Dans la lignée du « one-shot » devenu « two-shot » de vendredi dernier, voici un petit descriptif de Haaker et du Haakering que je n’ai pas eu le temps de faire in vivo.
Haaker est le premier port du Farxel. Ceci notamment grâce à son emplacement dans une baie à l’embouchure de la Yandoa, fleuve aménagé pour être navigable sur les quatre cinquièmes de son étendue et qui représente une sorte d’autoroute fluviale entre le Thûzzland et la Nahab Sea ainsi que l’axe central de la vaste plaine composant l’ouest du Farxel où abondent les grandes propriétés agricoles. Elle fut fondée assez tardivement, en 4497, sous Heinrick Ier de Farxel, par des Variks qui transformèrent un village de pêcheurs en un grand port voulu par le monarque à la suite la prééminence maritime du Vizan issue de ses victoires au cours de la guerre des Tempêtes. Son nom vient du vieux mot Varik « haak » qui signifie hameçon.
La ville est devenue le principal port céréalier et de pêche du pays et le premier débouché maritime d’exportation et d’importation du Thûzzland. Les trois quarts du trafic maritime international de Haaker s’effectuent avec le Vizan et Zevjapuhr. En volume, les principaux échanges portent sur le blé, le riz, l’huile, le bois, la canne à sucre et les tissus.
Ses chantiers navals sont réputés pour leur compétence et leur rapidité, d’autant qu’on y trouve des produits de haute technologie fabriqués en Vizan ou Thûzzland tels sextants, compas, instruments de mesure, accastillages, alliages spéciaux. Les voileries de Haaker sont également fort renommées et équipent de nombreux navires avrossians. Ses joailliers sont réputés pour leur travail sur l’argent ou l’émail. On trouve aussi alentour des manufactures de brique, de faïences, de verre et de papier, ainsi que d’importants marais salants en allant à l’ouest le long de la côte.
Haaker est proche de la frontière avec le Vizan (moins de 30 km) où le chanvre et le riz sont largement cultivés. Les échanges frontaliers avec le Vizan portent également sur la canne à sucre et l’arachide, abondantes côté Vizaner. Il n’est cependant par rare en pratique de retrouver ces cultures des deux côtés de la frontière. Le Vizan exporte aussi de grandes quantités de miel recueilli de nids d’abeilles géantes aux confins de l’épaisse jungle du Dersh, qui est la deuxième plus étendue de Derenworld.
La province alentour s’appelle le Haakering, administrée par la Généralité de Haaker, à laquelle ni l’Etat ni les instances locales ne fournissent les moyens suffisants pour remplir ses missions régaliennes.
Côté Vizaner, la bande de terre entre la frontière avec le Farxel et la jungle du Dersh appartient au Raja de Zembru, qui a rang de Prince (non souverain). Le Raja ne s’y rend jamais et délègue l’administration à des fermiers qui régissent de façon omnipotente mais plutôt efficiente de vastes domaines. La sécurité de la région y est confiée à des unités de patrouilleurs renforcées de mages qui sont recrutées et formées par le Trône mais payées par les fermiers. Ces unités surveillent bien davantage la jungle intérieure que la frontière farxlane. Des deux côtés, les contrôles douaniers sont peu fréquents.
La ville compte environ 80.000 habitants. Elle serait la plus peuplée du Farxel. Elle est réputée pour être particulièrement bourgeoise et cosmopolite ; l’hakéran moyen passe pour un obsédé de l’argent et du commerce. Elle était LA grande ville bourgeoise du temps du Saint Etat Théocratique et conserve cette réputation qui est plutôt justifiée.
Comme la plupart des villes de l’ancien Saint-Etat, Haaker accepte tous les cultes et possède donc de nombreux temples. Une immense statue en bronze de Poséidon au trident (18m de haut), dont la base abrite à la fois un temple et des services portuaires, a été édifiée au centre du port sur une île artificielle formée avec des alluvions. Le long de la Yandoa sont alignées des statues polychromes géantes de Hadès, Ukko Gond, Straasha, et Hermès, face à leurs temples qui sont, avec celui de Poséido, majeurs. Sont également majeurs les temples de Loki (« de la Vigorante Flamme ») et d’Issek (« de la Sainte Acceptation »).
Le Temple de Gond est le gardien de la Grande Clepsydre, dont les marionnettes peintes sonnent tous les quarts d’heure (le marin et Straasha au quart, l’artiste et Balder à la demie, le marchand et Hermès aux trois quarts, l’artisan et Gond à l’heure ; les quatre marionnettes sonnent ensemble à midi avec le chevalier masqué, qui représente les autres cultes). Cette magnifique mécanique est adossée à la Grand’Place du Beffroi d’où on peut l’admirer. Les autres côtés de cette place, qui incarne le coeur de la ville, sont occupés par la Halle de Ville (à la fois mairie et maison commune), la Guilderie (hôtel des Guildes de marchands) et l’Echevinat qui occupe l’ancien palais du Saint-Etat.
