizan rejetaient en effet l'aréopage des dieux elvo-humains censés prétendre à une direction du monde triumvirale (avec les mages et les politiques), et toute organisation d'un monde régenté par l'Ohar's Scroll. Or le Monk est lui-même fort éloigné de tous êtres et croyances qui pensent le monde " dirigeable " afin d’oublier de se diriger eux-mêmes.

Néanmoins, ce n’est qu’avec la disparition du Gaïko que les Yamakutsis s’organisent en ordre un supranational : le Tao-Doj, se fondant sur l’exemple social des clergés ou des institutions elfes dont ils rejetaient les préceptes mais avaient compris l’utilité pratique.

Vers le XXXIe siècle, la plupart des Yamakutsis se constituent en ainsi " classe " de combattants-spirites, suivant la stricte hiérarchie d’un ordre sévère groupé dans des Monastères. Cependant la plupart des Monks vivent en réalité hors de ces Monastères ; ce sont les taïketshis (les "non-internes") qui deviendront sans cesse plus nombreux au point que l’appellation de Yamakutsi ne signifiera bientôt plus qu’enseignant.

En même temps, ces établissements conservent et développent les aspects de l’Okina-Do qui incarnent les préceptes fondateurs des Yamakutsis ; et ils le font si bien que ce sont eux qui inventent le système des " niveaux " et titres qui vont avec, système de reconnaissance et de progression que l’on retrouvera assez vite dans des corporations proches ou bien différentes.

Le Tao-Doj se structure ainsi en Yamakutsis, moines-résidents, éloignés du monde, enseignants, philisophes, penseurs, mentors, et Taiketshis, monks externes, qu viennent recueillir l'enseignement et le répandre ensuite ou l'exercer en pratique dans le monde. Car avec les guerres et les vicissitudes du monde, être taïketshi devient bientôt un métier : la plupart des Monks qui sortent des Monastères sont en réalité des combattants, dans les faits comme dans l’esprit. Combattants aussi pour une certaine façon de voir le monde et la société des hommes, combattants au service d’une tradition multimillénaire, d’une façon de vivre originale et, on le verra plus tard, d’une éthique.

Les Monks ne méprisent pas ni ne se sentent ennemis des races ou peuples différents d’eux. Ils se sentent différents, ni plus, ni moins. Ils ont choisi leur voie, ils en sont sûrs comme ils sont absolument sûrs de son authenticité, de sa vérité, de son ultime bien-fondé. Un Taïketshi ne se bi-classe jamais et n’abandonne jamais sa classe. Qui devient Taïketshi mourra Taïketshi.

Il n’y a rien de pire pour un Monk que de vivre dans l’erreur ; or il tient que la plupart des humains vivent dans l’erreur. En cela, son approche est assez voisine des prêtres vis-à-vis de leur religion, à ceci près que le Monk est toujours tolérant : sa conception de l’erreur est fondamentalement individuelle : qui n’a pas eu la chance, la volonté, la capacité d’être Taïketshi ou mieux, Yamakutsi, ne saurait certes en être blâmé. En fait, la seule intolérance des Monks s'opère entre eux, entre les trois ordres qui résultent des scissions du Tao-Doj originel, intervenue en 3710.


La Scission

La scission des Monks est en fait le résultat indirect de l’action de Horsnt Soulslayer. Ces événements, qui secouèrent Derenworld, ne pouvaient laisser indifférents même des personnes aussi peu intéressées par la chose politique que les Yamakutsis même si pour certains, un Hornst Soulslayer n’était qu’un avatar (au sens usuel) des vicissitudes d’une humanité globalement et irrémédiablement plongée dans l’erreur.

A ces tenants d’une stricte orthodoxie s’opposèrent ceux qui étaient partisans d’une action concrète, d’une insertion dans la réalité des préceptes de l’Okina-Do, quitte à les voir évoluer ou à les bousculer quelque peu. La plupart de ces novateurs avaient combattu Hornst ou ses séides ou encore venaient de territoires qui avaient eu à en subir les tragiques effets. Cependant, ils demeuraient profondément attachés à une certaine liberté de penser et respectueux de l’antique hiérarchie du Tao-Doj. Ainsi, plutôt que de révolutionner l'Ordre, ils préférèrent fonder le leur, les White Monks, ceux vêtus de blanc.

