Les lunes, le soleil et le mythe d’Apollo

27 juillet 2021 par Kazz → Cultes

L’histoire des lunes et du soleil de l’Ellgebir est liée aux dieux ; elle est plus complexe que la simpliste acception Lunes = Tezcatlipoca et Soleil = Râ qui prévaut en général. Cette histoire est traversée par le mythe d’Apollo qui l’explique sans doute mieux que tout autre. Il pourra être utile de consulter les pages sur les principaux cultes, après la mort, la Genèse, pour éclairer ce récit.


Lunes et Soleil de Derenworld et leurs dieux

Cycle d’Ellgebir : 360 jours
Cycle de Laurelin : 144 jours
Cycle de Telperion : 14 jours

Vu de Derenworld, la lune Laurelin représente 50% de la lune terrestre et le quart de sa luminosité, Telperion 35% en étant toutefois presque aussi lumineuse que la lune terrestre.

Telperion, la lune argentée, anciennement Artemis (ou Astarté), est reliée aux cultes d’Hecate (force nocturne chtonienne), d’Uller (en souvenir d’Astarté), et de Tykho (la chance tournante).

Laurelin, la lune dorée, anciennement Apollo est reliée aux cultes de Bast (la demi-pénombre) et Seker (la lumière persistante)

Le soleil est Apollo Phoïbos personnifié et enchaîné pour réguler le temps ; il est étroitement lié au cycle du temps et ainsi à Ptah, Kronos, Hadès et aux Parques (Norns). Anciennement il fut la lune Laurelin. Son enchaînement au soleil a été décidé par Zeus et ratifié par Ptah.

Râ est le dieu du bienfait solaire, qui donne fleurs et fruits, chasse la pénombre, guérit des maux. Seker est celui de la lumière, solaire ou autre.

Tezcatlipoca est le dieu des lunes prises ensemble.
Il se nourrit de la puissance solaire furieuse d’être enchaînée. C’est la lumière qui n’admet pas sa disparition dans la nuit, l’ennemi absolu du serviteur Apollo, le soleil dont les effets s’exercent ou persistent jusqu’à la démesure et entraînent famine ou sécheresse. C’est donc le dieu des lunes en tant que révoltes contre le soleil disparu. Lorsqu’il n’y a plus de soleil et que ni Apollo ni Râ ne sont là il est cette force qui reste dans la nuit. C’est ainsi également le dieu du reflet, lunaire ou solaire et par extension celui du miroir.

Le mythe d’Apollo

Zeus ayant personnellement défait le titan Atlas, il avait capturé et ramené en Olympe ;  ses deux lignées de filles : les Pléiades et les Hyades. Son puissant désir de procréer le fit particulièrement choisir par Ptah afin d’engendrer des créatures à son image et particulièrement les humains. Mais Zeus ne s’en tint pas à ce harem (où Arès et surtout Poséido puiseront également) cherchant au contraire sans cesse à séduire de nombreuses titanes.
Ces conquêtes et amours déplaisaient forcément à son épouse Hera, surtout lorsqu’ils portaient fruits ; cela donna lieu parfois à des conciliations apaisées (Athéna, fille de Metis elle-même fille du titan Océan) parfois à des détestations inextinguibles (Heraklès, fils d’Alcmène, une « simple » humaine).

Durant le voyage de Zeus en Arda, Hera régnait alors provisoirement en Olympe à sa place. Elle découvrit ainsi que son époux avait eu deux enfants de Leto, fille du Titan Ceos, qu’il avait connu avant elle. Hera savait que les infidélités de son époux avec des titanes avaient déjà engendré Hermès ou Athéna qu’elle avait adoptés et considérés comme siens.

