Une Histoire de l’Empire Naëmbolt – 2e partie

17 novembre 2008 par Kazz → Atlas

Naëmbolts


III – LA DOCTRINE IMPERIALE: CIMENT ET EGAREMENT

Valerus Ier, son fils, succède à Coron IV. Valerus est généralement considéré comme une calamité et universellement comme un imbécile. A sa décharge, il faut pourtant dire que son père n’a guère eu le temps de s’occuper de lui et qu’il a passé son enfance dans l’ombre de son frère et de sa soeur cadets manifestement préférés de sa mère. Valerus ne fait strictement rien de son règne. C’est en réalité son frère, Nelcoron d’Oglevern qui régente l’Etat. Nelcoron à quant à lui des idées bien précises et très simples sur la façon de conduire l’Empire. Moins travailleur que son père, il estime que seule la société féodale possède tous les atouts pour remplir la mission d’aministrer un vaste pays. Or, de par son étendue, l’Empire ne saurait être administré que localement. CQFD. De surcroît, Nelcoron est lui-même noble et possède des domaines qu’il aimerait bien rendre considérables. C’est donc lui qui a l’idée de la Distribution Féodale.

Il s’agit de conférer d’énormes terres aux compagnons d’armes de Coron III et de fortifier également ceux qui en détiennent déjà. Il s’agit aussi d’un retour à des omnipotences seigneuriales, du moins partout où les traditions locales ne s’y opposent point absolument. Ce système, mécontente plusieurs villes pour lesquelles elles représentent le contraire de l’action de Coron IV et une sort de retour aux régimes corrompus des Satrapies. Cependant, le prestige de l’Empire est puissant et ce système est finalement accepté bon gré mal gré à peu près partout. Il a en outre l’avantage de se rapprocher (en apparence) de celui des nains, suffisamment en tout cas pour que les Naugs de l’Empire proclament leur ralliement à l’Etat Naëmbolt. En apparence, cette politique semble donc couronnée de succès. De fait, c’est plutôt l’oeuvre de Coron IV qui continue de pérenniser l’Empire quoiqu’il ne faille pas mésestimer les compétences de nombreux seigneurs qui administreront leurs domaines avec conscience et compétence.

On ne voit pas très bien ce qu’il y aurait de calamiteux dans ce règne si l’on ignorait qu’il prépare en réalité celui de ses successeurs. La Cour d’Orandreth où s’effectue l’éducation du futur Valerus II est alors empreinte de préceptes propres à lui donner une arrogance considérable: les nobles de l’Empire (amis, enfants légitimes ou illégitimes de Coron III et IV) sont les meilleurs guerriers; être lettré ne signifie rien quand il suffit s’être fort; les humains sont les meilleurs et les elfes nous font croire qu’ils sont les élus quand ils ne sont que de faux maîtres; les nains sont de bons associés et voilà tout; nous sommes destinés à régner sur le monde car l’Empire est invincible car les humains les plus nombreux et les plus talentueux et les plus forts or nous régnons sur les humains; etc… Valerus Ier, lui, laisse dire, et Nelcoron encaisse l’argent et prérogatives. On vit sur l’acquis.

Valerus II, donc. Valerus II « le Suzerain ». Valerus II « Magna Imperator ». Il monte sur le trône en 4523. En 4525 s’élabore la doctrine qui porte son nom, doctrine de Valerus II ou Doctrine de l’Impérialisme Humain. Ce n’est pourtant pas l’Empereur qui en est en réalité à l’origine mais à nouveau son oncle Nelcoron. Valerus II, tel son père, reste un homme finalement assez inintelligent dont le bellicisme se bornera à des rodomontades et sa politique à la continuation de la Distribution Féodale. Il n’en reste pas moins que la Doctrine est proclamée sous son règne.
Son corpus idéologique proclame d’une part la supériorité de la race humaine, d’autre part la vocation du monde à être régenté par les humains, et enfin l’Empire comme modèle idéal de ce gouvernement tant sur le plan racial que sur le plan social et politique. La Doctrine d’Impérialisme Humain paraît immédiatement aux contemporains assez ridicule et son proclamateur une sorte de polichinelle. On pense que la fin de l’Empire est envisageable. Car, ‘in concreto’, ce n’est rien moins que la négation des autres races au droit de détenir en propriété une terre ou une exploitation commerciale qu’édicte cette doctrine. Ce n’est rien de moins que la destruction des royaumes elfes et le retour dans leurs forêts des Quendi qu’elle préconise, de la même manière que les nains sont à leur place sous terre, et les hobbits dans leurs terriers et recoins. Personne à l’étranger ne croit vraiment que cette perversion de la pensée de Coron II puisse être sérieuse. Toutefois, en Empire, les nobles s’en font le relais auprès des populations. Ils endoctrinent les paysans, les citadins. Ils menacent d’interdit les clergés qui voudraient les démentir.
Or, en 4529, une loi de Valerus II déclare tous les elfes indésirables à moins de présenter un titre de voyage: les autres sont priés manu militari de regagner leurs forêts. Aux protestations indignées de Vynar et d’Ariandor, la Couronne répond par des fins de non-recevoir. Dans les contrées traditionnellement peu pro-elfiques, cette politique rencontre de grands succès: dans le centre, en Gaïko, auprès du Duché de Marn, du Thûzzland, et surtout envers tous les nains qui, eux, ont le droit d’exploiter des mines et de s’établir en tant qu’artisans et commerçants. En fait,nains et hobbits sont exclus du champ d’application de la Doctrine de Valerus II qui, sous couvert d’une réaction anti-Derans et anti-elfique, dirige contre les elfes un véritable racisme digne d’un Etat ouvertement evil. A telle enseigne que l’Ordre des Paladins de l’Empire et l’Ordre de Prias refusent de prêter allégeance au Suzerain d’Orandreth et ne lui obéissent plus. Mais qu’importe à Valerus II: son Ost est l’objet de tous ses soins, ses nobles l’acclament et l’adorent et personne ne vient à sa Cour lui dire qu’il s’agit d’un ramassis de brutes arrogantes et incultes que Coron II ou III ou IV ne reconnaîtrait pas. Mais il manque à Valerus II l’audace (certains disent alors le courage); lorsque meurt Nelcoron d’Oglevern, il n’ose pas tenter d’autre politique qu’intérieure. Malheureusement, il a un fils moins timide.