Les White Monks, à l’idéologie Lawful Good, tiennent pour nécessaire l’inscription de la philosophie des Monks dans la réalité, au nom d’idéaux collectifs autant qu’individuels. Ce sont les plus sécessionnistes des Monks, les plus éloignés de la forme originelle de la haute époque Naïgaki. Certes, ce n’est pas à l’échelon de l’Ordre mais à l’échelon individuel que l’insertion et l’action dans la réalité sociale peut s’accomplir, et bon nombre d’entre eux demeurent reclus dans des monastères. Mais il n’en reste pas moins que le White Monk, un peu comme le Paladin, obéit sur un plan personnel à des préceptes spirituels qui non seulement lui permettent d’agir dans la réalité sociale mais lui en font même parfois obligation.
Pour le White Monk, la réflexion et la méditation pure, l'éloignement du monde, sont stériles. Il y a un temps pour l'action, pour l'inscription dans les faits, pour l'insertion dans la réalité quotidienne. Le White Monk a introduit le volontarisme dans l'Okina-Do. Il accepte de compromettre sa pureté matérielle, tant que celle de son âme et de son esprit demeure intacte. De même que le corps est un intermédiaire avec le monde matériel, l'esprit, doué de parole et de communication, doit être intermédiaire avec le monde social, et apte à y agir. Le Tao-Doj, collectif incapable de comprendre et d'orienter cette action ne pouvait convenir aux White Monks.

D’autres opposants reprochaient à la ligne classique du Tao-Doj un passéisme jugé totalement irréaliste. Leur critique, rejoignant sur le principe celle des White Monks, en différait profondément au sujet de l’insertion sociale de l’action des Monks. Ces opposants pensaient disposer d’un outil idéal, le Tao-doj , non seulement pour strcuturer et représenter les Monks mais aussi pour agir vis-à-vis de la société. En revanche, au plan individuel, ils demeuraient fidèles à l’orthodoxie de l’Okina-Do : l’insertion dans la réalité est affaire de chacun et en aucun cas une obligation, la nécessité première demeurant bien l’accomplissement personnel de chaque Taïketshi. L’exemple de Hornst montrait d’ailleurs que des accomplissements individuels pouvaient ne pas être le fait de Monks mais entraîner des conséquences qu’aucun humain sains d’esprit ne pouvait sérieusement ignorer.

Ces opposants, pour la plupart de fort jeunes gens, se montraient nettement plus violents que l’avaient été les White Monks; mais, dans un premier temps, leur action demeura interne au Tao-Doj et s’effectua en deux directions : d’une part en entrant en lutte contre les White Monks, d’autre part pour convaincre les Yamakutsis de faire évoluer la doctrine . Ces deux directions échouèrent complètement. Devant ce double échec, la majorité de ces jeunes Taïketshis choisirent eux aussi, à l’exemple des White Monks, de quitter le Tao-Doj et ils fondèrent les Red Monks, ceux vêtus de rouge.
Les Red Monks demeurent partisans de l’action individuelle plus que collective et de la séparation entre leur Ordre et la société en général. Cependant, ils sont convaincus de la supériorité de leurs principes sur tous les autres. Que ce soit donc sur un plan collectif ou individuel, les Red Monks s’estiment en droit d’agir de façon à accomplir cette supériorité qui ne saurait rester stérilement spirituelle.

Prenant acte de la fin de l’union de ses frères, le Tao-Doj se saborda en 3710 et au lieu des couleurs grises, noires ou jaune pâle qui formaient leur tenue jusqu’alors, ils adoptèrent un bleu uniforme. Cependant, beaucoup conservèrent leurs couleurs grises habituelles.

Les Blue (ou Grey) Monks, ainsi qu’on les appelle depuis lors, sont les plus intellectuels, les plus spiritualistes, les plus obéissants aussi à leur hiérarchie de tous les Monks. Ils sont les conservateurs de l’esprit du Tao-Doj et sont souvent, d’ailleurs, assez conservateurs au sens général du terme. Un Blue Monk est quelqu’un qui réfléchit avant d’agir et après avoir agi, sauf pour obéir.


