UNE HISTOIRE DE L'EMPIRE NAEMBOLT

(première partie)


Empire Naëmbolt des Humains
Chapitres:  1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6
Maison de Naëmbolt

LE CATACLYSME

La Great Evil Coalition requérerait une histoire en elle-même. Elle a d'autant moins sa place ici qu'elle constitue pour l'Empire un phénomène absolument imprévu sinon imprévisible. Namrodd II n'a rien vu venir et ses ministres non plus. Par surcroît, on ne se rendra compte de la réalité et de l'étendue de la menace que lorsqu'il sera de beaucoup trop tard.
Tandis que les hordes du Bervikelt s'installent devant Ariacandre pour ce qui deviendra le Long Siège, tandis que l'Arkandahr s'effondre et que l'Eriendel envahi appelle Ilnaëmb au secours, l'Empire croit encore avoir affaire à une "poussée d'une étonnante vigueur" de la part de quelques barbares en mal de rapines. L'armée de secours qui part en Eriendel prend son temps et est ralentie par des foules de réfugiés qui se placent sous sa bienveillante protection. Mal équipée, mal préparée, elle ne réussit pas sa jonction avec ses alliés locaux, d'Ariandor et d'Eriendel et se fait battre séparément au nord de Rwandel. Mishkaïl d'Arwen se replie prudemment vers Orfajaz pendant que l'Empereur noue des contacts diplomatiques tout en hébergeant les rois Talgemund d'Eriendel et Jubal IV d'Arkandahr.
Pendant l'hiver qui suit, l'Empire envoie des renforts et prépare calmement, en toute confiance, sa campagne de libération de l'Eriendel et d'Ariacandre. Mais au printemps, c'est ailleurs que les bouchons sautent. Le Wejlar est envahi, les chevaliers de Prias enfoncés et tandis que le gros de l'armée impériale avance lentement en Eriendel, la IVe Légion, laissée quasi seule pour défendre le nord de l'Empire, se fait pulvériser à Durfhill par l'armée de l'Orc-Warlord Borgpht qui met à sac Naù et menace Nordgaard. Dépêchées à la rescousse, les IIe et IIIe Légions sont contraintes de s'enfermer dans la forteresse par la stratégie remarquable du Warlord des Orcs.
En Eriendel, la libération du pays s'arrête aux frontières d'Ariandor: là, ce ne sont pas des hordes de barbares mais d'ogres, de géants et même d'ettins qui repoussent l'armée du Maréchal Sorensen d'Agle. Dans le même temps, au centre de l'Empire, des bandes de montres encadrées par des sorciers comme au temps des Héritiers d'Hornst par le Comté de Naù et le Pellanore laissés sans défense par les Légions coincées dans Nordgaard et sèment la pagaille et la panique. D'autres viennent des Central Barriers en mordent à pleines dents dans le " ventre " de l'Empire. Certaines traversent la Kelnsea et débarquent sur les côtes du Middle Empire où ils mènent des raids, terrorisent la populations, isolent les armées de leurs arrières et de leurs ravitaillements et menacent de couper en deux le pays. Pour mettre un terme à ces invasions, l'Empire assemble ses réserves autour d'Ilnaëmb. C'est exactement ce qu'attendait le War-Khan Hir Trollvak : situer le gros des forces impériales de réserves. Deès que celles-ci font mouvement, il débarque avec ses trolls de la Kelnessea et prend à revers l'armée de réserve qui est anéantie en trois semaines de campagne.
Ailleurs, les armées gobelines du Toar mettent le siège devant Zevjapuhr, la Confédération est ravagée, le Farxel mobilisé par des hordes surgissant de ses montagnes, Avros harcelé par d'incessants débarquements. L'économie du monde entier entre en crise mais Namrodd a-t-il encore le loisir de s'en désoler ? Son pays est coupé en deux: au centre, Trollvak. Au nord-est, les hordes Bervikelters. Zevjapuhr et le Wejlar sont envahis, et seul Marn résiste et procure à l'Empire quelque répit. Mais au nord, l'armée du Warlord Borgpht dscendant par l'Evriand menace l'ouest de l'Empire: il n'y a que deux Légions disponibles pour lui barrer la route. Ça suffira peut-être. Enfin, ne dramatisons pas, il y a encore le temps. Devrions-nous condescendre à solliciter l'aide du Roi des Thûzz ou du Calife de Vizan ?
Namrodd pâlit quand Merin X de Thûzzland lui explique que sous terre, les nains ont fort à faire pour combattre l'équivalent en Drows et Duergars de ce qui a envahi l'Empire et pas seulement lui. Le Naëmbolt ne comptera ni sur les Thûzz ni sur aucun autre Etat des Nains: tous se sont mobilisés depuis plusieurs mois et luttent ensemble. Inspirez-vous en pour vos affaires de surface !
Namrodd s'en va alors quémander l'aide du Calife Xaramun qui le reçoit et l'écoute poliment et lui promet de le revoir au printemps, tout ça n'est pas si grave.
Au printemps, Newerton, Naù, Bellridge sont tombées. Au printemps, le Wejlar explose, l'Evriand réduit à un quart et la Confédération à Portown, Ithyl et Holderin. Au printemps, l'armée Niush bat l'armée d'Agle à Storvenoï et s'ouvre la porte de tout l'est de l'Empire. Au printemps, le Vizan vole au secours de Zevjapuhr et non d'Ilnaëmb. On ne va pas quand même demander de l'aide aux... Derans ?
Les désastres s'enchaînent pour tout le monde. Avros est la proie des sahuagins en coordination avec une nouvelle armée Sisspish qui ravage le Tangut. Dilanovia est pillée de fond en comble et rasée par l'armée Niush. La Confédération subit des invasions d'orcs le jour et de morts-vivants la nuit. Pendant que l'armée Borgpht bloque Nordgaard et Durfalls, l'armée Trollvak chasse les Légions et Réserves qu'elle défait l'une après l'autre. Le commandement militaire de l'Empire est totalement dépassé. L'état d'impréparation de même d'incurie est flagrant. Les nobles de l'Empire tentent des résistances sporadiques: c'est le chacun pour soi dans le combat comme dans la défaite. Victoire est un mot vide de sens. Et ça continue. Des renforts barbares, sous la conduite de Holghing, font tomber Rwandel puis Orfajaz puis foncent vers le sud. L'armée Niush occupe le centre à la place de l'armée Trollvak qui, également renforcée, se dirige vers Ilnaëmb. Toutes les forces restantes de l'Empire son assemblées là, pour la défense d'Ilnaëmb: l'arrière-ban de l'Ost, tous les réguliers des régiments de réserve, les restes des VIe et XIIe Légions et les trois encore à peu près intactes: la Ie, la Ve et la XIVe. Trollvak fonce sur elles et, au dernier moment, passe au nord, contourne Ilnaëmb et s'en va tranquillement occuper le Heart déserté et termine sa boucle par Isablis.
Namrodd a compris depuis longtemps qu'un plan d'ensemble a été ourdi. La Great Evil Coalition est d'ailleurs publiquement avérée. Elle se propose et se prépare à découper les pays humains, elfes et nains en tranches.
A partir de 4877, l'Empire cesse d'être une puissance. L'Etat n'existe plus. Si l'armée Holghing subit un échec devant Gorlech, c'est à la résistance locale, aux Druides et à leurs alliés qu'on le doit. D'ailleurs, encore une nouvelle armée d'orcs, celle-ci conduite par le Chef Gorgrodd, massacre les Stroels et assiège Gelkard sans que le Naëmbolt ait les moyens de lever le petit doigt. Dans l'est, les débris de VIII, X, et XIIIe Légions essayent de former un front entre Anequere et le Thûzzland.
Une armée Zok'r'Tio les déloge d'Anequere et de Bojontey qui tombent à un mois d'intervalle. Gorgrodd se rue sur Blumwald, défait la VIe Légion et prend la ville. Marn, l'Okhpuhr et le Vizan offrent un pacte de non-agression à la G.E.C. et Marn en profite pour gagner quelques territoires sur l'Evriand pris à revers.
Puis, l'Armée Holging s'intalle à Zevjapuhr et opère un débarquement en Farxel-Ritterland où elle est aussitôt anéantie le 4 Virgo 5877 devant Haaker. Ce qui sonne une sorte de réveil. Les Thûzz, le Ritterland, Avros forment un noyau d'Alliance auquel tous les nains de Derenworld prêtent immédiatement allégeance. Merin X Thuzz'n Tar et Norim Tar-Thunderhold sont l'âme de cette Alliance. Ils opèrent en Tangut et parviennent lors de la bataille de Hellgond à défaire l'armée Sissipish et à libérer Avros. C'est la première suite de revers de la G.E.C.
Namrodd s'en fiche: Isablis est tombée. Le coup est tel que l'Empereur n'y survit pas.

