Campagne et bataille de Bucklry

19 mai 2014 par Kazz → Atlas

Parfois, on commence à écrire et puis ça ne s’arrête plus… Du coup, cet article propose une assez longue lecture, dont je n’avais pas du tout l’intention à l’origine, en supplément à la sixième partie de l’histoire de l’Empire Naëmbolt. Je livre néanmoins le tout : la description complète de la bataille de Bucklry, ses préparatifs, son impact….
Vieille histoire contée à moi-même, c’est aussi un pilier historique de Derenworld, celui qui fait que, pour les joueurs de D&D, lesquels incarnent aussi des personnages « militaires » à leur manière, il y a toujours eu cette impression de supériorité, presque d’invulnérabilité,  de l’Empire Naëmbolt. Et peut-être encore l’impression de géant désormais endormi que peut donner le Vizan.
Cet article comprend deux parties : d’abord un rappel des conditions stratégiques qui vont aboutir à la bataille de Bucklry, déjà évoquées dans la sixième partie de l’histoire de l’Empire, puis la description du déroulement de cette bataille.


A) STRATEGIES VIZANER ET IMPERIALE EN 5126 B.C.C.C.

I – Avant l’entrée en guerre : plan originel Vizaner

 Plan vizaner original

Le général vizaner Ralussientan a réparti ses forces en trois armées :
– L’armée d’Anhabad (A), la plus nombreuse, forte de 35000 hommes, comprenant les 2/3 des éléphants. Elle a pour objectif d’envahir le Sablern afin de couper Djébaïr, Zevjapuhr et la XVe Légion du reste de l’Empire, et de mettre le siège devant Isablis.
– L’armée de Rajir (R), la plus mobile, comprenant la cavalerie et les forces d’élite, en tout  15000 hommes ; elle a pour objectif Djebaïr en se portant soit sur la XVe légion pour la repousser dans Zevjapuhr, soit de préférence vers la Ve pour l’encercler et assister l’armée A.
– L’armée de Zevjapuhr (Z), qui comporte le plus grand nombre d’engins de siège et le dernier tiers des éléphants. Elle doit conduire le siège de Zevjapuhr en ensuite de relayer les positions des deux autres armées.

Le plan de Ralussientan est fondé sur la destruction ou la mise hors de combat de la Ve Légion qui protège le Sablern et Isablis et l’écrasement ou la contrainte de la XVe Légion qui couvre le Beyya (Province de Zevjapuhr) à s’enfermer dans Zevjapuhr.
Dans une seconde phase, l’armée « R » prend le relais du siège d’Isablis tandis que l’armée « A » remonte l’Undine vers le nord jusqu’à Nederia, balayant la IIIe Légion par une supériorité numérique de 8 contre 1.
Dans une troisième phase, Isablis est supposée avoir cédé ; l’armée « R » relaye l’armée « A » sur Nederia tout en couvrant ses flancs. L’armée « A » se porte quant à elle vers Orandreth où sont censées l’attendre les Ie et VI Légion et/ou Corontown où elle affronterait les II et IVe Légions.
Cette carte indique aussi la frontière Empire / Dere / Vizan ainsi que les principales provinces impériales sur lesquelles se déroule la campagne.

La première phase de ce plan sera impeccablement exécutée de part et d’autre. La XVe Légion abandonne Djebaïr, peu fortifiée, pour s’enfermer dans Zevjapuhr, parfaitement défendue, où l’armée ‘Z’ entame un siège qui promet d’être long. Ve Légion échappe de justesse à l’encerclement en retraitant à toute allure dans Isablis et au nord de celle-ci vers l’Undinielle. Isablis, assez mal fortifiée, peut tomber en moins de 10 jours par un assaut des armées « A » et « R » combinées qui risque toutefois de coûter assez cher en hommes.

 

 II – Le plan Vizaner tel que modifié par Urion Shokota et exécuté

Plan de Shotoka après Djebaïr

Cette carte montre le plan alternatif décidé par Urion Shotoka et qui sera mis en œuvre après la chute de Djebaïr en 10 jours de campagne et l’enfermement de la Ve Légion dans Isablis. Urion écarte les propositions du général Ralussientan qui voudrait procéder par étapes : un regroupement suivi d’un assaut sur Isablis, puis l’établissement d’une ligne de défense en Sablern, puis une progression groupée vers Nederia, selon le principe qu’un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras.

La rapidité de la chute de Djebaïr est due à la retraite immédiate de la XVe Légion dans Zevjapuhr ; de même, la Ve Légion a elle aussi retraité à toute allure et s’est divisée, son infanterie allant s’enfermer dans Isablis (V.1), ses piquiers et sa cavalerie allant couvrir Nederia (V.2). Ce mouvement de couverture n’a pas échappé aux vizaners et les mène à croire que la demi-Ve Légion tente de rejoindre la IIIe moins pour protéger Nederia que pour rejoindre le gros des forces impériales qui serait en train de concentrer entre Orandreth et Corontown. Or Urion craint que si l’armée composée des III et Ve légions réunies n’est pas rattrapée et anéantie assez vite, elle renforcera les autres légions, compromettant la supériorité numérique sur laquelle est fondée la 2e phase du plan originel. Urion Shokota a exactement compris que l’Empire est prêt à céder du terrain pour conserver ses légions à peu près intactes mais il pense que c’estpour  « aspirer » les forces vizaners en territoire ennemi, avec des lignes de ravitaillement allongées, pour les affronter au meilleur moment.

En choisissant de faire peser toutes ses forces sur Henrys, Urion pense avoir trouvé une solution permettant de reprendre l’initiative et de surprendre l’ennemi. Il s’attend à trouver au pire deux légions, les XIV et VIèmes, en Cyria (province autour d’Henrys), soit 6 à 7000 hommes au plus. En jetant contre elles le poids combiné de toute l’armée « A », la meilleure, et des deux tiers de l’armée « R », il en réunit 45000. Le dernier tiers de l’armée « R » constitue une force Nederianne qui doit progresser en gardant le contact avec les III et Ve Légions sans les affronter. Un simple écran maintiendra le siège d’Isablis qui sera plus tard renforcé par une armée de réserve en cours d’acheminement depuis l’est du pays. En attendant, une partie de l’armée de Zevjapuhr sera détachée pour couvrir les arrières des armées « A » et « R ».

Une fois Henrys atteinte, un second tiers de l’armée « R » mettra le siège devant la ville et couvrira le Cyria tandis que l’armée « A » et la cavalerie de l’armée R continueront vers Lightown, la cavalerie poursuivant vers le nord en contournant Ilnaëmb par l’est, menaçant ainsi d’encercler les forces impériales qui sont supposées groupées autour d’Orandreth.

