La rubrique des Echos du Continent, au sein de l’Almanach Oghmaïch, informait des principales nouvelles à propos de Derenworld parues au cours des années 80. Il m’a semblé utile de les reproduire ici à titre de souvenirs comme aux fins d’archives pouvant servir de repères à une histoire de Derenworld qui a pu évoluer depuis. Celles-ci sont choisies dans les numéros 3 à 5, correspondants aux années 5206-07 (1988-89).
Almanach Oghmaïch n°3 : Juin 1988 / Leo 5206
Que de bouleversements en moins d’une semaine !
Des événements tout à fait surprenants ont agité la vie politique de l’Empire au cours de ce début de l’année 5206. Alors que l’Empereur Nirag III était semble-t-il solidement installé à la tête de son Etat, des rumeurs dont force est de constater a posteriori qu’elle devaient contenir une certaine part d’authenticité circulaient dans tout l’Empire à propos de l’incapacité notoire du Monarque à donner un héritier afin d’assurer la continuité de la dynastie. La crédibilité de la Couronne s’en trouvait certes entachée, d’autant plus que l’Empereur, persistant dans son refus de prendre femme, ajoutait par un attitude un crédit incontestable à ces thèses qui lui étaient pourtant défavorables.
Néanmoins, avec la ferme direction qui prévalait depuis quelques années à la tête de l’Etat, personne ne pouvait en apparence songer sérieusement à l’éventualité d’une crise politique majeure ayant pour fondement le mécontentement populaire engendré par la déficience du monarque. Il y a fort longtemps que Nirag III avait fait son deuil du crédit que pouvaient lui accorder ses sujets, et ces derniers avaient depuis des lustres perdu réciproquement toute confiance en ses capacités de chef politique. C’est donc un compromis de facto qui s’était instauré entre la Couronne et les sujets, qui faisait la part belle à la haute noblesse, palliant à son profit l’incompétence de l’Empereur appuyée pour cela sur la grande bourgeoisie marchande et les hauts dignitaires de Cités et administrations de l’Empire. Cet échafaudage politique avait fonctionné à la satisfaction générale et commencé à faire les preuves de son efficacité, notamment en politique étrangère, remportant grâce à des administrateurs comme la Princesse Dandria, le Ministre Oakfen, ou le Chancelier Chalkenmoon des succès notables sur des points aussi différents que la résistance aux Lich-Kings, les accords avec Dere, la politique face au Vizan ou la question du Nouveau Wejlar. Simultanément, une oeuvre d’assainissement et de rétablissement des finances impériales était menée avec réussite par le Trésorier Arveïn. Enfin, la confiance de la populace dans la profonde fiabilité du régime était attestée par la popularité dont jouissait des personnes comme le Héraut Impérial Goldhelm ou l’Amiral de Colstone.
Il faut croire que cette solidité n’était qu’apparente puisque, cédant selon toute vraisemblance à des pressions politiques internes à la Cour Impériale, l’Empereur Nirag III abdiqua sans hésitation le 5 Taurus dernier en faveur de sa soeur Dandria. Certes, personne n’ignorait l’existence de profondes divisions au sein de la haute administration impériale, ainsi que des rivalités de personnes, sans monarque fort pour les combattre. Un nouveau cabinet a immédiatement été constitué sous l’égide du Prince Consort Impérial, John-Daniel Arveïn, dont on peut penser qu’il est devenu le maître de la politique impériale.
Il semble que les principaux piliers du nouveau cabinet soient en grande partie issus de l’ancien, tel l’Arch-Mage Larraka ou Son Altesse le Prince de Goldhelm, mais l’on retrouve également le retour d’anciennes figures comme Son Altesse le Duc d’Oglevern ainsi que l’arrivée du Maréchal de Montaygue dont l’influence et le prestige sont aujourd’hui comparables à celui du Héraut Impérial. Les principaux membres évincés semblent être Le Duc Chalkenmoon, ainsi que l’Amiral de Colstone. Il est vraisemblable que les subtilités de la Cour d’Ilnaëmb n’ont pas fini de provoquer des remous qui semblent néanmoins tendre actuellement vers une stabilisation du pouvoir.