Irwin VII monte sur un trône qui ne signifie plus grand chose. On se croirait revenu aux premiers temps de l'Empire, avec ce Naëmbolt vacillant qu'on proclame Empereur de terres qu'il ne contrôle plus. Est-il vraiment plus qu'un roitelet, ce triste empereur, au milieu d'une ville envahie de réfugiés et où l'on meurt chaque jour de faim, où la police impériale pend dix meurtriers et voleurs chaque matin quand elle devrait en attraper mille. Il reste le trésor impérial: Irwin VII se demande peut-être à quoi servent ces années de bénéfices entassés dans les coffres du Palais de la Cité Intérieure.
En Confédération, Ithyl est tombée aux mains de la G.E.C. L'Evriand est annexé par Marn. Faut-il aller s'avilir devant les vainqueurs du jour afin de s'allier à eux coûte que coûte ? Supplier par l'entremise de Marn ou du Vizan un strapontin dans la nouvelle alliance ? Ou se joindre en position de faible à l'Alliance des Thûzzs ?
Irwin VII prisonnier dans Ilnaëmb, n'a plus guère de frontière qu'avec Dere. Les Derans, le Lowenland et Vynarëa l'envoient poliment promener. Cela peut se comprendre. Mais ils font la même réponse à Luckshyn VI de Wejlar et cela se comprend moins. Les Wejlans en garderont longtemps le ressentiment. Pendant ce temps, l'Alliance Naine avec Avros et le Ritterland bat les alliés de la G.E.C. en Tangut, Viris et Tarantis. La G.E.C. a définitivement perdu le sud-est du continent. Mais à Feynphir, le Vizan défait les forces navales d'Avros: apparemment, l'Alliance Naine n'ira pas plus loin.
Luckshyn propose alors à Irwin de demander directement à la G.E.C. ses conditions de paix. Nous sommes en 4881 et la G.E.C est maître de Derenworld. Le Wejlar et l'Empire ouvrent donc des négociations d'armistice avec elle : c'est la consécration du désastre. Cependant, après trois mois de pourparlers, le traité de Partage du Continent proposé par les Chefs de la G.E.C. s'avère si inéquitable et imprécis que le Parlement d'Empire force Irwin VII à le repousser. Dès la nouvelle du refus, le Vizan entre en guerre contre l'Empire, l'Okhpuhr et le Wejlar. Le Califat annexe l'intégralité de l'Okhpuhr en trois mois, son véritable objectif ? En Empire, la guerre a repris et après deux ans de siège Lightown tombe aux mains de Niush. L'étau se resserre autour du trône. Peu avant l'hiver, Bojontey, regagnée quelques mois auapravant, est reperdue et rasée par Holghing. Mais en Taurus 4882, c'est l'armée du Calife qui arrive devant Ilnaëmb.
Le même jour, à Portown, l'Arch-Mage Wengoll fait sa fameuse prophétie publique: la G.E.C. ne passera pas le siècle. Tout le monde le prend pour un fou, les ogres sont à trois lieues des murs de la ville.
Irwin VII n'est pas au courant. Il n'a aucune nouvelle des sept huitièmes de son pays. Durfalls, Nordgaard, Broke et Haldwarrow sont assiégées depuis l'intérieur alors qu'elles sont censées garder les frontières de l'Empire. Il n'a sauvé Corontown et Toende qu'en les cédant au Duc de Marne. En guise de grandes villes impériales, il ne lui reste, outre sa capitale, que Henrys et Orandreth. Dans Ilnaëmb assiégée, on enterre plus de cinquante personnes chaque jour.
Qui ou quoi peut encore sauver l'Empire ? Pas l'Empereur: son extraordinaire suite de revers militaires s'explique par plusieurs causes mais elle n'a qu'une seule conséquence qui vaille: l'impuissance de la Couronne. De l'or, oui, on en a; mais des soldats, des hommes ? Et comment les recruter, les faire venir ? Cela prendra trop de temps. Il faudrait un miracle. Un miracle comme, par exemple, Ariacandre qui tient encore, depuis le début.

