Derenworld News : Taurus 5226

5 janvier 2019 par Kazz → Atlas, Société

Les conséquences de la famine mondiale

La famine dite mondiale présente des disparités très importantes selon les lieux et les traitements politiques de cette calamité, mais ses conséquences sont en revanche similaires dans les endroits où elle sévit.

De nombreux peuplements humains ont été touchés par la famine ou par la hausse vertigineuse des prix sans la rescousse de subsides financiers ou matériels suffisants pour y faire face. En conséquence, ces populations ont émigré vers des terres ou des villes capables de nourrir leur population par des politiques d’assistance, soit qu’elles en aient les moyens financiers, soient qu’elles détiennent des stocks de grande ampleur, soit qu’elles aient été épargnées par la famine.

Il s’est par conséquent produit un phénomène de densification rurale ou urbaine, notamment en dans les grands pays de peuplement humains : Empire Naëmbolt, Farxel, Vizan, Tangut, dont l’étendue rend malaisée voire inefficiente une politique de subsides à l’échelle nationale.

Dans les villes, cet accroissement de population a contibué à un phénomène inflationniste qui a pu aller jusqu’au quintuplement du prix du pain, ce que tentent de combattre les institutions financières en raréfiant le crédit, ce qui accroît par contrecoup la misère et gêne les états, nobles et entrepreneurs, qui ne peuvent plus facilement emprunter. Le seul moyen de contrecarrer la situation consiste en la vente de céréales à des prix contraints par les pouvoirs politiques, ce qui développe un marché noir parfois mal combattu.

Ce phénomène s’est accompagné d’un abandon par les humains de terres qui ont souvent été réoccupées par d’autres créatures humanoïdes ou monstrueuses. La famine aboutit ainsi à remplacer en maints endroits les populations humaines dépendantes de la culture céréalière pour leur subsistance par des populations généralement non humaines qui n’en sont pas dépendantes. Elle a ainsi favorisé le développement de populations humanoïdes à forte fertilité et faible respect de la vie tels des orcs, gobelins, kobolds, gnolls…

La chaîne alimentaire typique de ces populations est en effet fondée sur une alimentation carnivore, donc sur l’élevage ou la chasse, grands consommateurs d’espace. Les terres rendues disponibles par l’abandon des humains, allant parfois jusqu’à couvrir de grands fiefs entiers, ont été ainsi mises à profit pour l’élevage ou la chasse.
Cette alimentation est complétée de fruits ou racines qui peuvent provenir de plantes ou arbres particulièrement résistants (châtaigners, noyers, racines et légumes de terre tels oignons ou carottes). Les tâches agricoles consistant à cultiver et récolter ces compléments à l’alimentation carnée sont généralement confiés à des assujettis (esclaves, serfs, basses castes) dont la survivance n’est pas considérée comme importante par la majorité. Il n’est d’ailleurs pas rare que les cadavres de serfs servent à des fins cannibales ou d’engrais. Seuls les producteurs d’alcools ou boissons alcoolisées bénéficient d’une certaine considération.

En outre, non seulement les humanoïdes sont-ils par leur structure sociale et alimentaire mieux à même de faire face à une pénurie céréalière, mais encore s’avèrent-ils le plus souvent beaucoup plus résistants que les humains au plan physiologique face à la sous-alimentation. La plupart subsistent en effet bien plus longtemps sans nourriture, et sans développer les fréquentes maladies qui apparaissent chez les humains en pareil cas.

Sur environ le quart des terres dites civilisées, le peuplement a ainsi été discrètement mais fortement modifié à l’échelle locale, notamment à l’écart des grands axes de circulation. De nombreux fiefs ou territoires sont à ce jour répertoriés comme étant peuplés d’humains alors qu’ils ne le sont en réalité plus. C’est toute une géographie qui est ainsi bouleversée. D’une certaine manière, la famine débouche sur une sorte de douce invasion, voire de discret triomphe, des humanoïdes.

Les ressources fiscales de certains pays ont sensiblement baissé, notamment en Empire et, pour des raisons plus complexes, en Farxel. Marn, bien que fortement touché par la famine, y a échappé, grâce à une politique de maintient de l’ordre strict menée, malgré un âge désormais avancé, par le Roi Karl-Maria III.

Globalement, après quatre années de récoltes insuffisantes, la plupart des pays se sont adaptés.
Dans le quart nord-ouest du continent, le R.C. d’Evriand a joué un rôle de stabilisateur très important.
Le Vizan a tablé sur ses ressources rizicoles, halieutiques, et même des importations d’outremer, pour stabiliser la situation. Une situation semblable prévaut dans l’est de l’Empire et tout le long de la côte orientale du continent : riz et poisson sauvent des vies.
Le Thûzzland, traditionnellement déficitaire en ressources agricoles, a acheté au prix fort ce dont il avait besoin, s’appuyant au besoin sur Avros qui non seulement a été épargnée par les mauvaises récoltes, mais peut en outre compter sur des importations ultramarines et des ressources de pêche.
Les récoltes ont été médiocres en Tangut mais pas au point d’entraîner une famine de la même ampleur qu’observée ailleurs ; il s’agit plutôt de tensions sur les prix observées principalement à Valon, Thunderhold et Viris, moindrement à Starstone.

On l’aura compris : c’est dans l’intérieur profond des terres que la famine frappe le plus fort. C’est notamment au centre du continent, quand il n’y a pas un Evriand, un Gaïko, un Avros pour, quelles que soient leurs éventuelles arrières-pensées, amortir le choc humanitaire, qu’on observer les phénomènes de dépeuplement signalés ci-dessus. Ils frappent en particuler en Empire, Vizan septentrional, Farxel, Arkandahr, Isenheim, entraînant des répercussions politiques dont on va ci-après évoquer la plus importante.

La révolte des deux Bruce

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce ne sont pas les nobles impériaux d’Orient qui sont allés prêcher la révolte mais ce qu’il est devenu commun d’appeler « les deux Bruce », l’un d’Old-Arwen, l’autre de Naù. Ils ont par la suite reçu l’appui des tenants orientaux que sont le duc Erwin Chalkenmoon et l’inévitable Prince Adorn de Colstone, jamais en retard d’une contestation. Ils ont plus tard été rejoints par Zigmund de Johstarre, digne de sa maison historiquement prompte à la moindre rébellion, et, plus étonnamment, par le jeune Berenar de Terrel, pourtant d’un genre qui n’a pas coutume de faire parler de lui.

Les deux Bruce sont allés expliquer à Ilnaëmb que leurs fiefs n’en pouvaient plus d’être soutenus à bout de bras par leurs nobles, que leurs caisses étaient vides, qu’ils avaient ouvert leurs coffres, leurs silos, leurs forêts, vendus leurs biens personnels pour se procurer des liquidités, mais que là, désormais, l’afflux de gens dans les bourgs, villes et castels atteignait le submergeant. La réponse de du Prince Consort Impérial John-Daniel Arveïn fut un tirage sur le Trésor de mille besants pour chaque Bruce, de quoi tenir un an au moins, probablement deux, assurément le temps que tout cela se calme. Remboursable à taux zéro sous dix ans. Aucune banque ne vous proposera mieux.