Haaker n’est pas particulièrement belle ; construite sur un exhaussement de la rive orientale de la Yandoa fait d’alluvions remblayés et protégé par de fortes digues, son relief est naturellement plat. Importantes pour le commerce, les rues sont en général pavées. La plupart des maisons sont en brique ou en bois et mortier et elle comporte peu de bâtiments s’élevant de plus d’un étage, privilège généralement réservé aux temples. En outre, les étés y étant très chauds, l’urbanisation locale traditionnelle implique qu’une demeure s’étende horizontalement plus que verticalement : on préfère une cour ou un patio avec jardin et bassin à un étage supplémentaire. C’est aussi pourquoi les toitures des maisons bourgeoises sont en tuiles spéciales blanchies afin de protéger du soleil.
L’usage veut que la richesse ne se manifeste que dans les intérieurs des demeures. Elle se montre notamment par des meubles en marqueteries précieuses, souvent sculptés, ainsi que par des revêtements d’émaux et de faïences multicolores ou la présence de nombreux ustensiles ou pièces de mobilier en argent.
Plus de la moitié des habitants travaillent pour le port fluvial ou maritime ou dans les affaires en dépendant directement. Le port maritime est l’objet de toutes les attentions et quotidiennement dragué par quatre barges travaillant sans arrêt. Les chemins de halage servant à remonter la Yandoa attirent également une véritable industrie. Trois ferries, un gratuit au centre de la ville, un dans le port et un en limite du fleuve, la traversent en moyenne toutes les vingt minutes, ou immédiatement si l’on paye une surtaxe pour les deux derniers. Le premier pont sur le fleuve est à 25 kilomètres au nord ; en construire un en ville est un débat multiséculaire.
Des populations d’anguilles géantes et électriques vivent un peu au large , se nourrissant des rejets de la ville et de la Yandoa. Leur pêche est souvent dangereuse mais l’anguille rôtie ou fumée est un plat traditionnel et délicieux.
Les ports de Haaker fourmillent d’activité : sur deux lignées de voies contigües aux rives ou quais, pratiquement tous les bâtiments y sont consacrés, dont de vastes entrepôts. La population y est très bigarrée mais, caractéristique de la ville, fort magophobe, ce qui s’explique notamment par la proximité de la Vallée d’Emer – Sudel – Xionne en Vizan. Les mages et les écoles de Magie n’ont pas en la cité de droit d’avoir pignon sur rue.
Haaker est très attachée à son ouverture internationale et sa culture cosmopolite. Les farxlans ont coutume de dire qu’elle est à la fois la plus avrossiane et la plus vizaner des cités de Farxel. C’est certainement l’un des villes de Farxel ayant la moins forte identité avec ce pays. Une blague dit que les hakerans ne se rendraient même pas compte s’ils étaient annexés par le Vizan ; ce qui est faux et injuste, Haaker ayant au contraire été l’une des villes les plus éprouvées par les conflits farxlo-vizaners sans avoir jamais vacillé dans sa fidélité au Farxel. Elle est d’ailleurs fière d’une imposante enceinte, bien entretenue, mais dont la ville déborde notamment vers le nord, le long du fleuve, ainsi qu’au sud-est le long de la côte. La baie offre par ailleurs d’agréables plages de sable de l’autre côté du fleuve, vers l’ouest.
La richesse de Haaker lui a de tout temps attiré beaucoup de jalousies et le nom de la ville, souvent jugé moche, fait l’objet de calembours de toute sorte. Cependant cette richesse est beaucoup plus celle de ses habitants que de la municipalité. Haaker est en effet gouvernée par un conseil d’Echevins élus par les Freiherrs, bourgeois justifiant d’une résidence depuis au moins 10 ans dans la cité et d’un revenu fiscalisé d’au moins 500 guldors l’an. Or le but de la plupart des Echevins consiste à fixer les plus basses taxes possibles afin de mieux conserver leurs propres revenus. Pratiquement tous les revenus de la ville sont de fait engloutis dans l’entretien des infrastructures portuaires, fluviales et de voirie, ou dans celui de l’enceinte.
Avec la famine sévissant ces dernières années, Haaker attire et concentre un nombre de réfugiés ayant augmenté de plus de 15000 âmes sa population car la pêche, l’ostréiculture et les importations de riz atténuent les risques de sous-alimentation. Du coup, la ville est en proie à une très forte inflation ayant considérablement élevé de coût de la vie. Une importante main d’oeuvre inemployée génère aussi un cortège de misère et de délinquance. Beaucoup de ces réfugiés vivent dans des taudis et baraques construits sur la rive ouest du fleuve, hors la cité proprement dite. Ces derniers temps voient également se développer une importante contrebande, maritime comme terrestre, avec le Vizan, ayant notamment pour objet le riz ou les pierres précieuses.