 

 III – Situation des forces avant Bucklry

 Situation avant Bucklry

Or ce qui va se passer en réalité figure sur cette carte. Le Maréchal d’Agle a décidé de concentrer ses forces non pas en Heart mais en Cyria pour surprendre l’ennemi devant Henrys, ou, au pire, derrière. D’autre part, Shotoka a sous-estimé la rapidité de réaction des impériaux : la qualité du réseau de transport terrestre mais aussi fluvial a permis d’acheminer par la route d’Henrys ou sur le fleuve Elvenros les IV et VIe légions, en renfort de la concentration des I, II, III et XIVe (outre les VII, XII et XIIIe légions en train d’arriver en renfort ou couverture). Au total, avec la garnison d’Henrys, la milice et les volontaires locaux, il oppose 22000 hommes aux 45000 vizaners. Or 90% des forces impériales sont des professionnels, parfaitement entraînés, bien nourris et équipés, dont les cadres ont l’expérience des guerres de Nirag Ier ou ont été formés par eux après avoir minutieusement étudié la géographie, l’histoire, la tactique et la stratégie dans les écoles d’Entfurt, Broke, Urf-Dürfalls ou Nordgaard. Surtout, ils ont été réunis en une force unique, capable de manœuvrer par blocs coordonnés sur un champ de bataille qui a été préparé et étudié à l’avance.
A l’inverse, l’armée vizaner est un composé disparate : hormis un noyau dur d’unités d’élite et des éléphants, elle est formée de recrues dont certaines sans expérience, parfois enrôlées de force. Elle possède des cadres de qualité mais souvent trop imbus de leur supériorité. A cela s’ajoutent des unités professionnelles de petite taille noyées dans la masse et communiquant mal avec les autres. Elle comprend toutefois une excellente cavalerie qui assure l’arrière-garde, afin de sécuriser les lignes de ravitaillement et de pouvoir être détachée pour pallier une éventuelle difficulté de la force Nederianne.

Enfin, le moral des troupes est au plus haut, ce qui empêche de voir qu’il l’est un peu trop. Djebaïr est tombée, Isablis et Zevjapuhr assiégées, l’armée vizaner se balade en Sablern sans encombre, les forces impériales ont été mises en déroute ou fuient comme des lapins, on parle de prendre Orandreth, Nedera, Henrys sans encombre, on se voit défiler devant Ilnaëmb, la guerre ne sera pas longue et c’est déjà un triomphe. Dans le camp vizaner règne la condescendance voire le mépris envers cet Empire Naëmbolt qui semble inerte, sans réaction,  comme assommé par la démonstration du génie d’Urion et Ralussientan, alors que bien peu mettent en garde contre la dangereuse témérité de de sous-estimer un adversaire dont on n’a pas affronté les principales forces et que personne n’imagine que c’est exactement ce qu’espère Corowen d’Agle.

B) BATAILLE DE BUCKLRY, 24 – 25 TAURUS 5126

 Bataille de Bucklry

Cette carte montre le plan général conçu et mis en oeuvre par Corowen d’Agle.
Dans la nuit du 23 au 24 Taurus 5126 la IVe légion, qui s’est portée au-devant d’Henrys, prend position dans le village de Bucklry pour bloquer dès l’aube l’avant-garde de l’armée A (« AA ») arrivant par l’ouest.
Il fait un temps gris, frais, mais il pleuvra pas. La bataille s’engage d’emblée assez mal pour les vizaners, qui ne réalisent pas immédiatement avoir affaire à une force importante et mènent leurs attaques de façon trop dispersée pendant les deux premières heures. Puis, pendant toute la matinée du 24, les 3300 soldats de la IVe légion renforcée d’une compagnie de volontaires locaux tiennent le village en repoussant trois assauts des 11000 hommes de l’avant-garde vizaner. L’héritier du duché de Naù y perdra la vie en commandant son régiment de cavalerie.
La grande chance de la IVe légion vient de ce que l’avant-garde ennemie ne comporte ni les éléphants, qui auraient pu écraser le village, ni une puissante cavalerie qui aurait pu l’encercler et le réduire. C’est au contraire la cavalerie lourde de la IVe légion qui va réussir à disperser la cavalerie légère de l’avant-garde vizaner, offrant ainsi aux impériaux l’avantage de la mobilité sur le champ de bataille.
Dans le même temps, XIVe légion contourne cette avant-garde par le sud tandis que la IIIe légion progresse pour l’engager par le nord. Elle sont épaulées par les II et VIe légion qui forment les ailes du dispositif impérial et entament un mouvement d’encerclement.

Informé vers onze heures du matin de l’existence de combats, Ralussientan croit avoir affaire à la seule légion ayant pour mission de couvrir le Cyria (la XIVe). Il donne aussitôt l’ordre au gros de l’armée d’Anhabad, composé de deux corps dit gauche et droite (« ACg »/ « ACd »), de presser le mouvement afin d’écraser l’ennemi sous le nombre. Le problème vient de ce que le corps de droite comporte les éléphants qui avancent sur la route principale, alors que le corps de gauche progresse dans la campagne, bien plus lentement, ce qui a jusqu’alors obligé le corps de droite à ralentir afin de garder le contact et avancer de front. Ce rythme de progression n’est pas modifié malgré les premiers ordres de Ralussientan qui sont reçus vers 13 heures, car les commandants des deux corps répugnent à être dissociés l’un de l’autre. Ce que Ralussientan n’apprend que vers 15 heures en même temps que d’étranges nouvelles de l’avant-garde qui a dû se placer sur la défensive. Furieux, il donne l’ordre au corps « ACd » de se découpler du corps « ACg » en progressant aussi vite que possible. Cet ordre est exécuté vers 16h30 alors qu’il est trop tard pour sauver l’avant-garde.

En effet la IIIe légion, progressant à marche forcée, réussit à attaquer vers midi l’avant-garde vizaner par le nord, la contraignant à interrompre son assaut de Bucklry et prendre une position défensive, ce que son commandant Bashur Azazigz, exécute parfaitement malgré l’absence de cavalerie. Bashur Azazigz est un excellent manoeuvrier l’un des meilleurs de l’armée vizaner : il a flairé le mauvais coup, anticipant la survenance d’une seconde force en sus de celle du village de Bucklry contre laquelle il faudrait prévoir une ligne de défense. Il a donc gardé en réserve et préparé 2500 hommes d’infanterie à cet effet qu’il aligne face à la IIIe Légion. Mais vers 15 heures, Bashur Azazigz a l’impression que de la glace fondue lui coule dans la poitrine : il vient d’apprendre que de l’infanterie et de la cavalerie légère sont signalés au sud-ouest, derrière lui, quasiment à 180° de la disposition de ses forces. Et, non, ce n’est pas une bande ou une compagnie de forestiers locaux en vadrouille mais des centaines qui vont devenir des milliers d’hommes, en réalité toute la XIVe légion, qui est passée sur ses arrières après avoir traversé une forêt au sud-est.
Bashur Azazigz comprend qu’il est perdu et avec lui toute l’avant-garde. A 16 heures trente, au moment même où le corps central droit de l’armée d’Anhabad accélère enfin pour lui porter secours, l’avant-garde de cette armée se retrouve entièrement encerclée et son massacre commence. Car c’est bien d’un massacre qu’il s’agit : il faut moins d’un quart d’heure pour que l’ensemble de l’avant-garde vizaner comprenne qu’il est encerclé et sombre dans la panique, le sauve-qui-peut, la déroute. On ne cherche plus à combattre mais à fuir et on ne se bat que pour réussir à fuir. Près de 4000 hommes vont se rendre. Pour les autres, la mortalité dépasse 90%.

Lorsque le corps central droit arrive devant Bucklry, le crépuscule tombe sur les cadavres de ce qui fut l’avant-garde qu’il devait renforcer. Et sur ces cadavres, il trouve devant lui la longue ligne des feux des III, IV et XIVe légions alignées et prêtes au combat.