Coron V porte le délicat et hélas bien choisi surnom d' »Elvendoom ». Lorsqu’arrive le moment de renouveler le traité d’alliance avec le Vizan, conclu par Coron III, il fait preuve d’une telle morgue que les Vizaners rompent les négociations et se préparent même à un conflit qu’une médiation Zevjane évite de justesse. Coron V signe dès sa première année de règne le tristement célèbre Edit d’épuration elfique. C’est l’apogée de l’anti-elfisme impérial. Tous les elfes de l’Empire doivent justifier d’un titre leur permettant de demeurer dans leurs forêts faute de quoi celles-ci seront déclarées domaine de la Couronne et il leur sera imposé un loyer. Le délai est de deux mois. La plupart des elfes ne tentent même pas de plaider leur cause et quittent le pays, sauf en Eriendel où le roi Pergamon refuse d’appliquer cet Edit et, curieusement, en Gaiko, peuple pourtant peu suspect d’elvophilie, où le vice-roi Kumishiro trouve qu’on va un peu trop loin.
C’est alors que l’ennemi cherché et annoncé, Dere, décide qu’il est de son devoir d’intervenir. Mais Dere ne parvient pas à associer les autres nations elfes à son entreprise et déclare imprudemment toute seule la guerre à Coron V. De surcroît, Dere n’est pas habituée à la méthode militaire des impériaux. Le Haut Royaume Sindar est encore assez traditionnaliste, croyant qu’il suffit de déclarer la guerre avant de mobiliser puis de s’affronter en un champ de bataille presque sur rendez-vous. Coron V peut sourire car Dere est tombée dans le panneau. L’attaque de l’Empire est fulgurante: en quelques semaines, ses armées, de beaucoup plus nombreuses et mieux coordonnées que les forces Deranes, envahissent la forêt du Der’n Taur qu’elles brûlent et détruisent en grande partie. En six mois de campagne le Haut Royaume est amputé du tiers septentrional de son territoire. C’est un coup de tonnerre dans Derenworld. Personne n’a pensé que l’armée de Coron III, basée sur la cavalerie et l’infanterie lourde et sur une logistique très fluide, pouvait réellement défaire les Sindars au point qu’ils sollicitent l’armistice et pourtant Dere est isolée, Dere sait parfaitement que le Vizan attend qu’elle soit entièrement engagée contre l’Empire pour tomber sur ses arrières et Dere ne peut pas compter sur le secours des autres elfes. Humilié le Haut-Roi Belgon évite une autre sanglante défaite en acceptant un armistice calamiteux le 23 Virgo 4543. L’Empire, seul, a vaincu Dere. L’Empire a démontré le bien-fondé de sa doctrine comme de sa société. L’Empire va donc gouverner le monde ?
Coron V « Elvendoom » est certes le vainqueur de Dere. Sous son règne, les elfes sont humiliés par des humains comme ils ne l’ont alors jamais été sur le continent. L’Empereur les a chassés de forêts sur tout le territoire de l’Empire, chassés de terres qui furent leurs dès le commencement de l’histoire. L’Empereur mérite bien son surnom. Les nobles de l’Empire exultent, confondent l’orgueil et l’arrogance, le droit et le pouvoir mais qu’importe, ils ont la gloire. Ils l’auront pour dix ans. Dix ans d’une apogée que l’Empire ne reverra pas avant longtemps.

En 4552 apparaissent les fruits d’une longue maturation. Sans doute se sont-ils éveillés bien avant, sans doute ont-ils mûri soigneusement leurs plans et projets, ces Seconds Héritiers, enfermés en des cavernes profondes, calfeutrés au sein de citadelles recluses, dissimulés dans des tours secrètes. Leurs noms vont résonner dans le Continent tout entier; depuis lors personne ne les a oubliés et il se dit même que certains d’entre eux existent encore: Iauwey the Sister, Keraptis, Grsk, Iliokè, Vraxer, K’navh et Molior Dragonskull qui tous deviendront Lichs. Seules les contrées elfes, grâce à leurs propres Mages, Avros grâce à son éloignement, et le Vizan, grâce aux Ecoles d’Emer Sudel et Xionne, vont échapper aux ravages de ces six Héritiers et de leurs séides dont beaucoup vont ensuite s’implanter secrètement, parfois encore jusqu’à ce jour, dans la terre du continent. L’Empire sera principalement la proie d’Iliokè, de Molior Dragonskull, et de Vraxer.

