Cet article complète celui paru sur l’Inghelis dans les territoires de Tangut (voir aussi la carte de Tangut ). Il porte sur quelques points-clés du pays et fournit quelque renseignements pouvant être utiles à l’appréhension du contexte ayant déterminé l’actuelle aventure des personnages.
Armorial d’Inghelis | Baylling, comte d’Hayster • Jarvand, earl d’Inghelham • Klyra, comte de Drakedale • Roderick, earl de Rothmore • Myrtenstar, comte de Terakia • Egbert, margrave de Thel • Esmondav, margrave de Tullermarch
Si le nom du pays est généralement l’Inghelis (qui se prononce « innguêlisse » ; rendre le « e » central muet est péjoratif), on emploie indifféremment inghel ou inghelin pour désigner un de ses habitants ou pour adjectif qualificatif.
L’Inghelis n’a pas de constitution et ne s’est jamais centralisé, que ce soit avant pendant ou après le Tangut. Il n’a pas de forme juridique ; ce ne fut jamais un royaume mais plutôt une sorte de nation républicaine construite par par des coutumes et lois profondément enracinées, des traditions et des valeurs communes.
C’est aussi un état acéphale, en cela semblable au Farath (selon un dicton farxlan, la rivalité entre Farath et Inghelis vient de ce qu’ils se ressemblent trop pour ne pas se détester).
Sa société est fondée sur la tradition färzo-varik qu’on retrouve en Farath et Farxel : primauté du local, de la famille, de la propriété foncière, libertés individuelles, structuration familiale de la société autour du couple maître / maîtresse de maison, agrégats de ces structures dans une exploitation, une maison-forte ou un hameau, liberté d’édifier une fortification pouvant entraîner un statut de protecteur avec en contrepartie un devoir de protection, valorisation du pragmatisme, du concret, voire de l’immédiat.
Les inghelins se distinguent cependant de leurs voisins farxlans ou farathiens par une sorte de vocation nationale : ils pensent le Tangut en entier avec une volonté marquée de bien faire le Bien, non seulement en tant que combat contre le mal et ses acteurs éventuellement monstrueux mais aussi dans l’idée de bénéficier à l’ensemble des populations du Tangut ou à celles qui vont s’y réfugier.
Cette vocation combinée au pragmatisme des inghelins les conduit à préférer bénéficier de savoirs accumulés ailleurs, qu’ils importent ou adaptent à leur contrée. Il est ainsi de tradition d’envoyer la jeunesse noble ou bourgeoise étudier dans à Melrose ou au White Keep, ou aussi à Starstone ou King’s College d’Eriendel, voire dans des madares de Vizan, notamment à Gwaliore.
Historiquement et culturellement, l’Inghelis est d’abord un fait avant que d’être un état ou une nation. Toutefois, bien que l’attachement au pays local ou au comté paraisse usuellement plus fort que le sentiment d’appartenance à cette nation, ce rapport s’inverse dès que l’on évoque l’étranger… Les humoristes y compris locaux ne se privent pas de remarquer que l’inghelin moyen chérit sa liberté et se méfie de la centralisation tout en n’hésitant pas à invoquer des lois ou réclamer des jugements dès que ça l’arrange.
C’est un pays de freemen : non seulement l’esclavage mais encore le servage est aboli. Tout inghelin âgé de 13 ans est un freeman et s’il a une maison ou un contrat de travail il reçoit droit de vote à la chambre basse, aussi dite des marchands, à la Diète de Clingshall.
S’il a une maison-forte ou une demeure avec de nombreux serviteurs, il peut devenir chef de contrée ou agent administratif ou taxateur.
S’il a une maison-forte et une « lance » (un cheval, deux armes, une armure, un écuyer monté, deux auxiliaires à pied dont un coutelier et un archer, un animal de trait), il devient chef militaire et est considéré comme chevalier libre, statu permettant de nombreuses exemptions fiscales. On retrouve les mêmes principes en Farath et en Farxel.
