Un nouveau groupe s’est formé et bien formé pour des one-shot AD&D1 en tandem avec celui des néo-Strashaistes vénérateurs du Glou Suprême.
L’aventure était très dérogatoire aux canons du porte-monstre-trésor pour se fonder sur une intrigue policière chez des Lawful Good isolés qui ont fui le qu’en dira-t-on dans un superbe manoir hanté d’un inoffensif fantôme.
Albert Faustmann est un Ritter en titre puisque attaché aux Ritters d’Ecklenheim ; il a fait ses classes en tant qu’écuyer et à ce titre un peu combattu bien qu’ayant plutôt le tempérament d’un musicien et d’un lettré. Il a épousé une dame qui lui a apporté en dot de nombreux droits de meunerie. De cette même première épouse il a trois enfants, deux filles mariées et un fils qui sert chez les Ritter Ecklenheim. Après le décès de cette épouse, ces trois enfants ont très mal pris ses fiançailles avec l’actuelle Lady Cynthia, elle même bien dotée et de plus de vingt ans sa cadette, dont la famille désapprouvait elle aussi cette union.
Le couple a choisi l’amour sur le conformisme, Albert Faustmann laissant l’essentiel de ses biens à ses enfants après acquisition a prix très avantageux du manoir Von Grath qu’il a parfaitement restauré en y engloutissant sa fortune et celle de son épouse. Toutefois, il ignorait que feu le sorcier Thalox, précédent propriétaire du même manoir, y avait laissé une apprentie demi-drow emprisonnée dans un cadenas ; vous connaissez la suite.
Lord Faustmann étant d’Ukko et parfaitement lawful good, il fait très peu de profits sur les meuneries qui lui restent, et l’essentiel de son argent provient d’une compagnie d’armateurs, financière et de navigation, dans laquelle il est associé par l’effet de la dot de son épouse. Vous êtes introduits dans l’aventure par son vieil ami Tarius Blonke, honorable commerçant en bois de gros et bien connu à Qwellis. La maladie de Faustmann est d’origine entièrement naturelle : une hépatite de forme rare. Malheureusement, peu de temps après, lady Cynthia libère inopinément Lesrah qui, évidemment, va profiter de l’opportunité.
Un autre vrai affreux est Greggor Barwulter, « intolérant à la frustration » qui a un vrai problème avec la gent féminine, ce que Lesrah est seule à avoir découvert, comme elle vous le révèle à la fin. Vous remettrez Greggor à la Justice de Farxel mais vous avez désormais une base amicale et fort cossue à Faustmann Manor, à une petite journée de Qwellis.
Faut-il renommer ainsi des Harwinders en vadrouilles interplanaires ? J’étais plutôt confiant sur Ashardelon, moins pour la suite. Beaucoup se jouait dans la cadence du haste non pas tellement pour vous mais pour votre adversaire qui avait l’énorme désavantage (quoique relativement classique chez les boss finaux) de se trouver seul face à un groupe de 6 personnages, ce qui représente 6 actions de combat contre une seule. Non seulement cela empêche le dragon de déployer toutes ses ressources, sauf au contact et encore, mais si jamais il se retrouve en déséquilibre de haste en sa défaveur, c’est quasiment fichu pour lui. Par surcroît, la conduite tactique écrite par Cordell n’est pas optimale à mon avis mais compte tenu de la difficulté de la chose je m’y suis tenu.
Fut fort bien joué le fait de détruire immédiatement le coeur avant que les démons ne puissent survenir pour s’en emparer. La vraie bascule s’est opérée à cet instant car la destruction du coeur prive les démons de tout intérêt à rester dans le Bastion.
Le coeur révèle Ammet à qui il servait de prison : un très ancien démon, surnommé le Mangeur d’âmes. Il était tellement infâme qu’il a été emprisonné par Xiombarg et obtenu plus tard par Ioliokè de la Blood’s Tower qui s’amusa à modeler son conteneur en coeur, lui conférant ses fonctions actuelles avant qu’il donne à Molior pour protéger son allié d’alors : Ashardelon.
Un point important : c’est Aameul, et non Hethradiah, qui est au courant de votre intervention dans le Bastion ayant détruit son plan contre l’autre tête de Demogorgon. C’est la première fois qu’Aameul a affaire avec vous ; il ne vous connaît pas, au contraire d’Hethradiah. Certes, vous réunissez sur votre tête l’ire des deux têtes du Demogorgon mais pour des motifs inavouables par chaque tête à l’autre ; vous avez donc encore le temps d’agir. Et aussi, cerise sur la gâteau, vous n’avez plus à redouter d’inimitié entre Hadès et vous.
