Une Histoire de l’Empire Naëmbolt : 7e partie, chapitre I

25 août 2019 par Kazz → Atlas

Peu de textes m’auront ici autant causé de soucis et de surprises que cette dernière partie de l’histoire de l’Empire Naëmbolt, qui est l’une des seules narrations de se site à traduire la « machine » Derenworld. Les événements qui y sont relatés se sont effet « réellement » produits en ce sens qu’ils sont contemporains du déroulement du jeu et de ses campagnes qui débute en l’an 5165. C’est ce qui m’a conduit à devoir raconter ici, à la différence de la plupart des précédentes narrations, ce qui s’est passé de façon plus extensive, plutôt que d’en faire le résumé.

Au moment d’en aborder la rédaction, je pensais sincèrement que ce serait bref et craignais même de ne pas disposer d’assez de matériau puisque n’ayant à couvrir que la période 5165-5220. Quelle erreur ! Car en remontant et collationnant les faits qui ont déterminé ce que les personnages des joueurs ont connu et parfois vécu, je me suis aperçu d’un nombre de plus en plus considérable d’événements et de causes dont la description exigeait beaucoup de texte si je voulais parvenir à réellement expliquer à ces mêmes joueurs ce qui est véritablement advenu et pourquoi. L’Empire étant en effet, suivant le proverbe, au centre du monde, rares sont les grands personnages des joueurs qui n’ont pas eu quelque affaire avec lui, ne fût-ce qu’un simple voyage. Pour beaucoup Nirag III, Larraka, Dandria Naëmbolt, Tellered d’Eriendel ou Rhunring d’Agde ne sont pas seulement des noms sur une page mais des personnages qui ont été incarnés et qu’ils connaissent. 

Il a aussi fallu remédier aux incohérences de datation entre des sources étalées sur près de quarante ans : celles issues de l’Almanach Oghmaïch, de la version 3 de Derenworld, de ce qui a été rédigé avant ou entre ou depuis ces parutions y compris sur ce site, certaines disparues avant d’être retrouvées. Ainsi, par exemple, l’émergence des Lich-Kings ou encore la conquête du Wiestmark par Maldrock ont des dates différentes selon les sources. Il existe aussi des inexactitudes de noms : Sigvar de Stonebraü est par exemple appelé Gurden ailleurs. Une partie des fichiers relatifs à Derenworld n’a été que récemment récupérée, alors que la rédaction de cette section de l’histoire de l’Empire Naëmbolt avait commencé, ce qui a nécessité une remise en cohérence fort exigeante en temps. L’augmentation des détails a aussi rendu nécessaire d’inclure un certain nombre de précisions factuelles sur l’Empire Naëmbolt, qui ont d’ailleurs pu manquer dans les parties précédentes. 

La version qui est publiée ici est “définitive” en ce sens que sa chronologie et ses dénominations s’imposent à celles parues antérieurement. Il était en effet assez délicat de dévoiler des faits dont l’essentiel doit demeurer ignoré des joueurs, ce qui fut la fonction des textes parus à l’époque contemporaine de ce qu’ils relatent. Ainsi l’importance et les rôles d’un Seymour d’Oglevern ou de Zellina ou Emeyrinna de Colstone ne devaient pas être révélées aux joueurs car ces données avaient vocation à être éventuellement connues de leurs personnages dont certains furent par exemple compagnons du second mari de Zellina. Par conséquent, les versions antérieures sont “fausses” dans la mesure où elles contiennent des erreurs ou omissions dont plusieurs sont factuelles ou involontaires mais dont certaines ont été voulues en ce que la conduite du jeu le nécessitait alors. 

Pour toutes ces raisons entre autres, le manuscrit de l’histoire contemporaine de l’Empire Naëmbolt a pris des proportions si considérables qu’elles se sont avérées incompatibles avec une publication en un seul tenant ( je sais, je sais : ce n’est pas la première fois). Au moment de la rédaction de ceci, l’ensemble encore inachevé approche les 30.000 mots ; à titre de comparaison, la moyenne d’un article de blog comporte 1.142 mots… Je suis ainsi contraint de la scinder cette dernière partie de l’histoire de l’Empire Naëmbolt en trois chapitres dont on trouvera ici le premier.

Je rappelle enfin que la consultation de ce texte, notamment des images qu’il comporte, est plus confortable sur un écran d’ordinateur ou de tablette, comme la plupart des articles de ce site.


Une Histoire de l’Empire Naëmbolt
Septième Partie : la période contemporaine, chapitre I

Sur l’ancien site : parties 1 et 3 • Sur ce site : parties 2, 4, 5 et 6

GENEALOGIE DE L’ACTUELLE MAISON NAEMBOLT

Genealogy Naembolt Last
Généalogie de la maison Naëmbolt actuellement régnante (cliquer pour une version élargie)

Le jeune Nirag III

Nirag III monte sur le trône au printemps 5165. Les fleuves et les lacs débordent, la moitié de l’empire est inondée, il n’a pas autant plu depuis une décennie.
Il a vingt ans. Il fut un enfant tardif, un peu miraculeux, qu’on n’attendait plus. Avant sa naissance, son père songeait sérieusement à légitimer l’un de ses bâtards ou à désigner son neveu Bruce de Naù pour héritier de la Couronne plutôt que de la laisser à sa fille Dandria qu’il jugeait trop tendre et trop sensible pour faire un bon monarque. Beaucoup tiennent que Nirag est le résultat d’un devoir que Kermegg II s’était fait de tenter une dernière fois d’engrosser son épouse, elle-même assez âgée, avant qu’elle ne puisse plus enfanter.

Portrait à l’âge de 17 ans du futur Nirag III en Prince Naëmbolt.

Le jeune héritier grandit sous la protection vigilante de l’impératrice Geydrenna Naëmbolt, née de Kalberic de Kalbrand dans la partie méridionale de l’ancien Grand Royaume Multiracial de Marn, qui est depuis devenue depuis le Wiestmark. L’impératrice a elle-même pour mère Zillina de Marn, fille aînée du roi Edvig de Marn.
Nirag fut un enfant chétif, timide et craintif. Le petit garçon brun, solitaire et pâle, cristallisait bien davantage les inquiétudes de sa mère que les espérances de son père. Il demeurait le plus souvent confiné dans le palais impérial de l’Ailendil 1tandis que sa sœur, grande et belle plante blonde, entourée de sa bande d’amis : Enrielle et Mishal d’Arwen, Leylianna et Olvar Malkney, Dor-Lion de Goldhelm, les jeunes Edmund de Bergmale et Ferro de Terrel-Tolebrand plus joyeux et vigoureux les uns que les autres, passait son temps à s’amuser à travers champs, châteaux ou relais de chasse. Le contraste entre les deux enfants pesait particulièrement dans les tournois où les jouteurs n’avaient d’yeux que pour la belle princesse Naëmbolt après avoir courtoisement salué le vieux Kermegg, parfois sans même remarquer le gringalet qui lui tenait lieu d’héritier et sans que cette omission offusque le monarque.
Le résultat fut un lien très fort entre le futur empereur et les rares adultes qui paraissaient s’intéresser à lui : sa mère l’Impératrice Gerdreynna, son oncle Namrodd et son épouse Emeretta, auxquels il faut ajouter Dandria, qui fut toujours attentionnée et affectueuse envers son petit frère.