En quelques années, ces sorciers semblant surgir de partout et nulle part s’attaquent à un fief après l’autre, pillent, détruisent, volent, tuent, amassent des richesses, réduisent en esclavage, démantèlent littéralement l’Etat Naëmbolt. Tandis que, dans son arrogance, la noblesse impériale qui se croyait capable non de leur résister mais bien de les vaincre, découvre à l’instant de périr que ses petits manoirs ou châteaux, ses groupes de cavaliers et de hallebardiers, ses braves et solides soldats et gens d’armes qui les ont accompagnés sur tant de batailles et pour tant de victoires ne servent absolument à rien contre les sortilèges et les monstres de ces ennemis d’un nouveau genre. Est-ce par un fait exprès ou par un hasard que Coron Elvendoom, auquel il faut reconnaître le mérite d’un réel courage personnel, survivra à chacune des batailles qu’il entreprendra et perdra contre ces ennemis ? Coron Elvendoom était certes un combattant de très haut niveau. Mais on ne peut exclure qu’il y ait quelque intention délibérée des Héritiers à créer en cet Empereur le supplice d’assister impuissant au délabrement de son Etat. Insaisissables, les Héritiers attaquent à un point de l’Empire puis ensuite à un autre éloigné de plus de cent lieues. Irrepérables, ils détruisent tout avant d’ensuite s’évanouir dans la nature. Infatigables, ils semblent toujours prêts à recevoir de nouvelles forces, de nouveaux renforts, tandis que les armées impériales s’épuisent et que les communications et les transports ne suivent plus. Pourtant, à l’instar de ses nobles, Coron V refuse la seule aide qui lui serait utile: les Mages d’Ariacandre ou les Elfes. D’ailleurs, comment pourrait-il y recourir ? Cela s’avère contradictoire avec l’essence même de la Doctrine Impériale. Pourtant, qui donc pourrait vaincre ces créatures, à part ceux qui ont vaincu les Grands Vers du Dragonlore, les elfes, les Sindars, les Derans, ceux-là même que l’Empire a vaincu hier ? Non, Dere n’interviendra pas et ne sera pas appelée à intervenir, même si l’Empire doit périr pour cela. Et l’Empire, en tout cas, s’effondre. Les quelques Mages indépendants qui se mettent à son service ne sont pas de taille à rivaliser avec les envahisseurs.

Cependant, dès 4560, on assiste donc au développement dans l’Empire de petits laboratoires et écoles magiques, la plupart du temps fondées par des dissidents d’Ariacandre ou d’Emer et Sudel, dans le but de former des mages locaux qui pourraient contrecarrer ou prévenir les ravages des Héritiers. Mais c’est un long processus que de former de telles gens, surtout lorsque l’on part d’un mépris total envers cette magie, activité typiquement elfique donc suspecte. Ainsi, tous les fiefs des compagnons de Coron III devenus les bénéficiaires de la Distribution Féodale, tous sans exception, seront détruits et pillés, et la plupart verront leur lignée exterminée. Lorsqu’en 4576 meurt Coron V, la Sénateur d’Avros Jude Coventerra aura cette phrase cruelle mais non infondée: « son pays l’a précédé dans l’état de décomposition ».

Cyrus-Emerand Ier, frère du précédent monarque, ne règne qu’un an avant de mourir à son tour, cette fois les armes à la main, devant Orfajaz attaquée par Molior Dragonskull.

Lui succède son frère, Irwin Ier « Magus » qui monte sur le trône en 4577. Irwin Ier est le premier monarque Naëmbolt depuis longtemps à faire preuve de pragmatisme et d’intelligence. Pendant que régnait son père, il a eu un an pour se former aux arts magiques. C’est peu mais il fera comme si c’était assez.
Son premier souci est de s’entourer de Mages. N’importe lesquels, à n’importe quel prix. C’est en véritable solliciteur, voire en pénitent, qu’il se rend en Ariacandre, qu’il va visiter Emer et Sudel, qu’il recrute des aventuriers. Ainsi, à force d’obstination, il parvient à convaincre assez de monde pour former le noyau de ce qui deviendra la Garde des Mages, et plus tard l’Ecole Impériale d’Arts Magiques. Se faisant passer pour un sorcier accompli, il suscite des réunions, des conférences, il se démène tant et si bien que finalement, mettant au moins temporairement aux oubliettes l’Edit d’Epuration Elfique, il suscite partout des implantations de mages et des formations à l’emporte pièce. Il réunit aussi le concours de clergés, de riches marchands, et surtout, secrètement, d’elfes. En 4582 il a obtenu qu’Ariacandre, Avros, Dere, le Lowenland, le Wejlar et le Vizan adhèrent à une politique anti-Héritiers dont il est l’inspirateur et qui finit graduellement par porter ses fruits. Petit à petit, localement, les incursions des Héritiers se font plus rares. Il leur arrive d’être battus et puis sans doute aussi sont-ils gavés de richesses, de pouvoir et de sang. Tout cela finit par atténuer, diminuer et finalement repousser les raids et les ravages. A partir de 4594, ceux-ci cessent à peu près complètement sur le territoire de l’Empire. Grâce à ses pouvoirs et à ses objets magiques, Irwin Ier ne cesse de parcourir l’Empire pour rétablir la confiance, se montrer, diriger la défense, encourager le peuple qui s’avère le meilleur défenseur de ses terres. De grands aventuriers, souvent des étrangers, font reculer les principaux Héritiers et leurs sbires. Finalement, à l’instar du Soulsayer et ses Compagnons, leurs prédécesseurs et inspirateurs, les Héritiers auront été contrecarrés plus par des actions particulières que par des politiques d’ensemble, et plus endigués que réellement vaincus.