Comme les autres divinités, celles liées à la Mort n’apprécient guère les actions des vivants tendant à les empêcher d’assurer normalement leurs fonctions, ou à intervenir sans leur assentiment dans le domaine qui est le leur. C’est ainsi que l’on sait que depuis l’aube des temps, il est interdit aux clercs de faire massivement usage de leurs capacités de guérison au profit de l’ensemble des mortels. A l’évidence, une telle interdiction repose sur un fondement logique puisque dans le cas contraire, la surpopulation entraînerait des conséquences bien plus désastreuses que la mortalité à son taux actuel. C’est là une des constantes de l’Equilibre. Il apparaît néanmoins que les récentes recrudescences des pouvoirs des clercs et des magiciens modernes, notamment en matière de résurrection et de guérison par objets magiques, est de nature à menacer à nouveau l’équilibre instauré entre la Vie et la Mort sur Derenworld. Voici pourquoi du Saint Etat Théocratique de Farxel sont parvenues des informations selon lesquelles les Divinités liées à la Mort auraient décidé d’intervenir en accord les unes avec les autres afin de châtier désormais toute offense réalisée à l’encontre de leurs prérogatives hors des lieux consacrés à l’exercice des cultes.
Sa Majesté Nordre Ier Ironhelm, qui préside aux destinées du royaume des Nains de Thunderhold, en Tangut, depuis près d’un demi-siècle, a entamé un voyage de six semaines qui devrait lui faire traverser le nord du Tangut jusqu’en République Maritime d’Avros, ce périple étant ponctué par une réception finale au Sénat de la République. L’objectif primordial de cette visite est apparemment de nature économique et concernerait la conclusion d’accords relatifs aux taxes maritimes sur les transports de denrées entre Avros et Thunderhold. Il se murmure toutefois que ce voyage représente un opportunité particulièrement intéressante à l’heure où l’hégémonie du Thûzzland sur la région, notamment au plan commercial, pousse à l’évidence ces deux nations complémentaires à resserrer davantage leurs relations.
C’est ainsi que Sergueï Gunnafor, ambassadeur extraordinaire, de l’Empire Naëmbolt, sera également présent lors de la réunion finale en Avros, ce qui semblerait indiquer qu’une petite conférence internationale quoique semi-officielle devrait se tenir dans les prochaines semaines.
Le Maître Barde Bromburg a achevé son voyage de huit mois dans l’Ouest du Continent et a livré le résultat de ses périples lors d’une série de chants poétiques donnés successivement à Magna Alumnae, Vizinov, Löwe et Durfalls. Un recueil de ces chants, compilés sous le nom de « Voyages de Bromburg – Tome I – 5206 » a été calligraphié et copié par les scribes des Collèges. Les parties les plus intéressantes concernent bien évidemment le nombreux mois passés par l’auteur dans les Lich-Kingdoms. En outre, Bromburg, Expert-Sage en Politique-Economie-Sociologie et Maître-Enseignant à Löwe se livre à une analyse fort judicieuse de la situation de l’Ouest du Continent en ce qui concerne ces disciplines. Le seul exemplaire du recueil pouvant être en certains cas librement consulté se situe à la Bibliothèque Impériale d’Ilnaëmb.
Almanach Oghmaïch n°4 : Juin 1988 / Leo 5207
Whitehorn Baelgen, membre du Hall d’Ariacandre, semblait avoir décidé de vouer son existence au service de Mitra, Dieu dont il est devenu un des Héros,entrant par la même dans le groupe des « Lions de Mitra ». Sans doute faut-il croire que cette forme d’inaction lui pesait puisque le Libérateur du Southend a obtenu de pouvoir revenir manifester sa présence sur Derenworld de manière permanente. Toutefois, il semblerait que la principale raison de ce revirement tienne à sa vocation d’aventurier puisqu’à peine revenu il s’est remis à participer à une expédition d’aventuriers. La Blue Rose Company, dont il est le fondateur, semblait pourtant avoir cessé ses activités du fait de l’âge désormais avancé de la plupart de ses membres. Il se pourrait donc que Whitehorn Baelgen ait comme projet le renouvellement de cette célèbre société, ce qui ouvrirait de sombres perspectives pour les puissances maléfiques.
