La thèse la plus communément acceptée de la création des hommes est celle de la Fécondation des Déesses ensuite du Dit de Ptah, lequel, selon la seule Légende d’Asgard, découlerait du Chant d’Iluvatar.

La Légende d’Asgard énonce, ainsi que relaté dans la Geste de la Maison de Freyr que « Freyr se souvint alors de la tâche qui lui avait été confiée de créer des êtres aussi parfaits que l’image de ceux engendrés par la Musique d’Eru Iluvatar. Manwë Sulimo avait dit qu’en échange de l’aide des Vanir à Ptah, ces êtres règneraient ensuite sur des terres créées par les dieux. Ptah avait accepté cette alliance dans ces termes et l’exécution en avait ainsi été dévolue à Freyr ».
Honorant leur tâche à la suite de cette alliance, les dieux d’Asgard conçurent les elfes et certains êtres humains ainsi qu’il est conté dans la Geste.

Une explication différente de la création de l’être humain est fournie par les clergés Ptahins¹. Selon eux, à la suite des événements de la Genèse ayant décimé les dieux, il apparut que la création et l’éducation de nouveaux dieux exigerait trop de temps face aux périls encourus et à la lassitude des survivants. Il fallait donc engendrer de nouvelles créatures grandissant rapidement et donc mortelles, qui pallieraient les pertes divines moins par leur puissance que par leur nombre.

D’autre part et surtout, les dieux Ptahins n’étaient pas une fin en eux-mêmes. Ptah n’avait pas défait les titans du Chaos originel pour installer leurs équivalents, même disciplinés, dans l’univers qu’il avait fixé. Leur mission était aussi de servir d’intermédiaire durable entre l’Univers d’une part, qu’ils représentaient par leur immortalité et leur puissance, et ses créatures fragiles et éphémères d’autre part, auxquelles ils ressemblaient par leurs propres formes et leurs limites. A l’instar des mondes, étoiles, planètes et corps célestes qui tournent, se composent, défont et recomposent, Ptah avait instauré le cycle infini de la vie, de la mort et de la renaissance qui était prêt à s’ouvrir à des créatures pensantes et conscientes. Ce cycle de la vie et de la mort, initialement prévu pour les animaux, pouvait parfaitement s’accommoder de nouvelles espèces sous d’autres férules que celles de Hadès, Silvanus et Poséido.

Râ se souciait lui aussi de la mission divine de procréer de nouvelles il avait entrepris de l’accomplir. Ainsi qu’il est dit dans la Genèse (19), il avait offert Satis au monde pour qu’elle devienne la mère des humains. Elle fut à cet effet accouplée avec Horus. Or il s’avéra que leur premier enfant n’était pas humain mais demi-dieu car aucune âme n’avait encore été préparée ou libérée pour lui. L’orgueil ou la paresse avaient en effet conduit Râ et les siens à négliger de prévenir Hadès ou Ptah. Horus et Satis engendrèrent ainsi quatre demi-déesses : Amset, Hapi, Neith et Serket qui déploraient de ne pas être mortelles et se consacrent depuis à assister Anubis. Devant la consternation de Nout-Hathor, Isis et Naphtys, Bast la mystérieuse miaula que la fertilité et son résultat sont deux choses différentes et que les chats, eux, ne cherchent pas à engendrer des chiens. Nout rapporta ces paroles à Râ qui se résolut à converser avec Hadès qui le renvoya plutôt à Ptah avec lequel il parla longtemps.

Ptah fit alors résonner un Dit² auprès de tous les dieux qu’il invitait à créer des mortels en s’appuyant pour cela non plus sur leurs seules capacités (re)productives mais en y incorporant des âmes impliquant elles-mêmes le cycle de vie et de mort. Pendant cette période, Hadès, Anubis et lui-même accorderaient aux nouveaux-nés autant d’âmes neuves que nécessaires. Ces nouveaux êtres seraient créés à l’image anthropomorphe, tels Thor ou Frigga, Athéna ou Hermès, Osiris ou Isis.
Ptah désigna aussi les Quatre Fécondatrices : Nout-Hathor, Isis, Nephtys et Freyya et les Quatre Fécondateurs ; Arès, Set, Anhur et Balder.

Ce choix déplut énormément. Isis et Osiris le refusèrent et Freyya aussi dans un premier temps, avant d’être convaincue par Thor et par Frigga elle-même conseillée par Tyr. Freyya n’accepta qu’épisodiquement d’être fécondée par Anhur puis, finalement et bien ce que ne soit pas prévu, par Horus puis Seker. Nout-Hathor accepta de s’accoupler avec Balder mais à une seule reprise après quoi Râ s’opposa à toute atteinte supplémentaire à la fidélité de sa femme. Il semble toutefois que Loki puis Poséido et même Arioch aient déjoué la surveillance d’un époux trop souvent occupé à éclairer les mondes pour s’éclairer assez lui-même.
Isis récusa Balder mais, afin de satisfaire un devoir supérieur auquel Râ lui-même avait péniblement consenti, elle accepta en accord avec Osiris que Tyr lui fasse un enfant humain.
Cependant la féconde Nephtys, qui allait ainsi devenir la nourricière Demeter, accepta pleinement la mission de Ptah dont elle se fit incarnation. Elle enfanta des humains de chaque Fécondateur et ce plusieurs fois ; elle en enfanta même d’autres avec Geb, Thor, Gond. Et même Satis, bien que devenue âgée, put encore concevoir maints nouveaux-nés avec Set pour qui ce fut un plaisir d’humilier ainsi Horus.