Or, Ilnaëmb va tenir. A coups de sacrifices, d'héroïsme, d'exploits comme Sir Byng chargeant les trolls, la Paladin Lady Amorena tenant toute une nuit la brèche des remparts sud, Braun Coversidor mobilisant les citoyens pour repousser à coups de couteaux et même à mains nues un assault sur les remparts méridionaux ou le jeune mage Bram Etherrion et le Chevalier Durndor de Terrel détruisant ensemble le camp des géants. Irwin VII meurt sur les murs d'Inaemb, presque au même endroit que son frère Athoen Paladin Glade. Meredith III lui succède sur le trône et ne sera jamais sacré, on n'a pas le temps. Avec son oncle Corel de Chalkenmoon , il parvient à rassembler une armée de secours dans les l'ouest des Central Barriers, coalition hétéroclite d'alliés dont beaucoup de nains qui parviennent à contrecarrer le siège durant deux ans. Les commandants se succèdent: Julian d'EagleHunt, autre oncle du roi, tué par un dragon; Benezek Tashenkar, vieux guerrier de la Ière légion, tué dans une sortie pour dégager Henrys. Et l'empereur Meredith lui-même, en combat singulier contre Trollvak et ses trolls géants. Cyne Ier monte sur le trône en 4896 et tente de tenir jusqu'à ce que Wengoll arrive.
Car Wengoll et la Starway ou ses armées ont libéré la Confédération, le Wejlar, l'Evriand et maintenant Durfalls cette même année. Wengoll arrive sous les murs d'Ilnaëmb en 4897. Plutôt non pas Wengoll mais Negrod-Tür, Larraka, Beoliant, Orgund, Cuthbert Thorvoi, Sélim Frëa et Destrée Bleyn d'Isis: sept de la Starway car cette compagnie n'opérait jamais à plus de huit. Histoire dans l'histoire: on ne saurait raconter ici la Ballade de Wengoll ni la Légende de la Starway qui mirent fin à la Great Evil Coalition et suscitèrent un nombre incroyable de vocations et d'émules. Le métier d'aventurier y gagna ses lettres de noblesse universelle même si des 'professionnels' de l'aventure n'étaient ni à l'origine du projet ni la majorité de la Starway.
L'élan soulevé par la Starway amena sous les murs d'Ilnaëmb la plus disparate des coalitions: élégants cavaliers, braves paysans, solides guerriers, fiers chevaliers, prêtres de tous ordres, scouts, voleurs, soldats de métier, bûcherons, mercenaires enthousiastes, assassins secrets, bandits s'achetant une conduite, centaures... le tout sous la houlette de la Starway, précédé par les aventures, les raids, les commandos de ses membres et le talent de ces mages exceptionnels que furent Wengoll, Fang, Larraka ou Zelligar. La G.E.C. ne s'attendait vraiment pas à ce que ses adversaires lui fassent le coup de Hornst et c'est pourtant exactement ce qui se passa. Usant des mêmes méthodes que les Héritiers, ils désorganisèrent non point le front mais les arrières de la G.E.C. Certes, la Starway n'avait pas le droit de violer la Convention de Bakor qui n'existait pas à l'époque du Soulslayer. Mais rien n'interdisait à un groupe d'aventuriers décidés de mettre en péril son existence contre une armée cent fois plus nombreuse et c'est pourquoi la Starway stricto-sensu ne menait jamais ses opérations qu'à six, sept ou huit. D'autre part, la G.E.C. ne disposait pas des ressources d'Etats solidement constitués pour résister à de telles actions et le temps que ses grosses armées cherchent dans un coin les traces d'un récent commando de la Starway, la compagnie frappait déjà ailleurs. Et si les hordes se répartissaient afin de mieux surveiller le territoire, chaque division la rendait plus vulnérable aux forces armées de la Starway qui progressaient depuis Portown, reprenant Ithyl, Holderin, Lastbridge, Wyverns, Dol Bera, Cryge, Evriand, Vizinov, Melnë, Marn, Tangrune, Isablis, Toende, Durfalls, Corontown. Le charisme de ses chefs ralliaot à elle les populations sitôt leur libération... Avec une étonnante rapidité, la puissance de la G.E.C. se désagrégea sous les coups de la Starway à l'ouest, tandis que l'Alliance naine à l'est contraignait le Vizan à se désolidariser d'une cause de moins en moins prometteuse. Ce furent ces deux forces qui libérèrent chacune leur côté de l'Empire dont le titre de gloire - il est vrai magnifique - se résume à la résistance d'Ilnaëmb.

Mais quelle perte de prestige pour la couronne ! Quelle démonstration d'impuissance ! Une bande d'aventuriers de la Confédération et d'ailleurs pour libérateurs du territoire ! Parmi lesquels un elfe et un demi-elfe ! Lorsque Larraka entre dans la capitale de l'Empire, il n'est pas seulement vainqueur des orcs.