Lorsqu’elle se trouvait au Palais, Dandria ménageait chaque jour quelques heures, quitte à repousser amis et sollicitations, pour demeurer auprès de Nirag. Ce sont les seuls moments où l’on entendait rire Nirag enfant.
Peu après ses onze ans, elle l’emmena un jour dans un théâtre de Nearena 2 voir une farce alors très populaire, « le voyage du bon-homme Perruche », en déjouant la garde impériale mais non la vigilance de l’Archimage Larraka, qui avait détecté les deux héritiers de l’Empire en train de filer dans les rues d’Ilnaëmb en étant escortés des seuls Mishal d’Arwen et Edmund de Bergmale. Appelé au secours par une impératrice affolée, l’archimage impérial feignit d’éprouver les pires difficultés à retrouver les deux fugitifs le temps que la pièce se termine. Larraka fira que ce jour-là, la loyauté et l’amitié du futur empereur lui furent indéfectiblement acquises.

Au cours des dernières années du règne de Kermegg II, avant l’avènement de Nirag III, la Question Varik était réapparue. L’ancien Grand Royaume Multiracial de Marn était désormais éclaté en trois entités : le Grand-Duché de Marn au nord, le Wiestmark au centre, et le pays de Tangrune au sud. Sur Marn régnait Clodomir, de la nouvelle maison d’Ebersburg. En Wiestmark régnait le vice-roi Gurden de la maison d’Arnsfeld, nommé par l’empereur Kermegg II et auquel il prêtait allégeance. Enfin, le Tangruner, pays de Tangrune, s’était brièvement organisé en république avant d’être conquis par une révolution de nobles menée par le Herzog Sigvar de la maison de Stonebraü.

Sigvar, par ailleurs prince titulaire de Iax en Wiestmark, se trouva détenir grâce au Tangruner des territoires plus vastes que le vice-roi Gurden. Tel était bien le but de son beau-père, l’archiduc Namrodd Naëmbolt de Chanteveille-Montclair, oncle de Nirag III. Namrodd de Chanteveille avait en effet épousé une Stonebraü et attendait d’avoir un fils pour lui en faire épouser une.
Fortement influencé par sa mère, elle-même de l’ancienne maison royale de Marn qui en avait été  dépossédée par la maison d’Ebersburg, Namrodd rêvait de reconstituer le royaume de sa famille maternelle à son profit ou celui de de sa descendance. Hélas pour lui, le destin lui réserva le même sort qu’à son beau-père, feu le roi Edvig de Marn : les seuls de ses enfants qui survécurent furent trois filles qui devinrent les trois princesses de Chanteveille, la blonde Leyliana, la brune Zellina et la rousse Emeyrinna. Par surcroît l’aînée, Leyliana, devint une proche amie de la princesse Dandria Naëmbolt, s’éloignant radicalement des visées de son père.

Namrodd avait donc fait contre mauvaise fortune bon coeur en adoptant pour ses grands desseins son neveu Sigvar de Stonebraü auquel il donna en mariage Zellina, sa deuxième fille. La mort de Kermegg II, le 5 Ariès 5165, lui donne l’occasion, ainsi qu’au « parti varik » de la Cour d’Ilnaëmb, de passer à l’offensive.

Dans les premiers jours du règne du jeune Nirag III, Sigvar de Stonebraü renverse Gurden et se proclame prince de Wiestmark, dont il fixe la capitale à Iax, sans prêter allégeance au nouvel empereur. Le jeune Nirag III fut aussitôt adjuré de ne pas réagir par sa mère, l’impératrice douairière Gerdreynna Kalberic, son oncle et sa tante Namrodd et Emeretta Naëmbolt, plaidant la cause de son cousin Sigvar de Stonebraü et son épouse Zellina Naëmbolt de Stonebraü.

A l’inverse, sa tante Edwina Naëmbolt of Naù, ses cousins Mishal d’Arwen et Bruce de Naù, des figures comme le Vicomte Edward Satansdoom d’Agle ou l’Archiduc Tarlion de Goldhelm, les anciens ministres de son père encore en fonction que sont Baradur Chalkenmoon et Zulfir Bnumbu le pressent d’intervenir. Tiraillé entre les deux factions, Nirag III ne sait que faire et son règne naissant est d’emblée marqué par cette tendance à l’hésitation.

Ce qui laisse le champ libre aux intrigues et coups bas. Le 28 Taurus 5165 Sigvar et ses deux fils sont assassinés près de Iax dans une embuscade à laquelle personne n’a survécu. Il apparaît que les corps du Herzog et de sa famille ont été mutilés et brûlés comme par quelque feu infernal ou draconique.
A Iax comme à Ilnaëmb, l’onde de choc est violente : on vient d’assassiner le mari et les deux enfants de la princesse Zellina, fille de Namrodd Naëmbolt et cousine de l’empereur Nirag III. Le parti varik à la cour crie vengeance. Cette fois, Nirag III se résoud à envoyer deux légions sur place tout en chargeant l’archimage Larraka d’enquêter sur ce qui s’est passé.

Les III et Ve légions pénètrent en des contrées varikes plongées dans la tourmente. Elles libèrent rapidement Gurden d’Arnsfeld qui est replacé dans ses fonctions de Margrave du Wiestmark, devenu désormais une simple marche de l’empire, et de vice-roi de Tangruner. L’enquête de Larraka aboutit au limogeage des anciens conseillers de Kermegg II, soupçonnés d’avoir ourdi l’assassinat de Sigvar sans toutefois qu’aucune preuve définitive n’en soit apportée.
C’est le triomphe du parti varik. Les véritables maîtres de l’empereur sont alors sa mère, l’impératrice douairière Gerdreynna, et surtout son oncle Namrodd de Chanteveille, qui régentent de fait l’Empire.

Grâce à l’adjonction du Tangruner et du Wiestmark, ce dernier n’a jamais été aussi étendu. Pendant moins de deux années, mais aussi pour la postérité, Nirag le Troisième sera le plus grand empereur de Derenworld, en ce que régnant sur le plus vaste domaine qu’il y ait eu. Mais beaucoup y voient aussi un sombre présage.