Lorsque le nombre des humains nés ainsi atteignit cent, Ptah jugea que son Dit, quand bien même imparfaitement respecté, avait donné lieu à suffisamment de descendance pour qu’il soit temps de prononcer la fin de la période que les savants appellent l’Intermède de l’Anthropogenèse, le commun la Fécondation des Déesses, et que les farceurs qualifient plutôt de Grande Débauche. Il suffisait que les dieux aient reçu cent âmes : dorénavant, ils ne pourraient plus concevoir d’autres êtres humains. Il appartenait à ceux-ci de croître et se multiplier entre eux, à quoi ils s’employèrent aussitôt et très efficacement.
Les termes de Fécondateur et Fécondatrice sont très importants : ils signifient que nul dieu ne peut se prévaloir d’être le père ou la mère des humains. Les premiers nouveaux-nés furent en général élevés par Isis et Osiris, mais Balder emmena en Gladsheim la fille humaine que Nout-Hathor lui avait donné et la plupart des enfants de Hadès et tous ceux de Gond et Poséido furent conduits en Olympe. Cependant, seule a pu se targuer d’un père divin la maison humaine de Balder.

Les récits asgardiens et ptahins ne sont pas incompatibles entre eux. Il est souvent argumenté que Ptah et Iluvatar seraient une même entité. Mais à supposer le contraire, rien n’interdit de penser que Ptah et Manwë aient eu séparément le même dessein ou encore que la proposition du second ait donné des idées au premier.

L’ensemble de ces sources considère que les premiers humains apparurent dans les plans extérieurs et que ceux qui virent le jour dans le plan matériel proviennent de parents qui y furent amenés par la suite. Il est aussi généralement admis que ceux qui vinrent en Ellgebir étaient parmi les derniers et furent transportés pendant un long sommeil dont ils furent réveillés certains par la pluie, d’autres par le soleil.
Plusieurs clergés en déduisent que les premiers furent éveillés par Frigga et les seconds par Râ, qui seraient ainsi les deux plus anciens cultes des humains. C’est, logiquement, la thèse des raïques qui est également ralliée par les clercs de Frigga, Hel, Heimdall, Tyr et Untamo. Mais cette version est vigoureusement contestée par la plupart des autres clergés et particulièrement ceux de Frey, Freyya, Bes, Thoth, Poséido, Hadès et Athéna, qui affirment que presque tous les dieux étaient présents sur Ellgebir au moment de cet éveil afin de confier les humains aux elfes et aux dragons. C’est cette interprétation qui prévaut aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, l’histoire de la création des humains suffit à caractériser une espèce à nulle autre pareille. Les elfes ont été conçus comme des quasi-dieux, dans l’amour d’une ascendance clairement exposée par la Maison de Freyr. Les nains ont été créés par Bes en réaction à l’apparition des elfes et notamment à leur esthétique physique et mentale, comme une blague répondant au côté prétentieux de leur conception. Pour les nains aussi, l’ascendance est certaine de Bes à Moradin et Berronar. Pour les hobbits c’est encore plus simple puisqu’ils doivent tout à Yondalla, à commencer par leur existence. Les géants tirent leur origine de dieux-titans clairement identifiés pour chacune de leur espèces. La réaction bessite sera reproduite par beaucoup de races apparues depuis, tels orcs, kobolds ou gobelins qui ont tous leur dieu créateur et tutélaire.

Mais pas les humains. Leur origine est controversée, multiple, faite de décisions divines partiellement acceptées et d’accouplements d’immortels abandonnant leurs enfants à la mortalité. Ils n’ont pas été façonnés pour eux-mêmes, par amour ou par poésie ou par génie, mais afin de pallier des déficits divins et pour la finalité d’un dessein universel qui dépasse même leurs géniteurs. Ils ne furent pas conçus pour être des serviteurs mais naquirent et vécurent sous des maîtres de fait, tels les dieux, ou les elfes ou les dragons. Puis ils s’émancipèrent après avoir vaincu les dragons et plié les elfes pour finir par faire l’objet d’une implicite compétition entre les dieux pour recevoir leur faveur. L’histoire théologique, légendaire ou antique des humains reflète leur condition d’espèce la plus diverse et complexe qui ait jamais été créée.

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1 — Ptahin : qualificatif désignant un descendant ou une créature de Ptah, pratiquement toujours employé au sujet de divinités ou leurs cultes. Concrètement ce sont tous les dieux de mythologie grecque et la grande majorité des égyptiens à l’exclusion des Bessites (Bes, Thoth, Geb).↑

2 — Résonance d’un Dit : Capacité d’une divinité à faire parvenir instantanément un message exprimé en mots (le Dit) par télépathie à un ensemble de personnes qui dépendent ou descendent de lui ou sont dans un contexte qu’il maîtrise.
Les résonances majeures peuvent avoir des dieux pour sujets. Très peu de dieux en sont capables.Celles de Ptah sont les plus nombreuses historiquement et aussi les plus puissantes puisqu’elles ont l’univers entier pour contexte et les dieux ptahins mais aussi bessites pour sujets. Râ la possède également mais ne semble pas l’utiliser. Odin et Zeus avaient la même capacité s’agissant d’Asgard et de l’Olympe. On conjecture que Frigga aurait reçu cette capacité par le décès d’Odin mais aucune occurrence ne le confirme et celle de Zeus n’a pas de successeur.
Les résonnances mineures peuvent émaner de toute divinité, certaines y ayant plus de difficultés que d’autres. Poséido ou Silvanus sont réputés y avoir recours.↑