D’un bond, Bruce of Old-Arwen sauta à la gorge de sa Haute et Souveraine Altesse le Prince Consort Impérial et entreprit aussitôt de l’étrangler, à quoi il aurait sans doute réussi sans la prompte intervention du moine-garde T’Sekosh, chargé de la personne de John-Daniel Arveïn. Certes, l’antipathie entre les diverses branches de la grande maison d’Arwen est connue, mais pas au point d’en venir aux mains avec la couronne en pleine audience impériale. Haussant la voix pour surmonter les quintes de toux du Prince Consort, Bruce Naëmbolt of Naù lui assena des phrases comme autant de coups : Nous ne voulons pas l’aumône mais notre droit de vous demander un secours, un secours que vous nous devez ! Nous ne voulons pas de l’or mais du pain. Nous ne voulons pas un prêt mais un don.

Usant de sa qualité de Naëmbolt pour se porter garant, Bruce of Naù ordonna et obtint la libération sur le champ de Bruce of Old Arwen pendant qu’on ranimait le Prince John-Daniel. Les deux Bruce quittèrent l’Ailendil le soir même, en signe de défi. La révolte avait commencé.

Le lendemain, le Prince John-Daniel obtint de l’Impératrice son consentement à un ordre d’arrestation à l’encontre de Bruce of Old-Arwen, ce qui, au lieu d’éteindre la querelle, la transforma en incendie. Dans la semaine, l’Archimage Larraka, le Grand-Maître de l’Ordre des Paladins d’Empire Lord Zatek, et le Hérault Impérial Dor-Lion de Goldhelm firent savoir qu’ils refusaient d’exécuter l’arrestation d’Old-Arwen.
Adorn de Costone se sentit libre et en droit de négocier un partenariat avec la République Maritime d’Avros pour des livraisons de denrées alimentaires afin de soulager le Silverdon et l’Eriendel. Erwin Chalkenmoon entra directement en négociation personnelle avec le Thûzzland. Les IIIe, IVe, et VIe légion déclarèrent par avance qu’elles refusaient de conduire une guerre contre la maison d’Old-Arwen mais les Ie et XIIIe légions se déclarèrent prêtes à obéir. Le Parlement d’Empire adopta une motion de soutien au Prince et à la Couronne. Les principales guildes d’Ilnaëmb l’approuvèrent spontanément.
De leur côté deux Bruce appelèrent leurs osts, Johstarre et Terrel en firent de même, et l’ensemble se réunit près de Lainz-Keshamar, fief épargné par la famine qui, pour éviter l’invasion, accepta de nourrir temporairement l’armée rebelle.

La nouvelle de la rébellion des Bruce se répandit partout. Dans pratiquement la moitié de l’Empire, principalement le centre, le nord et le nord-est, elle entraîna des dissenssions entre nobles et marchands, entre villes et campagnes.
Les grands nobles doivent secours à leurs populations frappées par la famine qui leur demandent aide et protection. Or ils n’en ont pas les moyens parce que les prix du blé sont trop élevés. Ils demandent donc aux cités et marchands de les aider à pourvoir aux miséreux en achetant le nécessaire. Les cités et marchands refusent parce que leurs finances sont elles aussi mises à mal : ils affrontent les mêmes prix élevés que les nobles mais à la différence de ces derniers et des paysans qu’ils défendent, eux doivent acheter l’intégralité de leur nourriture sur les marchés. Les nobles et paysans menacent de passer en force et les villes et marchands menacent de faire appel aux légions impériales pour les protéger et les nobles répondent que s’il en va ainsi ils feront sécession ou renverseront la couronne à quoi les villes et marchands répondent que comme 90 % des sujets de l’Empire ils veulent y rester et ils y resteront.

Plutôt que de chercher l’affrontement militaire, Bruce de Naù eut l’idée d’envoyer les miséreux aux portes des villes et sur les routes, formant ainsi un blocus interne. Les osts des nobles n’interviendraient pas eux-mêmes, sauf en cas de violences exercées contre les assiégeants.
Cette manœuvre détruisit la possibilité d’une sortie pacifique de la crise.

Le Prince John-Daniel Arvein était pressé de céder par beaucoup. Il hésitait à ouvrir les caisses impériales, voire à endetter la Couronne, quitte à faire le jeu de la spéculation, pour acheter de quoi délivrer directement du blé ou de la nourriture aux affamés afin de les contenter et de résoudre la crise politique. Mais le blocus intérieur ruina ses espoirs puisque lesdits affamés attaquaient et pillaient désormais les caravanes de ravitaillement bien avant qu’elles atteignent leurs destination.
Cela eut pour effet d’aggraver terriblement la crise alimentaire dans les villes et en particulier à Angwäven, Biantey, Shtraklia, et Newerton.

L’option préférée du Prince Consort aurait consisté à laisser la situation imploser. Les osts nobles eux aussi coûtent cher et exigent du ravitaillement. Après quelques semaines, la plupart des grands nobles ne seraient plus en mesure les conserver en ordre de bataille. Il suffisait donc d’attendre.
Mais le vieux maréchal de Montaygue lui représenta qu’en pareil cas, les nobles, leurs osts et leurs paysans affamés seraient tout aussi bien tentés de jouer le tout pour le tout et de s’en prendre par la force aux villes. La solution prônée le Prince revenait donc en dernière analyse à supposer à ses adversaires une sorte de loyauté peu probable chez des gens qui n’auraient plus rien à perdre.

John-Daniel décida donc de frapper. Les V, VIII, IX, X et XIIe Légions reçurent l’ordre de libérer par la force les villes de l’Empire. Les III, IV et VIe virent leurs commandants et leur cadres relevés de leurs fonctions et furent mises en cantonnement jusqu’à nouvel ordre. La Ie Légion se mit en protection autour d’Ilnaëmb, la XIIIe prit la route de Lainz-Keshamar. Et les combats commencèrent.

En moins de deux mois toutes les villes de l’Empire furent libérées et les relations intérieures rétablies, avec un coût colossal de plus de 3.000 morts, dont moins de 200 légionnaires. Vingt-huit grands nobles furent faits prisonniers et exécutés. Bruce of Old-Arwen et Zigmund de Johstarre, en fuite, furent recueillis à Naù. Berenar de Terrel fut caché par sa famille et exfiltré à l’étranger. La Couronne n’osa pas attaquer de front les Naù et les Colstone, princes Naëmbolts, et Eärmun de Dwavenstone plaida fort bien la cause de son ami Erwin Chalkenmoon. Toutefois, la maison de Chalkenmoon est profondément divisée car l’oncle d’Erwin, le chevalier Eberic Chalkenmoon, a préféré démissionner de ses fonctions de vice-roi de Gaïko pour mieux rester fidèle à la couronne et a promis de réparer toute salissure sur le nom de son illustre maison.

Les choses en sont là. La victoire de la Couronne laisse intacts les problèmes révélés par les Bruce. Une très forte majorité des grandes maisons nobles impériales est située en dans le centre ou l’est de l’Empire. Les Chalkenmoon, Arwen ou Colstone contrôlent de véritables pays. Entre Blumwald et l’Undine, les terres sont au contraire morcelées, souvent possessions de petits propriétaires, très attachés à une prospérité issue de relations stables avec des villes jouissant d’importants privilèges, à des libertés quasi-démocratiques, et à une relation quasi-directe avec la Couronne. A Henrys, Ilnaëmb, Atanak, Isablis ou Corontown, commence à poindre l’opinion qu’on pourrait aussi bien larguer tout ce qui est au-delà de Gelkard et Dilanovia, l’Empire ne s’en porterait pas plus mal.