Selon les observateurs de cette bonne ville, c’est plus de mille sept cents chariots qui attendent aux portes de Henrys l’autorisation de prendre le départ vers le sud. La route de la forêt de Dere a remplacé celle de l’Undine pour accéder depuis l’Empire à Zevjapuhr. Cette route bénéficie surtout, aux termes d’un récent traité entre le Royaume de Dere et l’Empire Naëmbolt, de la protection armée des elfes depuis l’entrée des caravanes dans la forêt, suivie d’une prise en charge par le premier régiment de la XIVème Légion qui assure les escortes jusqu’en Zevjapuhr. Du coup, le trafic sur cette voie commerciale a été dans un premier temps multiplié par dix en accueillant les caravanes qui suivaient la route de l’Undine. Il vient d’au moins quadrupler depuis que l’I.T.G. a fait savoir qu’elle réassurait les caravanes empruntant cet itinéraire. De ce fait, l’intégralité ou presque du trafic est-ouest et nord-sud passe par cette voie, dont Henrys, la Cité fondée par le héros de la famille d’Oakfen, est la porte. Du coup, le bureau de l’I.T.G. a Henrys a décuplé son personnel. Le Maire de la Ville a, en accord avec cette Guilde et la Prévôté Impériale, modifié en baisse les taxes de passage dans la Cité, compte-tenu de l’afflux de clientèle qu’elle connaît. Le ravitaillement d’Henrys même commencerait d’ailleurs à devenir problématique du fait des nombreuses bouches à nourrir. L’étranglement du trafic est principalement dû à l’insuffisance des troupes d’escorte bien que quatre unités d’elfes, dix compagnies de guides escorteurs de l’I.T.G. et une demi-légion soient mobilisés pour assurer la sécurité des caravanes. De surcroît, la qualité de la chaussée devient réellement catastrophique après la sortie de la forêt de Dere, causant de nombreux accidents. En revanche, l’efficacité de la protection armée est remarquable puisqu’on ne déplore aucun raid significatif à ce jour. Un mot enfin pour réconforter les citoyens d’Henrys: dans l’autre sens, il semblerait que non seulement mille chariots attendent leur tour à Zevjapuhr, mais que le port ait plus de cent cinquante navires en instance de débarquement; la capitainerie recrute pour faire face aux innombrables dossiers en souffrance et pour démêler l’imbroglio des autorisations d’accostement à quai.
On en sait désormais un peu plus sur les circonstances qui amenèrent S.M.I. Nirag III à quitter le trône de l’Empire en faveur de sa soeur Dandria Naëmbolt. Il semble qu’une conspiration à laquelle le Prince-Amiral Adom de Colstone aurait participé ait tenté de parvenir à un changement dynastique à la faveur d’un soulèvement de la population d’Ilnaëmb. Un certain nombre de groupes devaient, avec l’appui de hautes personnalités, mettre l’ex-Empereur devant ses responsabilités, notamment au regard de la question dynastique. Dans ce contexte, la faiblesse de Nirag III fut de ne pas se préoccuper de l’opinion de ses sujets quant à la suite de revers politiques et militaires qui ont marqué son règne, achevé par son incapacité à perpétuer la descendance de la Maison Naëmbolt. C’est sans doute pour cette raison que l’Impératrice a immédiatement décidé de prendre époux, choisissant avec clairvoyance le Comte John-Daniel Arveïn qui organisa le noyau de résistance à la conspiration Colstonienne. Décision de surcroît bénie des Dieux puisque nous croyons savoir que l’Impératrice est depuis lors en l’attente d’un heureux événement. La Maison cadette de la famille Impériale a d’ailleurs pris une part prépondérante au maintient des Naù sur le Trône Impérial dans ce nouvel épisode du conflit entre les Maisons de Colstone et de Naù. Ce fut l’occasion pour la Cour de voir apparaître de nouvelles têtes souvent bien faites, telles le Maréchal Johan de Montaygue, le Duc Nirag de Naù (homonyme de l’ex-empereur), la Comtesse Melkria de Lainz Keshamar ou le Comte Seymour d’Oglever, tous entourés par des réseaux de compagnons efficaces et compétents. Il y a fort à parier que parmi ces personnes se trouvent les ministres de demain, entourés de quelques immuables anciens comme l’Arch Mage Larraka, le Prince Dor-Lion de Goldhelm ou le Baron Arzinski. Quelques propos recueillis auprès de l’Archiduc Cyrus Oakfen, dont le grand âge n’a fait qu’accroître la sagesse, ancien ministre des Affaires Etrangères et désormais Plénipotentiaire Imperial auprès du Grand Duc de Lowenland, permettent d’éclairer la situation de la Cour d’Ilnaëmb.