Cependant, petit à petit, la paix se réinstalle. Le gros de l’orage semble passé. Mais l’Empire est tellement affaibli qu’il hésite à intervenir dans la guerre entre Marn et Evriand, à laquelle le Wejlar, Dere et le Kohrland participent. Avec lucidité, Irwin Ier y voit la main des Héritiers. Lorsqu’il se décide, c’est juste à temps pour sauver Marn de la déroute et non sans avoir assuré ses arrières en reprenant contact avec le Vizan. Néanmoins, l’Empire se trouve malgré lui entraîné dans un conflit où le couple Wejlar-Evriand, qui est la proie des agissements de Keraptis et de Grsk, mène une politique aberrante et belliqueuse. A l’instigation de l’Empereur, le Farxel intervient pour imposer la paix après la sanglante et gigantesque bataille de Jax d’où le Wejlar sort exsangue. Ainsi, l’air de rien, le solliciteur s’est mué en diplomate, voire en arbitre du continent: un beau retournement de situation.

La seule aventure d’Irwin Ier consiste en sa tentative de colonisation de Vallée d’Arlve depuis Durfalls. Il est vrai qu’Iliokè y a rejoint sa base de Blood Isle et qu’il voudrait bien la détruire ou se l’approprier. Mais son autre but est d’obtenir certaines reliques magiques qu’il soupçonne de s’y trouver, voire de contraindre par la force les Mages d’Evlin et de Vynar à lui ouvrir les portes de leurs secrets et à faire ainsi de l’Empire une puissance « magique ». C’est un échec: l’abondance des adversaires monstrueux ou surnaturels, l’hostilité des elfes et de Lendor, la neutralité nullement bienveillante des nains Convads et Krynns le conduit à renoncer après deux batailles mal engagées et perdues. L’Empire ne sera pas une Magocratie.

Le pays reste affaibli, vérolé par les nombreuses traces des ravages et invasions; plus de la moitié du territoire n’est ni sûr ni patrouillé. Il n’en reste pas moins que, de toute évidence, Irwin Ier Magus a sauvé son pays en faisant preuve d’une ouverture d’esprit peu commune au regard du milieu où il a été élevé. Les vingt ans de son règne marquent un retour à un Etat sinon fort, du moins raisonné. Il est vrai que c’est aussi la première fois, mais non la dernière, que l’Empire de Coron III a dû affronter un péril mortel.

Son fils, John-Alexander Ier « le Téméraire », est un homme étrange. Passionné comme son père par la « chose magique », c’est moins un souverain qu’un sorcier. Dans sa jeunesse, il rêvait de se mesurer aux grands mages de l’époque et de les défaire un peu comme on le ferait dans un tournoi de chevalerie. C’est donc avec une certaine consternation que la Cour d’Orandreth voit le nouvel Empereur absorbé par ses grimoires et recherches alchimiques même si, à l’évidence, John-Alexander Ier savait ou cherchait quelque chose qui relève d’un secret interne à la Maison de Naëmbolt. Reste que, dans le même temps où l’Empereur expédie les affaires courantes, la majeure partie du territoire de l’Empire continue de ressembler à une éponge dont les trous figureraient les fiefs vacants, détruits, ou occupés par les créatures des Héritiers d’Hornst.
Reste aussi que l’Est et l’Ouest de l’Empire sont alors presque coupés l’un de l’autre et la désorganisation des finances publiques et de l’administration impériale consécutive aux ravages des Héritiers. Reste surtout que les Héritiers ont quelque avance sur John-Alexander et que, s’étant établis dans le nord du continent ils ont, avec l’aide des Dragons de Kelngurth, mis en place depuis de nombreuses années un réseau de camps et de forts servant de véritable pépinière d’humanoïdes et de monstres. Avec le recul de l’histoire, on comprend donc mieux l’opportunité de la tentative d’Irwin Ier visant à la conquête de la Vallée d’Arlve à l’extrémité de laquelle se trouvent précisément les Dragons de Kelngurth et probablement quelques secrets concernant les Héritiers. Il est probable que John-Alexander ait nourri un projet similaire et, n’y parvenant pas, ait décidé d’influencer le Divin Concile vers une Protection Mythique de la Vallée d’Arlve incluant une terre d’Empire (Durfalls) en tant que porte méridionale. Car c’est effectivement sous son règne que se produit cette réunion « des Dieux eux-mêmes » et John-Alexander se voit, avec quelques autres puissances du Monde, chargé d’enregistrer la partie des décisions divines concernant la Vallée d’Arlve.

