Les Alnoes sont une ethnie humaine couvrant une vaste étendue depuis la rive orientale de l’Undine, entre les Central Barriers au sud et les Ered Medklan au nord, jusqu’à l’actuelle Kelnessea à l’est. Elle a pour origine la vallée de l’Ennros. Elle est à la source de l’Empire Naëmbolt, dont elle forme le coeur et dont elle peuple aujourd’hui la moitié occidentale.
Il s’agit d’une très vaste peuplade, l’une des plus étendues, qui ne s’est jamais conçue elle-même en tant que nation ni même en tant qu’ethnie. Elle se rapproche en cela des nains Naugs, qui occupent l’en dessous de la plupart des terres où elle se trouve.
Les Alnoes sont d’abord des cultivateurs, sédentarisés dès leurs origines, ayant développé l’artisanat et le commerce le long des fleuves. Le recours à l’argile (poteries, briques) et au bois caractérise leur architecture et modes de vie. L’utilisation de la pierre leur viendra des Naugs. Ils sont peu doués pour la métallurgie, qu’ils préfèrent confier aux Naugs.
A l’origine, ils révèrent particulièrement Demeter (Nephtys), Frigga, Hadès, Râ, Straasha (Gebor) et Dyonisos. Les cultes de Heimdall, Silvanus, Freyya et Horus sont secondaires mais présents.
Les Alnoes ont vécu des siècles en symbiose avec les elfes, d’abord Ainëquendi, ensuite Sindars. Ils font pendant plus de quinze siècles partie du Haut Royaume de Dere et sont alors connus comme «les humains des Sindars ». Fidèles au Ohar’s Scroll, ils s’entendent remarquablement avec les hobbits et avec les Naugs. Leur adossement aux Derans leur permet une expansion hors des terres du Haut-Royaume jusqu’au contact des Kelnes à l’est et des Variks à l’ouest. Face à eux, la focalisation des Alnoes sur l’agriculture, où ils supplantent la plupart des autres peuplades humaines, leur permet une meilleure démographie, ce qui explique qu’ils occupent majoritairement la vallée de l’Undine ou l’actuelle région du Middle Empire.
Encore aujourd’hui, les Alnoes sont un peuple de paysans céréaliers, maraîchers, vignerons, apiculteurs, fromagers, bûcherons, tel qu’on le rencontre dans le Heart de l’Empire. L’unité d’habitation alnéenne typique (généralement appelée domaine) comprend une demi-douzaine de vaches, deux ou trois chevaux, une belle basse cour, une porcherie bien garnie, dans des bâtiments en torchis sur armature de bois parfois renforcé de briques, le tout protégé par un enclos de palissades au centre de trente hectares de céréales et de dix d’arbres fruitiers, avec aussi un vaste potager, quelques arpents de vigne, parfois des ruches ou une cave à fromages, un bois bien épais et au moins deux sources. Elle fait vivre entre 15 et 40 personnes, en moyenne une grosse vingtaine réparties dans 5 ou 6 maisons formant un hameau central avec silos, granges et étables.
Du temps des elfes, ces unités dépendaient d’un chef de la famille, généralement la plus ancienne, qui gouvernait librement l’ensemble. Les elfes n’intervenaient qu’en cas de conflit mettant en cause cette autorité ou pour défendre le territoire.
Avec les pertes de prestige, revers et reculs des elfes, les Alnoes, en particulier ceux du nord, commencèrent à former des cités humaines qui devinrent rapidement indépendantes. Ces entités reproduisirent le modèle de gouvernement des temps elfiques mais sans les elfes : chaque cité ou territoire alnéen forma ainsi un royaume souverain, le plus souvent gouverné en autocratie ; leur ensemble fut un temps appelé les satrapies. Les massacres subis par les Naugs, avec lesquels la plupart des Alnoes s’entendaient à merveille, jouèrent aussi un rôle important dans leur scission avec les Sindars.
Le trait caractéristique des cités ou territoires indépendants alnéens consista longtemps en leur incapacité à accepter système politique de règles contraignantes qui pourrait permettre la constitution d’un état autrement qu’à l’échelon local. Aucune règle ne pouvait remplacer la tutelle disparue des elfes. La devise des Alnoes d’alors pourrait se résumer en « chacun chez soi ». Ma ville mon domaine ma maison. Je ne vais pas voir chez les autres et les autres n’ont pas à venir voir chez moi.
Cette caractéristique découle d’un trait particulier des Alnoes qui consiste en une certaine difficulté à s’intéresser à leurs voisins au-delà d’une simple tolérance à la coexistence. Cela vient de ce que leurs domaines étant en général séparés par des forêts peuplées d’elfes, la plupart des Alnoes avaient pour seuls voisins des elfes plutôt que d’autres domaines peuplés d’alnéens. Ce trait a pour contrepartie le fait qu’au sein d’un domaine alnéen, la plupart des biens sont traditionnellement communs : par exemple les vaches, les silos, les sources, les vergers appartiennent à tous les habitants sédentaires du domaine.
Ce n’est donc pas un peuple guerrier ni hostile mais un peuple récalcitrant, émietté et plutôt individualiste. Aucune collectivité à l’échelle ethnique des Alnoes n’a jamais existé. Ils n’ont aucune symbolique commune et ne sont même pas d’accord sur la prononciation de leur nom (selon les régions : al-no, al-noèss, al-neu, alne). Par infusion d’influences variks, wejles et surtout kelnes, le concept de système étatique finira par se mettre en place chez les plus périphériques, mais il faudra attendre les premiers Naëmbolts pour l’imposer au coeur des rétifs alnoes, où ils fondent l’Empire. C’est aussi pourquoi les Naëmbolts n’ont réussi l’union des Alnoes qu’en employant à cet effet le plus vaste et simple dénominateur commun, négligeant l’échelon du domaine, du fief, de la cité, du territoire ou de l’ethnie : la condition d’humain.