 

MINISTRES ET SOUVERAINS DE LA DISLOCATION

Après sa libération, l'Empire connaît une période de doute et de déclin. Il n'est plus question nulle part d'anti-elfisme ou d'impérialisme. Il faut, une fois encore, reconquérir le vaste territoire, le reprendre pièce par pièce des mains des partisans de la G.E.C. Le propre frère de l'Empereur, Kirmaël, meurt en 4899 pendant la reconquête de Newerton. Pour les reste, l'Empire n'a même pas les moyens de participer aux expéditions finales de la Starway et laisse des individus se joindre à elle afin que reflue définitivement ce fléau. Mais, tandis que la G.E.C. se disloque, l'Empire en fait autant.
Car Cyne Ier " le Fier " n'a pas le loisir de s'occuper d'autre chose que de reconquête. Il gouverne de manière autoritaire. Son seul but, sa seule idée: des hommes d'armes, encore et toujours. Pour cette politique, il vide ce qu'il reste du trésor de l'Etat, nomme et rémunère à tour de bras, adoube des chevaliers, crée des barons par dizaines. Ça portera ses fruits puisque la libération du territoire de l'Empire est à peu près acquise dès 4905. Mais il reste à tout réorganiser; or, les caisses sont épuisées par tant d'années de guerres. L'Empire est un champ de bataille après la bataille. Des villes comme Dilanovia, Bellridge ou Henrys sont détruites à 80%. Lever l'impôt ? Quel impôt et sur qui ? Cyne Ier commence à se tourner en dehors des frontières pour apprendre qu'il n'a aucun aucun crédit. Ses sollicitations auprès des banquiers Zevjans, Evrianders, Avrossians, Thûzzs aboutissent à chaque fois à la même réponse: réorganisez d'abord votre Etat, garantissez votre solvabilité, on verra ensuite. Pour beaucoup, l'Empire est certes la principale victime de la G.E.C. mais aussi l'un de ses principaux responsables dans la mesure où, ayant les moyens de l'empêcher, il ne les a pas utilisés. De fait, les Thûzz, les Avrossians, les Confédérés ont aidé l'Empire à s'en sortir quand c'est le contraire qui aurait dû être vrai. Désolés, on n'a plus confiance, disent-ils en substance à Cyne Ier.
Pour ce dernier, il ne reste que la manière forte. Au lieu de licencier l'Ost, il l'emploie à collecter l'impôt en faisant au besoin plier les villes et les fiefs encore solvables. Bientôt nobles locaux et cités se rebellent: " laissez-nous au moins le temps de quelques bonnes récoltes, de refaire nos murs, de reconstruire nos villages " , plaident en vain leurs délégués au Parlement d'Ilnaëmb. Cyne n'a pas le temps: il lui faut de l'argent au plus vite, pour nourrir son Ost, pour reconstruire les routes, pour redorer sa capitale, pour reprendre pied sur la scène internationale. Dans un premier temps, la stratégie du passage en force semble réussir. Mais l'Empire est trop vaste pour être longtemps tenu par la seule puissance des armes. En 4906, une Ligue des Libertés est créée entre pluiseurs villes et grands Nobles du pays dans le but de réclamer une refonte complète des institutions et une exemption fiscale temporaire. Dans un premier temps, on s'en tient à des escarmouches locales mais au Parlement de 4908, la Ligue appuie ses revendication d'une menace de déposition de l'Empereur. Cyne Ier fait aussitôt emprisonner et exécuter ces députés.
C'est la Guerre Civile. L'Empereur ne pourra pas la gagner. Il ne peut compter que sur l'Ilnaëmber, Durfalls March et le Strœlyn. L'Ost, désorganisé, se désagrège, les régiments prenant parti comme bon semble à leurs officiers. Après deux ans de campagnes, de sièges et de guerres entrecroisées, l'Empereur se retrouve finalement acculé dans Ilnaëmb. On se croirait revenu à l'époque de la G.E.C. mais en face des murs de la capitale, ce sont les armées de seigneurs de l'Empire, les milices des Cités, les mercenaires des marchands qui mènent le siège. Pour épargner à sa capitale un assaut, un pillage et peut-être un massacre, Cyne Ier se résoud à déclarer ouverte la ville basse et s'enferme dans la Cité Intérieure d'Ilnaëmb, l'Ailendil. La Ligue a gagné: elle entre dans Ilnaëmb, s'investit des charges de l'Etat et rétablit le Parlement. Est-ce la Révolution ? Non car Larraka, fort d'un immense prestige, s'entremet à nouveau ? Déjà les nobles se débrouillent pour anéantir les projets républicains de certaines villes. Puis les rivalités intestines entre divers partis sapent une union que seule cimentait l'opposition à l'Empereur. Après bien des palabres et des élections, la Ligue nomme Kelvin de Chalkenmoon au titre de Ministre d'Etat et convoque Cyne Ier pour lui dicter ses conditions. Cyne Ier refuse d'apposer son sceau sur la Nouvelle Charte d'Empire qui ferait de l'Etat Naëmbolt une monarchie constitutionnelle en apparence, en réalité une oligarchie aux mains de quelques grands nobles. Faut-il déposer l'Empereur ? se demandent alors les Ligués. Larraka menace de rejoindre dans ce cas le parti de l'Empereur. On se divise sur le sujet tant et si bien que le Parlement devient une foire d'empoigne et que la guerre civile reprend, cette fois entre les vainqueurs d'hier. L'état d'anarchie de l'Empire devient indescriptible et beaucoup prévoient sa fin avec la mort de Cyne Ier qui survient cette même année, sans héritier mâle. Pourtant, une fois de plus, on se trompe.