La nuit du 24 au 25 Taurus 5126

Toute la nuit Ralussientan et ses commandants vont reconstituer ce qui s’est passé durant cette première journée de combats, réfléchir, hésiter. Bashur Azazig, sonné, plaide pour un repli massif, assurant qu’on est tombé dans un guet-apens. Il est en effet encore temps de retraiter. Retraiter ? Mais on n’a perdu que l’avant-garde, plus des trois quarts des forces sont intactes. Mais on ne connaît pas le terrain et il ne devrait pas y avoir autant de monde en face : manifestement quelque chose cloche dans le plan d’Urion Shotoka. Certes, on a été surpris, mais nous disposons désormais de toutes nos unités dont celles de choc : élite, éléphants, mercenaires, professionnels ; si on n’y va pas maintenant, on y va quand ? Dans le pire des cas, en face, il n’y a que trois légions, on reste quand même à dix contre un. Attendez : des mouvements adverses sont signalés sur les ailes alors que nous n’avons pas de plan de bataille ; dire on y a va c’est bien joli mais pour quoi faire ? défendre ou attaquer ? Oui mais si nous retraitons maintenant, nous brisons le moral de l’armée : personne ne comprendra pourquoi on s’est sauvé après une simple embuscade ayant mal tourné parce que des renforts ne sont pas arrivés assez vite. Soit, il reste néanmoins que la situation est tactiquement défavorable : si nous couvrons nos ailes, nous n’avons plus de quoi attaquer à coup sûr, d’autant qu’hier l’avant-garde à 3 contre un n’a pas réussi à enfoncer le centre ennemi ; mais si nous concentrons tout pour briser l’ennemi au centre nous risquons l’encerclement car tout indique que l’ennemi manœuvre sur nos ailes. Encore une fois, les éléphants n’ont pas donné ni l’élite : concentrons-les sur un point adverse, pas le village mais à côté, et ça passera ; retraiter maintenant, c’est abandonner le plan de notre Commandeur Urion Shotoka et il est peu probable qu’il (a)prenne ça avec le sourire ; de toute façon des têtes tomberont, ici ou ailleurs : autant tenter notre chance ici.

Le plan finalement retenu par les chefs vizaners est simple : attaquer en bélier au sud de Bucklry, défendu par la XIVe légion, briser le front à cet endroit, envoyer la cavalerie exploiter la brèche, encerclant ainsi au nord la IVe dans le village et isolant au sud la VIe légion. A cet effet l’armée est recomposée, et les corps droite et gauche dissous. L’attaque de choc sera menée par les unités d’éléphants et de chars appuyés par les vétérans de l’infanterie de Zahrpuhr ; cette attaque sera ensuite relayée par les troupes d’élite : colonne d’Anhabad, Garde Califale et Archers Tolons ; deux vagues, au total 25000 hommes, les meilleurs de l’armée, dont les éléphants ; rien ne tient en face de ça. La cavalerie se tiendra en réserve pour exploiter la percée. Deux colonnes : Nehrpuhr et Tadjir couvriront la gauche du dispositif, la colonne Rajir restant en réserve.

En face, durant toute la nuit, la IVe légion qui occupe la colline et le village de Bucklry a été renforcée de tout ce qu’il a de valide dans le coin : garnison d’Henrys, milice locale, volontaires. Beaucoup sont d’excellents tireurs à l’arc : chasseurs des forêts de Gwaithlore et Derentaur, gardes des murs de Henrys. C’est la culture de cette région qui jouxte Dere, où l’on trouve les meilleurs archers de Derenworld. Corowen d’Agle décide de les répartir en une force d’Auxiliaires dont il prend personnellement le commandement Depuis deux semaines tous les forestiers et charpentiers d’Henrys et de Cyria coupent des arbres, débitent, taillent, scient, rabotent troncs et planches pour préparer des rondins, pavés, poutres et épieux prêts à l’assemblage qui ont été acheminés jusqu’au village pendant le premier jour de la bataille. Toute la nuit, tous les ingénieurs de l’armée les assemblent pour transformer les défenses de Bucklry en véritable forteresse ; palissades, redoutes, bastions, fortins, chevaux de frise, épieux, fossés : au petit matin le village et ses alentours sont hérissés d’ouvrages occupés par des archers et de l’infanterie et qui pour avoir été construits en bois et à la hâte ne se révèlent pas moins sacrément emmerdants. Afin de faire face aux éléphants, dont la position a été repérée pendant la nuit, les IV et XIVe Légions seront appuyées par le régiment de piquiers de la VIe légion dont il se sépare, les autres composants de cette légion devant reprendre leur progression vers l’ouest.

Plans respectifs des armées au matin du 25 Taurus 5126 (la largeur de la carte représente environ 5 km)

 

Le matin du 25 Taurus

Dès l’aube deux attaques quasi simultanées sont lancées de chaque côté mais la première à devenir opérationnelle est celle du Vizan. Pendant trois heures, la XIVe légion renforcée des piquiers de la VIe Légion  va supporter le poids de l’offensive ennemie au sud de Bucklry lancée derrière des éléphants difficilement repoussés. Constatant que l’ennemi refuse non sans raison d’attaquer le hérisson qu’est devenu le village, le Lord Commandant Deneb Wolfray, ancien Chevalier de Prias devenu général de la IVe légion, prend alors l’initiative de sortir de Bucklry pour se porter au secours de la XIVe légion qui est sur le point de rompre. Le village n’est alors plus défendu que par les Auxiliaires, c’est-à-dire la garnison d’Henrys et la milice de Cyria qui eux aussi s’avancent, faisant croire à une contre-offensive de grande envergure vers le sud.
A ce moment, la colonne de Nehrpuhr qui leur fait face a l’opportunité de changer le cours de la bataille car personne ne l’engage ; elle est donc libre de se mouvoir et de se porter à l’attaque. Toutefois, placée en relatif contrebas, elle ne perçoit pas l’ampleur du mouvement de la IVe Légion qui s’opère derrière les fortifications et les auxiliaires masquant ses déplacements. Et surtout, elle a pour consigne de n’attaquer que lorsque front serait été percé au sud et de se tenir entre-temps prête à éventuellement renforcer de la colonne des Tadjiris, laquelle est engagée au nord-ouest par la IIIe Légion. Alors qu’une attaque décidée de la colonne de Nehrpuhr à ce moment précis aurait sans doute emporté Bucklry, brisant en deux le dispositif impérial, elle demeure d’abord immobile, laissant IVe Légion contre-attaquer, avant commencer à faire mouvement pour couvrir la colonne Tadjirie : c’est le premier tournant de la bataille.

La colonne d’infanterie de Zarpuhr qui accompagne les éléphants, est contrainte de cesser de participer à l’offensive et tente de pivoter sur sa gauche pour affronter la IVe Légion qui arrive au nord, mais elle n’évolue pas assez vite : surprise en pleine manœuvre, elle est rapidement dispersée. La IVe Légion poursuit en ligne droite, envoyant ses piquiers charger sur le côté nord le corps des éléphants tandis que ses autres unités les prennent en tenaille à l’ouest. Assaillis de tous côtés, les éléphants paniquent et se débandent en écrasant leur infanterie accompagnatrice tandis que les piquiers s’infiltrent pour les frapper au ventre et aux jambes ; c’est un carnage. En moins d’une demi-heure, deux corps de l’armée vizaner, la colonne de Zahrpuhr et l’éléphanterie, sont hors de combat, voire en déroute. La XIVe Légion se retrouve alors entièrement libre de contre-attaquer le groupe de chars qui manoeuvrait pour tenter de la déborder par le sud et qui se retrouve piégé par la cavalerie de la IVe laquelle, continuant toujours de charger droit devant, est survenue sur leurs arrières. Moins de la moitié de ce corps parvient à s’échapper et rejoindre le reste de l’armée d’Anhabad.