A.O. : Votre Altesse, merci de nous autoriser à reproduire vos paroles. Quelle est selon vous la principale raison de l’abdication de S.M.I. Nirag III ? S.A.
Cyrus Oakfen: Il n’y a pas, à mon sens, une raison principale, mais un ensemble de concours de circonstances qui ont mis l’avenir de la dynastie en jeu.
A.O.: Quelles circonstances par exemple ?
C.O.: Oh, vous savez, le règne avait déjà mal commencé, Nirag était trop jeune. Et puis il y a eu tant de conflits avec des puissances étrangères, la Guerre de 87, la Main d’Arioch, les Lich-Kings… Autant de revers militaires, jamais graves, mais qui ont affaibli le trône. Et puis il y avait cette question de l’Impératrice…
A.O.: C’était une menace sérieuse pour la Maison de Naù.
C.O.: Je vais vous surprendre: je ne crois pas. A mon sens cela a toujours été un faux problème. On a cristallisé là-dessus l’image de Nirag III, qui il faut bien le reconnaître, n’était pas tellement reluisante. Mais il n’y a jamais eu de réel problème dynastique. D’abord parce que Dandria était une première possibilité, et ensuite parce qu’existe toute la Maison cadette de Naù en réserve de l’Empire. Mon opinion est donc que la question dynastique a surtout été un argument pour tenter de déstabiliser le trône.
A.O.: Il faut tout de même reconnaître que S.M.I. Nirag III était notoirement incompétent pour diriger l’Etat.
C.O.: Exact. Et alors ? Il était entouré par d’excellents ministres, la situation économique de l’Empire comme celle du Trésor ont rarement été meilleures, l’Empire Naëmbolt n’a pas cessé d’être le pôle central de toue la politique du Continent. Certes Nirag n’était pas brillant, ce n’était pas un bon empereur, trop faible, trop le jouet des événements. et des personnes. Mais il ne faut pas sous-estimer non plus les nombreuses difficultés : auxquelles il a été confronté. Enfin, sa façon de quitter le trône, sans entraver le moins du monde l’accession de ses successeurs, est à mettre à son crédit.
A.O.: Justement, que pensez-vous du début de règne de S.M.I. Dandria ?
C.O.: Une excellente chose. Le choix de John-Daniel Arveïn, que je connais personnellement fort bien, ne pouvait être plus heureux. La cérémonie du Couronnement, très simple pour une fois, n’en était que plus émouvante. De bien belles images, comme on aimerait en voir plus souvent…
A.O.: Croyez-vous à l’émergence d’une nouvelle équipe accédant aux plus hautes responsabilités ?
C.O.: Sublime, forcément sublime… Elle est vraiment pas mal la petite dernière des Tolember-Arwen. Pardon, vous me disiez précisément de nouvelles têtes… Certainement à plus ou moins brève échéance. Encadrés par des anciens comme Agle ou Larraka, je vois bien un Oglevern à la Trésorerie, ou un Nirag de Naù, plus tard peut-être, à la Chancellerie.