Le long règne de Corelia " la Sage " inaugure une ère nouvelle de l'Empire: celle des conseillers ou plutôt des Ministres. Corelia la faible, dit-on: le talent de cette princesse qui ne se prédisposait en rien à devenir souveraine, surtout en des temps aussi troublés, a été de savoir laisser faire. Dès son avènement, Corelia choisit sur le conseil de Larraka un certain Anduneas de Brantes pour Ministre. Anduneas de Brantes paraît-il à la plupart un vieux filou issu de la roture, un intrigant dont le titre obscur a été obtenu par mariage ? Qu'importe: il est voué à Corelia corps et âme et c'est cela qui d'abord compte. Le premier soin du nouveau ministre est désamorcer la guerre et de régler la question de la légitimité de la première Impératrice Naëmbolt. On se souvient que la mort de Coron VII ne laissant que des filles avait ouvert une crise dynastique ayant abouti à l'usurpation de la Couronne. Pour Anduneas de Brantes, l'Empire n'a plus les moyens de tels luxes. Il réunit donc le Parlement à Ilnaëmb en même temps qu'un grand conseil de tous les barons et déclare aux uns comme aux autres que l'Impératrice s'en remettra à leur avis, y compris sur les questions successorales: " A supposer que les femmes ne puissent régner, Sa Majesté Corelia veut bien abdiquer, mais dites-nous en faveur de qui ? " lance à qui veut l'entendre le rusé Ministre. Pendant une semaine, Députés et Nobles tentent de s'accorder sur un nom, ou au moins de se partager le pouvoir laissé vacant sans parvenir au moindre consensus. Au bout d'une quinzaine, petit à petit, l'idée se fait jour qu'un arbitrage de la Couronne pourrait peut-être les aider à trancher leurs dissensions. Au bout de trois semaines, l'avis d'Anduneas de Brantes est sollicité de toutes parts. Au bout d'un mois, plus personne ne parle d'une quelconque abdication de l'Impératrice. Et au bout de huit semaines, la Couronne est quasiment en mesure de dicter ses volontés, ce dont Anduneas de Brantes se garde bien. Au contraire, il laisse la bride sur le cou des barons et encourage même les villes à faire ce qu'elles veulent. Un an, deux ans, trois ans plus tard, on guerroie toujours dans les campagnes et entre villes, les débris de la G.E.C. s'en donnent à coeur joie en effectuant raids et pillages comme ils veulent, il n'y a plus de monnaie nulle part ni de police ni de justice. Les marchands grondent, le peuple se révolte, il faut faire quelque chose.
Alors, le Parlement de 4916 se résoud à donner à de Brantes les pouvoirs qu'il exige afin de remettre en état les finances publiques afin d'entreprendre une reconstruction raisonnée du pays, principalement grâce à des impôts indirects. De Brantes refuse cependant toute charge de police: qu'on se débrouille sur place, l'Etat n'est pas assez fort ni assez soutenu. Cette politique libérale et avisée porte rapidement ses fruits: les barons s'amusent à jouer aux guerres privées, les villes se fortifient contre les barons, et la couronne joue des uns avec ou contre les autres au gré de ses intérêts. Et petit à petit, l'argent rentre à nouveau, une administration centrale renaît, on peut financer de grands travaux et même relever un peu de l'armée. En 4920, quatre légions sont de nouveau à pied d'oeuvre à Ilnaëmb, Durfalls, Isablis et Dilanovia. Le Ministre peut alors se consacrer à refaire les fonds d'Etat, puis à entreprendre la reconstruction des routes et le relèvement des grands corps de l'administration impériale. A la fin de la vie d'Anduneas de Brantes, il est craint des nobles, redouté des villes, ignoré du peuple et adoré par les serviteurs de l'Etat et par l'Impératrice. Mais son habileté suprême a été de ne jamais se trouver en position de conflit ouvert avec quiconque. En réalité, celui que ses nombreux détracteurs appelaient le " Serpent du Palais " a bien mérité de l'Etat Naëmbolt.

Depuis lors et jusqu'au règne de Nirag Ier, la réalité du pouvoir échappera à l'Empereur pour se trouver exercée par le Ministre qu'on appellera parfois Ministre ou Vicaire d'Etat. Favori du monarque ou choix du Parlement, c'est lui qui se chargera de proposer à l'Empereur les plus importantes lois et de le convaincre de les accepter. Ainsi, à dater de cette époque, parler du règne tel ou tel Empereur signifie en réalité évoquer l'influence de son Ministre: Brendûn de Goldhelm, Seymour de Berentz, pour pour John-Alexander II; Chaunac Dal Volgoronski pour Cyne II; Aliantha Kowalev pour Irwin VIII; Irwin de Chalkenmoon puis Carol de Brize puis Charles Suarl-Benevent pour Irwin IX; Mortimer de Montaygue pour Valerus IV; Waldeck Rodemar-Terrel puis Erwan de Chalkenmoon pour Valerus V... Grands conseillers ou politiciens intéressés ? L'histoire n'a pas encore tranché.
Parallèllement, les guerres nobiliaires prennent alors des proportions inouïes. D'aucuns vont en appeler aux plus maléfiques des alliés. On verra des gobelins, des trolls, des géants et même des dragons associés à des blasons parfois prestigieux. Dans l'autre sens, certaines grandes maisons ou leurs branches font assaut d'exploits, notamment les Goldhelm, les Dwarvenstone, les Satansdoom d'Agle, les Telinorë-Arwen ou les Tolebrand de Terrel.
Reste que les grandes provinces et régions de l'Empire fonctionnent de façon autonome, hormis un plus petit commun dénominateur de justice impériale et de d'impôt d'Etat. Cette période féodale, où l'appartenance à une famille et un terroir prime toute autre, affaiblit l'Etat: il s'avère incapable d'oeuvrer sur le plan international où le Vizan va dès lors régner en maître. Voici donc venue sa grande époque, celle de l'ère Vizaner: le Califat va annexer Zevjapuhr, s'allier à Viris pour défaire Avros, vassaliser l'Okhpuhr, le Ponant et jusqu'au Wejlar. C'est aussi le moment où les principaux acteurs du monde deviennent la Confédération, le Thûzzland, le Ritterland, Avros, autant de pays économiquement riches et dont les nobles se montrent bien moins turbulents que les féodaux d'Empire.