Les trois ordres aujourd'hui

Les trois ordres se détestent cordialement. Cependant, un White et surtout un Blue Monk répugneront à l’affrontement physique direct entre des représentants d’ordres différents, affrontement qu’un Red Monk ne verra aucun inconvénient à solliciter ou provoquer. Il peut aussi arriver que sur un plan individuel, deux Monks d’obédience différente, voire même opposée, s’entendent ; les fondements de l’union passée des Monks ne sont pas totalement disparus, tant s’en faut. Cependant, en règle générale, un Red Monk ne participera jamais à une association avec un Monk d’obédience différente.

Ordre des Red Monks (Nei-Doj)
Le centre des Red Monks est le territoire de K’Chunga, dans la vallée d’Arlve ; le plus grand Monastère de l’Ordre dans l’Ouest de Derenworld, dont ils s’emparèrent au moment de leur scission. On connaît deux autres monastères principaux : Taÿ, en Empire (Silverdawn) et D’Jir en Vizan (Province d’Oth Pelaïg). C’est le plus actif des ordres ; puissance politique établie, il est même reconnu en tant qu’Etat de la Vallée d’Arlve.

Ordre des Blue Monks (Motao-Doj)
Le Monastère central des Blue Monks est l’Antique Pagode de Kiunayama, en Gaïko. C'est le centre historique du Tao-Doj. De très nombreux monastères secondaires sont disséminés partout sur le continent. Cet ordre est celui qui possède la plus grande proportion de Yamakutsis et sans doute aussi le plus grand effectif.

Ordre des White Monks (Amaromo-Doj)
Les White Monks sont organisés en quatre grands centres :
- en Occident, le Monastère d’Albe, au nord-ouest de Zevjapuhr.
- en Orient, le Monastère d’Ahierra en Erguña (Empire Naëmbolt)
- en Septentrion, le Monastère d’Arnecaër (Prias)
- en Midi le Monastère d’Aquilera, en Farxel (Haakerland)
Cet ordre est le mieux inséré dans la société et bénéficie de plus d’alliés qu’aucun des deux autres.

Pour la plupart des ordres, jusqu’aux niveaux les plus élevés (XII et au-delà), le combat n’est pas nécessaire ni même le retour à un Monastère : l’accomplissement peut se faire de façon spirituelle et individuelle.

Aux hauts niveaux, le combat s’avère nécessaire dès lors que le quota de places est rempli. Ces combats sont purement spirituels chez les Blue Monks, physiques chez les White Monks, et peuvent être mortels chez les Red Monks. Les Blue et White Monks admettent un quota de 4 individus par palier de haut niveau, les Red 3 seulement.


Glossaire

Yamakutsi
Anciennement tous les Monks. Les fondateurs de la doctrine puis de la pratique s’y associant ou en découlant. Aujourd’hui, c’est un Monk reclus dans un monastère, voué à l’enseignement, la recherche, la méditation.
Okina-Do
Ensemble de règles codifiées et écrites qui régissent le comportement des Monks vis-à-vis de toute pensée et de toute réalité. Voie ancienne, voire antique, qualifiée également d’orthodoxie.
Emiyama-Do
Voie (karma) personnelle déterminant les actions de chacun ; conception apparue avec la scission des Monks en trois ordres.
Madân
Degré (ou niveau).
Umadân
Maître ou Supérieur.
Urmadân
Grand-Maître
Doj
Ordre des Monks. Le Tao-Doj est l’ensemble de la " classe " des Monks.
Taïketshi
Monk au sens usuellement donné à ce terme. La dénomination (impropre) de Monk est apparue avec la scission en trois ordres et est considérée vulgaire entre Taiketshis et/ou Yamakutsis.
Nayatsun
Arts Martiaux et par extension ensemble de règles et préceptes de vie régissant les rapports entre l’esprit et le corps.
Kaotsun
Disciplines psioniques ou quasi-psioniques.
Chingwa
Serment d’appartenance. Par extension précepte d’accord, de cohérence, d’ordre et de loyauté conditionnant l’ordonnancement d’une existence, élément central de l’Okina-Do.


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