Le plus curieux tient sans doute à ce que, une fois la Vallée réellement protégée, John-Alexander, au lieu de s’attaquer aux conséquences des Héritiers dans son propre pays, ait tel un aventurier monté la funeste expédition qui lui vaudra son surnom devant l’Histoire. Tout cela dans le but de s’attaquer aux forteresses des Héritiers qui forment, dixit l’Empereur, « une espèce de grande anarchie au nord du continent, menaçant tout et tous, à laquelle il est de notre devoir, en tant que représentant et gouvernant des hommes, de mettre fin » ? Réunissant des Paladins, des guerriers, des scouts, des prêtres et bien sûr des mages, c’est une petite troupe de spécialistes, d’aventuriers, guère plus d’une centaine de personnes qui franchissent résolument le Margravat de Prias, ayant à leur tête Sa Majesté Impériale. Le 2 Gemini 4606 ils quittent ainsi les avant-postes de Caër Thangroth, le plus avancé des forts de Prias et plus personne ne les reverra jamais. A la Cour d’Orandreth, le Ministre Volkaër de Brabange puis Cyrus, l’aîné des frères de John-Alexander assumeront tout d’abord la Régence. Après cinq ans, une fois que les divinations auront à plus de cent reprises assuré la Cour de la mort de l’Empereur, Cyrus consent à monter sur le trône. C’est lui qui donne le nom de Great Anarchy est resté à l’ensemble de contrées auxquelles John-Alexander a voulu témérairement s’attaquer avant de connaître une fin jamais élucidée.

IV – LE SIECLE ET LES GUERRES DE CYRUS II

En cette année 4606, personne ne pense que Cyrus II « Commander » va régner si longtemps: en tout, plus d’un demi-siècle sur le trône, 59 ans de pouvoir si l’on inclut la période de la Régence. C’est pourquoi, en Empire, on parlera du siècle de Cyrus II.
Cyrus II est un pragmatique. Au contraire de son frère, maigre et blanchi par ses études, il est bâti comme un colosse. Eduqué par les meilleurs maîtres, il n’a certes pas l’intelligence de son aîné qu’il remplace par un solide bon sens, par un réel dévouement envers son Etat, et par cette sensibilité envers le peuple qui fait les grands monarques. Cependant, au contraire de son prédécesseur, Cyrus demeure un produit typique de son environnement et de son époque, celle des grands féodaux, des Impérialistes. Il voue une sévère défiance à la magie. Il a confiance en ses frères, en les hommes et en son épée.
Durant les premières années de son règne, il va incarner une sorte de Roi-Chevalier, ralliant à lui des hommes d’armes pour reconquérir pièce après pièce les morceaux du territoire de l’Empire tombés sous la possession des Héritiers ou de leurs séides: des bandes d’orcs, ogres ou trolls, parfois des géants ou même des dragons. Faisant appel à des mages indépendants et aux premiers sortis de la toute neuve Ecole fondée par Irwin Ier, il regagne l’un après l’autre nombre de ces fiefs perdus; ainsi, il « recoud » en quelque sorte l’Empire. C’est lui qui, au milieu de ce long et patient travail de reconquête, a l’idée de structurer son Ost en armée semi-professionnelle afin de pallier la vacance des titulaires de fiefs. Sous son règne, l’armée impériale va s’organiser sous forme de Légions, grandes unités autonomes et complètes, réparties sur tout le territoire de l’Empire, et dont l’action dépend directement de la Couronne. Cette armée formera à l’avenir un ciment fondamental de l’Etat d’autant mieux accepté qu’il est égalitaire et d’une certaine manière profondément démocratique, mettant sur le même plan des gens d’origines sociales ou géographiques très diverses.
Cyrus en profite aussi pour se servir au passage. Il libère et conquiert en même temps les terres du Valdorse, de l’Erigund, de Sunnemere et Sunmarch, bref de la plupart des ensembles territoriaux de l’Ancien Gaïko qui lui manquaient jusqu’alors et vivaient en semi-indépendance, entre Farxel et Empire. Il faut reconnaître à Cyrus l’intelligence d’avoir été le premier à tirer parti du chaos qui règne lors du reflux des Héritiers et qui empêche Avros, le Thûzzland, le Farxel ou le Vizan d’intervenir en Orient. C’est donc sous son règne que se constitue véritablement la partie sud-est de l’Empire.
A la même époque, le déclin évident du Wejlar, manifesté par la perte de Ganarbe, achève de convaincre Cyrus de l’activisme des monstres de la Great Anarchy et de la nécessité pour l’Empire de disposer de forces parfaitement opérationnelles. Aussi redouble-t-il tous ses efforts envers cette armée qu’il prépare et fourbit tant et si bien qu’il exagère et ne prête pas assez attention à la diplomatie. Il laisse d’une part le Grand Royaume de Marn se constituer à l’ouest sur les vestiges de la puissance wejlane sans son appui, d’autre part la Great Anarchy envahir le Kelnorëa sans s’opposer à temps. En 4621, lorsque l’Empire intervient enfin en Kelnorëa, il est trop tard: depuis un an, le pays est la proie des monstres et l’action des toutes nouvelles légions impériales n’a d’autre résultat que de le transformer en un gigantesque champ de bataille. Cependant, la nouvelle organisation de l’armée d’Empire fait merveille et, à sa tête, Cyrus II remporte victoire sur victoire, libérant des contrées qu’il songe déjà à annexer lorsqu’il est rappellé à la Cour d’Orandreth par le deuil de sa mère. Au même moment apparaissent les Githyankis. Ceux-ci, avec l’aide des Drows, écrasent les Légions Impériales au cours de trois batailles désatreuses pour l’Empire qui doit non seulement évacuer le Kelnore mais également une partie de son propre territoire. Cyrus II jette alors l’intégralité de l’armée impériale dans le conflit et parvient à reprendre quelques terres aux Githyankis. Le front se stabilise tandis qu’un traité avec plusieurs Rois nains permet à Cyrus de mener la guerre en Underworld afin de couper les Githyankis de leurs alliés Drows. L’armée impériale pénètre à nouveau en Kelnore, tandis que les Githyankis, manquant de réserves, reculent. C’est à ce moment que, dans la nuit du 5 au 6 Aquarius 4621, Iauwey invoque le terrible sortilège qui aboutit à la submersion des neuf dixièmes du Kelnore. Toute la plaine et les collines centrales de Kelnore s’effondrent dans un apocalyptique tremblement de terre, amenant une gigantesque dépression que les fleuves vont emplir pour créer une mer intérieure dans le continent, aux eaux salées et sombres, une mer depuis lors maléfique et maudite. Il est impossible de dénombrer les victimes de cette catastrophe, mais leur chiffre se compte sans doute en millions. L’Auwish de Iauwey entraînant la Submersion du Kelnore frappa suffisamment les esprits pour qu’on n’ose plus s’attaquer à la Great Anarchy. C’était sans doute l’un de ses buts. Accessoirement, il a été proposé depuis lors que ce sortilège avait tout autant pour fonction de débarrasser Iauwey des Githyankis et Drows qu’elle ne contrôlait plus, et d’instituer au sud de l’Anarchy un véritable rempart liquide.