Le suffrage est indirect : un freeman élit un représentant qui a deux fonctions :
– se rendre en ville tous les deux ans pour élire un député à la Diète ;
– participer l’autre année à la rédaction et l’approbation de « commendations » à destination du seigneur du comté. Les commendations sont des propositions, doléances ou suggestions d’intérêt local qui ne sont pas contraignantes mais celles qui seraient approuvées par les sept dixièmes des représentants locaux peuvent être présentées à une chambre de la Diète dite Principat de Justice pour être ratifiées et alors s’imposer au seigneur concerné.
Cuturellement, l’inghelin est très mélangé et donc plutôt tolérant. L’alignement général est nettement good, avec très peu de cultes maléfiques.
L’Inghelis existe initialement et encore aujourd’hui par opposition : au Viridistan, à la « masse » fartho-farxlane, à la puissance notamment maritime de l’influence vizaner. Les inghelins veulent déterminer librement leur destin et sont en cela semblables au farathiens ; mais à la différence de ces derniers ils veulent également donner cette possibilité à tous ceux venus se réfugier chez eux et plus généralement dans le sous-continent tangutien.
L’Inghelis relie avec le Farath le sous-continent du Tangut au reste du monde. Mais à l’inverse des farathiens, ils en déduisent un rôle et un destin de « gardiens » du Tangut face au reste du continent mais aussi, le cas échéant, inversement. Conscients qu’il n’y arriveraient pas seuls, ils furent et demeurent les premiers promoteurs de l’empire de Tangut même si ce rôle fut principalement tenu par Valon. Ils font donc face à l’inimitié du souverain du Viridistan, dit l’empereur Vert, qui se proclame empereur de Tangut depuis des siècles.
L’adhésion à l »I.T.G a révolutionné le pays. En lui donnant accès au crédit et en instaurant un trafic commercial avec le Farxel et au-delà le reste du continent, elle a réouvert l’Inghelis à l’ouest après la fin de l’empire de Tangut. La garantie commerciale de l’I.T.G. a également démultiplié le le commerce maritime. Le pays a alors cessé de se concevoir essentiellement en frontière occidentale du Tangut et tend depuis à incarner la liaison entre le continent et le sous-continent.
Les relations avec le Farxel ou par voie maritime représentent actuellement près des deux tiers des échanges commerciaux. Outre le Farxel et le reste du Tangut, des marchands d’Avros de Vizan et même de Zevjapuhr entretiennent des liaisons maritimes régulières avec l’Inghelis. Toutefois, l’Inghelis n’a pas de marine de guerre et le voyage maritime n’est pas trop le truc de l’inghelin moyen.z
Face à une foultitude d’ennemis, rivaux ou adversaires, l’Inghelis n’a pas suffisamment d’alliés ; en Tangut, Valon, les mini-états du Modroner, l’île de Brezal ou Starstone ne compensent pas des puissances comme Csio, Viris et Tarantis, dont chacune pèse autant que tous ces alliés réunis. Au plan international, les amis traditionnels du pays sont Avros, perçue comme le contrepoids aux détenteurs d’une puissance maritime dont l’Inghelis est dépourvu, et le Thûzzland de loin, et c’est à peu près tout.
La maison Baylling est moyennement récente. Elle est principalement soucieuse de ses relations avec les farathiens, qui ne l’apprécient guère, étant donné qu’elle a succédé aux Grandgire, une famille d’origine farathienne qui arracha le fief au Farath pour rejoindre l’Inghelis avant de disparaître au cours de la guerre qui suivit l’effondrement du Tangut en tentant de résister à l’invasion d’Heinrik V de Farxel (cf. « La guerre civile » in Histoire du Tangut – 3). Le sieur Hugh Baylling était alors un freeman devenu chevalier par propriété d’une maison-forte et entretien d’une lance ; possédant aussi un troupeau de plus de cent brebis, il avait réussi quelques années auparavant à épouser une cadette Grandgire. Il obtint l’appui du jeune Earl Esmayr Roderick de Rothmore et de son champion Roger-Bon-Homme pour victorieusement défendre un fief qu’il estimait devenu son domaine tout en revendiquant le titre comtal qui lui fut définitivement confirmé par la Diète de Clingshall en l’an 5003.