Mais les deux enfants de Zeus et Leto, Apollo et Artemis, qui lui avaient été cachés étaient d’une beauté sans pareille ; seuls Balder et peut-être Freyya pouvaient égaler leur splendeur. Hera devint donc à la fois furieuse et jalouse, car ses propres enfants Hephaïstos, Arès et même Hecate étaient loin d’être aussi beaux que ceux de Leto, D’autre part, elle vit dans la cachotterie par Zeus de Leto et ses enfants le signe d’une affection particulière particulièrement inquiétante.
Elle bannit alors Leto de toute lumière du soleil afin qu’on ne puisse plus voir sa beauté. Leto s’enfuit et trouve refuge dans les domaines aquatiques de Poséido qui la prend en pitié et accepte de la cacher.

Leto et ses enfants (coll. part. Avros)

Zeus aimait Apollo et Artemis autant que ses autres enfants. Sachant leur beauté et la susceptibilité de sa femme, qui avait déjà poursuivi Heraklès de sa jalousie, il avait jugé préférable de les tenir éloignés de l’Olympe. Il leur avait donné une sphère à chacun, dorée pour le splendide et talentueux Apollo, argentée pour la vive et danseuse Artemis. Apprenant la malédiction sur leur mère, ils décidèrent d’apparaître dans la nuit pour l’illuminer, tandis que Poséido donnait à Leto l’île d’Ortygie qui remonte des fonds marins pour apparaître à la nuit et disparaît avec le jour afin qu’elle puisse connaître la lumière de ses enfants.

Hera l’apprit et poursuivit Leto de sa jalousie. Elle envoya deux titans : le géant Tityos et monstrueux reptile Pytho, en échange d’une liberté éternelle s’ils parvenaient à la rendre stérile ou laide. Les deux titans n’étant pas idiots et craignant le courroux de Zeus, ils choisirent la première solution. Pytho amena Tityos sur Ortygie et le cacha derrière une colline. Puis il alla proposer à Leto une pomme qui contenait la connaissance de toutes choses et lui permettrait de s’affranchir de la malédiction d’Hera. Leto ne fut pas dupe. Alors Pytho immobilisa Leto pendant que Tityos sortait de sa cachette et s’apprêtait à la violer. Le vit du géant était plus monstrueux encore que le reste du titan ; il éventrait en guise de fécondation. Alors Artemis et Apollo prirent leurs arcs et criblèrent de leurs flèches le titan avant qu’il ait eu le temps de s’en prendre à leur mère. Ils abattirent Tityos mais avant qu’ils puissent cibler Pytho ce dernier avait fui dans les eaux. Alors Apollo quitta sa sphère et partir à la traque du grand serpent.

Il parvient à retrouver Pytho qui se cachait dans des montagnes et à le tuer de flèches empoisonnées. Dans un dernier sursaut Pytho avale la pomme miraculeuse qu’il avait proposé à Leto en espérant trouver ainsi la connaissance d’un moyen de vaincre Apollo mais c’est bien trop tard. Le sang empoisonné du reptile omniscient coule sur le rocher. Qui trouve cet endroit trouve un Oracle qui ne se trompe jamais.

Apollo et Pytho par Sir Turner (coll. part. Avros)