Action au matin du 25

La IVe Légion vient de se regrouper et réorganiser et la XIVe est encore en train de poursuivre d’achever les survivants de la colonne des chars qu’elles se trouvent nez à nez avec la seconde vague de l’attaque vizaner composée de deux batailles : la colonne d’Anhabad et la Garde Califale, appuyés par les archers d’élite : sans doute les meilleures unités humaines de Derenworld.
La XIVe Légion prend de plein fouet le choc des redoutables guerriers élevés et formés dans les casernes d’Anhabad : les movoats, spécialistes des épieux, pilums et hallebardes, les bektis qui moulinent leurs sabres courbes, les uparias, voltigeurs quasi-acrobates, les effrayants baneglis peinturlurés qui hurlent pendant un combat qu’ils ne connaissent qu’à mort, les karmorhans harnachés de leur catar, armure finement gravée étincelant au soleil, tous obéissant parfaitement aux tambours des ba’alevs, officiers de transmission, dont ils connaissent par cœur les codes.
Ils sont appuyés par les Tolons, archers longs d’élite, répartis en trois régiments : archers de lumière (environ 1500 hommes), sélectionnés uniquement sur leur dextérité, où se mêlent les roturiers et les fils de princes, et particulièrement formés pour le tir en cadence, les archers-gardes (environ 800), fournis par les meilleurs tireurs de précision des villes et campagnes et qui font des snipers hors pair, et les archers noirs (environ 500), qui emploient aussi bien l’arc que le coutelas ou parfois le poison.
En moins d’une heure, la colonne d’Anhabad appuyée des Tolons fait exploser la XIVe Légion. A midi trente, la bataille semble ainsi tourner nettement à l’avantage du Vizan.

A côté, la IVe Légion défend difficilement contre la Garde Califale, c’est-à- dire trois régiments d’Airunes « porteurs de fer », issus des castes de nobles et de guerriers, de chacun 2000 hommes : Rajii-Zahir, Cadiès b’Maurim, Dahr Sederi (les deux autres régiments Mannes Marea et Ul-Kaliph sont restés cantonnés à Raeder et Tresa). 6000 contre les 2500 survivants de la IVe légion, le compte y serait mais au dessus d’eux, sur la colline de Bucklry surviennent les archers de garnison d’Henrys et les chasseurs volontaires de Cyria : 200 hommes à peine, mais parfaitement disposés par Corowen d’Agle en personne, retranchés et en position idéale pour arroser la Garde de leurs flèches. Malgré leurs amures, les Airunes sont contraints soit d’employer leurs boucliers pour parer les archers, soit de se joindre à la mêlée en risquant une flèche ; la plupart choisissent la seconde option. Ils ne savent pas que les Auxiliaires, en particulier les chasseurs, sont d’excellents tireurs, ayant l’habitude des tirs tendus même avec des arcs de longue portée, et visant avec une redoutable précision. D’autant que par leur position en contrebas, les vizaners offrent des cibles faciles. Dans le même temps, les archers de la IVe Légion se sont eux aussi postés à flanc de colline d’où ils tirent continûment en barrage. Beaucoup d’Airunes sont blessés de flèches ce qui finir par convaincre leur commandant Zultramar Toropenyir d’interrompre l’assaut pour attendre le renfort des colonnes d’Anhabad et surtout des Tolons qui devraient réduire les archers impériaux. Cette attente est le second tournant de la matinée.

Car au nord du vaste champ de bataille, c’est une situation inverse qui est en train de se produire. Tôt le matin, la IIIe légion a engagé la colonne de Tadjir qui couvre la gauche du dispositif vizaner. Les Tadjiris s’y attendaient et résistent sans problème, ce qui a accru la confiance du général Ralussientan qui pense à contre-attaquer avec la colonne de Nehrpuhr, confirme l’engagement de ses unités d’élite au sud de Bucklry, et envoie sa cavalerie derrière elles pour se préparer à exploiter leur percée contre la XIVe légion dont il a appris qu’elle est sur le point d’être enfoncée.
Or, vers 11 heures, les Tadjiris voient apparaître sur leur flanc gauche la Ie Légion. La Ie légion, qui comporte un régiment de plus qu’une légion normale, est la machine de guerre chérie l’institution militaire impériale. Elle dispose aussi d’une compagnie d’arbalètes lourdes capable de percer les armures les plus épaisses et montées sur châssis. La 1e compagnie de sa cavalerie lourde est formée de champions de tournois, la seconde de cadets de maisons nobles, la troisième de chevaliers de vocation. Elle est emplie de la fierté d’avoir depuis sa fondation protégé Ilnaëmb de tous les envahisseurs. Elle est confiée à Endymyrion Praetanos « le dur-à-cuire », vétéran des guerres de Nirag Ier, un fils de modestes pêcheurs du Southern Kelnore sorti du rang, à la fois rude et méticuleux, implacable sur la discipline. Ses soldats sont frais, n’ayant pas combattu depuis le début de la guerre.
Après quelques minutes au contact de la Ie Légion, un flottement parcoure les Tadjiris qui réalisent qu’ils ont perdu l’avantage du nombre, qu’une vingtaine d’entre eux tombe par minute sous les arbalètes, et que la phalange des piquiers est en train de pénétrer leurs rangs aussi facilement qu’une motte de beurre. Le flottement devient débandade au moment où, en plein centre, entre la Ie et la IIIe Légion, leur tombe dessus la charge des Chevaliers de l’Impératrice, cœur de la cavalerie lourde impériale. A 11 heures et quart, la colonne Tadjirie se liquéfie en une masse de fuyards dans laquelle sabre et taille la cavalerie impériale.
Toutefois Ralussientan a auparavant vu arriver la Ière légion et aussitôt donné l’ordre à la colonne de Nehrpuhr de quitter entièrement centre du dispositif afin de relayer la colonne de Tadjir. Il ordonne également à sa réserve, la colonne de Rajir, de se porter au contact de la Ie légion. Cette réaction parvient à stabiliser l’aile gauche des forces vizaner mais au prix, non négligeable, d’un abandon de toute menace directe sur Bucklry qui n’est depuis des heures plus occupée que par à peine 300 hommes de la milice de Cyria.