Or la rébellion des Bruce demeure intacte. La moitié des grandes maisons nobles sont en état de guerre froide ou virtuelle avec une couronne dont le prestige politique ploie toujours sous les faiblesses héritées du règne de Nirag III et d’une Dandria perçue par bien des princes, ducs et comtes comme le pantin d’un consort aux ambitions de boutiquier.
Au nord et à l’est de Dilanovia, tout ce qui n’est pas une ville ou à proximité des grandes routes est soit occupé par une bande d’humanoïdes, soit terre d’un fief rejetant l’autorité de l’Impératrice. Si le Gaïko demeure parfaitement fidèle à la Couronne, ainsi que le Brokellan qui est du domaine impérial, le Valdorse et surtout l’Erguña et le Sunmarch dépendent de l’attitude des Chalkenmoon, Dwarvenstone et Arwen. Dans sa plaidoirie pour son ami Chalkenmoon, le Duc de Dwarvenstone a mentionné le risque devenu réel de voir le sud-est basculer à son tour dans une rébellion qui embraserait alors pratiquement la moitié de l’Empire.

Mais le duc Mishal d’Arwen demeure et vivant et fidèle et ami personnel du couple impérial. Mais d’éventuels recrues rebelles telles le comte Wallis Goldhelm d’Angwäven ou le duc Bartalum d’Oakfen, ou encore de prestigieuses maisons comme les Karnosz-EagleHunt ou les Satansdoom d’Agle, se déclarent attachées à l’unité impériale à n’importe quel prix. Mais les villes et guildes ainsi que le Gaïko sont très remontés contre des maisons nobles accusées d’aggraver les maux du temps. Mais les VIII, IX et Xe légions sont parfaitement fidèles à la Couronne et assurément de taille à écraser n’importe quelle révolte. Mais l’administration impériale, héritée de Nirag Ier et de Kermegg II, fait partout preuve de son sens de l’État et de ses capacités.

Personne ne gagne et personne n’ose aller plus loin. Asdrubal Shohô, tout nouveau Gouverneur impérial de Gaïko, a écrit au Prince de Colstone que la famine est un fléau suffisant pour ne pas y ajouter une guerre civile. Du coup, deux camps se regardent en chiens de faïence, pendant que s’enracinent des rancoeurs profondes. Comme le disait un diplomate evriander : que la moitié des grands nobles de l’empire veuille la tête de l’impératrice n’a rien d’inhabituel, mais que la moitié des grandes villes veuille la tête des grands nobles est certainement une nouveauté.

Cette année 5226 sera sans doute décisive. On n’en est plus à un risque de démembrement du pays car Old-Arwen, Naù, Terrel ou Johstarre ont leurs terres dans la moitié occidentale de l’Empire. Si ces quatre-là décident de marcher sus à la Couronne, l’Empire connaîtra non point une partition mais la guerre civile.

Vers une réforme du statut des ouvriers en Vizan

Le Roi des Rois Yimre s’est lancé dans un vaste programme de modernisation des routes de son pays.

S.S.M. Yimre de Vizan
S.S.M. Yimre de Vizan

Pour cela, il a fait appel à des ingénieurs civils mais a également engagé des experts thûzz, ce qui a été mal accepté dans certaines provinces. Yimre est également contesté car il refuse de recourir pour cela à des esclaves. Le Trône de Jade a promis aux miséreux qui s’enrôleraient le pain, le gîte et la vêture, pendant qu’ils travailleraient sur les routes. En ces temps troublés par la famine, le pain est une opportunité qui ne manquera pas de séduire.

Le gouvernement de sa Suprême Majesté semble en réalité vouloir développer une nouvelle caste d’ouvriers, certes tenus par leur travail mais libres de le quitter pour un autre et jouissant de la liberté de fonder un établissement et une famille, de conduire leurs affaires comme d’élever leurs enfants ainsi que bon leur semble. Ces ouvriers seraient employés sur les routes, ouvrages d’art, chantiers navals et dans certaines manufactures contrôlées par des nobles, la couronne et les marchands.

Un antique problème du Vizan vient de ce que l’énorme majorité des ouvriers travaillent pour un maître ou un propriétaire : leur boutique ou atelier, parfois même leurs outils, ne leur appartiennent pas. Le droit de travailler est payé par l’indisponibilité de leur établissement (ou de leur contrat de travail) : ils ne peuvent le quitter sans payer des sommes exorbitantes, souvent bien supérieures à ce qu’ils gagneront au cours d’une vie entière. La contrepartie consiste en l’impossibilité pour le patron de les expulser ou démettre sauf en cas de mort sans succession : ainsi, par exemple, le droit d’être couvreur se transmet-il de père en fils, et aussi l’obligation de l’être. Mais la maison du couvreur et son atelier appartiennent aussi au patron, ainsi propriétaire à la fois du logement et du contrat de travail qui sont liés l’un à l’autre.

Les contrats de travail nouveaux sont émis par la corporation intéressée dans tous les sens du terme. Un nouveau contrat de travail doit être demandé par un patron, qui doit proposer des avantages à l’ouvrier qui seront appréciés par la corporation au regard de ses propres critères et coutumes : par exemple, un atelier, des outils, une demeure, des horaires et tâches précis. Le contrat est ensuite vendu par la corporation au patron, parfois à un prix très élevé. Parfois aussi, la corporation oblige le patron à proposer le contrat à telle personne de son choix sinon elle refusera de l’émettre ou en demandera un prix plus élevé… Après quoi, le patron peut enfin employer l’ouvrier.

Le patron ne peut pas licencier directement l’ouvrier éventuellement fautif : il peut seulement demander à sa corporation de le faire. La corporation juge et décide de rompre ou pas le contrat. Une telle rupture a des conséquences catastrophiques pour l’ouvrier et toute sa famille qui se retrouvent souvent jetés à la rue sans moyens pour assurer leur subsistance. Cependant, elle est relativement rare.

Aucun salaire n’est garanti ; en d’autres termes, le patron n’a aucune obligation d’employer effectivement l’ouvrier, et d’ainsi le payer. Il est même relativement rare que le patron paie l’ouvrier pour des tâches dont il a besoin. Bien plus souvent, le patron loue l’ouvrier à un client, parfois amené par l’ouvrier lui-même. Le patron encaisse alors une partie de la paie de l’ouvrier, ce qui valorise le contrat de travail. Cependant, il faut considérer que beaucoup de contrats de travail sont très anciens et que les investissements initiaux du patron (achat du contrat, maison, atelier, outils, clientèle) sont par conséquent amortis depuis des décennies ; du coup, les ouvriers inemployés ne sont pas une perte pour le patron mais un simple manque à gagner.

En sens inverse, l’ouvrier ne peut pas refuser un emploi indiqué par le patron. Il est contraint de l’exécuter au mieux de ses possibilités, selon des temps de travail et règles de l’art fixées par sa corporation. Cette obligation est la providence des patrons d’ouvriers très qualifiés ou experts, ayant une technicité rare dans des domaines précis ou exigeants, tels la peinture d’émaux, la marqueterie de bois précieux, la maroquinerie de luxe ou la ferronnerie d’art.