Victorieux, Apollo et Artemis se rendirent en Olympe pour demander justice pour leur mère à l’invitation et avec le sauf conduit de Poséido. Hera les accueillit entourée de ses fils et filles adoptifs ou légitimes. L’insurpassable beauté des enfants de Leto impressionna tous les dieux. Mais de leur côté, Artemis et Apollo se sentaient seuls face à la douzaine des dieux de l’Olympe parmi lesquels Hera, Arès, Hermès, Hadès, Pan et Hephaïstos affichaient leur hostilité. Certes Athéna, Dyonisos, Poséido Castor et Pollux paraissaient plus neutres, peut-être amicaux. Mais Artemis eut alors la mauvaise idée d’oser tirer son arc. Elle n’en eut pas le temps. Avec une surprenante rapidité surpassant même des spécialistes comme Arès ou Hermès, Hera se porte à côté d’elle et lui arrache son arc des mains. Puis d’un mouvement de revers, elle porte avec l’arc un coup à la tête d’Artemis d’une violence telle qu’elle lui fait jaillir des larmes. Jetant l’arme au loin elle vocifère à l’adresse d’Apollo : je ne suis pas Pytho ou Tityos moi ! Je suis Hera fille de Kronos et de Rhea du Chaos ! Avant d’être donnée par Ptah à Zeus, j’ai choisi et Ptah et Zeus. Où vous croyez-vous, pauvres enfants de Leto ? Et quelles sont ces manières ? Si j’avais voulu la mort de votre mère ou la vôtre, je l’aurais eu aussi aisément que j’ai jeté cet arc.
Encadré par Arès, Poséido et Athéna, Apollo ne parla pas. Il écouta le verdict d’Hera annonçant qu’elle ne s’en prendrait pas davantage à Leto et que ses deux enfants étaient bannis de l’Olympe en attendant le retour de Zeus.

A son retour, Zeus confirme le verdict de Hera s’agissant de Leto mais admet Apollo et Artemis en Olympe. Zeus voulait pouvoir continuer d’engendrer avec des titanes les premiers humains qui vivraient au bas de l’Olympe quitte à ce que les titanes en paient le prix. Artemis et Apollo réagissent différemment. Artemis était l’objet de l’amour d’Hephaïstos auquel elle fut promise. Mais dès son mariage elle trompera son époux avec Uller, un Asir envoyé en éclaireur par Odin, avec lequel elle aura un amour passionnel.
Apollo s’unit brièvement à la titane Celeno, par ailleurs maîtresse de Poséido, qui lui donne secrètement un fils, Asclépios, que son père entreprend d’éduquer seul. Il lui enseigne ses talents de guérisseur à quoi le jeune Asclépios, dès l’enfance, fait preuve de capacités extraordinaires. Adolescent, il s’amuse à guérir les vivants et ressusciter les morts, ce qui le rend adulé par la petite humanité qui séjourne aux pieds de l’Olympe. Sa réputation s’étend jusqu’en Egypte Céleste où elle suscite quelques réprobations car il se dit qu’Asclepios ferait payer ses services, gagnant ainsi un pouvoir aussi spirituel que matériel sur les premiers humains. Hadès constate aussi que le cycle des âmes et des esprits dont il a la charge est perturbé. Anubis puis Hadès viennent donc demander à Zeus de châtier son petit-fils. Zeus tente de convaincre Apollo de ramener son fils à raison mais Apollo est alors en deuil de Hyacinthe, un humain, duquel il était amoureux et qui vient de mourir par accident. Aussi non seulement Apollo n’écoute pas Zeus mais encore appelle-t-il lui-même Asclepios afin qu’il ressuscite son amour.
Zeus se sent alors humilié par tant de désinvolture et pulvérise Asclepios d’un éclair de foudre. Des larmes d’Apollo naît la fleur jacinthe. Puis la rage le saisit et il entreprend de tuer les trois titans formant les « bons » Cyclopes : Argès, Brontès et Stéropès, fils d’Ouranos qui fabriquent la foudre à la disposition de Zeus. Le principal pouvoir de Zeus est ainsi raréfié, ce qui lui nuira énormément dans les combats qui vont bientôt advenir.
Mais sur l’instant Zeus est furieux contre les enfants de Leto. Artemis trompe son fils avec un étranger, Apollo est en rébellion ouverte : cela suffit. Il les prive de leurs sphères qui deviennent les deux Lunes : Laurelin et Telperion, en espérant ainsi appeler ceux d’Arda à la guerre contre les Grands Anciens qui va recommencer ainsi que l’annonce Thoth. S’il ne prend pas d’autres sanctions contre Artemis, il prive Apollo de ses pouvoirs et l’enchaîne au soleil pendant un an, ce qui libère de ses tâches chronologiques un Râ dont on va avoir bien besoin. Plus tard, Diancecht et Hermès récupéreront la guérison et la médecine, Dyonisos la joie, Balder et Oghma les arts, Râ la référence solaire.