Dans cette période troublée, la légitimité de Corelia, pourtant très contestée à l'origine, incarne le seul point de ralliement et de consensus, d'autant plus que la Couronne se refuse à intervenir dans les guerres privées et se borne à veiller aux frontières. Cela entraîne une conséquence inattendue car, puisque la transmission des titres par les femmes est ainsi admise, bon nombre des chefs de maisons des nobles, qu'il s'agisse des nouvelles instituées par Cyne Ier ou des rares ayant survécu à la G.E.C., voient dans le mariage de leur fille ou de leur fils avec un rejeton Naëmbolt le moyen d'obtenir influence et crédit à la Cour et peut-être aussi une place dans l'ordre successoral. Cette pratique ne cessera plus depuis lors. Ainsi, à compter du règne de Corelia , les cadets et filles Naëmbolt se verront systématiquement offrir les épousailles et le titre de quelque grande maison d'Empire, Dwarvenstone, Oakfen, Arwen ou Terrel par exemple.
Mais l'effet pervers de ce nouveau système est de compliquer singulièrement le jeu dynastique et d'attiser les rivalités entre maisons, voire entre frères. Ainsi, des quatre fils de Corelia, trois se succéderont sur le trône. Et quels fils ! Faut-il croire, comme on le fit à l'époque, que quelque malédiction divine ou démoniaque s'acharnait alors sur la maison Naëmbolt ? Car, après la mort de Corelia, ses héritiers ont piètre allure. L'aîné, John-Alexander II le Lépreux restera sans descendance. Il se fait finalement déposer l'année de sa mort par Cyne II le Boiteux qui en a assez de patienter mais qui sera lui-même assassiné par des sbires à la solde de son cadet, Irwin VIII le Manchot (en fait, il a seulement le bras droit atrophié...).
Le plus jeune frère, Valerus, a fui dans le château de sa femme, chez les Oakfens, avant d'être retrouvé mystérieusement noyé et empoisonné.
Irwin IX, fils du Manchot et dit " le Bien-Aimant " , tente de s'en tirer en menant quelques guerres frontalières. Avec lui, les derniers restes importants de la G.E.C. sont définitivement évacués du territoire impérial. On pense donc que son règne commence assez bien mais il n'en sera rien. Rapidement, le jeune et prometteur empereur passe sous l'influence de maîtresses avides de pouvoir. On découvre en cet homme un débauché qui n'aime rien tant que les parties fines et les orgies dans les bas-fonds de sa capitale. Néanmoins, son règne aura quelques splendeurs: c'est aussi un protecteur des arts, du théâtre, de la peinture et de la danse. Sous son autorité, Ilnaëmb s'embellira considérablement. Mais ses goûts de luxe et de luxure reviennent cher à la cassette impériale. Il finit en autocrate velléitaire qui vend au plus offrant les décisions de la Couronne.

Valerus IV " le Rouge " est l'aîné de six frères et de huit soeurs, sans compter nombre de bâtards et bâtardes. Le règne de Valerus IV est l'un des plus difficiles de l'histoire de l'Empire car c'est entre frères Naëmbolts qu'on se déchire. Maudwaith d'Oglevern, le plus âgé des cadets sera aussi celui qui mènera pas moins de quatre guerres contre son aîné. Nemelrod d'Arvein se proclamera Empereur d'Orient et établira sa capitale à Orfajaz. Chaïm de Dwarvenstone dressera l'Arkandahr et l'Eriendel contre la Couronne. Meredith de Johstarre, le cadet, surnommé le Fléau d'Atanak, n'hésitera pas à passer alliance avec la Citadel of Blood pour ravager le Heart. Farne de Terrel feindra de supporter la Couronne en intriguant en réalité avec le Thûzzland, le Vizan et le Saint-Etat Théocratique pour projeter une invasion qui l'amènerait sur le trône. Ce sont les fils cadets de Valerus IV, Kermegg de Naù et Cyne de Colstone, qui seront ses seuls et meilleurs appuis. Kermegg de Naù, avec l'aide du Paladin Glade et des Chevaliers de Prias, anéantira le Fléau d'Atanak. Cyne de Colstone mettra le siège devant Orfajaz et exécutera de sa main Nemelrod l'Usurpateur. Farne de Terrel se prendra lui-même les pieds dans les rêts de ses intrigues et finira solitaire, renié et abandonné par sa propre maison, puis emprisonné et finalement exécuté à Rwandel. Quant à Maudwaith d'Oglevern, il sera tué en combat singulier par l'Empereur lui-même. En apparence, on assiste donc une éclatante victoire de la Couronne. Mais en réalité, cette " victoire " prend les trois-quarts du règne: quinze ans d'expéditions, de conspirations, de guerres. Et, pour finir, le coeur brisé de Valerus IV lorsqu'il découvre quelques échanges de lettres fort courtoises entre son propre fils aîné, le futur Valerus V, et Nemelrod d'Orient et lorsqu'il apprend que l'héritier impérial a eu de coupables accointances avec la conjuration de Farne de Terrel. Pourtant, au grand désappointement de Cyne de Colstone, Valerus IV ne peut se résoudre à déshériter son fils aîné et préfère mourir de chagrin.