Cependant l’ouvrier vizaner peut aussi employer des esclaves, et il le fait en pratique souvent. Le système le plus utilisé à cet effet consiste en un contrat d’esclave temporaire, à la journée ou à la semaine, en échange d’une somme ou d’autres avantages conclus forfaitairement. L’esclave temporaire n’est libre ni des tâches ni des horaires ni de rompre le contrat sauf à renoncer à tout paiement ; en cas de défaillance, il risque de devenir esclave à l’année. Son principal droit est de ne pas être battu à sang ou bris, autrement dit, de ne pas recevoir de blessure grave ou saignante infligée par le maître. En général, la coutume limite les punitions à trois ou quatre coups de cravache par jour.

Ce système, développé à l’origine dans un souci de protection de la caste des ouvriers, présente de nombreux inconvénients.
D’une part il crée et maintient une main d’oeuvre de potentiels esclaves temporaires taillables et corvéables à merci, qui survit dans des conditions de très grande vulnérabilité sans pouvoir tirer un avantage durable de leurs compétences et labeurs. En effet, même à supposer qu’un ouvrier trouve un esclave temporaire formidablement utile, il ne pourra la plupart du temps pas l’employer car il n’aura pas les moyens d’acheter un contrat à la corporation. D’autre part, il génère un conservatisme fondamental : l’ouvrier veut d’abord ne pas perdre son travail, le patron veut d’abord gagner de l’argent sans effort ni ennui.
Enfin, ce système induit une absence d’incitation et même de motivation des ouvriers comme des patrons à innover comme à progresser en qualité et quantité.

Il s’ensuit une capacité de production figée, incapable de s’adapter aux évolutions de marchés, aux progrès techniques, aux aléas et opportunités économiques. Paradoxalement, le Vizan a la réputation, justifiée, d’être un creuset de progrès technologiques et de productions de haute qualité, voire uniques, dans bien des domaines. Mais cela résulte d’un effet démographique plutôt que socio-économique : l’importance de la population du Vizan est telle que malgré des structures économiques sclérosées, il y a et il y aura toujours des occurrences où le travail, l’intelligence et le talent parviennent à l’emporter.

C’est à ce système que Sa Suprême Majesté a entrepris de s’attaquer en commençant par tenter d’instituer une caste « d’ouvriers du trône » destinés dans un premier temps à réparer ses routes, ponts et navires. Ainsi qu’elle le déclarait à Tresa au début de l’an dernier dans un discours devenu fameux : « Ce ne n’est pas notre vieux Vizan qui serait de retour. Ce trône n’a jamais quitté ni sa gloire ni son pays. J’entends qu’en mon règne un nouveau Vizan, nourri et fier de ses ancêtres, redonne force et prospérité à son peuple. Et ce Vizan renouvelé de nouveau étonnera le monde. »

Le renouveau diplomatique du Vizan

« Il y a peut-être un homme malade de Derenworld , mais ce n’est plus le Vizan. » Ainsi s’exprimait anonymement un diplomate zevjan à l’occasion d’une visite du Visbey Zbullo Pahavartsenalam à Zevjapuhr.

Depuis des décennies voire des siècles, un ensemble territorial au sud-est du continent, comprenant Brokellan, Sunmarch, Thûzzland, Farxel(s), et de la marche occidentale du Tangut (Inghelis et Farath) constitue traditionnellement un bloc de prospérité économiquement uni même si politiquement disparate. On l’a souvent comparé au bloc Confédération – Evriand – Lowenland situé presque diamétralement à l’autre bout du continent, dont il constituerait une sorte de pendant oriental. Ce bloc subit depuis des siècles les influences politiques et économiques de l’Empire Naëmbolt, Avros et du Vizan, pour lesquels il représente un enjeu majeur.

Derenworld
Visualisation de l’emplacement de certaines contrées évoquées ici (Mulg. = Mugorge ; Zevj. = Zevjapuhr).

En rose les fiefs ou provinces non souveraines ; cliquer pour une version agrandie.

Au centre géographique de ce bloc et indispensables à sa cohésion se trouvent le Thûzzland et le Farxel. Or le second, à peine réunifié, n’en finit plus de se décomposer. Le Farxel n’est aujourd’hui qu’un ensemble de provinces ayant des lois communes ou compatibles, entretenant de bonnes relations entre elles, mais sans plus aucun appareil centralisateur. Le particularisme local y est particulièrement exacerbé et chacun s’administre lui-même dans un pays qui s’enorgueillit d’être celui des Freiherrs : les gens libres. Sa situation a été décrite dans le précédent numéro des nouvelles de Derenworld : on n’y reviendra donc pas ici. Il faut seulement noter que l’ordre des Ritters demeure aujourd’hui la principale sinon la seule structure politique d’envergure du pays.

Cette situation a pour conséquence majeure la disparition du Farxel en tant que puissance politique. Or ce pays, et plus spécifiquement son Ritterland, fut longtemps le principal adversaire, aussi déterminé que coriace, du Vizan. Mais là aussi, les choses pourraient bien évoluer.

Récemment, les Ritters ont très mal pris l’opposition d’Avros à l’entreprise du canal d’Osport, qui a d’ailleurs fini par être abandonnée. Plus généralement, de longue date, les Ritters n’aiment guère la République d’Avros, en laquelle ils voient une puissance cherchant l’hégémonie par des moyens diplomatiques, économiques, et navals, soit à peu près le contraire de leurs propres méthodes qui privilégient la fidélité morale, le consensus social, la franchise jusqu’à la rustrerie, et l’affrontement terrestre. De plus longue date encore, ils ont observé, souvent subi, et en tout cas tiré les enseignements des manœuvres de la République visant à maintenir les divisions du Tangut en jouant l’un contre l’autre Farath, Inghels et Viridistan. Ils furent particulièrement hérissés au siècle dernier de l’appui des avrossians aux inghelins dans leurs guerres contre leurs séculaires rivaux farathis, eux-mêmes proches des Ritters, afin de bénéficier du port de Sasserine.
Cependant, l’évidente et efficiente complémentarité entre Ritters et avrossians dans les conflits passés avec le Vizan ou les Seconds Héritiers ou la G.E.C. imposait une alliance qu’avait cimentée de nombreuses victoires.

Dans ce contexte, Yimre de Vizan a proposé de frapper un grand coup en concluant avec le Farxel en général et les Ritters en particulier un traité définitif de paix. Et pour cela, il met beaucoup sur la table : reconnaissance des droits du Farxel sur l’Exarchat de Pale, revendiqué depuis des siècles par le Trône de Jade et à l’origine de nombreux de conflits militaires ; démilitarisation de toute la frontière du Vizan avec le Farxel, manifestée par une absence de troupes royales vizaner dans les douze lieues de cette frontière ; droit d’approvisionnement de marchands farxlans dûment accrédités sur les marchés de Vizan en produits rares : café, sucre, épices, soieries, soit un privilège actuellement accordé aux seuls zevjans et à quelques maisons okhpuhranes et thûzz ; enfin, livraisons exceptionnelles de ravitaillement à des prix normaux afin d’apaiser la crise alimentaire en Farxel, Yimre n’hésitant donc pas à prendre le risque d’affamer son propre peuple pour obtenir ce traité. En échange de quoi les deux pays s’interdisent toute guerre entre eux et se promettent une assistance mutuelle en cas de guerre défensive ce qui signifie, pour le Farxel, pouvoir compter sur la marine Vizaner.
Sir Jackson Clarencil, ambassadeur itinérant d’Avros, remarquait que même une guerre victorieuse n’aurait pas offert de pareilles conditions au Farxel qui a dû attendre de disparaître pour les obtenir.