Ainsi, au sortir de la guerre de Kelnore l’Empire se trouve-t-il lui aussi protégé par cette même mer grâce à laquelle c’est surtout l’Arkandahr, le Prias et le Wejlar qui pâtiront dans les siècles à venir de leur voisinage avec la Great Anarchy. Les quelques morceaux de terres ayant échappé à la submersion se rallient à l’Empire (Gelkard) ou à l’Arkandahr (Kelnetur). Les rares fiefs d’Empire encore aux mains des séides des Héritiers sont coupés de leurs bases. Finalement, cela pourrait paraître une pas si mauvaise affaire s’il n’y avait eu tous ces morts. Morts certes parmi les humanoïdes, parmi les ennemis. Mais aussi véritable génocide des Kelnoreans dont peut-être deux cent mille auront survécu à la Guerre et à la Submersion, sur une population totale qui devait avoisiner au mois trois millions. Près de trois millions de morts, c’est payer cher le gouvernement des humains et c’est aussi un abominable tribut aux Héritiers d’Hornst. De surcroît, l’armée impériale est aux trois-quarts détruite. Décidément, les conquêtes de Cyrus II ont un prix nettement plus élevé que celles de son aieul Coron III. Et pourtant, la prestance de Cyrus est telle que, malgré tout le peuple continue d’adorer son Empereur. Cyrus poursuit, comme si de rien n’était, le « nettoyage » de son pays. Il nomme à des postes, à des fiefs, à des gouvernements. Il voyage beaucoup et partout. Il se montre, il organise des fêtes et des tournois. Et il reconstruit, patiemment, inlassablement, son armée. Il pressent plus qu’il ne devine que Derenworld n’a pas trouvé son équilibre. Il a raison.