Il y a aussi une Haaker sombre (Darkhaaker) manifestée par l’importance de cultes dont les plus sympathiques sont Loki et Hadès, que la misère renforce. A l’instar de bien de ports y grouillent des malfrats polyvalents, petits escrocs, tueurs à gages, trafiquants de n’importe quoi, prostitués pour tous les goûts. Sur la partie orientale du port Fuxindar’s Inn, l’Auberge de l’elfe noir, Au Troll Triomphant accueillent yuantis, gobelins, gnolls dans des ambiances assez glauques où un elfe ne sera pas précisément bienvenu. Parmi ces établissements, l’Elfsucker Tavern est réputée pour avoir servi à ses clients les plus fortunés des os à moelle d’elfe. Ici ou là, devant un rôti de sahuagin, un ragoût de rats ou une friture de crevettes s’échangent la poudre de corne de licorne ou de minotaure, les couilles d’ogres, les poils de halfelin ou l’inévitable venin d’araignée. Prolifèrent les bouges à marins en quête d’emploi, les fumoirs de chanvre et de diverses substances, des maisons de jeux ou des arènes privées où l’on peut mettre sa liberté pour enjeu, des bordels dont les tenanciers trafiquent des esclaves de toutes races pour tous usages ou destinations. Le reste de la ville réprouve mais n’interdit pas, faute de moyens et aussi parce que l’économie y trouve malgré tout son compte. Un dicton local fait de Darkhaaker la fenêtre des Enfers.
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Principaux édiles officiels
Maire de la Cité : Joffroi Daraböel (43 ans ; fréquente les temples de Hadès, Gond et Nephtys 1). Un homme imposant, notamment par son tour de taille, de réputation débonnaire et généreuse, qui représente l’archétype du négociant ayant réussi à se propulser à la tête des leviers du pouvoir. Il navigue entre les factions réactionnaires qui demandent d’expulser les « miséreux » avec le soutien des ouvriers comme du petit peuple et les factions progressistes qui y voient une main d’oeuvre quasi-gratuite.
Surintendant du Port : Goncelme Der-Salvus (48 ans ; temples de Gond, Poséido et Loki). L’homme de toutes les prébendes, depuis des années. Vient d’une famille propriétaire de chantiers navals et de tavernes ou auberges sur le port. A la réputation de pouvoir ouvrir ou fermer toutes les portes comme de faire ou défaire tous les postes. Son entregent le rend éminemment sympathique d’autant qu’il sait facilement se rendre disponible et à l’écoute de propositions. Sous son administration, le port apparaît bien géré et c’est tout ce qu’on lui demande.
Grand Trésorier : Anantalie Rougebarre (26 ans ; Temples d’Hermès, Freyya et Poséido). Famille d’armateurs et de propriétaires terriens cultivant le lin ou la vigne. Très discrète, elle est sans cesse soupçonnée d’aider telle ou telle faction par telle ou telle autre faction y ayant intérêt. Elle a ces derniers temps la réputation de faire partie des réactionnaires. Elle n’a pas réussi à s’imposer à Der-Salvus ou Daraböel et les finances de la ville demeurent flageolantes.
Surintendant de la Généralité (territoires hors les murs) : Ursulin Bögardool (64 ans ; temples Hermès et Balder). D’une vieille famille locale de brasseurs devenus armateurs puis financiers, âgé et passablement dépassé par les événements mais désireux de pallier la misère, il a par exemple autorisé la construction de cabanes autour de la ville pour les réfugiés et organise des distributions de nourriture.
Maréchal : Guéran Gendorphe (30 ans ; temples Arès et Horus). Soldat s’étant élevé depuis les rangs. Rude mais d’excellentes manières et une vraie indépendance depuis qu’il a épousé Tancréda Palens, fille de très riche famille de drapiers qui possède aussi une briquetterie, une cimenterie et une savonnerie. Uniquement intéressé par le maintien de l’ordre dans la ville, il a récemment accru la répression. Passe parfois pour le véritable maître de Haaker. Il a une réputation d’insensible, mais aussi d’incorruptible. Il lui est reproché de ne pas suffisamment s’occuper de la contrebande et des trafics à quoi il répond n’avoir pas autorité ni ressources pour cela.
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1 — Comme souvent chez les édiles et personnalités publiques dépendant d’un suffrage en Farxel, la fréquentation de plusieurs temples préserve la popularité et masque une éventuelle préférence personnelle. ↑
P.S. : Pour les joueurs intéressés :