Ayant détruit la conspiration de la première tête, il vous reste à en faire autant de celle de la seconde, que vous poursuivez depuis plus longtemps. Pour cela, vous suivez l’idée d’Iggwilv consistant à réunir ou susciter les ennemis de Demogorgon afin de le châtier.
Ce qui vous conduit dans une distrayante exploration de Thantos, charmant 113e layer des Abysses, où un Dustman assez bessophile vous facilitera les choses, afin d'y rencontrer la nouvelle version de l’Orcus qui y sévit : Glyphimhor, son fils spirituel et bras droit, gardien de sa tradition militaire, contrôle l’essentiel de Thanatos à commencer par le palais et la forteresse d’Everlost, siège du pouvoir temporel orcussien. Iggwilv considère que pour l’Orcus-Glyphimhor, votre projet représente une intéressante occasion d’affirmer sa puissance par une victoire sur Demogorgon qui l’érigerait en incontestable nouvel Orcus (même si l’aspect cultiste et morts-vivants n’est pas tellement son truc...). Mais afin d’être sûr que vous êtes sérieux, il vous fait passer une épreuve que la diplomatie d’Isyl permet toutefois de rendre bien plus facile qu’elle n’aurait sinon pu l’être. Moyt exécute sans trop d’encombre un death giant et vous voilà ayant recruté l’Orcus.
La suite vous amène dans les riantes forêts d’Arborëa où vous avez été précédés par une lettre secrète d’Iggwilv vous annonçant, ce qui permet d’abréger une rencontre avec un Andros Fearnaught quasi caricatural des défauts que l’on peut reprocher aux eladrins. Les autres diffèrent heureusement de ce piètre exemplaire de leur race, notamment Lady Celeste et surtout Gwynharwyf ,la Maréchale des Eladrins, ravie à l’idée d’aller (de nouveau semble-t-il) affronter Demogorgon. Néanmoins, un service en valant un autre, vous seriez bien aimable de les débarrasser d’un encombrant emmerdeur nommé Redfang qui est aux dragons des cieux ce que Scarathessar est à ceux du Prime Material Plane. Cette saloperie nichée dans les racines d’Yggdrasil avale des étoiles et accessoirement quelques eladrins qui n’ont pas votre expérience d’adversaires des dragons. Alors autant faire appel à des pros comme vous.
Ce sera l’heure de gloire de Moyt qui après être tombé dans tous les pièces possibles (illusion, puits dissimulé, wall of force) s’extrait et parvient enfin face à face avec le Linnorm (dragon sans ailes) que Tao-Shi et Manhawar ont déjà contraint à recourir à un premier wish pour se refaire. La séquence double vorpal (quintuple dommmage…) double critique de Moyt met Redfang quasiment sur le flanc, avant qu’il ne soit judicieusement achevé par les spellcasters. Ce qui est une bonne idée car de ce côté shields, on était assez inquiet, pour ne rien vous cacher. Du coup, un intéressant trésor vous attend, dont un ring of 3 wishes.
De retour dans la Cour aux Etoiles vous obtenez la faveur rare d’être conduit jusqu’à la miraculeuse Fontaine des Beautés, où presque tout le groupe obtient une Magic Resistance ou son surcroît de 20 %, ce qui n’est pas malvenu dans un contexte où les neuf dixièmes de vos adversaires en possèdent une.
Au delà des fondamentaux de ce groupe d’aventuriers : solidarité et cohésion sans aucune faille, puissance offensive, stoïcisme, j’ai été frappé par le calme et la modestie de ces personnages de très haut niveau, ce qui me semble révéler une certaine forme de grandeur authentique, notamment par rapport à leurs prédécesseurs. Aucun ne la ramène en aucune manière et pourtant il y aurait de quoi : Harwind, Badabaskor, Mud Sorcerer, Deep into the Isle of Dread, Cirmson Fleet's Wreck, Demogorgon's own prison, Vanthus Vanderboren, Shami-Amourae et maintenant Ashardelon et Redfang.... avec des rencontres comme Loki, le baron de Chemnarg, l'Orcus, Iggwilv, Queen Morwel... Or c’est justement parce qu’il y aurait de quoi que ces Tao-Shi, Isyl, Xeran ou Manhawar, à la fois sûrs de leurs forces et humbles devant leurs propres victoires, semblent n’éprouver nul besoin d’en rajouter. Il y eut par le passé des héros fort impressionnants, flamboyants, légendaires, ; mais je trouve que les Harwinders Dragonslayers assument leur condition de héros avec forme d’élégance et une profondeur rarement atteintes.
Nous en sommes là avant de nous retrouver pour la suite le 29 de ce mois.
Pour mémoire :
http://derenworld.eu.org/dwblog/la-succession-dorcus/
http://derenworld.eu.org/dwblog/et-les- ... elestiaux/
http://derenworld.eu.org/dwblog/contree ... 2e-partie/