Cette famille gouverne le moins riche des fiefs de l’Inghelis, principalement tourné vers l’autarcie, exportant du seigle, de la laine et des ovins. Les Haysterins sont par ailleurs réputés faire d’excellents chasseurs et archers. Les collines Rorcalines hébergent une population de griffons dont certains sont semi-domestiqués afin d’empêcher leur congénères de se repaître exagérément du bétail élevé par les humains. Ces griffons sont à l’origine des armoiries locales, reprises par Hugh Bayling qui y ajoute une simple de gueules (sur Derenworld, la barre héraldique n’est pas signe d’infériorité par rapport à la bande (la diagonale inverse) mais une simple représentation alternative de la même figure).
Les Baylling ont la réputation de gens simples voire humbles, proches de leur population, dépourvus de forfanterie et de souci d’apparat. Leur fief est contesté par le Farath qui estime qu’il s’agit d’un territoire lui appartenant et qu’on appellent l’Heysterre. De fait, le parler farxelois demeure majoritaire en Hayster et la culture locale est plutôt farathienne. Cette dispute est multiséculaire et irréconciliable.
Pour des raisons d’opportunisme local et afin de ne pas être exposés en cas de conflit, le Comte Clevor Baylling penche nettement pour le Farxel contre Avros dans les disputes actuelles.
La maison Jarvand est l’une des trois ayant régné sans discontinuer sur leur fief depuis l’émancipation de l’Inghelis. Elle est communément tenue pour la plus puissante des suzeraines de comté. Sa branche de Bweringham a donné la dynastie galathienne qui règna sur le Tangut à partir de 4606. Son premier empereur, Firmann, combla l’Inghelis de tant de faveurs qu’il déclencha une guerre avec le Farath. Toutefois, la branche principale des Jarvand, dite de Clingshall, restera toujours relativement distante envers ses cousins couronnés.
Les Jarvand pourraient ainsi figurer parmi les héritiers légitimes du trône de Tangut mais ils ont admis le règne de Wohrom et ainsi renoncé. Ils ont désormais pour vassaux les Tamvoyl qui sont les gardiens de l’épée Galadbolg, l’un des attributs de l’Empire.
Le blason des Jarvand signifie l’Inghelis : un pays toujours soucieux d’une attaque survenant par derrière, de la mer ou du Farxel ou du Farath ou du Viridistan.
La vaste famille Jarvand gouverne le fief le plus peuplé et le plus riche, comprenant deux des trois plus grandes cités du pays (Brownford, capitale économique et Easterak, principale place de marché), et sa capitale politique (Clingshall) qui est aussi le castel de la famille Jarvand. L’Inghelham a donné son nom au pays et c’est là que les grandes décisions, en particulier le ralliement à l’I.T.G., ont été prises. Les Jarvand détiennent ainsi le coeur du pays, géographique autant qu’économique voire culturel. Ils exploitent la forêt des Oldwychs, à l’ouest des collines du même nom, le bois de qualité étant une ressource relativement rare en Inghelis. L’Inghelham possède une agriculture excédentaire et diversifiée et un artisanat tourné vers tanneries et tisserands.
Les Jarvand sont férus de culture, de progrès, de science et d’arts ; ils envoient depuis toujours leurs descendance étudier dans de grandes institutions en Avros, au White Keep, à Starstone ou même à Tarantis. C’est certainement la plus fortunée et peut-être la plus connue des familles nobles du pays ; son parti est recherché au-delà des frontières et elle est alliée à plusieurs maisons étrangères. Malgré (ou grâce à ) son prestige, elle a la réputation d’être relativement vulnérable à la corruption.