La diplomatie thûzz se trouve extrêmement embêtée par cette initiative. Le Thûzzland est un habitué des numéros d’équilibristes, réussissant l’exploit d’être ami ou partenaire ou allié avec tout le monde, ayant aussi démontré à l’Empire Naëmbolt ce qu’il en coûte d’être son ennemi. Mais l’affaiblissement actuel de deux de ses principaux partenaires : Empire et Farxel, le laisse sans contrepoids ni levier face à l’antagonisme entre Avros et Vizan qui, étant d’origine maritime, échappe complètement au royaume nain enclavé dans les terres.
Le pire qu’il pourrait arriver au Thûzzland serait de devoir choisir son camp entre les deux parce que, puissance uniquement terrestre, il ne dispose pas des outils suffisants pour parfaitement apprécier la situation.
Se retrouver face à une alliance farxlo-vizaner n’a rien de réjouissant d’autant que les liens commerciaux avec le Vizan sont plus importants en volume qu’avec Avros, mais cette dernière demeure un indéfectible et multiséculaire allié des thûzz qui démontre encore aujourd’hui sa valeur et son soutien face à la crise alimentaire mondiale. Or le Thûzzland est bien incapable d’opérer quelque pression sur la diplomatie du Farxel pour la raison que celle-ci n’existe actuellement plus. Il lui reste ses liens traditionnels d’amitié avec les Ritters mais pèseront-ils assez face à l’alléchante proposition du monarque vizaner ?

A l’autre extrémité de ses frontières le Roi des Rois entretient et facilite les relations économiques entre sa province autonomiste du Soshan et la république (parfois appellée Beyya) de Zevjapuhr, où le Visbey Zbullo Pahavartsenalam, Ministre de Vizan, effectue de nombreux voyages. Prenant le contrepied de la politique répressive de ses prédécesseurs, il freine du même coup les risques de crise alimentaire dans le Beyya. Par ailleurs, la Légacie de Zevjapuhr (nom donné à son palais gouvernemental et par extension à son gouvernement) se montre fort inquiète de l’anarchie régnant chez son voisin d’Isenheim et de l’affaiblissement de la couronne impériale, les marchands anticipant une décroissance en Empire Naëmbolt ayant un impact sur leur propre commerce qui est très lié à l’Empire.
La diplomatie de Yimre tente ainsi d’inverser le processus par lequel Zevjapuhr se plaçait au centre d’une ligue commerciale attirant le Soshan dans son orbite. C’est plutôt, ces derniers temps, le Soshan qui sert d’appât à de nouvelles inclinaisons de la République zevjane.

Cependant, l’activité diplomatique du Vizan vers l’ouest ne s’arrête pas au seul Beyya. La Princesse Sinagrine Erwine Clindavor-Shokota a mené en Isenheim puis en Mulgorge, où elle a plusieurs fois rencontré le seigneur Siussfuld qu’on dit fort flatté par la visite d’une dame portant un nom illustre, et finalement en Osmark, une longue ambassade itinérante, avec des pourparlers demeurés soigneusement secrets mais qui ne peuvent que refléter le renouveau diplomatique qu’ambitionne le trône de Jade. On croit savoir que la Princesse, qui résiderait actuellement en Osmark, projetterait une nouvelle étape de la mission qui lui a confiée.
Il apparaît évident que Sa Suprême Majesté Yimre entend tirer profit des difficultés de l’Empire Naëmbolt pour apparaître comme le nouveau pôle de stabilité du monde, en s’appuyant sur des réformes menées au pas de charge dans son pays pour l’adapter à de grands desseins. Or on a peut-être un peu vite oublié que le Vizan a tout : marine, armée, population, agriculture, industrie, recherche, ressources rares, prestige, et un jeune monarque qui semble parfaitement comprendre les réalités de son pays comme de son époque. Une nouvelle ère vizaner est peut-être sur le point de se révéler à mesure que l’équilibre du continent semble glisser depuis le centre, c’est à dire l’Empire, vers les trois grandes puissances périphériques que sont le Grand Evriand et ses alliés, le Vizan, et Avros avec ses dépendances.

Note complémentaire : l’actuel conseil gouvernemental du Roi des Rois Yimre se compose usuellement de
– Raja Shâhapoor Chinganas etc etc.. – chancelier
– Visbey Zbullo Pahavartsenalam etc etc. – hérault, ambassadeur général et permanent
– Honorable Patricien Rùswellù Gorromeï (1/2 O, banker) – architrésorier
– Princesse Sinagrine Erwine Clindavor-Shokota (Sinagrin-e : sans terre) – diplomate, ambassadeur itinérant,
– Dame Krassia Herschvorek (Ogresse Mage) – conseiller spécial aux affaires et intelligences externes
– Sudelyn Archmage Baroo Ss’Thaïk (Yuan-ti) – conseiller spécial aux affaires et intelligences internes
– Vénérable Penseur Mamedeo Birakani – conseiller spécial (inspirateur)

Brèves

L’Eriendel approché par l’Arkandahr

Le prince Morag, héritier du trône d’Arkandahr, veut former une ligue entre Norhazâd, Ariacandre, Eriendel et son royaume. Cette idée vise en réalité à sortir l’Eriendel du giron impérial. En effet, cette proposition a peu de chance de séduire les isolationnistes que sont traditionnellement Norhazâd ou Ariacandre, sauf si l’Eriendel acceptait. Mais une telle acceptation, dans le contexte actuel, pourrait bien déclencher un ralliement de la plupart des fiefs hostiles à la couronne impériale dont beaucoup, à commencer par Colstone, se situent autour de l’Eriendel. Buliphar d’Eriendel semble donc avoir en main une partie du destin de l’Empire.

Faussaires ?

L’International Trade Guild aurait alerté sur la présence de fausses pièces d’or apparues notamment en Tangut et en Sablern (Empire). Les contrefaçons concernent des besants (20gp) portant la marque de la Zevjana Zecca. Ce sont dont les marchés de gros qui sont principalement ciblés.
Ces pièces sont composées d’un alliage à faible teneur en or (10 %) et dorées par un procédé chimique. Les réseaux bancaires et financiers sont informés.

Le nouveau Palais d’Ilnaëmb

L’Impératrice Dandria et le prince héritier John-Alexander ont affirmé leur volonté de mettre fin à l’éloignement de la Couronne symbolisé par le vieux palais impérial reclus dans l’Ailendil, qui est à la fois froid, ombreux, et malpratique. L’Impératrice regrette d’y avoir trop longtemps élevé ses enfants qu’elle voudrait davantage voir s’ébattre au grand air en même temps que moins éloignés de la ville et du peuple.
De grands travaux ont donc été envisagés afin de développer (encore plus) Ilnaëmb vers le sud qui, après la nouvelle Université de Pennwoods, encore en cours de construction, devrait voir l’édification d’un nouveau Palais Impérial, puis la construction d’un ensemble théâtre – jardins clos – parlement – temples, pour l’instant appelée la Pompe (ou Pumporia) du nom de l’emplacement prévu pour son l’édifice, actuellement occupé par une pompe alimentant les jardins de Mailand Park.

