Le Culte Trithéiste de Brahma

9 février 2014 par Kazz → Cultes

Le dieu

Brahma, Dieu-Principe Créateur, est la moins vénérée des trois divinités. Cela peut surprendre au constat u’il est à l’origine de la révélation du trithéisme à ses premiers adeptes, qu’il est le dieu des amours, de la fécondité, de l’invention, de l’artisanat, de l’agriculture, de la finance, des artistes, de l’aube et du rire.

Le problème vient de ce qu’il apparaît se contrefoutre de ses créations : de leurs conditions préexistantes, des conséquences de leur survenances, et de leur devenir.
Car Brahma rit. Il rit de tout mécontentement qui viendrait s’en prendre à lui. Rien ne le fait autant rire que ce qu’il a lui-même créé qui viendrait lui reprocher d’être ainsi créé.
En pratique, Brahma crée et il incombe au reste de se débrouiller avec : si le reste est content, il va voir Vishnu, s’il est mécontent il va voir Shiva. Les créations de Brahma ne sont pas spécifiquement destinées à demeurer ou être détruites ; il n’en décide pas, ne veut pas en décider et n’éprouve même aucun intérêt pour une telle décision.

Toutefois, ce serait caricaturer Brahma que de le réduire à une divinité folle qui se borne uniquement à créer selon son bon plaisir où et comme ça lui chante en se moquant du reste. Tel fut peut-être l’Ancien Brahma aux origines de l’Univers, mais Brahma s’est lui-même créé et s’est lui-même fait évoluer. Il a ainsi appris à créer aussi par l’effet ou l’intermédiaire des deux autres principes de Conservation et Destruction. Et il s’est aperçu que c’était foutrement plus reposant.
Ainsi, un architecte qui dessine un bâtiment, un père qui confectionne un jouet pour son enfant, une mère qui met au monde, un agriculteur qui sème le blé, et même le convive qui fait jaillir le rire après une bonne blague honorent tous Brahma. Toute création dans l’Univers elle-même issue d’une création préexistante est Brahmaïque. Il n’incombe pas à Brahma de la protéger cela, moins encore de la détruire, mais il lui importe en revanche de s’assurer que ces créations puissent se produire à nouveau. Ainsi, la Destruction shivaïste ou la Conservation vishnue lui sont tolérables dans la mesure où elles ne réduisent pas exagérément les possibilités de création et re-création de l’Univers. Brahma distingue donc la conservation et la destruction fécondes, ou encore qui sont inscrites dans l’ordre nécessaire du temps, de celles qui violent cet ordre du temps ; il combat tout ce qui détruit pour la seule destruction, tout ce qui conserve pour la seule conservation. L’annihilation, la thésaurisation, l’immobilité, l’infertilité lui sont odieuses. Mais la mort n’est par essence pas odieuse à Brahma puisqu’elle suscite la création d’un nouveau Jiv ; en revanche, le mort-vivant réassociant définitivement une âme à une enveloppe corporelle est absolument honni car il offre l’exemple même d’une conservation impie empêchant la création.

Brahma est très masculin, et, au vulgaire, très priapique. C’est de loin le plus connoté sexuellement des trois principes. Certaines représentations vulgaires de Brahma incluent un sexe masculin en érection, parfois même en éjaculation. D’autres représentations, dites naives, représentent Brahma tétracéphale, muni de quatre corps et têtes regardant quatre directions opposées, pour signifier que tout ce qui existe, tout ce qu’on peut voir et par extension ressdentir, est l’œuvre de Brahma. La représentation classique de Brahma sur Derenworld le dépeint sous la forme d’un homme mince, avec une seule tête et deux bras. Son visage, de forme ovale, généralement glabre,  est toujours souriant, les lèvres serrées sous un nez fin et droit. Il est assis en tailleur, torse nu, vêtu d’un pagne, et coiffé d’une tiare conique. Il porte parfois un collier de fleurs ou des boucles d’oreille formant de simples anneaux. Ses deux avant-bras et mains sont levés, à hauteur du cou ; sa main gauche est ouverte et tournée paume en face du regardeur, les doigts légèrement écartés, sa main droite est tournée vers son visage, les cinq doigts sont réunis à leur extrémité. Il repose sur une banquette ou un socle rond, parfois en forme de fleur de lotus.
Un autel de Brahma comporte toujours la présence d’eau et de fleurs ou de leurs pétales ou, si impossible, de feuilles fraîches (vertes) ou d’aiguilles de résineux.

Le culte

Le culte de Brahma est le dernier de ceux des trois Principes à s’être structuré ; il fut d’ailleurs un temps où l’on s’interrogeait sur son opportunité, un clergé représentant par lui-même une certaine forme de conservatisme outre que les clergés de Vishnu et Shiva, par leur seule existence, équivalent à un hommage à Brahma.

Au fondement de la création de ce clergé on trouve la célébration de l’acte de création pur, par et pour lui-même, révélée par des Dharmapotcheïs qui à se rapprochaient de la compréhension des sources de toute chose. Plus tard, les amoureux, puis les artistes, puis les paysans vinrent lui rendre hommage, malgré des prêtres souvent distants du monde, volontiers ironiques envers ce qui s’y passe, voire même indifférents. Encore aujourd’hui, le Brahmaisme reste de loin le plus spiritualiste et métaphysique des clergés Trithéistes.

Pendant très longtemps, le concept même d’immixtion dans les affaires du monde, dans sa matérialité, est resté totalement étranger aux brahmaistes. Une grande part de ce clergé considère encore aujourd’hui que toute intervention d’un prêtre brahmaiste en dehors d’un temple ou monastère est douteuse, sinon impie. Peu de clergés ont moins de clerics itinérants, externes, a fortiori aventuriers, que celui de Brahma.

Toutefois, depuis quelque temps, le Brahmaïsme a admis un courant interventionniste, les clerics, qui représentent une fraction minime mais particulièrement active de l’ensemble du culte. Ils sont sanctifiés par la délivrance de spells cléricaux de tous niveaux ensuite de prières adaptées, qui démontre que Brahma les accepte.

Ce changement a été déclenché par le constat de l’évolution des civilisations : développements techniques et inventions, accroissement des populations, multiplicité des êtres vivants sont devenus, au fil de l’Histoire, si nombreux et divers qu’on en pourrait oublier qu’ils sont liés à la gloire de Brahma plutôt qu’au profit des deux autres principes du Trithéisme et notamment de Vishnu.

Plus récemment, la recrudescence de destructeurs pour la destruction a paru révéler d’une évolution néfaste du Shivaïsme. Le fléau des dragons pendant le Dragonlore est une chose, celui incarné par les Lich-Kings en est une toute autre, qui n’a résolument rien à voir, et qui est profondément odieuse à Brahma.

Depuis moins de deux siècles, les clerics de Brahma ont même acquis un respect particulier grâce à un tournant majeur : le Parfait Dharmapotcheï Norivad Upash, le jour de sa mort publique dans le temple brahmaïque de K’fir, a révélé au sortir de son ultime Nirvana de Jiv que le dieu n’approuverait jamais le conservatisme religieux. Or le cleric brahmaiste agissant dans le monde avec la volonté d’influer sur la matérialité ce dernier incarne précisément la pointe du modernisme de cette religion, sa branche la moins conservatrice et la plus innovante.

Symbole : fleur de lotus.
Elément favori : l’eau.
Couleurs : rouge et vert.
Grands Temples : Anhabâd, Tresa, Gwaliore, Orfajaz.
Lieux de Pèlerinage : Gwaliore (Water shrine), Orfajaz (6e Pagode).

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