Bien que cette opinion soit très disputée, l’Earl Clodoalmir Jarvand ne croit pas à la probabilité d’une victoire farxlane. Il estime que les seuls Ritter et le Vizan forment une alliance certes redoutable sur le papier et mais en réalité contre-nature. Il a aussi cette particularité d’être en relation avec Hautulin de Viris et Lucius de Csio. Cet ensemble d’éléments le conduit à être prudemment pro-avrossian.
La maison Klyra est récente, ayant reçu le Drakedale après la chute de la maison Velondès au cours de la G.E.C. (cf. Contrée de Great Anarchy : 5e partie). Les premiers Velondès avaient conquis le Drakedale contre deux dragons, dont le fameux Zohrax, l’un des pires ravageurs de cette partie du Tangut. Sous l’empire, il s’opposaient aux Tamvoyls qu’ils trouvaient trop arrangeants avec le pouvoir central et aux Jarvand lesquels redoutaient leur extension territoriale. Après plusieurs siècles de règne, les Velondès et le Drakedale furent vaincus par les troupes de gnolls, trolls, bugbears et gobelins venus du Viridistan de Gilibert Szeiheitt mais on attribue le massacre de la famille à la survenance de diables.
Après ce massacre l’empereur Wohrom décida de nommer son ami et compagnon Argel Klyra comte de Drakedale. Il reste des Velondès une branche initialement bâtarde, dite des chevaliers, qui souhaite vivement être légitimée afin de mieux revendiquer la propriété du magnifique Palais Rose de Sarkampuhr.
Les Klyra résident dans la forteresse de Bensammo, bâtie par des gnomes, détruite par les Viristans et rebâtie au siècle dernier, qui a la réputation d’être la mieux fortifiée du pays. Il le faut bien car les invasions de monstres venus des monts Starcrags ou de la forêt de Zohrax sont une menace permanente, outre la frontière avec le Viridistan, traditionnel rival des inghelins dans la revendication de l’ex-empire tangutien.
Les Klyra sont connus pour être en général d’alignement good, pour s’entendre assez aisément avec tout le monde, et pour appeler régulièrement au secours le reste du pays contre la menace d’envahisseurs ou de pillards.
Le Drakedale comporte une importante population de hobbits, gnomes et nains. Il jouit d’une agriculture de très grande qualité, produisant outre des céréales (maïs, blé) d’excellentes bières mais aussi du thé, du sucre, des huiles alimentaires, des fruits tel la pomme, l’ananas ou le cocotier, du miel et des épices dans la fertile vallée de la Clemencia. La haute vallée de la Clemencia dans les Keols (collines) abrite des mines d’argent et de diamants dont la présence explique l’antique intérêt draconique autant que la présence nanique (clan dzîrmesh des Namazdils) dans la région.
La Comtesse douairière Hemlinne Klyra a le pas sur ses deux fils Edar Klyra et Ormond Klyra. Elle redoute une alliance Viridistan – Tarantis – Vizan et supporte donc Avros.
Les Roderick de Rothmore sont sans doute la plus illustre des grandes familles d’Inghelis au plan militaire. Ils règnent sur leur fief établi bien avant que l’Inghelis ne devienne autonome et demeurent de fervents partisans de l’indépendance du pays et du Tangut.
Les Roderick sont des guerriers et en particulier des cavaliers – certains les qualifient de clones de Ritters de Farxel passés en Inghelis. On dit que leur blason représente les rivières de sang qu’ils ont causées à leurs ennemis mais aussi versées eux-mêmes. Leur château de Lwilath est une véritable académie militaire.
La famille affirme qu’aucune grande bataille de l’histoire de l’empire de Tangut puis de l’Inghelis ne s’est déroulée sans qu’un Roderick y participe. Runnarj Safranti, le célèbre vainqueur du Hellgong, était un Roderick.
Les Roderick furent toutefois le fer de lance de la révolte de 4433 contre la politique de l’empereur de Tangut Nerzoto qui soutenait alors des rébellions en Farxel et en Empire Naëmbolt lesquelles entraînaient de graves répercussions en Inghelis.