 

De tout temps, l’Empire a fait sienne la prophétie faite à Coron le Conquérant dans les murs d’Isablis. Au XLVe siècle, Bast-Ivinié, voyante-prêtresse de Bast, lui avait enjoint de ne jamais étendre ses terres vers l’ouest au-delà l’Undine, de même que les rois olaniques de Wejlar avaient dû en leur temps s’abstenir d’un franchissement en sens inverse. L’Empire y avait pourtant dérogé, ayant un temps possédé le fief varik de Toender qui représentait une sorte de tête de pont à l’ouest de l’Undine ; cette infraction à la prédiction de Bast-Ivinié avait dès alors donné l’occasion de murmurer que le malheur de l’Empire viendrait du peuple varik. Mais depuis lors, l’empereur Irwin VII avait cédé le Toender au royaume de Marn.
Or le Wiestmark et le Tangruner ne sont pas un fief mais deux vastes contrées toutes deux au-delà du fleuve. Et leur annexion n’est pas une si bonne affaire qu’il y paraît.

Car pour s’assurer des bonnes grâces des variks qu’il a sous sa coupe, l’Empire va leur offrir à ses propres frais la paix et l’ordre. Trois légions stationnent ou patrouillent à titre gratuit le pays sans que les impôts correspondants soient levés. Le vice-roi Gurden fait d’ailleurs preuve d’une grande générosité fiscale afin de permettre à ces contrées de se redresser économiquement et d’accueillir de bon coeur la règle et l’administration impériales.
Cependant à Marn, le vieux roi Clodomir a rendu l’âme et son fils aîné, Karloskar, qui lui succède, voit avec fureur l’Empire s’approprier des terres qu’il a quelques solides raisons de considérer historiquement siennes. Il sait que son seul royaume n’a pas les moyens d’une guerre contre l’Empire pour les récupérer : il choisit alors d’inverser sa diplomatie traditionnelle en oeuvrant à une alliance dirigée contre le Naëmbolt.
Car Karloskar n’est pas seul. Pour beaucoup, l’ampleur de l’agrandissement outre-Undine de l’Empire constitue le pas de trop. L’Empire fait peur, d’autant qu’il n’y a plus de « grands méchants » du genre de la Great Evil Coalition pour l’arrêter. Le Vizan a été vaincu à Bucklry et son état est en déréliction. La puissance de Dere ou du Wejlar appartient au passé. Le Farxel-Ritterland et l’Arkandahr sont des alliés du Naëmbolt. Beaucoup considèrent que rien ne peut empêcher l’Empire d’avaler demain la Confédération, l’Okhpuhr et même le Wejlar si l’envie l’en prend, afin de réaliser son rêve d’un état unifié de tous les humains.

A la coalition des peurs extérieures s’ajoute celle des rancoeurs intérieures. Namrodd de Chanteveille est de fait le véritable empereur et Gerdreynna la véritable impératrice. Ce pourrait être la revanche de la cour d’Ilnaëmb, qui fut longtemps méprisée par Kermegg II, et nombre de grands féodaux l’espèrent en récompense d’avoir laissé le “parti varik” les débarrasser des ministres du précédent empereur. Mais Namrodd choisit au contraire de chausser les bottes de son frère et d’exercer un pouvoir sans partage appuyé sur le Parlement, quitte à en stipendier et corrompre les membres. Le gouvernement se résume de fait à lui-même, l’impératrice douairière Gerdreynna, son épouse Emeretta et leurs deux filles cadettes : Zellina et Emeyrina. C’est ce que le duc d’Oglevern qualifiera un jour de « gouvernement des jupons ». Le mot restera.

 

La politique de Namrodd lui assure une forte popularité mais elle achève de vider les caisses de l’Etat tout en attisant chez les grands féodaux une détestation que la forte personnalité de Kermegg empêchait de s’exprimer. Pour mesurer l’ampleur de cette détestation, il faut remonter assez loin dans le passé.

L’empereur Irwin IX laissa seize enfants, record de fécondité dans l’histoire de la maison Naëmbolt. Ceux-ci s’entre-tuèrent pour le trône sous le règne de Valerus IV, son fils aîné. Valerus IV vainquit avec l’aide de ses deux frères cadets Kermegg de Naù et Cyne de Colstone, ses cinq autres frères : Farne de Terrel, Chaim de Dwarvenstone, Meredith de Johstarre, Maudwaith d’Oglevern et Nemelrod d’Arveïn (qui s’était proclamé empereur Nemelrod d’Orient).

Descendance de l’empereur Irwin IX
Les enfants non titrés portent les armes dites de l’ancien Empire, qui sont celles de la maison Naëmbolt (d’azur à la fasce d’or).

Postérité de l’empereur Irwin IX à ce jour

  • 1 : enfant mort-né.
  • 2 : Naëmbolt : postérité terminée, titre repris par la maison de Naù.
  • 3 : sans postérité (mort par accident en bas âge).
  • 4 : Terrel : Margrave Berenar IV de Terrel.
  • 5 : Oglevern : Duc Seymour V d’Oglevern.
  • 6 : Old-Arwen : Comte Bruce III d’Old-Arwen.
  • 7 : Tolember-Arwen : Comte Neil III Tolember-Arwen of Telinor
  • 8 : Arveïn : sans postérité ; nom et titre relevés par une branche cadette jusqu’à l’actuel consort impérial : Baron John-Daniel Arveïn.
  • 9 : Johstarre : sans postérité, nom et titres de Johstarre réattribués à Biarunneho, bâtard de Valerus V, sont la descendance a été légitimée sous Kermegg II : Baron Irwin III de Johstarre,
  • 10 : sans postérité.
  • 11 : Oakfen : Archiduc Bartalum d’Oakfen.
  • 12 : Dwarvenstone : Duc Noré de Dwarvenstone.
  • 13 : Valëandil : sans postérité, titre relevé par élection d’une tierce maison.
  • 14 : Naù : Impératrice Dandria Naëmbolt (cf. n°2 supra) ; titre dévolu à la branche cadette : Duc Bruce III de Naù.
  • 15 : Colstone : Prince Erwindal VI de Colstone.
  • 16 : Goldhelm : Prince Dor-Lion of Goldhelm.

A l’issue de ce conflit, seules demeuraient légitimes, hors la lignée de l’empereur titulaire, les branches de Naù et de Colstone, qui ne s’étaient pas rebellées contre la couronne. Lorsque le petit-fils de Valerus IV, John-Alexander III, devient fou et se suicide en pleine invasion par les thûzz sans laisser de descendance, ce sont ces deux branches qui vont prétendre à la couronne. Un nouveau conflit s’ouvre ainsi entre Kermegg de Naù et Cyrus de Colstone, qui sera tranché par les reconquêtes de Nirag Ier, lequel fonde la troisième dynastie Naëmbolt, dite de Naù.