Le règne de Valerus V " Mains Pleines " sera donc celui des prébendes. C'est l'apogée de la grande époque des marchands (l'I.T.G. fait à cette période adopter le statut dérogatoire des marchands internationaux) et des guildes citadines. La tête de l'Empire vaque d'un lobby à l'autre, d'un financier à l'autre. Prévaut la politique du plus offrant d'où l'effondrement de la fonction publique dont les charges deviennent vénales dans tous les sens du terme. Le véritable pouvoir passe par le Parlement qui impose ses choix de Ministres et où priment les députés des cités les plus prospères (Ilnaëmb, Orfajaz, Isablis, Bellridge, Blumwald...) au détriment des moins riches (Dilanovia, Newerton, Naù...) La plupart des grandes maisons nobles s'adaptent pour ne pas subir la dictature des cités qui ont assez de fonds pour constituer des milices et des unités de mercenaires capables de tenir tête aux armées nobles, voire aux Légions. Cependant, ce règne n'est pas sans acquis: la prospérité retrouvée des villes, stimulée par une bonne conjoncture économique générale dans nombre de pays (Confédération, Farxel Ritterland, Zevjapuhr, Avros, Vizan, Thûzzland), permet l'enrichissement de la bourgeoisie de l'Empire et détourne beaucoup de petits nobles du métiers des armes vers ceux du commerce, de la finance et de l'industrie. Sous le règne de Valerus V et plus encore sous celui de son successeur John-Alexander III, lentement mais sûrement, l'Empire refait sa richesse et redevient une puissance économique. Cependant, aux mains des marchands, il reste un infirme politique bornant son ambition à une sorte de vaste marché continental; témoin Ilnaëmb qui se veut une " Zevjapuhr des Terres " .

Néanmoins, ce développement économique finit par déranger du monden notamment les principaux rivaux de l'Empire: Vizan et Avros. Mais John-Alexander III " le Fol " a de bons conseillers, au premier rang desquels Othon Walbarez de Nuñaticca, riche éleveur devenur député d'Anequere puis Ministre, qui réussit à désamorcer la crise avec le Vizan et même à la transformer en accord commercial et naval avec le Califat, ce dont l'Amiral Baldur d'Oakfens est le premier à féliciter le Ministre. Avros n'est pas contente mais se le tient pour dit; cpendant la République a de bonnes raisons de s'inquiéter. En effet, à cette occasion, l'Empire, en contractant alliance avec le Vizan, réapparaît de façon éclatante sur la scène internationale pour la première fois depuis deux siècles. L'alliance Vizan-Empire, qui unit les deux pays plus étendus de Derenworld, donne naissance à un véritable géant géographique et diplomatique. Si l'on excepte les pays barbares ou la Great Anarchy, il ne reste en tout et pour tout que quatre puissances qui ne soient pas directement ou indirectement dans l'orbite de la nouvelle alliance: Avros bien sûr, Dere, le Lowenland et le Thûzzland. En d'autres termes, Avros se retrouve la seule et unique puissance " purement " humaine qui y échappe. Même les deux Farxel, même la Confédération ont des traités les liant à l'Empire ou le Vizan ou leurs vassaux.
Les craintes de la République s'avèrent très vite fondées: depuis des années, les Thûzz refusaient la juridiction de l'I.T.G. sur le trafic commercial international dans leur pays, qu'il soit ou non transitaire. Ces droits de douane élevés gênaient considérablement le Vizan, le Farxel et l'Empire qui, pour se commercer les uns avec les autres, doivent quasi obligatoirement passer par les vallées du Thûzzland. Depuis la scission du Farxel, l'unique autre voie, maritime, oblige à contourner la moitié du continent, sur terre en passant par Zevjapuhr ou sur mer par Avros. Pressés par l'I.T.G., l'Empire et le Vizan lancent donc un ultimatum au Thûzzland afin de tester sur les nains leur nouvelle influence de superpuissances conjuguées. Espérances déçues : Merin XIV de Thûzzland les envoie tout bonnement promener. Dès cette réponse connue, le Parlement d'Empire, avec une consternante légèreté, vote la guerre, malgré l'influence d'Othon Walbarez. Cette décision surprend tout le monde et d'abord John-Alexander III. L'Empereur n'a pas tellement envie d'entrer en conflit avec des nains qui ne lui ont rien fait. Othon Walbarez démissionne. L'Empereur songe à abdiquer. Mais on explique à Sa majesté que l'occasion est là, que c'est le moment et le moyen de prendre le Vizan de vitesse, de montrer au monde la force de l'Empire reconstruit. Walbarez est vieux, timoré; les temps sont au renouveau. Dans le fond, John-Alexander est un faible: il finit par céder et signe la Déclaration de Guerre et la nomination au poste de Ministre du chef des jeunes marchands, Tucker Pianzo.
Le Vizan ne suit pas et préfère attendre la suite des événements: les Ritter et Avros, traditionnels alliés des Thûzz, viseront bien plus le Califat que l'Empire en cas de conflit; il sera bien assez temps, une fois les Thûzz coincés dans leurs forteresses, de régler avec l'Empire les modalités d'un accord d'occupation de leurs vallées... Les Vizaners n'imaginent pas à quel point ils ont eu raison de montrer aussi prudents. D'ailleurs personne dans le monde entier n'imagine ce qui va se passer.
Rassemblée à Haldwarrow, l'armée impériale, trois légions (VI, VII, et VIIIe) toutes pimpantes, prend son temps et prépare ses plans d'invasion. Une quatrième légion, la XIe, assure les arrières de la force d'attaque. Le 26 Gemini 5045, celle-ci est attaquée par trois hordes de nains venues semble-t-il de nulle part et ayant pénétré en Empire sur plus de vingt lieues de profondeur. Surprise, la XIe Légion est dispersée. Les trois autres se retrouvent ipso facto encerclées dans Haldwarrow mal préparée pour tenir un siège et un assault; elles doivent capituler peu après. En deux mois, quatre des douze légions impériales sont mises hors de combat. Il ne reste que quelques forces de réserve articulées autour de la Xe Légion bientôt contraintes de retraiter dans les Salthills ou de s'enfermer dans Castle Broke. Au lieu de mener le siège de cette citadelle, les hordes naines choisissent de foncer vers Orfajaz qu'elles assiègent siège tandis que les forces navales avrossianes en organisent le blocus. Sous les murs d'Orfajaz va se dérouler la bataille des quatre Jours (5-8 Balance 5045), une des pires tueries de toute cette guerre à l'issue de laquelle la balance finit par pencher en faveur des Thûzz. L'Empire a perdu le quart oriental de son territoire et implose.