Le tournant de midi

Vers midi et demie, le général Ralussientan constate avec satisfaction que la situation de son aile gauche et même l’ensemble de la bataille évolue favorablement. La colonne d’Anhabad a réussi à percer contre la XIVe Légion et derrière elle la réserve de cavalerie a pris position pour exploiter la brèche. Les Tolons commencent à faire mouvement pour aller soutenir les Gardes qui vont reprendre leur attaque. La colonne de Nehrpuhr est tombée sur le poil de la IIIe légion, l’obligeant même à céder du terrain. La colonne de Rajir a entamé un dur combat avec une Ie Légion aussi nombreuse et mieux entraînée qu’elle mais parvient néanmoins à la contenir, ce qui n’est pas un mince exploit : les Rajiris ont vu foncer sur eux la horde des Chevaliers de l’Impératrice qui vient de traverser les fuyards Tadjiris et derrière lesquels s’avance en masse compacte des guerriers lourdement armés, des piquiers en formation parfaite, des archers et arbalétriers prenant leurs positions… il faut une belle détermination pour résister à ce spectacle, un grand courage pour tenir le choc combiné des cavaliers et des épieux des piquiers. Ce jour-là à cette heure là, les Rajiris se sont montrés à la hauteur des meilleures traditions militaires du Vizan.
Et c’est à ce moment qu’on apporte au général Ralussientan une inquiétante nouvelle : des éclaireurs rajiris ont aperçu, pendant que leur colonne faisait mouvement vers le nord pour s’opposer à la Ie Légion, des éléments ennemis au nord-ouest, qui faisaient apparemment mouvement vers le sud. La nouvelle est vite confirmée : ce sont bien des forces très nombreuses, au moins plusieurs centaines d’hommes ; l’armée vizaner est en train d’être débordée sur sa gauche par au moins un régiment, et peut-être toute une légion.

C’est, en effet, toute une légion qui forme la pointe de la faucille avec laquelle Corowen d’Agle a prévu de trancher la gorge de son ennemi. La IIe Légion s’est mise en marche pendant la nuit, sans lumière, sur un itinéraire préparé depuis plusieurs jours, guidée par des éclaireurs locaux connaissant parfaitement le terrain, afin contourner l’armée vizaner et la prendre à revers par le nord-ouest. Ses effectifs sont les plus ménagés de tout l’Empire : aenés par bateau depuis Urf Durfalls jusqu’à Nederia, puis par caravanes jusqu’à 50 km au nord de Bucklry, ils ont passé la semaine précédente à camper dissimulés dans la forêt pour éviter d’être repérés. L’infanterie a reçu des armures de cuir en remplacement de leurs armures métalliques de façon à la transformer en infanterie légère, plus mobile, plus rapide, moins fatiguée par les déplacements. Ils ont leurs instructions depuis l’avant-veille : laisser barda, ravitaillement, et tout poids superflu au campement, se préparer à une très longue et intense marche. Et depuis minuit jusqu’à ce midi ils foncent vers le sud-ouest ; douze heures ininterrompues d’une marche entamée au-delà des capacités de reconnaissance de l’armée vizaner et qui est restée ignorée jusqu’à leur arrivée au cœur du champ de bataille. Qu’importe que la moitié de l’infanterie soit incapable de courir, souffre de crampes ou d’ampoules : leur seule survenance à ce moment et à cet endroit sonne l’annonce la victoire de Corowen d’Agle.

Car Ralussientan n’a strictement rien sous la main à leur opposer. La colonne Tadjirie est dans une telle déroute qu’elle n’est pas récupérable avant au moins le lendemain. La colonne de Zahrpuhr et celle des chars, très amoindries, sont en cours de ralliement. Il ne reste six éléphants valides, dont les auxiliaires ont été décimés. Regrouper ces unités, leur redonner forme et cohésion, puis les placer en ordre de bataille, voilà qui exigerait au moins deux heures voire trois ; or la IIe Légion est à moins d’une heure et demie de marche. La seule solution consiste à rappeler la seule troupe encore non engagée, qui au surplus peut rapidement prendre position : la réserve de cavalerie qui devait exploiter la brèche ouverte par les forces d’élite.

Lorsque Besh Bna Bâyil, commandant le corps de Grande Cavalerie de Vizan, reçoit l’ordre de Ralussientan de se replier, il aurait déclaré vouloir manger ce maquereau de commandant en sashimi. Devant lui, la colonne d’Anhabad vient de mettre en déroute la XIVe Légion. La VIe, placée à l’extrême gauche du dispositif impérial, est ainsi contrainte d’interrompre son mouvement tournant et de faire face aux Anhabadis. Cette menace de la VIe Légion « fixe » la colonne d’Anhabad, l’empêchant d’exploiter sa percée et/ou de peser sur la IVe engagée par les Gardes mais cette VIe légion est dépourvue de ses piquiers, qui ont rejoint la IVe Légion et se battent avec elle : elle ne possède donc plus son arme anti-cavalerie et ne compte guère plus de 2500 hommes. Il suffirait certainement d’une seule charge des 5000 cavaliers vizaners pour la disperser, libérer la colonne d’Anhabad de toute menace, et emporter du même coup toute la gauche du dispositif impérial. Néanmoins, Bnesh Bna Bâyil est un soldat (trop) discipliné, qui sait fort bien que l’inexécution volontaire d’un ordre lui coûtera sa tête. Au lieu de charger la VIe légion, il exécute, et se replie.

Après l’inaction de la colonne de Nehrpuhr en milieu de matinée c’est la deuxième fois de la journée que le Vizan laisse passer l’opportunité de briser la défense de l’Empire. Il n’y en aura pas de troisième.

Situation à midi quarante

 

Coup de poignard au ventre

La bataille n’est en effet pas gagnée pour l’Empire d’autant que Corowen d’Agle va ajouter l’audace à l’audace. La logique voudrait que la VIe Légion vienne au secours de la IVe afin de contenir la poussée des gardes et de la colonne d’Anhabad, ce qui lui permettrait en outre de récupérer ses piquiers. Corowen d’Agle lui ordonne le contraire : se ruer à la poursuite de la Réserve de Cavalerie qui vient quasi-miraculeusement de l’épargner. L’ordre apparaît tellement aberrant que son Commandant Olmor Caventür en demandera à deux reprises confirmation, précisant la seconde fois que les chevaux se déplaçant plus vite que les humains, ses hommes, à pied, n’a aucune chance de suivre, moins encore de rattraper, une cavalerie ennemie. Surtout, Caventür estime que ces ordres rendent sa légion inopérante, l’épuisant pendant on ne sait combien de temps à marcher au lieu de combattre alors qu’en moins d’une demi-heure elle peut s’aligner au côté de la IVe, laquelle combat depuis deux jours et affronte un ennemi deux fois plus nombreux qu’elle. Mais Corowen d’Agle vient en personne confirmer son ordre à Olmor Caventür qui s’incline.