Or cette dynastie est issue d’un Nirag Ier qui fut bâtard avant d’être légitimé à trois reprises : par son père Kermegg, par l’approbation des nobles d’Empire suivis des parlements et des guildes, et enfin par droit de conquête. Certes, cette triple légitimation suffit à valider juridiquement autant que factuellement la dynastie. Mais il reste que les têtes des maisons de Colstone, Terrel, Dwarvenstone, Johstarre, Oglevern, Arveïn, Old-Arwen, Oakfen et Goldhelm ont toutes parmi leurs ancêtres directs un des enfants d’Irwin IX, sans avoir eu besoin d’une quelconque légitimation.

Certaines de ces maisons demeurent chatouilleuses sur cette question. Aussi le règne factuel d’un Namrodd, qui n’est que l’oncle du monarque, et d’une Geyrdrenna perçue comme appartenant à une maison étrangère, ne les en indispose que davantage. Certes, parce qu’il y a eu les forts règnes de Nirag Ier et de Kermegg II et parce que Nirag II est le vainqueur de Bucklry, ces nobles admettent sans difficulté Nirag le troisième. Mais une étrangère alliée d’un autre souverain ? mais un oncle que détestait l’ancien empereur ? mais des cousines qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts ?
Parmi elles se trouve la maison de Colstone qui, au fond, même vaincue par Nirag Ier et même après avoir admis son droit de conquête, n’a jamais cessé de considérer sa légitimité supérieure à celle de Naù. Elle va devenir à l’intérieur de l’Empire le pendant de Karloskar de Marn à l’extérieur.

 

La grande guerre de Libération

La guerre de 5167, dite de Libération ailleurs qu’en Empire, est l’une des plus bizarres jamais menées par ce pays.
Le 24 scorpio 5167 s’éteint Namrodd de Chanteveille, frappé par une embolie aussi subite que définitive. In concreto, le pouvoir se retrouve alors aux mains de la seule Geyrdrenna, dont ses nièces Zellina et Emeyrinna vont aussitôt s’éloigner, leur père n’étant plus là pour cimenter “le gouvernement des jupons”. Emeyrinna s’est en effet ralliée au parti de son époux Erwindal de Colstone ; quant à Zellina, elle ne se relève pas du deuil de sa famille assassinée. De son côté, Leyliana de Chanteveille a épousé le riche Olvar Malkney auquel elle a apporté le titre de Chanteveille ; ce mariage d’amour puis ses maternités successives l’ont éloignée de la Cour pour laquelle elle n’éprouve plus guère d’intérêt. Elle accueille sa mère Emeretta de Chanteveille, veuve de Namrodd, brisée par le deuil et à qui la politique est devenue insupportable de ce qu’elle est sûre que son époux s’est tué au travail. Quant à Dandria Naëmbolt, soeur de l’empereur, elle est tombée amoureuse du jeune John-Daniel Arveïn avec lequel elle ne pense qu’à folâtrer sur les belles plages du Gaïko, à l’autre bout du pays.

Au cours du même hiver 5167, des révoltes éclatent en Zevjapuhr. Elles sont principalement motivées par des questions fiscales : les marchands zevjans ont, plutôt à juste titre, l’impression que leur cité est pressurée afin de renflouer les caisses de l’Etat, alors que les autres provinces et particulièrement celles des variks bénéficient de régimes au contraire favorables. Cette injustice cristallise le mécontentement : dès l’été, des chansons populaires évoquent les rapaces impériaux tandis que des caricatures dessinées sur les murs montrent un monarque bedonnant et moustachu (ce qui ne correspond en rien au physique de Nirag) écrasant sous son poids les citoyens de la ville. A l’automne, plusieurs compagnies financières ont commencé de transférer leurs intérêts à Tangrune, Kalbrand ou Iax, tandis que la Guarda Maritima estime que les activités de contrebande navale ont doublé en moins d’un an.

Le mouvement de révolte est déclenché par la découverte publique, le 5 Sagittario, des Percepteurs, oeuvre de Marino Goessu, qui reçoit un accueil triomphal à l’exposition d’hiver de l’Academia. 

Les Percepteurs, Marino Goessu, 5165, Acadamia da Zevjapuhr

La foule comme les invités de marque y voient la dénonciation picturale d’une administration détestée. Des murmures approbateurs deviennent des conversations exprimant la rogne générale puis des cris se font entendre et, sans qu’on sache très bien comment et par qui, jaillissent des appels exaspérés à la révolte. La foule quitte l’Academia pour la Légacie 3 qu’elle envahit par surprise en s’emparant du vice-roi Sleimani Confior dal Dostoro qui passe un sale moment mais évite le pire grâce à la présence d’esprit de ses gardes qui décident de l’arrêter pour en réalité le mettre en sécurité dans les geôles du palais. Les grands bourgeois sont allés alerter leurs milices privées qui s’emparent des postes de garde des murailles de la ville et du Palazzo Nero (palais de justice et prison). Sur le port, des marins s’en prennent à l’infanterie de marine de la XVe légion. Au petit matin du 6 Sagittario, la ville s’est enflammée comme une traînée de naphte. Tout ce qui est impérial est appréhendé, molesté, parfois même massacré, aux cris de Liberté, Indépendance, République. La garnison impériale et la moitié de la XVe légion, soit guère plus de 2000 hommes, sont pris par surprise dans le piège d’une cité de plus de 120.000 âmes. La république est proclamée à la Légacie le soir-même sous les vivats.

La réaction du gouvernement impérial ne se fait pas attendre et les Ie, Ve, VIe et XIVe légions prennent aussitôt la route de Zevapuhr. C’est l’instant choisi par Karloskar de Marn pour entrer en scène.

Emplacements usuels de garnison des actuelles légions de l’Empire (cliquer sur la carte pour l’agrandir)

Comme il l’avait prévu, les Ie, Ve et XIVe légions ont pris leurs campements à Djebaïr, à 50 kilomètres au nord de Zevjapuhr, où se sont ralliés les restes de la XVe. Elles font ensuite mouvement vers la ville pour en entreprendre le siège. La VIe, en marche, les renforcera dans quatre jours.

Le 25 Sagittario 5167, le chevalier Othin-Bernold Brux, hérault plénipotentiaire envoyé par le Roi de Marn, se présente à l’audience spéciale que lui accorde sa Majesté Impériale dans sa grand’salle du trône pour lui déclarer que son maître revendique le Wiestmark et le Tangruner et sollicite de connaître la position de sa Majesté à ce sujet. Puis, il expose la situation.