Les Roderick partagent beaucoup d’aspects et même de valeurs avec les Ritters de Farxel, mais leur esprit d’indépendance fait qu’ils se méfient toujours de leurs puissants voisins occidentaux tout autant que des farathiens au nord qu’ils méprisent cordialement. Ils sont réputés avoir une haute opinion d’eux-mêmes. Leur maison entretient depuis longtemps d’excellentes relations, y compris par des alliances matrimoniales avec celles de Colstone et d’Eaglehunt en Empire. Ils portent également, non sans fierté, le titre de « dwarfriends » des Thûzz.
Ils nourrissent une inclinaison, voire une affection, pour la maison Baylling et une certaine défiance envers les Jarvands, qu’ils considèrent en train de devenir de moins en moins dignes de leur glorieux passé. Ils tiennent en revanche les Egbert de Thel en haute estime. Ils ont la nostalgie des maisons disparues : La Herse, Velondès, Tamvoyl, Sykes, et n’apprécient guère leurs remplaçants.
Ils sont haïs des farathiens puisque l’origine du militarisme de la famille a pour fondement la défense contre le Farxel et le Farath.
Malgré cela, ou peut-être par compensation, les rothmoriens sont particulièrement ouverts au commerce avec le Farath et le Farxel, échangeant avec eux davantage qu’avec le reste de l’Inghelis.
Le Rothmore est un pays d’élevage (bovins, chevaux, ovins, dogues) bénéficiant d’une production céréalière autarcique avec une importante capacité d’exportation de laine. Les alcools de type whisky ou gin y sont réputés.
Le pays est constellé de maisons-fortes, de tours et de petits castels notamment dans les collines et le long du fleuve Greve. Le Rothmore contrôle en effet la grand’route I.T.G. qui part d’Easterak et mène via Brownford à Orientan en Farxel, principale voie commerciale du pays vers l’ouest (d’où les six merlettes d’or du blason représentant les ouvrages fortifiés qui veillent sur la route d’or)
L’Earl Sheylar Roderick supporte ouvertement le Farxel dans ses bisbilles avec Avros. Il a vu les souffrances des farxlans lors de la récente famine et les conséquences sur son propre fief. Il estime avec les farxlans qu’Avros les a laissés tomber et qu’ils sont dans leur bon droit.
Terakia est le comté fondateur de l’Inghelis. Si l’Inghelham est le coeur de l’Inghelis alors Terakia en est à la fois le ventre et le poumon. L’histoire de sa maison régnante est de loin la plus mouvementée.
Le Terakia est initialement un mélange de populations zahires, tharbriennes, färz, variks et même de berviks. Cette constellation est unie sous la férule de Jan de la Herse, fondateur en 3886 du comté en tant qu’entité politique lorsqu’il entreprend de construire la fortification de Tamberhall afin d’héberger des réfugiés auxquels il distribuera des terres.
Ce descendant d’une famille de futurs Ritters est convaincu qu’il faut donner à ces réfugiés venus de tout le continent un état stable et prospère, capable de civiliser les immenses terres vierges ou peuplées de monstres de ce qui n’est alors pas encore le Tangut. Sa fortune est faite grâce à des émeraudes découvertes sur ses terres dans la vallée de l’Emeraldvine. Les La Herse s’allient ensuite aux Roderick, Jarvand et Egbert pour faire la guerre au côté des färz puis des farxlans afin de récupérer le contrôle de l’intégralité de la vallée de l’Emeraldvine jusqu’à la mer, c’est à dire Terak, cité qui deviendra Sasserine après sa conquête par Gauvin de la Herse en 4334.
La famille de la Herse co-finance par la suite avec celle de Jarvand la transformation du fleuve en constellation de moulins servant à la scierie et la meulerie et en voie de navigation jusqu’à Easterak. La contrée bénéficie aussi, au nord de Sasserine, de vastes zones de riziculture et de champs de coton héritées des vizaners, ainsi que de soieries près de Greencove, atouts qui font encore aujourd’hui sa richesse.