Apollo ne sera donc pas de la guerre qui voit la décimation de l’Olympe avec les morts de Zeus, Hera, Artemis, Hephaïstos, Nikè, Castor et Pollux et d’autres. Cette catastrophe lui ouvre les yeux en même temps qu’elle le détruit par la culpabilité d’avoir affaibli l’Olympe et la honte de n’avoir pas été au combat. Athéna aura des mots très durs à son encontre. Il subira aussi ressentiment de Râ qui lui en voudra toujours de la mort de son demi-frère Zeus. Alors peu importe qu’Odin l’ait pris pour divinité du soleil d’Asgard avant de mourir lui aussi. Apollo ne s’en remettra pas. Il suivra docilement son rôle dans l’ordonnancement final de l’Univers décidé par Ptah. Le plus doué et le plus beau des enfants de Zeus s’est consumé dans le soleil qu’il conduit.

Le désastre de l’Olympe changea la face de l’univers et le sort des humains dont la plupart périrent avec lui bien que les maisons d’Atalante, Clymène, Amphion et Zénos aient subsisté. Les centaures, engendrés par Zeus et Hera, survécurent eux aussi, grâce au prudent Chiron, leur sage roi.

Après l’hécatombe, les lignées de Ptah et d’Odin prirent le relais de celle de Zeus envers le sort à venir des humains. Quelques-uns se tournèrent vers Apollo, qui ressemblait beaucoup à son père et dont la beauté était intacte, pour le prier de supplanter Râ et de régner sur l’Olympe. Apollo refusa sans même y songer : hormis Poséido et peut-être Hecate ou Dyonisos, aucune des divinités survivantes de l’Olympe n’accepterait qu’il y trône. D’ailleurs Thor avait pris la foudre, Hermès la médecine, Horus la vengeance, Thoth le savoir, Balder les arts et Râ la lumière : que lui restait-il  donc ? Ainsi Apollo renonça à la gouverne des humains ; son culte s’en trouve depuis lors très limité.

Apollo Phoibos, école de Carpas, Accademia Zevjapuhr

Dyonisos seul décida de reprendre la lignée paternelle ; il reçut l’accord et l’appui de Poséido et de Hadès. Il choisir de s’unir à Pasiphaé, titane fille d’Hemera, pour engendrer une nouvelle maison des humains. Il eut ainsi quatre fils : Staphylos, Thoas, Œnopion, Péparéthos et trois filles : Latramys, Evanthes, Taura. Staphylos s’unit à Callisto, fille d’Artemis et d’Uller, avec qui il engendra quatre filles : Rhéo, Hemithea, Molpadie et Parthénie. Durant la nuit, Apollo était délivré de son enchaînement au soleil et pouvait vaquer à son gré. Il eut ainsi des amours entre garçons. Mais il vit un jour Rhéo où il reconnut la surnaturelle beauté d’Artemis et il tomba amoureux d’elle et la mit enceinte. Elle conçut Anios, dont la maison est l’unique descendance d’Apollo. La postérité d’Anios s’établit en Hyperborée, c’est-à-dire au nord ; certains Wejles prétendent descendre de sa maison. On prête à Apollo une affection particulière envers les nordiques parce qu’ils voient peu le soleil qu’il conduit et qu’il se sent ainsi redevable d’une compensation envers eux.

Poséido eut de nouveau pitié de Leto éplorée devant la mort de son amant et de sa fille. De ses larmes il fit un fleuve à son nom : le Lethe, fleuve de l’Oubli, que Ptah et Hadès acceptèrent aux champs d’Asphodel où il purifie les âmes en les séparant des esprits. Ainsi Leto devint-elle déesse de l’oubli et de l’apaisement, enchaînée à son fleuve comme son fils l’est au soleil.

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