Et ainsi, la VIe légion se lance à pied à la poursuite de cavaliers, non sans l’incompréhension de ses cadres et même avec un certain sentiment de ridicule. Sentiment dissipé après vingt-cinq minutes de marche lorsque, dans un repli de terrain, ses deux régiments et trois compagnies découvrent devant eux tout le camp de l’armée vizaner : des milliers d’hommes d’armes ou de l’intendance en train de vaquer, de s’affairer, de se rééquiper ; des officiers qui crient, des hommes qui se regroupent, des artisans qui travaillent à réparer un char ou une armure, des archers qui se réapprovisionnent, des aides qui soignent les éléphants et chevaux… Il y a là pêle-mêle la colonne de Zahrpuhr presque reformée, les fuyards de la colonne de Tadjir encore à la recherche de leurs chefs d’unités, les rescapés du corps des éléphants et des chars, toutes les unités vaincues dans la matinée que leurs gradés s’emploient à reconstituer et réorganiser malgré la pagaille. Et, de l’autre côté du vallon, les tentes des commandants devant la poussière de la Réserve de Cavalerie qui vient de les dépasser et disparaît, continuant vers l’ouest pour aller prendre position contre la IIe Légion.
Olmor Caventür n’a pas une seconde d’hésitation. Ce vétéran sait qu’il ne faut surtout pas laisser à un ennemi désorganisé temps ni la lucidité d’y remédier. La compagnie de cavalerie de la sixième légion compte deux cent cavaliers lourds : ils chargent immédiatement à l’arme courte, suivis du régiment d’infanterie, tandis que les archers prennent position sur les talus pour décimer les fuyards et que la cavalerie légère se déploie pour sabrer ceux qui réussiraient à s’échapper.
La charge des cavaliers armés d’épées, de haches, de masses d’armes tournoyant au dessus de leurs têtes déclenche un affolement général, malgré ce paradoxe que le choc des cavaliers impériaux tue assez peu de monde : le camp est constitué de barrières, de tentes, de chariots,  d’obstacles de toute sorte qui forment un terrain défavorable à l’action de la cavalerie, surtout lourde. Mais la ruée de ces deux cent hommes à cheval et en en armure, suivis de mille autres à pied, suivis de centaines d’autres en train de faire mouvement, produit un effet dévastateur sur le moral des vizaners. D’autant que la charge de cavalerie est rapidement relayée par celle de l’infanterie qui entre tel un coin sanglant dans le camp.

C’est le début de la fin. La colonne de Zahrpuhr, seule force à peu près cohérente dans le camp, n’a pas le temps ni l’espace pour manoeuvrer, engluée dans une panique généralisée où tous se mettent à fuir en tous sens. Les éléphants survivants sont occis alors qu’encore attachés. Chars et cavaliers sont séparés de leurs chevaux qui seront capturés avec le ravitaillement. Toute l’intendance et le train de l’armée vizaner sont détruits ou capturés. Les centaines d’hommes fuyant le camp sont décimés par les archers, massacrés par la cavalerie légère, ou se rendent. De l’autre côté du vallon, devant les tentes de l’Etat Major, Ralussientan et ses officiers, réduits à l’impuissance, contemplent avec horreur l’éviscération de leur armée. Une partie des fuyards monte vers eux et les dépasse, courant vers l’ouest, vers la Réserve de Cavalerie et vers la IIe Légion, suivis par les cavaliers lourds. D’autres vont vers le nord où leur sauve-qui-peut va contaminer les arrières de la colonne de Rajir qui a jusque là admirablement résisté à la Ie Légion et, du coup, cédera à son tour peu après.

Situation à 13h30

Ralussientan et ses officiers savent que tout est perdu. Le général en chef dicte rapidement ses derniers ordres : décrochage général vers le sud, les unités d’élite en premier, puis les colonnes de Nehrpuhr et de Rajir, puis la cavalerie si elle réussit à éviter de se retrouver encerclée entre les II et VIe Légion. Le commandement général est temporairement confié à Bashur Azazigz parti créer un point de ralliement à 10 km au sud-ouest, ou sinon à Zultramar Toropenyir. Il remet les rouleaux contenant ces instructions à ses derniers messagers disponibles puis il rentre seul dans sa tente et absorbe du poison.

Pendant ce temps, du côté de Bucklry, les choses ne s’arrangent pas pour l’Empire. Les Archers Tolons se sont mis en position et ont rapidement réduit au silence les archers impériaux. La colonne d’Anhabad a devant elle une route libre vers Henrys et/ou Bucklry. Les Gardes Califaux reprennent leur attaque et s’apprêtent à enfoncer la IVe Légion. Corowen d’Agle ordonne donc la seule chose à faire : retraiter. La IVe, les piquiers de la VIe, et les auxiliaires se replient en bon ordre, devant les colonnes de Gardes et d’Anhabad qui avancent certes aussi vite qu’eux mais pas plus vite : ils sont désormais dépourvus de l’appui de la Réserve de Cavalerie tandis que la cavalerie de la IVe Légion, toujours là, couvre sa retraite.
Cet épisode tactique illustre parmi d’autres l’un des enseignements militaires majeurs de Bucklry qui consacre la doctrine impériale conçue à Dilanovia par le Paladin Lord Ussev Dil de légions constituées d’unités cohérentes et complémentaires, améliorée par la volonté de Nirag Ier de professionnaliser ces unités et de les soumettre à un entraînement permanent. Au total, la cavalerie du Vizan est nettement supérieure en nombre ; mais elle est systématiquement regroupée en unités spécialisées ; ainsi, l’intégralité de sa cavalerie lourde est incorporée à la réserve de cavalerie, les chars agissent en unité autonome, comme aussi les éléphants. L’infanterie est accompagnée d’une cavalerie légère d’accompagnement et de reconnaissance, certes assez nombreuse, mais organisée en unités indépendantes des « piétons » qu’elles escortent, set qui ne sont employées au combat que contre des fuyards ou pour exploiter des brèches déjà assurées. A l’inverse, les légions impériales disposent toutes de forces de cavalerie lourde et légère accoutumées à manœuvrer en étroite coordination avec l’infanterie et les archers.
Ainsi, pendant que la IVe Légion se replie, la cavalerie légère vizaner n’envisage même pas de la harceler d’autant que ses chefs savent qu’elle se heurterait alors à la cavalerie lourde de la IVe légion, mieux armée pour ces combats.

 

L’après-midi

Aucun des derniers ordres de Ralussientan n’atteindra son destinataire : ses messagers seront tous interceptés ou tués. Les unités vizaners restantes vont ainsi continuer de combattre indépendamment, appliquant leurs précédentes instructions, avec un courage aussi admirable qu’inutile. Un peu après trois heures la colonne Rajirie, qui résiste depuis plusieurs heures aux meilleures troupes de l’Empire, est contrainte de reculer tactiquement sous la pression de la Ie Légion ; ses hommes réalisent alors qu’ils n’ont pas d’espace pour se replier car ils sont rejoints et bloqués par les fuyards du camp eux-mêmes poursuivis par l’infanterie légère de la VIe Légion sur leur talons. La colonne Rajirie cède alors d’un seul coup, en moins de cinq minutes, ouvrant le passage à la Ie Légion.

A l’ouest, la Réserve de Cavalerie a engagé la IIe Légion. C’est un peu le dernier tournant de la bataille : si la cavalerie passe, si la IIe Légion cède, les débris de l’armée vizaner peuvent encore espérer s’enfuir par l’ouest. Bnesh Bna Bâyil va presque réussir. La IIe légion a de justesse réussi à se former en ordre de bataille mais ses archers ne se sont pas encore placés et sa longue marche l’a épuisée ; la cavalerie vizaner la charge à deux contre un, dispersant la totalité de sa cavalerie et mettant pratiquement la moitié de son infanterie hors de combat. A la seconde charge, cette infanterie est pratiquement détruite et ne résistent plus que les carrés des piquiers. Mais à la troisième charge, le régiment des archers de la IIe légion est enfin arrivé en position ; son tir de barrage décime les cavaliers vizaners qui ne parviennent pas à enfoncer les murs de boucliers hérissé de lances et d’épieux où s’empalent montures et cavaliers. Bnesh Bna Bâyil regroupe alors ses effectifs pour les diviser en deux : une moitié ira disperser les archers, passant derrière les carrés qui seront ainsi encerclés et alors chargés par la moitié restante.