Le 23 Aries dernier, John Namur et Naragrim, architectes désignés, ont publiquement présenté au Parlement les plans approuvés par la Couronne du nouveau Palais.

Il sera implanté à l’extrême sud-ouest de la ville, entre le territoire de Huffletown, village hobbit d’Ilnaëmb, et l’actif bourg et faubourg de Mulmoors, seul quartier traversé par une grande rivière. Une colline devra être terrassée et élargie pour l’accueillir, l’impératrice ayant manifesté le souhait de pouvoir voir le soleil se lever et se coucher. Une démolition partielle avec reconstruction en excroissance des fortifications est également prévue afin de lui faire place.

Une façade d’environ 260 mètres contiendra les appartements impériaux, avec salles de réception et du trône et une galerie d’arts et trophées. Ce grand bâtiment donnera plein ouest s’élèvera sur deux étages plus combles sauf le pavillon central et les deux pavillons d’angle comprenant un étage supplémentaire.
Une autre façade orientale de même taille abritera les appartements des principaux ministres et les administrations centrales. Quatre ailes joignant ces deux corps de bâtiments principaux délimiteront trois grandes cours intérieures provisoirement dites des Armes, des Jardins, et de la Clepsydre, destinées à la garnison, à l’agrément, et aux réceptions officielles. Ces bâtiments hébergeront l’administration et la garde de la maison impériale ainsi que les divers serviteurs du Palais ; la moitié de l’aile sud sera réservée aux appartements des invités.
L’ensemble sera flanqué de communs à l’usage au nord d’écuries et au sud d’entrepôts. Une part importante de la ceinture du complexe palatial ne sera pas un mur mais, conformément à l’architecture typique d’Ilnaëmb, une grille ; ainsi, le coeur de l’Empire deviendra visible aux yeux de tous, à l’exact inverse de ce qu’il est actuellement.

De nombreuses voix s’élèvent contre ce projet dont les coûts autant que l’ampleur apparaissent titanesques. On lui reproche notamment une durée excessive des travaux (10 ans au moins), des incertitudes quant à la sécurité de ses occupants, son éloignement du centre de la ville et notamment des administrations de l’État. De fait, il faudra près d’une heure et demie pour atteindre le centre de l’Ailendil depuis le nouveau Palais.
Néanmoins, le fait est que la personne du monarque deviendra directement accessible au peuple, aux gens qui ne sont pas nobles ni administrateurs, au lieu de sembler enfermé dans un inaccessible Ailendil. D’autre part, l’empereur Naëmbolt jouira enfin d’une demeure d’un agrément comparable aux palais des monarques régnant à Löwe-Rohan, Tresa ou Evriand. L’Impératrice a donc fait savoir qu’elle tenait très fermement à sa décision.

Une interview avec le seigneur Siussfuld

Recueillie par Maître Barde Selimnel Frëa) de l’Almanach Ogmaich

Ancien commandant émérite des Lich-Kings, le général-dragon Siussfuld a repris et maintenu sur les décombres du Deuxième Lich-Kingdom un territoire correspondant grosso modo à l’ancien Wiestmark, qui est devenu le Royaume de Mulgorge dans l’ordre interne de ce pays et la Seigneurie de Mulgorge pour les autres Etats. Un temps, le général-dragon a feint de gouverner au travers d’hommes de paille avant de s’installer lui-même sans faux-semblants sur le trône. Il a désormais un héritier, le Prince Omer Siussfuld, mi-dragon.

MulgorgeA l’étonnement de la plupart des observateurs, le pays de Mulgorge, pourtant entouré d’ennemis : Marne, Evriand, Empire, Lowenland, Holderin pour ne citer qu’eux, s’est maintenu et a même prospéré avec les années alors que de nombreux diplomates lui prédisaient une existence chaotique voire une fin rapide. Il a donc paru intéressant d’obtenir un entretien avec celui qui est à l’origine de ce succès et désormais devenu une personnalité de ce monde.

Le seigneur Siussfuld a eu l’amabilité de nous recevoir sous forme humaine dans son palais résidentiel de Leanstein, charmant édifice qui surplombe la vallée de l’Undine au milieu des vignes. Après les cérémonies et remerciements d’usage, le seigneur Siussfuld nous indique qu’il ne souhaite pas être désigné par votre Majesté ou Seigneurie mais tient à se faire appeler Général-Dragon ; c’est donc sous ce terme que nous nous adressons à lui.