En 4636, Olan XVII, roi depuis deux ans du Wejlar, demande à Cyrus II son aide dans le but de récupérer Ganarbe contre la Great Anarchy. Cyrus refuse. C’est exactement ce qu’attendait Olan. Désireux de reprendre la mainmise sur les affaires du monde, de redonner au Wejlar sa grandeur passée, son lustre historique, la politique d’Olan XIII passe soit par l’élimination de la Great Anarchy, soit par la reconquête des anciennes terres qui forment alors le Royaume de Marn et la République Maritime Occidentale (Mirba et Cryge), soit par le déclin des autres grandes puissances humaines que sont le Vizan, le Farxel et bien sûr l’Empire Naëmbolt. Olan XVII déclare donc la guerre au Royaume de Marn qui refuse – assez logiquement – de lui prêter allégeance. Le Wejlar lance également un ultimatum à Avros et à ses Républiques-soeurs: soit elles l’aident contre Marn, soit elles seront les premières victimes de la nouvelle politique Wejlane dès qu’il aura conquis Marn. Les Avrossians finassent tant et si bien que c’est Karl-Maria Ier de Marn qui prend l’offensive et surprend l’armée Wejlane près d’Amberfin avec l’aide de deux Légions Impériales. Le Wejlar déclare donc la guerre à l’Empire tandis que le Vizan, qui a compris où se situait la réalité du rapport de forces, en profite pour s’allier aussitôt à Marn et à l’Empire. L’armée du Wejlar est battue à plate couture devant Evriand City par la coalition Marno-Impériale, et ses forces maritimes sont écrasées par la Navy du Vizan qui installe un blocus sur ses côtes. S’ensuit l’envahissement de l’Evriand par Marn et l’Empire dont les armées atteignent les bords du Wejlenfjord. Devant cet outrage, toute la population du Wejlar se dresse mais à la bataille de Pilstrim, l’Ost Wejlan, ses milices et ses nobles, malgré des actes de courage héroïques, sont défaits par la coordination et le professionalisme des Marners et des Impériaux. Un certain nombre de pays s’inquiètent alors de ces succès, notamment Dere, l’Okhpuhr et Avros et ses Républiques Maritimes Occidentales (Mirba et Cryge), de Zevjapuhr et du Ponant. Avros offre donc une médiation qui aboutit à des pourparlers mettant fin à la « Grande Guerre des Hommes ». Dans ces pourparlers, qui vont se tenir pendant trois mois et aboutir à la Paix d’Ultburg, Cyrus II apparaît comme le pivot et la pièce principale de toutes les négociations. Derrière lui, le Vizan en profite pour tenir un rôle qui, bien qu’apparemment plus effacé, n’en est pas moins d’importance primordiale. A cette étrange conférence qui réunit pendant plusieurs semaines les plus importants gouvernants et les plus hautes têtes couronnées de Derenworld (à l’exception du Roi de Thûzzland et du Grand Duc de Lowenland), Avros est l’entremetteur, le Vizan l’éminence grise, et l’Empire le décideur.
Ouvertement humilié, le Roi de Wejlar doit comprendre et admettre qu’il ne sera plus à jamais qu’une puissance de second rang, désormais inférieure à Marn qui l’a vaincu et prend sa place sur la scène occidentale du continent. Implicitement, le Roi de Dere doit lui aussi comprendre et admettre que sa parole pèse d’un poids assez négligeable, guère plus que Marn, ce petit comté devenu grand. D’autre part, on n’entend ni le Thûzzland, ni le Lowenland. Le Farxel observe et se porte garant : comment pourrait-il faire autrement quand l’Empire et le Vizan et Avros sont d’accord ? Empire, Vizan, Avros, tiennent les cartes du présent et, de l’avis de beaucoup, celles du futur. Mais, aussi de l’avis de beaucoup , il y en a au moins un sinon deux de trop dans cette triarchie. Lequel restera ?
Cyrus II ne se pose pas ce genre de questions. Il goûte sa victoire. De retour à Orandreth, il organise une fête qu’il voudrait comparable et même supérieure au triomphe qu’organisa Coron III. De fait, la munificence du triomphe de 4637 restera gravée dans toutes les mémoires de l’époque. Il est manifeste que Cyrus II Commander fait une sorte de double complexe, à la fois de supériorité dans la droite ligne de la Doctrine Impérialiste, et d’infériorité vis-à-vis de son ancêtre Coron III le Conquérant. Cependant, c’est entre Avros et le Vizan que la rivalité s’exacerbe, tant les deux nations ont toujours été en conflit sur le plan maritime. Et pendant que Cyrus II parade, les Républiques Maritimes se désagrègent, les villes et contrées de l’ouest s’entre-déchirent, et Marn, le Kohrland, Evriand, les Clans, le Beraïc se disputent les décombres du Wejlar qui n’interviendra plus.

Tandis que l’équilibre du monde qu’on voulait dessiner à Ultburg brûle déjà de toutes parts, Cyrus II, tout auréolé de sa gloire, attribue à ses frères les plus grands fiefs de l’Empire, ceux-là mêmes qu’il a libéré pendant des années et retaillé à sa guise. En 4648 il crée l’embryon d’une nouvelle noblesse de rang suprême, directement issue du sang Naëmbolt où Irwingal devient Duc d’Arwen, Keraïm Duc d’Agle, et Kereil duc d’Oakfen, nouveaux fondateurs de ces illustres maisons. Certes, dans le même temps, l’Empereur confirme d’autres nobles, il instaure ou confirme les territoires administrés directement ou librement que sont le Gaïko, l’Eriendel, le Southern Kelnore ou le Stroelyn, mais cette politique de distribution de fiefs s’avérera bientôt néfaste car la plupart des nouveaux nobles montreront de plus en plus d’indépendance et prétendront régenter l’impôt, l’administration et la justice aussi bien sinon mieux que la parfois lointaine Cour d’Orandreth.

Cette époque voit donc des guerres incessantes qui dégénèrent, s’entremêlent et aboutiront finalement à la catastrophe dénommée « All Wizards’ War ». Les différents fiefs ou petits Etats ont de plus en plus tendance à utiliser des sorciers pour régler leurs différents, se défendre ou attaquer le voisin. Depuis les ravages commis par les Héritiers d’Hornst, le sorcier était un élément vital de la défense d’une ville ou d’un fief et, à l’instar d’Irwin Ier, on avait dans ce but un peu partout incité à la formation puis à l’établissement de Mages quand on ne jugait pas plus rapide ou efficace de réemployer les anciens serviteurs des Héritiers. Marn avait d’ailleurs mis au point un véritable corps de Magiciens d’Armes. Les armées de Vizan et d’Avros s’affrontaient avec des groupes entiers de sorciers qui, bien souvent, faisaient la différence. Bientôt, les sorciers furent de toutes les guerres, et elles étaient nombreuses. L’Empire lui-même possédait sa propre brigade issue de l’Ecole instaurée par Irwin Ier. Avros en avait fait autant, avec des Mages d’abord spécialisés sur les questions navales, mais bientôt mais très au fait des questions militaires. Le Vizan comptait sur les célèbres sorciers d’Emer, Sudel et Xionne, le Wejlar sur les elfes de Danth, Zevjapuhr sur l’excellence de ses mages indépendants etc…