Mais la IIe Légion a tenu pendant les quarante minutes où il fallait tenir. Il est alors un peu plus de quatre heures de l’après midi. Et au moment où la cavalerie de Vizan se divise pour exécuter les ordres de Bna Bâyil, l’infanterie et la cavalerie lourde de la VIe Légion arrivent sur ses arrières, la menaçant d’un encerclement complet. Olmor Caventür avait tort : les piétons ont finalement rattrapé les cavaliers.

Situation à 16h

Bnesh Bna Bâyil va conserver sa cavalerie légère, avec laquelle il est parti attaquer les archers de la IIe Légion. Il s’est ainsi suffisamment éloigné pour pouvoir s’échapper par l’ouest du champ de bataille. Réussissant à éviter la cavalerie de la VIe les cavaliers vizaners se replient et se regroupent au soleil couchant sur la route d’Isablis. Ils attendent les fuyards, les réfugiés, les débris de leur armée défaite, bien décidés à protéger leur retraite. Ils attendront en vain ou presque. Quelques centaines d’hommes, moins d’un millier, les rejoindront.

La cavalerie lourde de Vizan, elle, est prise au piège. La Ie légion est passée au travers de la colonne Rajirie désintégrée et l’attaque par le nord-est. Au sud-est, la VIe légion est sur ses arrières. Et devant elle, à l’ouest, tiennent toujours les piquiers de la IIe Légion, contre lesquels elle effectue sa dernière charge, sous les tirs des archers des trois légions qui l’encerclent. A peine la moitié de ses cavaliers seront encore en selle pour se briser sur les piquiers de la IIe légion tandis que ceux de la Ie et l’infanterie de la VIe se referment autour d’elle. Une demi-heure plus tard, plus un seul cavalier de la réserve vizaner n’est encore debout à cet endroit du champ de bataille.

Dans le même temps la Ie Légion a envoyé son propre régiment de cavalerie sur les arrières de la colonne de Nehrpuhr qui affronte depuis le matin la IIIe Légion sans lâcher un pouce de terrain. Encerclée à son tour, cette colonne ne se débande pourtant pas et tient bon, même intégralement encerclée, même face aux attaques combinées de cavaliers, d’infanterie et d’archers. Il faudra l’arrivée de la VIe Légion pour que ces indomptables finissent par se rendre. Néanmoins, vers 16 heures 45, le champ de bataille ne comporte plus aucune force vizaner cohérente et libre de ses mouvements sauf sur la colline de Bucklry.

Sur cette dernière, l’élite de l’armée d’Urion Shokota livre son dernier combat. Les mauvaises nouvelles se succèdent auprès de Zultramar Toropenyir qui n’a reçu aucune instruction de son commandant depuis le matin. Il décide alors de changer de direction et d’attaquer directement la colline, surprenant Coronwen d’Agle qui s’attendait à ce que son ennemi continuer à suivre la retraite de la IVe Légion. Il faut quelques minutes à la Garde Califale pour pivoter d’un quart à gauche et entamer l’assaut de la colline contre une milice de Cyria et des archers auxiliaires qui lâchent presque immédiatement prise et se replient à toutes jambes. Un quart d’heure plus tard, les piquiers de la VIe Légion qui tentaient de s’interposer sont eux aussi balayés. La IVe Légion entreprend alors de gravir à son tour la colline mais étant toujours poursuivie par la colonne d’Anhabad elle ne peut agir rapidement d’autant qu’elle pourrait aussi se retrouver entre les deux feux des Gardes des Anhabadis et qu’une partie des ces derniers entreprend d’ailleurs d’escalader la colline en même temps qu’elle. Les Gardes progressent donc sans véritable opposition sur haut de la colline jusque devant le village de Bucklry, étant toutefois ralentis par les défenses érigées pendant la nuit qu’ils doivent éviter ou démolir, ce qui laisse aux auxiliaires juste assez de temps pour reprendre position dans la dernière ligne de ces défenses : un simple réseau de palissades et d’épieux autour du village, tenu par 500 hommes, contre 5000 soldats d’élite.


Le crépuscule sanglant

Arrivé en haut de la colline, Zultramar Toropenyir peut enfin contempler toute l’étendue du désastre. A part la colonne de Nehrpuhr encerclée, il ne voit que les bannières rouge et or des légions impériales qui convergent vers lui. A l’ouest, au sud-ouest, au sud, il n’y a plus une unité, et même plus un homme, de l’armée sur laquelle ce soleil s’est levé. Nulle trace de la marée des chars, des hautes statures des éléphants, des cohortes aux aciers et cuivres qui étincelaient ce matin même. A l’emplacement des tentes où il a débattu toute la nuit avec Ralussientan passe une colonne de soldats impériaux. Au loin, les Nehrpuhrans assaillis de toute part et pourtant toujours organisés et regroupés, n’en ont plus pour longtemps. Il essaie de se souvenir du nom de leurs officiers, leur commandant, Pahel Bna Sertoveg est un zahire, un bosseur, il est encore jeune, c’est dommage, il aurait fait un grand général, sa famille vit à Tresa, ses maîtresses auront raison de pleurer. Il regarde cette garde qui l’acclamait ce matin en montant au combat, ces guerriers qui frappaient leurs boucliers à son passage, ces combattants qui n’ont jamais reculé et n’ont d’ailleurs cessé d’avancer contre les XIVe, IVe, VIe légions. Il contemple l’étendard frappé du soleil d’or, le soleil de cette armée qui a affronté et vaincu les plus grandes et antiques puissances : Dere, le Wejlar, le Gaïko, cette armée qui n’a cédé ni aux dragons ni aux Farxels ni à Avros, cette armée qui a combattu aux quatre coins du monde, redoutée des humains comme des monstres et de ces démons qu’ils prennent pour des dieux. Il se souvient de ses campagnes de conquête et de pacification du Beliand, de ses premières armes contre des bandits et des gnolls dans le Seder-Weg, de ces batailles de frontière contre les ritters farxlans, rudes combats qui n’avaient d’escarmouche que le nom… il se souvent avoir serré les rangs contre des trolls infestant des vallées, des orcs descendus des collines, des gobelins et yuan-tis de la jungle m’lissanwie… il se souvient de fières parades dans Tresa et dans Gwaliore, des courtisanes cherchant à croiser son regard, du visage bienveillant d’Urion Shokota, son seigneur, ce jour où il devint le Darsha des Cadiès b’Maurim. Et c’est sur l’Empire Naëmbolt, ce ramassis d’incultes et de parvenus en armure, ce prétentieux prétendant à régir rien moins que toute l’humanité, ce soi-disant colosse qu’une horde de nains suffit à mettre à genoux, que tout cela se brise !

Le soleil est bas et droit dans les yeux des défenseurs de Bucklry au moment où commence l’assaut des gardes, un peu après 17 h 30. Ce sera un bain de sang que les Ie et IIe Légions arriveront trop tard pour éviter. Les défenses de Bucklry sont emportées au moment où les restes de la XIVe Légion, ralliée par Corowen d’Agle, interviennent en renfort des auxiliaires qui se font hacher. Face aux assauts désespérés de la colonne d’Anhabad, la IVe Légion, à force de reculer, s’est retrouvée dans la mêlée des Gardes. La cavalerie de la Ie Légion, voyant que l’assaut des Gardes a renversé les défenses du village, abandonne l’encerclement de la colonne de Nehrpuhr pour se porter au secours de Bucklry devenu le centre d’une masse indistincte d’hommes s’entretuant sous les derniers feux du soleil. La mêlée ne cessera qu’avec l’arrivée des soldats des Ie et IIe légion qui traversent tout le champ de bataille pour venir à la rescousse en prenant à revers les derniers vizaners qu’ils massacrent dans la pénombre. Sur la seule colline sanglante de Bucklry, moins de cinq kilomètres carrés, plus de six mille hommes ont péri.