SF : Général, comment expliquez vous le succès de votre pays ?
GDS : La réponse est dans votre question.
SF : Je ne comprends pas.
GDS : Justement. Même des érudits comme vous, vous ne pouvez pas imaginer qu’un dragon réussisse, comme vous dites, à gouverner. C’est pour ça que ça marche.
SF : Pourriez vous nous éclairer s’il vous plaît ?
GDS : Bienvenue dans l’histoire, Monsieur Frëa. Cette terre ne s’est pas toujours appelée le monde de Dere. Derenworld. Prétentieuse annexion, en vérité.
SF : Ce nom vient en effet des Sindars mais….
GDS : Mais avant l’arrivée des Sindars, avant le Dragonlore, avant toutes ces conneries, les dieux eux-mêmes avaient confié cette terre à qui ? Aux elfes ET aux dragons. Et en réalité, plutôt aux dragons qu’aux elfes.
SF : Comment ça ?
GDS : Les elfes ne sont pas prédateurs des dragons, mais l’inverse n’est pas vrai. Les dragons sont là aussi pour pouvoir éliminer des elfes s’ils débloquent. Un dragon à lui seul ratiboise une plâtrée d’elfes ! Donc, dans la dévolution qui est faite par les dieux, à l’origine de tout, il y a les dragons qui contrôlent les elfes qui contrôlent les autres races intelligentes. Les dragons sont au sommet de la pyramide, en quelque sorte.
SF : Même en admettant, Général, avec tout mon respect : les dragons ont été déchus de ce sommet au cours du Dragonlore. Ceux qui ont débloqué, pour reprendre votre expression, ce ne sont pas les elfes mais les dragons. Des dragons verts comme vous même ont ratiboisé des forêts sans aucune justification. Des dragons blancs dans le grand nord ont fondé des villes maléfiques. Des dragons noirs, rouges et bleus ont attaqués leurs propres races avant de s’en prendre à toutes les autres. On ne peut pas faire comme si cette histoire n’existait pas.
GDS : Vous ne comprenez toujours pas. Personne ne nie ce que vous dites. Mais, tenez, pour vous faire plaisir, je vais suivre votre raisonnement. C’est quoi le résultat ? Derenworld. Le monde de Dere. Trois bons millénaires de suprématie elfe, le modèle elfique qui imprègne le monde entier, le Wejlar, Avros, l’Arkandahr… Et, à côté de ça, des civilisations humaines ou naines qui se développent en parallèle. Voilà.
SF : En effet. Où est le problème ?
GDS : Où sont les dragons ?
SF : Chez eux. Dans leurs terres ou leurs repaires. Personne ne songe à les en chasser.
GDS : Ah oui ? Je vous suggère de vérifier cette information. Donc vous pensez que les dieux sont des imbéciles ?
SF : Pardon ?
GDS : Oui. Des imbéciles. Vous ne m’avez pas contredit quand je vous ai expliqué pourquoi les dragons étaient au sommet de la pyramide des races. Or ce sont les dieux qui nous ont placés là. Pourtant, depuis mettons cinq millénaires, pour vos civilisations humaines comme pour la plupart des peuplades du monde, d’Okhpuhr au Bervikelt, du Wejlar au Tangut, les dragons sont des ennemis ou des reclus. Vous ne voyez pas le problème ?
SF : Ce ne sont pas les dieux qui se sont trompés : ce sont les dragons qui ont trahi leur confiance.
GDS : Décidément ! Et si c’était l’inverse ?
SF : Vous avez raison : je ne comprends pas.
GDS : Ah, là là… la fameuse trahison des dragons ! La réalité est un peu plus complexe que ça. Dans l’Antiquité, la plupart des elfes, les Aldaquendi en premier, se foutaient assez royalement de leur mission divine d’encadrement du monde. Car l’argent, la richesse, l’investissement, le travail sont des notions étrangères aux elfes, pas aux humains. Alors certains dragons ont considéré qu’il fallait collaborer plus activement avec les humains ou les nains, par exemple, tandis que d’autres non. Et la castagne a commencé comme ça.
SF : Vous croyez vraiment ?
GDS : Je ne suis plus tout jeune. J’ai commencé comme petit auxiliaire du général Vlad Holghing qui m’a appris l’art militaire. J’ai aussi eu la chance d’apprendre très vite à me polymorpher et j’ai ensuite beaucoup étudié, en particulier l’histoire, la littérature, la philosophie et la géographie. J’ai rencontré Dragotha, la compagne de Keraptis, Paramswarm the Red, le sorcier de Viris. J’ai aussi conversé avec pas mal de monde, dont un dragon primal qui a bien voulu m’éclairer sur ce qui s’était réellement passé à l’origine du Dragonlore. J’en sais beaucoup plus que vous semblez le penser. Pour un dragon, je suis exceptionnellement cultivé.
SF : Pour un dragon ?
GDS : Mes congénères s’en foutent de la culture. Eux ont intégré votre raisonnement. Ils ont admis Derenworld. Ils entassent leurs trésors s’ils en ont, et en tout cas ils vivent leurs petites vies de dragons indépendamment du reste du monde. Comme des rocs ou des griffons, tenez. Moi pas.
SF : Vous n’admettez donc pas le monde tel qu’il est ?
GDS : Le monde de Dere où les elfes, puis les humains, ont remplacé les dragons ? Cela malgré les dieux ? Dere, Vynar, Lowenland, Ariandor, Evriand, sans parler des mini-royaumes genre Danth, Heffenorë, Kishar en Tangut : autant de pays incontestables gouvernés par des elfes. Vous en voyez un seul gouverné par des dragons ? Vous connaissez un équivalent aux Dragonslayers de Chemnarg ? Vous connaissez un ordre des elvenslayers prêt à casser du Premier-Né depuis trois mille ans ? Et ce sont les dragons le danger, les méchants, les traîtres ? Le simple fait que je sois là et que vous m’interrogiez montre qu’il existe une alternative au modèle elvo-humain qui a prévalu depuis le Dragonlore. C’est cette alternative que les dragons chromatiques, les vilains comme moi, prônaient. Parmi eux les dragons blancs qui, une fois réfugiés, ont donné Hornst et tous ses suiveurs. Hornst, Eremothep, Keraptis, ça ne vous suffit pas pour comprendre qu’un autre type de société peut se développer et concurrencer le vôtre ?
SF : C’est ce que vous faites à Mulgorge ?
GDS : Que je tente de faire, oui. En m’adaptant aux réalités du temps et terrain.
SF : Expliquez nous.
GDS : Un peuple a d’abord besoin d’être gouverné. D’être encadré. D’être sécurisé. Pour ça, Mulgorge, c’est idéal. Il y a plein de Variks, plus ou moins réfractaires aux Wejles et aux elfes depuis des siècles, et des nains Olges qui le sont tout autant. Et il n’y a pratiquement plus de nobles : que des Freiherrs s’agissant des humains ou des bandes s’agissant des orcs – je dis orcs pour simplifier mais il y a bien d’autres races.
Quand j’ai récupéré ce pays, alors le Deuxième Lich-Kingdom en pleine débandade, il avait le choix d’être absorbé une fois de plus par Marn ou de devenir un protectorat quelconque ou associé à une ligue dirigée en sous-main par plus puissant que nous. Mulgorge est un petit pays, vous savez. A peine la taille de l’Evriand originel. Le Wejlar, c’est dix fois nos terres. Bref : personne n’imaginait un destin national à ce Varikland central. Je me suis dit : il y a de belles terres agricoles, des ressouces minières, de l’eau, des montagnes, des forêts : pourquoi tout cela irait dans les mains de quelqu’un d’autre ?
J’ai récupéré les cadres de l’état des Lich-Kings, et surtout leur infrastructure de maintient de l’ordre, quitte à recycler ou mettre au pas quand il le fallait. J’ai récupéré également plein d’éléments des anciennes armées : troupes, cadres, et même matériel de guerre et de transport. J’avais donc de quoi assurer la sécurité intérieure et extérieure : c’était le plus important. La suite a consisté à leur donner les moyens d’exercer leurs missions et à éveiller la conscience de ce pays en tant que nation.
Mais tout repose en réalité sur la police, l’armée, les marchands et l’administration. Dans cet ordre. La police est la première force. C’est elle qui protège les Freiherrs, qui borne les exactions des orcs, qui assure le bon fonctionnement du servage, la sécurité des transactions commerciales, le maintient de l’ordre. Comme l’écrit le sage Breyville Prérégor 1 : Avec une bonne police il ne peut y avoir qu’un bon gouvernement puisque de toute manière personne n’ira dire le contraire.
SF : Et la nation ?
GDS : J’aime bien le nom de Mulgorge, ça différencie des sonorités wejlanes ou marners. J’ai voyagé en Farxel et beaucoup apprécié ce pays. D’une manière générale, j’aime bien le parler Färz, le vieux Varik aussi d’ailleurs. J’aime bien aussi les nains. Ils se sont davantage préservés que les autres races du modèle elvo-humain. La nation c’est d’abord une tradition et une culture mais introduire une petite dose d’identité Färz nous a aidé à nous différencier. J’ai repris des armoiries proches du Lich-Kingdom, j’ai rassuré les cadres du pays, je leur ai fait comprendre qu’avec un destin national personne ne viendrait les remplacer. J’ai découvert qu’on avait des gens très bien formés : des administrateurs de l’ancien Wiestmark mais aussi des gens dégottés à Evriand, Cryge-Haven, Dol Bera, Tangrune. En matière de culture je suis très très libéral. Plus les gens peuvent d’exprimer, gueuler, se défouler, moins ils contestent vraiment. Sinon, encore une fois, la police.
SF : Votre modèle draconique repose donc sur la police ?
GDS : La principale erreur d’analyse de la plupart de ce que vous appelez les grands méchants, mes prédécesseurs lich-kings y compris, consistait à croire que le modèle d’état ou de société qu’ils prônent doit impérativement s’exporter et conquérir pour survivre. C’est complètement faux. Il faut au contraire d’abord savoir se défendre. Toute force militaire ou autre d’un Etat sert d’abord à ça : assurer la survie de la société sur son territoire. Mulgorge repose sur cette réalité. Deux castes assurent la survie de notre Etat : les guerriers, police y compris, et les commerçants, paysans freiherrs y compris. Mais c’est ici que notre modèle diverge avec celui des autres. La famine, tant qu’elle ne touche pas mes gardes et soldats, qu’ils soient humains, orcs, hobgoblins ou trolls, rien à foutre. Si trois villages doivent crever de faim pour maintenir un régiment dont j’ai besoin, alors qu’ils crèvent. Ce n’est bien sûr pas souhaitable mais il faut ce qu’il faut. D’ailleurs, les serfs et esclaves servent à ça. Ils sont la force d’amortissement qui permet de préserver ceux qui sont en charge de la survie du pays.
SF : Vous évoquiez aussi le rôle des marchands.
GDS : Fondamental. Il faut de l’or pour que les choses marchent. Il faut payer la police, soldatesque, l’administration, les dépenses de l’Etat. Surtout dans un état pyramidal comme le nôtre, dont la police l’armée et l’administration dépendent directement. C’est pas avec un impôt sur les esclaves que je vais y arriver. C’est vrai que les guildes ici appartiennent à l’État mais en fait je suis très libéral. Le marchand enregistré fait ce qu’il veut pourvu qu’il paie une une taxe au vingtième ou au douzième, ça dépend. J’ai un accord avec l’I.T.G. leurs caravanes peuvent passer librement et on a une demi-douzaine de grandes places de marchés ouvertes à cette excellente organisation qui, en plus, co-finance mes routes. On exporte du cuivre, du plomb, de l’étain, de la laine, du sel, des salaisons, du bois, du haricot… Kalbrand et Iax sont idéalement placées sur les axes routiers et vous n’imaginez pas ce que rapportent leurs grandes foires annuelles. Les denrées de Maelne, Armakohr et même Holderin passent par chez nous.
SF : Et au plan étranger…
GDS : Ben les étrangers achètent. Merveille de l’I.T.G.
SF : Je voulais dire : diplomatiquement.
GDS : On est détestés et on s’en fout : on a la meilleure armée de la région. Sincèrement, Marn a essayé. Plein de fois. Ils nous revendiquent, mais bon, si on sait se défendre, ils comprennent très bien. On sait commercer avec eux, on leur donne ce qu’ils demandent, ça va. D’autant que je leur ai ouvert une soupape de sécurité vers Maelne et l’ex-Confédération, où ils ont de quoi s’amuser. En plus, je leur ai promis un soutien au cas où le gros Evriand leur chercherait quelque noise. Mais Mulgorge n’est pas seule, tant s’en faut. La principauté d’Osmark nous est alliée. L’Isenheim n’a rien contre nous, il cherche même notre appui. Le Haut-Kohrland est un partenaire précieux et fidèle. Le Vizan nous a envoyé une intéressante ambassade. Et même les marners, maintenant, sont calmés. Quant à l’Empire, je lui vends des denrées à bon prix, il serait bien idiot de me quereller.
SF : Il paraît pourtant que la vie est difficile dans les campagnes de votre pays.
GDS : Pas plus qu’ailleurs. La famine a frappé ici aussi, et ici aussi on s’en remettra. Des gens ont crevé mais l’armée et la garde sont intactes. C’est un pays pour les forts, ici. Si vous avez une vraie force, un talent que vous pouvez protéger, quelqu’il soit : commerçant, militaire, agricole, artisanal, et même artistique, vous trouverez nulle part meilleur endroit pour l’exercer et en profiter. C’est ça, la voie draconique : vraiment récompenser ceux qui le valent ou le gagnent vraiment.
SF: Vous avez mis en place un état centralisé et pyramidal qui repose sur la police et l’administration encadrant une économie performante. Mais pourquoi cela, quand vous pouviez tranquillement jouir d’un trésor fabuleux dans les montagnes ?
GDS : C’est peut-être bien ce que je ferai un jour. Un dragon vit longtemps, vous savez. J’ai moi-même plus de 400 ans, assez pour savoir que l’histoire ne repasse pas les plats. J’ai saisi une occasion de montrer de quoi les dragons sont eux aussi capables. Je suis très différent de mes congénères, j’en ai conscience. Mon but ne se résume pas à rester vautré sur un tas d’or mais au contraire à utiliser la moindre pièce d’or. J’ai eu la chance, grâce aux Lich-Kings, d’avoir accès aux formidables bibliothèques d’Evriand City, aux professeurs de son université, mais aussi au grand opéra de Cryge, ou encore de voir comment travaillent les fermiers du Havener ou les mineurs olges. C’est comme ça que j’ai appris comment gouverner. C’est ce qui m’a donné les moyens de rester fidèle à l’idée que les dieux se sont faits des dragons et qui a été tellement dévoyée depuis des millénaires, y compris par les dragons.
SF : Je vous remercie General Dragon.
SF : Ce fut un plaisir, Maître Barde.