Les choses sont simples. L’empire n’a pas les moyens de se battre à la fois face à Marn et à Zevjapuhr. Il lui faut au moins quatre légions pour vaincre sur chacun de ces fronts, soit huit au total, plus une neuvième en réserve. Sur le papier, il les a : aux cinq déjà en opération s’ajoutent la IIIe, en Tangruner, la IIe qui peut intervenir en deux jours face à Marn, et les IV et XIIIes qui sont relativement proches. Mais Karloskar de Marn est prêt à envahir le Wiestmark dès demain matin : l’Empire n’aura pas le temps d’intervenir à temps pour l’en empêcher. Dans l’intervalle, le Naëmbolt devra choisir. Se porter sur Zevjapuhr, où il suffit de mettre le siège et d’attendre, ou sur Marn qui, elle, se battra pour conserver le Tangruner et le Wiestmark. Or Marn a un traité avec la Confédération qui est d’accord pour la financer aussi longtemps qu’il le faudra. L’Okhpuhr s’est rangé à ses côtés et harcèlera les arrières impériaux depuis son désert. Le Wejlar, le Vizan et même l’Evriand, pays pourtant traditionnellement hostile aux marners, ont promis une neutralité favorable. Enfin, la République d’Avros s’est engagée à ravitailler Zevjapuhr par la mer : le siège de la cité aux trois enceintes risque de durer pas mal de temps. L’Empereur a jusqu’au lendemain matin pour faire connaître sa position. A demain midi, Marn entrera en Wiestmark.

L’impératrice douairière Gerdreynna accuse d’autant plus le coup qu’elle est fille d’un roi de Marn et tante au deuxième degré de l’actuel. Toute l’assistance se met à parler en même temps de toutes les hypothèses possibles. Pour tenter de ramener le calme, Nirag demande d’un voix fluette la réunion du Grand Conseil, c’est à dire une trentaine de personnes, dans cette même grand’salle que l’ambassadeur de Karloskar vient de quitter. Personne n’y prête attention avant que Geyrdrenna entende son fils et décide de lui donner raison.
Le calme revenu dans la grand’salle, elle donne en premier la parole au chef d’état major Tar-Lion de Goldhelm.
Celui-ci expose que l’armée impériale demeure la meilleure au monde. S’il n’y a plus de Corowen d’Agle, d’Ussev Dil, d’Olmor Caventür, ces grands généraux qui l’ont portée au pinacle de Bucklry, le Maréchal impérial Gédéor de Tarrend, elle dispose d’excellents commandants à commercer par les Paladins Lords Zareth, Alastair Curvenol ou Havre Penter. L’armée impériale est en état d’agir et sait comment le faire. Le général de Tarrend a en tête l’intégralité des données militaires de l’Empire ; il est comme ces joueurs d’échecs qui n’ont pas besoin de plateau ni de pièces pour se représenter une partie. Il a immédiatement conçu un plan contrecarrant les menaces de l’ambassadeur Brux. Il explique que deux des trois légions qui se dirigent vers Zevjapuhr passeront en Tangruner, où se trouve déjà la IIIe. Cette masse empêchera certainement Marn de s’approprier le Tangruner qu’elle occupera et ira ensuite prendre position au sud du Wiestmark, formant une armée du sud. Les II et IVe légions prendront position le long de l’Undine pour bloquer Marn à l’est, formant une armée de l’Undine. Pendant ce temps, les VII, VIII et XIIe légions seront appelées depuis l’orient pour se concentrer à Nederia où elles formeront l’armée d’attaque du Wiestmark, éventuellement renforcée de l’ost impérial. L’Empire pourra alors attaquer à quatre contre un sur deux fronts différents : les marners n’ont aucune chance de s’en sortir. Tarrend estime qu’il peut être prêt en moins de deux mois, malgré hiver, d’ailleurs au moins ne détruira-t-on ainsi pas les récoltes. 

Mais cela signifie non plus une opération de police intérieure consistant en la répression de la révolte zevjane mais une guerre ouverte contre Marn, jusqu’alors ami traditionnel de l’Empire.
Cela signifie aussi payer l’ost si les opérations durent longtemps et le salaire de légions en campagne et non plus en garnison, alors que les caisses sont vides et que les revenus tirés de Zevjapuhr ne rentrent plus ; il faudra donc augmenter les impôts et donc heurter un Parlement qui est le principal soutien de la Couronne.
Cela signifie encore compter sur l’ost impérial, c’est à dire les nobles, les bourgeois et le peuple, pour à la fois renforcer l’armée et maintenir la sécurité dans le pendant que les légions combattent aux frontières.
Or les nobles ne veulent pas la guerre ce que le duc Mishal V d’Arwen, le roi Tellered d’Eriendel, et l’archiduc Baldur d’Oakfen font rapidement comprendre. Ils estiment que le territoire impérial n’est pas attaqué car l’outre-Undine n’est pas terre d’Empire. Par conséquent, selon eux, le serment d’allégeance et d’assistance n’a pas à s’appliquer et l’ost, si on le réunit, devra rester à l’intérieure des frontières de l’Empire.
Mais surtout, en réalité, le gouvernement lui non plus ne veut pas la guerre. Les impératrices et princesses qui le composent ne sont pas des militaires mais des diplomates : elles procèdent par mariages, influences, alliances, voire par coups de main limités Lorsqu’Eymerina de Colstone affirme que la seule sortie honorable consiste à renouer une alliance avec Marn, elle dit exactement ce que  sa soeur Zellina de Stonebraü et l’impératrice Geyrdrenna ont envie d’entendre.
Enfin, le Parlement ne voudra pas de la guerre à la fois parce qu’il anticipe une pression fiscale accrue et parce qu’il redoute que la Couronne, dont les armées seront engagées dans un conflit extérieur, ne laisse le champ libre aux féodaux.

A l’inverse, Larraka, Tar-Lion de Goldhelm, Berenal de Terrel de Sablern et Edohar Satansdoom d’Agle plaident pour la guerre. Goldhelm et Satansdoom la croient est gagnable assez rapidement, même sans l’ost, ajoutant que ses coûts finaux seront supportés par Zevjapuhr. Berenal de Terrel, qui ambitionne d’étendre ses domaines en pays zevjan, estime qu’il faut châtier les rebelles de façon à montrer au monde que Zevjapuhr est à jamais partie intégrante de l’empire. Enfin, Larraka pense que Karloskar bluffe et qu’il ne pourra sinon soutenir un conflit dans la durée. Il précise qu’au pire des cas, les farxlans, les thûzz et d’autres sont disposés à prêter au Trésor Impérial et que la dette est un problème secondaire.