Ranulf de la Herse-Terakia joue un rôle historique dans la création de l’empire de Tangut en convainquant le Shah de Viris Gnaddeus Mycretio de se rallier au projet de Guiselle de Cumbrie de fonder cet empire (cf. Histoire du Tangut – 1 : le pré-empire). Lui et Cléon von Egbert de Thel signent pour l’Inghelis la constitution du Tangut en 4041. Par la suite la richesse du Terakia entraîne l’Inghelham, Thel et le Drakedale, formant ainsi une zone de prospérité qui n’a pas cessé depuis des siècles.
La branche aînée des La Herse s’éteint au XLIVe siècle après s’être considérablement investie dans l’appareil d’État tangutien au point d’incarner une sorte d’idéal des comtes-baillis. Le fief de Terakia adopte alors le blason des La Herse-Terakia qu’il a conservé depuis.
Le titre comtal avec le prestige qui l’accompagne passe aux Tamvoyl, branche des La Herse alliée matrimonialement aux Jarvand. Cette branche resta fidèle à la couronne lors de la rébellion de 4433, à l’inverse des Roderick de Rothmore. Cette affaire est généralement tenue pour le point de départ d’une différence culturelle entre les inghelins du nord, plus prompts à la guerre ou aux respect des traditions, et ceux du sud, davantage enclins au compromis et soucieux de préserver la paix et le commerce. Cette différence tend cependant à s’estomper depuis les dernières décennies.
Les Tamvoyls poursuivirent la tradition de serviteurs de la couronne des La Herse tout en laissant au plan local les oligarchies marchandes et les décideurs économiques prendre le pas sur les politiques. En 4675, la maison Tamvoyl connaît son heure de gloire en obtenant de l’empereur Dalgir des privilèges qui font de Sasserine le grand port rival de Viris puis en entraînant l’Inghelis au soutien de l’impératrice Bérénice avec la promesse d’annexer le Farath voire une partie des Lakelands afin de devenir une composante majeure d’un Tangut en réalité déjà à l’agonie. Ce mauvais choix déclenchera l’intervention du roi Heinrik V et l’envahissement de l’Inghelis pour aboutir un humiliant traité de paix lors de l’effondrement de l’empire. Tamberhall, château historique des La Herse et des Tamvoyls, est rasé à cette occasion.
Les Tamvoyls sont décrédibilisés pour plusieurs générations mais Fergus Tamvoyl redore le blason familial en devenant un compagnon de l’empereur Wohrom et périt à ses côtés lors du massacre du Calenvicar.
La maison de Tamvoyl est ensuite la seule de l’Inghelis à soutenir la Croisade de Stephen. Elle y perd énormément d’argent au point de dépendre pour sa survie des marchands et financiers du Terakia. Les Jarvand proposent plusieurs fois de les renflouer en échange d’une vassalisation. Cette vassalisation est finalement acceptée en 5079 par le dernier comte Lans Tamvoyl. Mais elle fait des Jarvand les maîtres du pays, ce que le margrave Arnold von Egbert de Thel n’accepte pas. L’année suivante, il fait invalider la transaction par la Diète de Clingshall, qui désigne la riche maison Myrtenstar pour devenir comtale de Terakia. Il s’agit en fait de la branche cadette d’une famille de chevaliers bannerets des La Herse devenus barons sous l’Empire ; elle a fournit à l’Etat impérial plusieurs comtes-baillis dont certains exercèrent leur office à Sasserine ou à Brownford.
Les Myrtenstar gouvernent ainsi l’opulent Terakia où le pouvoir réel est resté entre les mains des acteurs économiques et où le pouvoir politique navigue entre des Jarvand rancuniers et des Egbert vigilants.
Le Comte Alaner Myrtenstar a tendance à faire ce que les marchands lui disent de faire. L’opinion majoritaire à Sasserine tient qu’en cas guerre navale la ville serait le dindon de la farce entre les intérêts des ports de Farxel et ceux du Viridistan. Cette opinion a convaincu le comte.