Les conséquences

Militairement, le Vizan est décapité ; des 45000 hommes alignés à Bucklry, moins de 4500 reprennent les routes du sud ou de l’ouest. Ce nombre représente aussi le total des pertes de l’Empire : 4500 hommes, dont 2800 blessés. Celles du Vizan s’élèvent à 23000 tués, 7000 blessés, 11000 prisonniers, et trois généraux : Pashrad Ralussientan, Branyero Calephrezed, Zem Shalavo (Zultramar Toropenyir sera relevé et soigné sur les instructions personnelles de Corowen d’Agle). Côté impérial, le Lord Paladin Glade Palforius Antreetham a été tué lors de la première charge par Besh Bna Bâyil.

Surtout, Bucklry marque l’avènement d’une nouvelle ère militaire sous la suprématie stratégie et tactique de l’Empire. L’Empire a non seulement vaincu mais anéanti un adversaire deux fois plus nombreux, bien ravitaillé, doté d’un moral au zénith, et réputé invincible : il n’est pas d’exemple d’une destruction par des forces humaines sans recours à la magie d’une armée vizaner comprenant ses forces d’élite, ses éléphants, sa cavalerie lourde, ses chars, de ses meilleures unités comme la colonne d’Anhabad, quasiment invaincue depuis des siècles. La qualité des troupes vizaner n’est pas en défaut : elles se sont battues vaillamment, les colonnes de Nehrpuhr, de Rajir, d’Anhabad, la Garde Califale, les Archers Tolons ont fait preuve de compétence, voire d’héroïsme. Aussi basique soit-il, le plan adopté par Ralussientan pour le lendemain pouvait réussir, même après la destruction de l’avant-garde la veille. Ce sont en réalité la mobilité, la diversité, la cohérence des mouvements des légions impériales, avec leur logistique, qui ont permis de semer suffisamment de trouble pour mettre les Vizaners en échec stratégique et tactique. Si la première vague d’attaque vizaner échoue trop vite et sans disperser pas d’emblée la XIVe Légion le matin du 25, c’est parce que la IVe légion est suffisamment autonome pour pouvoir décider et mener efficacement une contre-attaque sur son flanc nord. Si la colonne de Nehrpuhr ne monte alors pas à l’assaut de la colline, c’est parce qu’elle ne sait pas si elle doit choisir entre cette option et la IIIe légion qui avance sur sa gauche. Si la réserve de cavalerie ne charge pas la VIe légion l’après-midi, c’est parce que la menace de la IIe Légion pèse à l’autre bout du champ de bataille. Et si Ralussientan n’a pas de réserves à opposer à cette IIe légion, c’est parce qu’il a choisi d’attaquer malgré la perte de toute son avant-garde en croyant avoir affaire à trois ou quatre légions tout au plus, sans jamais réaliser que son adversaire en alignait plus de six.

L’Empire Naëmbolt est un pays qui connaît la guerre pour avoir sans cesse dû la subir sur son territoire : G.E.C., guerre des Thûzz, invasions de monstres, nettoyages de frontières, pacification intérieure : depuis des siècles, les hommes d’armes ont continûment de quoi s’employer en Empire. Ce pays a été vaincu, envahi, bouleversé et pourtant il est toujours là, il s’est redressé, il a réfléchi. Depuis des décennies ses penseurs et ses stratèges tirent les leçons de ses victoires comme les enseignements de ses défaites. A Dilanovia, Nordgaard, Orfajaz, Ilnaëmb, Urf Durfalls, Broke, ses militaires expérimentent des solutions stratégiques et tactiques pour protéger une bonne fois pour toutes l’état Naëmbolt. C’est tout cela qui a mûri pour aboutir à Bucklry.
Alors que tous les pays ou peuples de monstres utilisent quasi systématiquement et depuis toujours le même système : des corps de bataille cohérents géographiquement: aile droite, gauche, centre, réserve, avant-garde, arrière-garde, ou structurellement : orcs ensemble, nains ensemble, cavalerie ensemble, ceux de tel territoire ensemble, les archers ensemble. Mais ces cohérences internes ou spatiales s’opèrent au détriment de la tactique car elles ne permettent pas l’adaptation des unités aux exigences du contexte ou à la diversité des adversaires. Et au plan stratégique, des unités composées de troupes complémentaires, capables de prendre n’importe quelle position ou de tenir n’importe quel rôle face à n’importe quel type d’aversaire, offrent des perspectives incomparablement plus vastes.

Les leçons des désastres des guerres Thûzz ont aussi été retenues. La volonté de défendre à tout prix le territoire, comme si les nains allaient commettre les mêmes ravages que les hordes de la G.E.C., fut une erreur majeure en ce qu’elle empêcha une concentration des armées impériales. Au plan tactique, l’efficacité des Thûzz venait de ce que les armées impériales qui leur ont été opposées comprenaient souvent un fort contingent de nobles, fréquemment à cheval, et de milices locales volontaires, auxquels il faut rajouter des piquiers et une cavalerie régulière particulièrement inopérants contre des nains qui n’ont aucune vocation à venir s’empaler sur des piques et que leur taille protège des cavaliers. Les nobles n’avaient jamais guerroyé contre des nains et les miliciens étaient beaucoup moins équipés et de bien moindre valeur individuelle que les nains. Ainsi, près de la moitié des troupes impériales était de peu d’utilité contre les Thûzz et, en cas de fuite ou de panique, encombrait jusqu’à la paralysie le dispositif. Il aurait mieux valu opposer à l’adversaire des troupes adaptées, ne recourir qu’une dose minime d’auxiliaires choisis à bon escient, privilégier la qualité sur la quantité grâce à une utilisation de la profondeur du territoire pour concentrer les unités en temps et lieux optimaux, toutes leçons qui furent employées à Bucklry.

ORDRES DE BATAILLE

Vizan

General Raja Pashrad Ralussientan

  • Avant-Garde : General Sheikh Bashur Azazigz
  • Aile Gauche : General Raja Branyero Calephrezed
  • Aile Droite : General Raja Zem Shalavo
  • Elite : General Raja Zultramar Toropenyir
  • Reserve de Cavalerie : General Sheikh Besh Bna Bâyil

Total : 45000

 

Empire Naêmbolt

Maréchal Corowen d’Agle

  • Ie Légion : Lord Commandant Endymyrion Praetanos
  • IIe Légion : Lord Paladin Glade Palforius Antreetham
  • IIIe Légion : Lord Commandant Boro Bulaniov
  • IVe Légion : Lord Commandant K. Deneb Wolfray
  • VIe Légion : Lord Commandant K. Olmor Caventür
  • XIVe Légion : Lord Commandant K. Semmerith Neüglevern
  • Auxiliaries : Sir Brendan Glë (the Dark Ranger)

Total : 23000

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