Il revient au souverain de trancher. C’est son devoir et c’est son métier. Or il a confiance en Larraka. Il voit sa mère ébranlée. Il est choqué par ce qu’il prend pour une trahison de Karloskar et une rébellion de Zevjapuhr. ll fait convoquer l’ambassadeur Brux pour le lendemain à la première heure. Avant de se coucher, il confie à son secrétaire Lizzo Durenham que ce sera la guerre.

 

Que s’est-il passé dans la nuit glaciale du 25 au 26 Sagittario 5167 au palais impérial d’Ilnaëmb ? On a vu Eymerina de Colstone et Larraka s’agiter beaucoup cette nuit-là. On a vu Dandria Naëmbolt entrer et sortir plusieurs fois des appartements de son frère. On a vu les seigneurs d’Old-Arwen, Tolember-Arwen, Agle, Johstarre, Oglevern, Colstone, Montaygue et Chalkenmoon tenir de longs conciliabules. Et on a vu peu avant l’aube un mystérieux petit groupe passer dans les couloirs du palais.
Mais peu comprennent que, le matin, Nirag III ne sorte pas de sa chambre pendant que l’ambassadeur Brux attend devant le trône vide que la matinée s’écoule. Même Larraka ne parvient pas à voir l’empereur. A onze heures sonnantes, Othin-Bernold Brux se tourne vers le hérault impérial, Lord Magfareth, pour lui dire qu’il n’aura bientôt plus le temps de prévenir son roi de la décision de l’empereur. Au même moment, l’impératrice douairière Geyrdrenna entre dans la grand’salle et Brux s’incline d’autant plus profondément qu’elle est la tante de son maître.
L’impératrice lui déclare qu’il n’y aura pas de guerre contre Marn à condition qu’on entre en négociations placées sous l’égide du Grand Duc Jernath de Lowenland, qui a proposé des bons offices acceptés par Sa Majesté Impériale. Il n’y en aura pas non plus contre Zevjapuhr car l’empereur ne combat pas son peuple. Zevjapuhr accédera à l’indépendance moyennant un tribut de cent mille besants (2 millions de pièces d’or) et la libération de tous les prisonniers, dont Sleimani Confior dal Dostoro. Le Grand Duc de Lowenland s’est engagé à assurer le respect de ces conditions. 

Aussi bon diplomate soit-il, l’ambassadeur Brux est pris de court et, d’abord, furieux contre le Lowenland. Voilà plus d’un demi-millénaire que ce pays n’existe diplomatiquement pas et c’est ce moment qu’il choisit pour se réveiller ? Puis il comprend que la partie est perdue. En abandonnant Zevjapuhr, l’empire se retrouve militairement en position de force contre Marn, devenu son seul adversaire. Jamais Karloskar ni lui-même n’auraient imaginé que l’Empire se dépouillerait de la perle de Derenworld dans le but de mettre en échec la stratégie marner avec la bénédiction diplomatique du Lowenland. Car, en libérant Zevjapuhr, le Naëmbolt cesse d’avoir le mauvais rôle que Marn va récupérer si elle attaque le Wiestmark, d’autant que l’incorruptible emmerdeur de service apppelé Lowenland l’accusera alors d’avoir rompu les négociations ; dans ce cas il peut dire adieu au soutient de la Confédération, de l’Okhpuhr ou d’Avros. Or Marn n’envahira pas le Wiestmark si c’est au risque que tout l’Empire se jette sur elle seule.
Brux est obligé d’admettre que la politique impériale d’abandon de Zevjapuhr fait échec aux ambitions de son maître Karloskar. Peut-être Geydrenna pense-t-elle que la conservation de Zevjapuhr coûterait prix politique ou financier trop élevé ? A moins qu’elle ne redoute une propagation de la révolte zevjane et préfère se couper un bras pour éviter la gangrène ?  Enfin, c’est son problème. De son côté, Marn ne peut désormais que stopper les plans d’invasion et s’asseoir à la table des négociations avec le Lowenland pour arbitre.

Lequel prend son temps, les elfes n’ayant pas l’habitude de se dépêcher. Les pourparlers durent ainsi près de trois ans avant d’être interrompus en 5170 par l’affaire Maldrock.

 

Maldrock à la conquête du Wiestmark  

Maldrock le Sombre est un ancien compagnon de feu Sigvar de Stonebraü, qu’il a connu à l’époque où il était jeune prince de Iax et célibataire. Son surnom ne vient pas de son caractère mais de sa peau hâlée et de ses cheveux et yeux, renforcés par son habitude de se vêtir de noir ou gris anthracite. De haute taille et de belle mine, ce grand aventurier est aussi un fameux séducteur. Hommes d’armes émérite 4, il sera pourtant congédié par le vice-roi Gurden réinstallé sur le trône du margraviat de Wiestmark après la mort mystérieuse de Sigvar, au motif qu’il aurait été trop proche de ce dernier. Il mène alors plusieurs aventures puis s’en va retrouver en Empire la veuve de son ancien pote et maître dont il assure dans un premier temps la protection physique avant de devenir son amant. Mais Lord Maldrock n’aime guère la cour impériale et réciproquement : aussi le couple s’installe-t-il discrètement dans une assez simple demeure du quartier de Greensboro à Ilnaëmb.
Sous ses allures de guerrier bravache, de séducteur et de bon-vivant, Maldrock est un type très astucieux. De même qu’il a senti qu’il y avait une veuve éplorée à consoler, il devine que pendant qu’on palabre entre Marne et Ilnaëmb, le Wiestmark reste à prendre à qui saura oser. Or ça tombe bien : son amoureuse est justement l’ancienne princesse de Iax, qui plus est de sang Naëmbolt. L’occasion est trop belle pour un aventurier comme lui. Il rassemble quelques compagnons et chevauche avec sa belle jusqu’à Iax. La princesse Zellina se fait annoncer au vice-roi Gurden en entrant dans son château accompagnée de sa garde, c’est à dire de Maldrock et ses amis. Après une chaude demi-heure, tous les officiers de la garnison sont occis ou prisonniers et le vieux Gurden retrouve une nouvelle fois les geôles de son propre castel.

Maldrock est maître de Iax mais il ne s’arrête pas là. Il entreprend immédiatement une tournée particulièrement rapide de tous les nobles de Wiestmark auxquels il se présentant comme le consort de Zellina, l’héritier moral de Sigvar et ainsi seul véritable et légitime seigneur de ces contrées dont il serait grand temps qu’elles soient administrées par un vrai souverain de chez elles. Jouant sur la rivalité traditionnelle entre les variks de Marn et les autres, il n’a guère de peine à convaincre les grands féodaux du pays qu’ils ont mieux à faire qu’attendre passivement de savoir qui du Marner ou du Naëmbolt va les croquer. Par surcroît, de fameux personnages comme le duc Norrin de Maelne ou le roi Zeffan de Wejlar, ex-aventuriers comme lui, sont de ses copains et Zellina est de la famille des Kalberic de Kalbrand : les deux plus grands fiefs de Wiestmark, Kalbrand et Maelne, lui sont acquis d’emblée. Les Vogelhart et les Lymes d’Ayne se rallient rapidement. Les rares qui regimbent sont défiés par Madrock en combat singulier et leurs champions finissent le même jour au cimetière. En moins d’une semaine, tous les grands nobles de Wiestmark ont reconnu la princesse Zellina pour souveraine. Si Nirag ou Karloskar veulent en découdrent, ils trouveront un pays entier contre eux.