Or, il vint logiquement à l’idée de ces sorciers de devenir possédants, voire titulaires de fiefs, et inversement aux nobles de devenir sorciers plutôt que guerriers. C’est ainsi qu’en Empire, la Maison d’Agle, toute nouvellement concédée par Cyrus II à son frère Keraïm, détruisit à coups de sortilèges un petit Royaume Githyanki qui demeurait enfoui en ses terres. C’est ainsi que Marn effectue le blocus magique d’Holderin et les tribus Uirs de Slimovskis celui d’Ariacandre. C’est ainsi que se déclarent une multitude de conflits qui, au lieu d’être réglés par les voies classiques, empirent sous l’effet de la magie qui détruit beaucoup plus et mieux qu’elle ne protège. C’est l’époque où les magiciens ne maîtrisent pas plus les forces qu’ils emploient qu’ils ne calculent les effets destructeurs qu’elles vont avoir, où des mages affrontent des mages, où les écoles de Magie elles-mêmes se disputent et se battent les unes contre les autres, où les populations se pressent dans les temples en implorant les protections divines puisque les rois, impuissants, n’arrivent pas à contrecarrer ces guerres privées de magiciens, quand ils ne se mettent pas eux-mêmes de la partie. Tout cela ravage Derenworld presque aussi bien que les Héritiers d’Hornst dont les survivants, de l’avis du Grand Maître d’Ariacandre, doivent bien s’amuser.

Vieillissant, peut-être un peu sénile, Cyrus II ne voulait plus ou n’avait plus la force ou le caractère pour gouverner par lui-même; il laissait faire des conseillers eux-mêmes vieillissants et manipulés par l’Ecole de Magie d’Empire. La All Wizards War, ce désastre qui consiste plutôt en une multitude de petites guerres qu’en un seul vaste conflit, va pendant près de quinze ans ruiner le commerce, détruire les récoltes, briser les infrastructures, entraîner des cataclysmes et des épidémies, terroriser les gens et profondément marquer tous les esprits, inculquant une défiance moins envers les mages qu’envers des structures politiques et sociales qui n’ont pas su les protéger. Moins envers les mages car ce sont les Mages eux-mêmes qui vont mettre un terme à tout cela. Certes, pas n’importe quels Mages et pas d’eux-mêmes. On sait que le Divin Concile se réunit une dernière fois et se termine sur l’injonction faite aux magiciens d’avoir à cesser leurs errements.
On sait comment, se résolvant à combattre le mal par le mal, Celebengrin de Dere, Peren d’Ariacandre, Gwaigill Elengal d’Evlin et Bonesmir d’Emer ont convainquirent les derniers Héritiers d’Hornst, quelque peu narquois en la circonstance, de les aider au cours d’une réunion qui aboutira sous l’égide d’Hermès à la Convention puis à l’Académie de Bakor en 4663. On l’a tellement su qu’en Empire, la stupeur des gens fut grande lorsqu’ils réalisèrent que trois elfes et un vizaner avaient obtenu des Dieux d’arrêter la calamité du siècle et y étaient parvenus. Ce triste épilogue a souvent effacé des mémoires les nombreux succès de Cyrus II: « Aucun règne ne fut plus long que le sien, mais d’autres furent plus grands » (Porus Tyard, op.cit). Le vieil empereur eut beau ratifier la Convention de Bakor sitôt qu’elle fut connue, rien n’y fit: la perte de prestige tant de la Doctrine que de la Couronne était immense. Le pays était en ruine, son monarque un vieillard âgé de plus de cent ans et son héritier en accusait plus de soixante-dix. Cela ressemblait bien à la fin d’une époque.


 

CHRONOLOGIE DES EMPEREURS NAEMBOLT : LA PREMIERE MAISON

(changement de ligne = filiation, changement de colonne = cadet ou dynastie)

 

MELLUNG
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(43 ? ?-4401)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CORON I
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4405-4444)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
KYRIEL I
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4444-4457)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CORON II
 
KYRIELLIN I
 
 
 
 
 
 
 
 
(4457-4457)
 
(4457-4476)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CORON III
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4457-4498)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CORON IV
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4498-4510)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
VALERUS I
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4510-4523)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
VALERUS II
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4523-4554)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CORON V
 
CYRUS-EMERAND I
 
 
 
 
 
 
 
 
(4554-4576)
 
(4576-4577)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
IRWIN I
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4577-4597)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
JOHN-ALEXANDER I
 
CYRUS II
 
 
 
 
 
 
 
 
(4597-4606)
 
(4606-4665)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CORON VI
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4665-4670)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
MEREDITH I
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4670-4679)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
IRWIN II
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4679-4718)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LEWIN I
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4718-4731)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
NAMRODD I
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(4731-4744)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LEWIN II
 
IRWIN III
 
CORON VII
 
 
 
 
 
 
(4744-4745)
 
(4745-4753)
 
(4753-4775)

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