A.O.: On parle aussi de la Comtesse de Lainz-Keshamar…
C.O.: Oui, c’est aussi une nouvelle tête qui a acquis une expérience et un prestige certains puisque son ambassade à Dere s’est finalement achevée, bien qu’après son départ, par cette fameuse alliance. Elle possède de surcroît un domaine devenu considérable. Bien qu’elfe, elle fait partie de mes successeurs potentiels…
A.O.: A ce propos, croyez-vous à un rétablissement des territoires envahis par les Lich Kings?
C.O.: Vous voulez parler de l’Evriand et du Wiestmark je suppose ? Mais mon bon monsieur, même nous ne parvenons pas à reconquérir ce que ces maudites faces de pourriture nous ont volé. Non, je crois que nous les avons pour longtemps, il faut savoir être réaliste, les faits, cher monsieur, seulement les faits.
A.O.: Je vous remercie, votre Altesse.
Almanach Oghmaïch n°5: Mars 1989 / Scorpio 5207
Un ouvrage vient d’être achevé par les Bardes de plusieurs collèges, qui a pour titre: « Histoire de la Blue Rose Company ». Nous nous sommes faits l’écho, lors de notre dernier numéro, du retour de l’Arch-Mage Whitehorn Baelgen sur Derenworld, qui fut l’inspirateur de cette célèbre société d’aventuriers. Faut-il voir une coüncidence entre ces deux événements si rapprochés dans le temps ?
Toujours est-il que ce livre, basé sur des interviews patiemment compilées par les Bardes Ferodd Shinelbeyr, Luhor de Löwe, Anbelia Thangataliore et Horton Mamouhd est riche d’enseignements ayant également une valeur hautement explosive. Les auteurs relatent en effet clairement comment, à plusieurs reprises, de simples aventuriers – certes de grande puissance mais néanmoins d’essence mortelle – ont été amenés à détruire l’apparence matérielle de Dieux dont certains comptent parmi les plus puissants! Nul doute que ces faits feront passer un frisson dans le dos de plus d’un membre du clergé et alimenteront les thèses antithéistes ou monothéistes que certains développent à plaisir. Cependant, des bruits de dernière minutes font au contraire état d’une étrange action de l’Arch-Mage Whitehorn Baelgen, qui aurait, sans doute par inadvertance, délivré un puissant Prince Démon de sa captivité. Gageons que cet infatigable aventurier, célèbre de par tout le Continent pour ses actions en faveur du Clergé Mitraïque, saura comme il convient mettre fin à ces étranges rumeurs.
Il est également à prévoir que les aventuriers, déjà objets de suspicion par les pouvoirs politiques, soient désormais regardés comme de véritables menaces passé un certain niveau, dans la mesure où ces personnes ne se plieraient pas aux règles politiques ou théologiques prévalant sur Derenworld. Tel ne semble heureusement pas être le cas
puisque jamais les membres de la Blue Rose Company, aujourd’hui quasiment inactive, n’ont semble-t-il manifesté une agressivité quelconque envers les puissances temporelles de ce monde… à l’exception notable de l’Etat Gobelin du Toar, devenu Royaume de Southend par la suite.
Mais il est dans l’Histoire maints exemples du chamboulement de l’establishment de Derenworld par quelques personnes décidées et capables. Les aventuriers de demain, peut-être ?