Si rapide a été la conquête du Wiestmark que la Ve Légion, censée contrôler le pays, n’est au courant de rien avant de recevoir l’ordre du vice-roi Gurden de repasser l’Undine pour rentrer chez elle. Cet ordre est bien sûr un faux forgé sur commande de Maldrock mais l’emploi des sceaux, cires, et parchemins authentiques du château du vice-roi rendent indécelables la contrefaçon. En outre, officiers et soldats de la Vème sont ravis de retrouver leurs quartiers et  leurs femmes et enfants.
Un autre faux, d’apparence tout aussi authentique, déclare l’abdication de Gurden de ses fonctions de vice-roi et la délégation de celles-ci au seigneur Maldrock placé sous l’autorité de la princesse Zellina Naëmbolt de Stonebraü. Il est copié en des dizaines d’exemplaires dûment expédiés dans tout le pays.

La nouvelle d’un coup d’état en Wiestmark parvient à Ilnaëmb au moment où Zellina se présente benoîtement au palais impérial de l’Ailendil tandis qu’à Locanhom ambassadeurs lowenlanders, marners et impériaux continuent de discuter de l’avenir du pays qu’elle vient d’accaparer. Zellina ne s’occupe pas un instant de Nirag III et se rend directement dans les appartements de Geyrdrenna pour lui expliquer seule à seule sa façon de voir les choses.
Elle est désormais maîtresse du Wiestmark, avec deux possibilités d’alliance : Marn ou l’Empire. Par fidélité familiale, elle préfère évidemment la seconde. Elle propose donc que l’empire reconnaisse Maldrock et elle en tant que Princes (Herzogs) souverains de Wiestmark en échange d’une alliance totale : défensive, offensive, diplomatique et économique. Et en échange aussi d’une évacuation du Tangruner par la IIIe légion qui s’y trouve actuellement stationnée afin que cette riche contrée puisse pacifiquement réintégrer un Wiestmark auquel elle appartient de toute évidence. Cette option comblerait ses vœux mais Nirag – c’est à dire Geyrdrenna – en décidera bien sûr.
Sinon, ben, elle ira voir Karloskar. Elle n’ignore pas qu’elle devra lui accorder des concessions, peut-être même la moitié du Wiestmark, pour qu’il l’aide à récupérer le Tangruner. Mais un grand Varikland appuyé sur trois piliers : Marn, Iax et Tangrune, sera alors constitué de gré ou de force si l’empire s’y oppose. Et dans ce dernier cas, nul doute que ce Varikland pourrait compter sur les sympathies de la Confédération et même de l’Evriand voire du Lowenland, autant de pays qui n’ont aucune envie de voir l’empire arriver à leurs portes. Est-ce une bonne politique que d’unifier l’ouest du continent contre soi ?

L’impératrice douairière Geyrdrenna, vers 5160.

Geyrdrenna estime qu’elle n’a pas le choix. Elle sait qu’elle a été trahie: par Zevjapuhr, par Marn, et désormais par sa nièce. Mais elle est âgée, n’aime pas la guerre, n’a pas été aimée de son époux ni de son pays et demeure déchirée entre son origine marner et sa condition d’impératrice Naëmbolt. Elle se doutait que les deux cadettes de Namrodd agissaient pour leurs intérêts avant tout mais ne pensait pas ou ne voulait pas penser que l’une ou l’autre irait jusqu’à trahir l’Empire. Surtout, elle se sent lasse. Elle sait que tous ces grands nobles d’Empire: Naù, Eriendel, Arwen et autres Oakfens ne l’aiment guère, ce qu’elle attribue à son origine étrangère. Elle a voulu protéger son fils, son dieu, son bonheur, sa raison, et n’a réussi qu’à en faire un prince vélléitaire et craintif qu’elle devine dépourvu d’à peu près toutes les qualités nécessaires à un bon monarque. Elle cède.

Le 6 gemini 5168 l’empereur Nirag III reconnaît officiellement le seigneur Maldrock prince de Wiestmark, Etat qui inclut le Tangruner, tout en donnant à la IIIe légion instruction d’évacuer ces territoires. Le même jour, le Herzog Madrock signe un traité d’alliance entre le Wiestmark et Marn.

Evidemment, les négociations de Locanhom son ajournées sie die. Brux, qui n’a rien vu venir, est limogé par Karloskar qui refuse de reconnaître le herzog Maldrock et se prépare à lui déclarer la guerre. Le roi de Marn ne veut plus rien avoir à faire non plus avec cet empereur Naëmbolt qui, en moins d’un an, a perdu Zevjapuhhr, le Wiestmark et Tangrune. Quant au Lowenland, passablement vexé par l’impression d’avoir servi de paravent à des machinations, il prévient le Wiestmark, Marn et l’Empire que le premier qui tirera l’épée le trouvera contre lui, ce qui finit par refroidir les ardeurs belliqueuses de Karloskar, exactement comme l’espérait Zellina. 

Avec le recul, il est généralement admis qu’au fond, l’Empire ne faisait pas une si mauvaise affaire.
Diplomatiquement, le roi de Marn en est quitte pour être gros jean comme devant. Tel est pris qui voulait prendre : c’est Karloskar et non Nirag qui se retrouve isolé. Dans les cours et ambassades, on loue la sagesse d’un empereur qui a su éviter une guerre que ses ennemis attendaient pour se fédérer. La reconnaissance de l’auto-détermination de Zevjapuhr et du Wiestmark donne l’image d’un monarque éclairé et respectueux du destin naturels de ses peuples. Cette image détruit la crainte d’un Empire surpuissant qui nourrirait le dessein d’avaler ou de s’imposer au continent tout entier. Des pays comme le Lowenland, le Thûzzland, Dere, ou l’Evriand, commencent alors à considérer le Naëmbolt avec un regard différent. Julius Llewellyn, ambassadeur itinérant d’Avros, considère que même cher payé, c’est un coup de maître. Erowin Daël, Grand Duc de Lowenland, compare le jeune empereur à un « paladin civil ». Ainsi, au contraire de ce qu’on aurait pu penser, Nirag III ne passe pas pour un faible mais pour un sage.