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1 — Breyville Prérégor, Ritter de Bénévent (5004-5080) : chevalier connu pour son esprit fin et caustique, à la fois marchand, diplomate et voyageur, qui a laissé des Mémoires contant sa vie célèbres notamment en Farxel où il s’agit d’un des ouvrages les plus copiés et diffusés.

Un commentaire sur “Derenworld News : Taurus 5226

  1. Merci pour ces latest news !

    Enfin, je remercie, mais rien de réjouissant là-dedans pour ma part (hormis cette merveilleuse interview, presque décalée mais très enrichissante).

    Intéressant (et spectaculaire) de voir l’empire vaciller, après tant d’efforts et de réussites sous Nirag et Kermegg II, qui nous avaient habituées à une stabilité qui confinait à l’immanence.

    Mais, à mon avis, le lifting opéré par le roi des rois est beaucoup plus inquiétant. Le Vizan est un ogre qui me paraissait beaucoup plus sympathique lorsqu’il dormait (et on n’avait pas lésiné sur le somnifère). La modernisation de cet état multiséculaire ne me dit rien qui vaille et je ne crois pas le trône de Jade uniquement motivé par le bien-être du peuple Vizaner. Je ne crois pas que la main tendue vers le Farxel indique la fin d’une certaine – et ancienne – volonté expansionniste mais plutôt un calcul raisonné, un choix rusé entre les priorités. Toutefois, on peut miser sur le bon sens de nos amis Avrossians et leur historique capacité à voir très loin (héritage falassiander à n’en pas douter) pour anticiper et limiter les conséquences du réveil Vizaner.

    En dernier ressort, je ne doute pas que le fer thûzz saura triompher là où la diplomatie échouerait. Même si pour ça il faudra expliquer que Ymre a des armes de destructions massives…
    Ultima ratio.

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