A la suite de l’Etude de l’Ouest de Derenworld relatée dans notre dernier numéro, nous avons appris qu’une véritable opération de commando, menée par des aventuriers de grand renom a réussi un incroyable raid dans le palais même des Anciens Ducs d’Evriand, devenu siège du gouvernement central des Lich-Kings. Ce raid est intervenu lors d’une nuit où les trois Lich-Kings, se croyant à l’abri, vaquaient tranquillement à des occupations extérieures. Le résultat d’une telle opération se serait notamment concrétisé par l’effondrement de cet édifice dont plus une pierre resterait debout. Il faut croire qu’un certain désarroi se serait emparé des plus hautes sphères des Lich-Kingdoms puisque le retour précipité de Ghùr ne lui permit que de constater les dégâts. En outre, informé par ces aventuriers du coup qui venait de frapper leur adversaire, le Haut Etat Major Impérial prépara immédiatement une offensive sur le secteur de Toende qui parvint à libérer la ville en deux jours, permettant ainsi à l’Empire de reprendre pied sur la rive droite de l’Undine. Les I, VII et Xèmes Légions s’illustrèrent particulièrement lors de l’assaut de la Vllème et des forts la protégeant. La Xème Légion alla même bien au-delà de la ville afin d’anéantir une unité de démons qui menaçait les armées au nord. Les pertes infligées à l’ennemi se montèrent à plus de 5000 créatures (principalement orcs, gobelins et minotaurs), l’Empire ne déplorant qu’environ 600 tués
Le Général des Lich-Kings, un Minotaur-Roi du nom de Darnzo, monta en toute hâte une contre-attaque mal coordonnée avec les renforts qui lui arrivaient. Il se heurta à une résistance déterminée des Légions, malgré le retour à leurs bases de départ de nombre de celles qui avaient participé à la conquête impériale, et ne put reprendre Toende. Il fut alors remplacé par le Général-Dragon Siussfuld.
Ce dernier mit sur pied un nouveau plan de reconquête de la province qui devait aboutir à la troisième bataille de Toende. Mais le Maréchal de Montaygue était resté sur place et coordonna avec bonheur une défense désespérée, malgré l’encerclement et le siège de Toende. Craignant une telle contre-attaque, il avait ordonné la mise à disposition de considérables renforts à proximité de Corontown qui intervinrent à temps pour faire échouer la tentative de reprise de Toende. Le Maréchal fut lui-même grièvement blessé dans cette bataille mais le Haut Commandement pris en charge son second, le Général Comte Farne de Terrel, sut galvaniser les armées au moment critique de l’assaut ennemi.
On ne peut s’empêcher de penser que si Yôrn avait commandé en personne l’assaut le résultat eût pu être différent. Mais ce dernier, pour des raisons tenant peut-être au raid mentionné plus haut, n’a pas fait son apparition sur le champ de bataille. Par ailleurs, l’Etat Major Impérial semblait particulièrement bien informé des mouvements des Lich-Kings et notamment des limites imposées à l’arrivée des renforts dans un tel secteur du front. Il fut ainsi à même de concentrer près de la moitié de ses forces disponibles lorsque les Lich-Kings ne pouvaient en regrouper que le tiers au plus. Cette très brillante victoire ouvre d’heureuses perspectives sur le front Empire-Dere-Lich-Kingdom et constitue à coup sûr une évolution important depuis l’article paru dans notre dernier numéro.
De source bien informée, on apprend que les aventuriers désireux de quitter Derenworld ont actuellement la possibilité exceptionnelle de se rendre sur The Isle of The Gate où le Demi-Dieu Gardien de l’Ile les laissera entrer sous le portail de leur choix. Pour cela, un bateau aux armes de l’île (une porte d’or dans un disque d’azur) est ancré dans chacun des ports de Zevjapuhr, Uviell, Portown, Valon, Rwandel et Haaker. Cette faculté est ouverte à tout aventurier pendant 1 mois à compter de la parution de ce numéro de l’Almanach. Puisqu’il s’agit d’une autorisation d’essence divine, le mot de passe consiste en une prière que chaque aventurier apprendra automatiquement par coeur dans un rêve advenant la nuit précédent son départ. Il suffit ensuite de monter à bord, et de donner ce mot de passe au Gardien de l’île qui se trouve également à bord du bateau (de chaque bateau, doué d’ubiquité sans doute). Un téléport les emmène alors depuis le bateau jusqu’à l’île. Cependant, aucun conseil ni avis ne sera donné par le Gardien. Si ce dernier est attaqué, il disparaît au premier dommage physique, et la légende affirme qu’en pareil cas, l’île coule pour quelques heures dans l’océan, le temps que Poséido lui-même vienne chercher ceux qui ont osé violer l’île pour les châtier comme il convient.