Les Egbert tiennent énormément à leur titre de Margrave de Thel, qui signifie beaucoup. Il indique en effet qu’ils tiennent la marche occidentale du Tangut hier, de l’Inghelis aujourd’hui, face au Farxel. Le blason du Thel signifie ce barrage, arrêt de l’influence étrangère et en même temps aussi, le grand pont d’Ecberton. A la fois liaison et barrière, le Thel incarne la porte d’entrée du Tangut, sa borne, d’aucuns disent sa pierre angulaire.
La maison Egbert est extrêmement ancienne et remonte selon sa propre légende aux origines de l’humanité. Leurs armoiries : de gueules treillisées d’argent, sont une figure assez rare quoique typiquement varik, qui identifie tout de suite la maison. Les Egbert font partie des variks qui quittèrent leur pays d’origine pour émigrer jusqu’en Farxel. Rebelles à toute autorité centrale, qu’elle soit wejlane, marner ou farxlane, ils veulent un coin de terre indemne revendiquée par quiconque pour en faire leur fief à eux et rien que.
Le fondateur de leur implantation en Inghelis est Egbert l’Ancien, alors en réalité le cinquième à recevoir cette appellation, qui s’acoquine avec les la Herse pour leur proposer de devenir les gardiens occidentaux du Terakia si ce dernier les aide à repousser ou soumettre les farxlans à l’est du fleuve Greve qui deviendrait ainsi une frontière. Les farxlans locaux se défendent assez mollement et ne se montrent pas farouchement opposés à l’idée d’Egbert ; après quelques escarmouches le margraviat de Thel est établi en 4018 par la fondation d’Ecberton, cité bientôt fortifiée au-delà d’un pont devenu le principal point de passage sur la Greve méridionale. L’établissement de Thel est généralement retenu pour fixer la date de création de l’Inghelis, fait territorial avant d’être une nation.
La marche de Thel, sans être aussi riche que le Terakia ou l’Inghelham, produit du fer, de la bière, et de la pierre de taille. La basse Greve alimente de nombreuses rizières. On trouve également de nombreux élevages de bovins ainsi que des tanneries et des briquetteries dont la production navigue sur la Grève jusqu’à Lwilath ou Dwinbro ou sur la grand-route qui va d’Easterak à Athnais en Farxel.
Assez bizarrement, le Thel est le moins hospitalier des fiefs d’Inghelis. La doctrine des margraves consiste en effet à accueillir quiconque à condition qu’il ne reste pas en Thel mais continue ailleurs sa doute vers l’Inghelis ou Tangut. Cette position procède de la profonde inimitié politique entre le Farxel et les Egbert pour lesquels l’invasion d’Heinrik V demeure un affront impardonnable. Les Egbert redoutent les espions et les ferments de révolte que pourraient apporter des agents ennemis sous couvert d’une apparence de réfugiés.
L’actuel margrave Gospar Egbert considère qu’Avros n’a plus les moyens de sa politique de sujétion du sous-continent tangutien et que l’alliance de fait vizano-farxlane constitue une nouvelle donne sur laquelle il faut parier pour l’avenir. Il se rangera donc du côté du Farxel.
Les Esmondav de Tullermarch sont, avec les Myrtenstar, l’une des plus récentes maisons régnantes sur un comté inghelin. C’est aussi le plus récent des comtés et l’un des deux, avec Hayster, qui n’existaient pas lors de la constitution de l’empire de Tangut en 4401. Il vient de la volonté des Velondès, alors comtes de Drakesdale, qu’un territoire civilisé garantisse leur sécurité au nord, étant déjà fort occupés à l’est et au nord-est par les Viristans ou les monstres des Starcrags. Cette préoccupation naît dès le XLVIe siècle, sous le règne des empereurs Duncan III et Thoroan qui essuient les invasions des Seconds Héritiers avant de se tourner vers la mer. Les Velondès commencent alors à constituer un réseau de fortifications tenues par des castellans barons ou bannerets censé protéger l’Inghelis des invasions venues de l’est et dont le point septentrional est le château de Celiann, contrepoint de celui de Bensammo (d’où les deux coquilles du blason du Drakedale, qui y figurent encore).