La désagrégation de 5045 restera peut-être dans les annales de l'Empire comme son moment le plus sombre. Sur leur lancée, les Thûzz raflent, pillent et détruisent, outre Orfajaz, Soulskinne, Gelkard, Newerton et Blumwald. Ce n'est pas la première invasion que subit l'Etat Naëmbolt mais cette fois elle s'accompagne d'un sauve-qui-peut général. On s'enfuit à l'approche des Thûzz; on n'essaie pas de leur résister ni même de parlementer: on se soumet ou on s'échappe. D'où un long flux d'exilés d'est vers l'ouest qui se répand et accroît la panique générale. Surtout, celle-ci gagne la tête de l'Empire puisque le 30 Scorpio, John-Alexander III devenu fou se suicide après avoir trucidé toute sa famille. Le désarroi est tel qu'on ne songe même pas à nommer un successeur, en l'occurence son neveu Kermegg de Naù, alors aux armées.

Cyrus de Colstone, l'autre neveu du défunt empereur, décide alors de réagir. A la tête de la Ière Légion et des forces de son fief, Cyrus se fait ouvrir la Cité d'Ilnaëmb où il prend le titre de Ministre par intérim et fait emprisonner puis exécuter la moitié du Parlement devant les édiles épouvantés. Ayant ainsi 'assis' son puvoir, il transmet à Merin XIV une demande d'armistice au moment même où les Thûzz installent leur camp devant Ilnaëmb. On pouvait difficilement choisir pire occasion et les contre-propositions Thûzz reflètent le rapport de forces: annexion par eux des Salthills, du Sunmarch et du Valdorse (soit une amputation d'un dixième du territoire), cession du Sablern à Zevjapuhr, du Gaïko à Avros, indépendance de l'Eriendel, du Stroelyn et du Southern Kelnore, rattachement de Durfalls à la vallée d'Arlve... bref ni plus ni moins qu'un quasi-dépecage de l'Empire, sans compter de colossales indemnités financières. Pourtant, Cyrus de Colstone accepte le principe d'une négociation et part à cet effet rencontrer Merin XIV.

C'est ce départ qu'attendait Kermegg de Naù, principal rival de Cyrus. Kermegg revient à bride abattue du fin fond du territoire et entre dans Ilnaëmb le 3 Sagittarius par une porte dérobée. Soutenu par les nobles, l'armée et quelques survivants du Parlement, il se proclame Empereur et déclare qu'il faut continuer la guerre. Toutefois, la capitale ne le suit pas et s'aligne du côté de Cyrus de Colstone, comme la plupart du peuple et des guildes: on a peur, on veut la paix, à n'importe quel prix. Et la peur explose le 4 Aquarius 5045 où la foule ilnaember incendie le Parlement avec les infortunés parlementaires à l'intérieur, puis envahit la Cité Intérieure et défenestre l'Empereur Kermegg. Un quart d'Ilnaëmb est détruite par l'incendie. Dehors, goguenards ou apitoyés, les Thûzz attendent les dernières nouvelles.

Car, en attendant de devenir à son tour Empereur, Cyrus parlemente âprement à Orfajaz avec les émissaires de Merin de Thûzzland: il sait que sa chance de se voir couronné se joue sur le résultat de ces négociations. Entre-temps, le Vizan offre une médiation sans doute pas inintéressée car aussitôt rejetée par les parties. En revanche, on accepterait les bons offices du Ritterland. Mais il faut attendre que les diplomates voyagent, se rencontrent... Alors on atermoie, palabre, contre-propose et les Thûzz s'impatientent: l'hiver a commencé, il a l'air rigoureux et les guerriers nains auréolés de gloire voudraient bien revoir leurs familles, clans, forges. Cyrus l'a compris, il croit que le temps travaille pour lui, s'imagine toujours futur Cyrus III Naëmbolt Imperator.

Cyrus a conscience qu'une ère s'est terminée avec la mort de Kermegg, dernier descendant légitime en ligne directe de Mellung Naëmbolt. Cette mort est aussi le signal que les anciens détenteurs du pouvoir en Empire, la Couronne, les Nobles, les Guildes et Cités, ne sont plus seuls. De nouveaux acteurs sont apparus : la Cour et ses Ministres, le Parlement, la cité d'Ilnaëmb. Lorsque la foule y incendie le Parlement le 4 Aquarius 5045, c'est plus qu'un symbole : on vise le Parlement parce que c'est là que se décide le pouvoir autant qu'au Palais de l'Ailendil. Et c'est le peuple qui s'y risque, sans recours à l'intrigue d'une faction de nobles ou à la volonté du monarque.
C'est en tenant compte de tous ces nouveaux acteurs politiques, apparus pendant l'ère de la dislocation que se régira et se jouera à l'avenir le sort de l'Empire.



CHRONOLOGIE DES EMPEREURS NAEMBOLT : INTERREGNE ET DEBUT DE LA SECONDE MAISON

(changement de ligne = filiation, changement de colonne = cadet ou dynastie)

IRWIN IV
 
 
 
 
 
 
 
(4786-4812)
             
 
             
IRWIN V
             
(4812-4837)
             
 
             
IRWIN VI
             
(4837-4859)
             
               
NAMRODD II              
(4859-4878)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
IRWIN VII
 
 
 
 
 
 
 
(4878-4891)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
MEREDITH III
 
CYNE I
 
 
 
 
 
(4891-4896)
 
(4896-4910)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CORELIA I
 
 
 
 
 
 
 
(4910-4940)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
JOHN-ALEXANDER II
 
CYNE II
IRWIN VIII
 
 
 
 
(4940-4951)
 
(4951-4955)
(4955-4967)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
IRWIN IX
 
 
 
 
 
 
 
(4967-4981)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
VALERUS IV
 
 
 
 
 
 
 
(4981-4998)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
VALERUS V
 
 
 
 
 
 
 
(4998-5034)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
JOHN -ALEXANDER III
 
KERMEGG I
 
 
 
 
 
(5034-5045)
 
(5045-5045)


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