La famille Jarvand rejoint assez tôt la préoccupation des Velondès d’autant que la région inclut les collines des Keols qui ont la réputation d’être fort bien dotées en minerais. Mais les Jarvand veulent aussi éviter que la maison Velondès en profite pour s’approprier cette région et conditionnent leur accord pour financer la pacification de ce territoire à ce qu’elle aboutisse à la création d’un comté indépendant, appuyés en cela par tous les autres comtes.
La tour fortifiée d’Istivin devient alors le centre d’une guérilla de conquête entamée en 4775 par Tuller Sykes, baron castellan de cette tour et premier margrave de Tullermarch. Son fils Qualtaine Sykes sort victorieux d’un conflit mené contre géants et bugbears en 4801. Ayant pacifié les Keols il fond Eastwind tandis que l’Inghelham investit dans les infrastructures à partir du bourg de Swirlgate. Le fief est donc « purement » inghelin, n’ayant été fondé qu’après la disparition de l’empire de Tangut.
Assez vite les Sykes vont se disputer avec les Jarvand au sujet de la frontière occidentale de leur margraviat en réclamant la suzeraineté sur Nicordel et Swirlgate, avec l’appui des Velondès qui leur cèdent leur possessions y compris le château de Celiann. L’affaire semble réglée au cours de la Great Evil Coalition lorsque le Viridistan écrase les Velondès à Sarkampuhr, met le siège devant Bensammo, franchit la Clemencia et prend Swirlgate, menaçant Easterak. Daesmond Sykes met alors à profit des difficultés de l’Inghelham, dont les troupes ont rejoint l’armée de Runnardj Safranti et des Thûzz, pour obtenir par traité la mainmise sur les bourgs convoités en échange de son intervention pour reprendre Swirlgate et sauver Easterak menacée par la horde de gnolls qui forme l’avant-garde du Viridistan. Mais le triomphe est de courte durée. Sous le règne de Wohrom, les Sykes sont déchus du titre de margrave pour avoir tiré un profit indû de la guerre et de l’effondrement du Drakedale et c’est le candidat des Jarvand, leur banneret Rupz Esmondav, qui est nommé à leur place. La famille Sykes conserve toutefois le château de Celiann et l’apanage de Nicordel, soit le nord du Tullermarch, mais elle prête allégeance aux Esmondav.
La richesse du fief est principalement minière mais elle produit également de la laine, du chanvre, du vin, de la bière et du tabac. L’agriculture est largement autosuffisante et souvent exportatrice vers l’Uthryn ou vers le reste de l’Inghelis. Les Esmondav ont repris la mission traditionnelle de pacification et de veille qui est la raison d’être de leur suzeraineté sur ce territoire frontalier.
Le triple chevron d’or du blason symbolise à la fois la triple ligne des monts Starcrags, collines du Keol, vallée du Greyride, et le réseau de fortifications à l’origine du comté ; la couleur réfère au blason de la famille Sykes qui, devenue margrave, l’a parti en y ajoutant à dextre une cloche des montagnes symbolisant sa nouvelle mission de veille face à l’orient. Les Esmondav feront leur les armoiries du fief en les brisant par un canton inspiré de leur ancien blason personnel.
Depuis le récent décès du margrave Querchard Esmondav, sa veuve, la marquise Resbin, n’a pas de mari et pas d’enfants. La question de la succession se pose donc bien que la marquise soit encore jeune et qu’il existe aussi une branche cadette menée par Olvar Esmondav, cousin du défunt suzerain, en Inghelham. La situation pourrait cependant favoriser une prétention des Sykes de Celiann à recouvrer une titularité que leurs ancêtres créèrent. L’inexpérience politique de la marquise ne lui permet pas encore d’avoir une opinion sur les sujets internationaux.