Le fait est que le Wiestmark représentait pour l’Empire une affaire mal emmanchée et maladroitement gérée que l’irruption de Maldrock et Zellina résoud assez opportunément. Elle fournit un nouvel allié outre-Undine d’autant plus solide qu’il dépend de l’Empire pour sa survie et qui se substitue avantageusement à l’alliance marner. L’intronisation de Maldrock a aussi cet avantage que Karloskar de Marn va désormais tourner ses ambitions contre le nouveau Herzog plutôt que Nirag. En outre, une clause secrète du traité de reconnaissance réciproque, négocié par le nouvel ambassadeur extraordinaire Seymour d’Oglevern, oblige le nouvel état à payer à l’Empire un tribut annuel de vingt mille besants (400.000 gp) pendant dix années, montant considérable qui gênera d’ailleurs son développement. 

L’indépendance de Zevjapuhr met fin à des années de tensions autonomistes qu’une répression aurait certainement exaspérées. Zevjapuhr fut wejlane, vizaner, okhpuhranne, et surtout indépendante : elle ne fut jamais impériale. Son annexion mécontentait le Vizan et l’Okhpuhr, elle inquiètait le Lowenland, Avros et les variks : un coût diplomatique exorbitant. En outre, le duc Seymour d’Oglevern obtient brillamment le rachat partiel des marines marchande et de guerre de l’Empire par la République contre cent trente mille besants payables sur vingt ans, remplissant enfin les caisses d’un trésor dégarni par les règnes précédents.

Mais la perte de Zevjapuhr pèse lourdement en termes politiques et surtout stratégiques, l’Empire voyant disparaître son accès aux mers méridionales et son contrôle sur l’une des seules marines du monde capables de naviguer en haute mer. Bien des sujets et vassaux de Nirag III y voient un désastre diplomatique, un « Bucklry à l’envers », une lâche capitulation face à une situation que la meilleure armée du monde aurait aisément rétablie. L’affaire est d’autant plus douloureuse pour le Naëmbolt qu’à Zevjapuhhr et Tangrune, on triomphe et parade.

Les Variks du sud entretiennent en effet une rivalité ancestrale avec leurs cousins marners du nord dont ils redoutaient de devenir les vassaux si les ambitions de Karloskar de Marn avait été couronnées de succès. Tangrune soutient donc sans réserve le Herzog Maldrock qui s’appuie volontiers sur elle pour fonder sa légitimité. Il s’avère aussi que les habitants du nouveau Wiestmark se montrent fort satisfaits de leur nouvel état, d’autant que la princesse Zellina prend efficacement en main le gouvernement, ayant eu l’intelligence de suivre les conseils du vieux Gurden d’Arnsfeld qu’elle a pris pour conseiller et qui connaît bien les rouages de l’Etat et n’est pas rancunier.

C’est surtout Zevjapuhr qui avive l’amertume impériale. L’ex-vice-roi Sleimani Confior dal Dostoro a été libéré dans le cadre du traité conclu avec l’Empire et a choisi, comme Gurden d’Arnsfeld, de rester sur place ; toutefois, dans son cas, ce n’est pas pour servir quelque ancien ou nouveau souverain mais lui-même. Alors que la ville est en proie à de multiples troubles issus des luttes entre grandes familles marchandes ou propriétaires terriens, outre diverses factions moins avouables, dal Dostoro réussit à passer pour un homme de consensus ayant l’expérience du pouvoir et proche du petit peuple. Il obtient de la Légacie que des élections au suffrage universel complet, femmes incluses, soient organisées pour nommer le Bey (gouverneur de l’Etat) pour douze ans, la Légacie continuant à être traditionnellement élue au suffrage censitaire masculin tous les quatre ans. C’est lui qui négocie avec Oglevern un traité garantissant la paix dont la conclusion, obtenue le 5 Leo 5168, lui vaut un triomphe électoral le 15 du même mois. L’Empire va désormais devoir traiter avec son ex-serviteur devenu l’équivalent d’un souverain démocratiquement élu d’une des principales puissances économiques qui est aussi la première puissance culturelle du monde. Dal Dostoro se montrera pourtant un excellent partenaire de l’Empire mais le fait même qu’il exerce ses fonctions reste humiliant pour la Couronne Naëmbolt.

Ainsi, à l’inverse de la considération qu’il reçoit à l’étranger, la perte de prestige de Nirag III au plan intérieur devient vite abyssale. Tout l’Empire semble s’exciter à plaisir contre sa politique : nobles, guides et parlements, bourgeois, paysans, militaires, tous rejettent ce qu’ils assimilent à une reddition sans combat et à un abandon en rase campagne de joyaux de la couronne. Chacun déplore que la riche Zevjapuhr, l’opulent Tangruner, le puissant Wiestmark, réels ou fantasmés, ne soient plus partie du grand empire des humains, ni sources de profitables commerces. L’opinion la plus répandue attribue la perte du Wiestmark à une cabale du parti varik ayant placé l’un des siens, la princesse Zellina, sur un trône renforcé du Tangruner, l’abandon de Zevjapuhr ayant évidemment servi de monnaie d’échange dans l’opération ; et peu importe qu’on ne voie pas très bien le rapport.

De son côté, l’impératrice douairière Geyrdrenna est outrée par ce pays qui ne voulait pas la guerre quelques mois plus tôt et lui reproche maintenant de ne pas l’avoir déclarée. Son ressentiment est si vif qu’il l’enferme dans un complet refus d’expliquer sa politique, ce qui bloque tout dialogue entre la Couronne et l’Etat.
Toute sa vie, elle n’aurait voulu être que l’épouse dévouée d’un Kermegg II qui aurait été un souverain débonnaire, soucieux de ses enfants et bienveillant envers Marn. Ce ne fut pas le cas. Alors elle a régné sur la cour d’Ilnaëmb tout en s’efforçant, plutôt seule, d’élever et protéger son fils Nirag et sa fille Dandria, celle-ci un peu moins car délivrée du poids de la couronne à venir.
Lors de l’accession de Nirag au trône, elle a cru pouvoir s’appuyer sur son beau-frère, Namrodd Naëmbolt de Chanteveille, qui la traitait avec considération à la fois par habileté et par authentique respect. Après sa mort, elle a continué de protéger et aider son empereur de fils, ce qui l’a conduite à se retrouver quasiment seule à la tête du plus puissant pays du monde. Elle a évité la guerre, contrecarré Marn, allégé l’Empire du fardeau diplomatique de Zevjapuhr, réglé la question varik en faisant un puissant allé du Wiestmark – Tangruner, renfloué les caisses de l’Etat et tout le monde la déteste.
Les rebuffades de son défunt époux et par les difficultés d’un Etat qu’elle peine à gouverner l’ont vieillie. Elle n’a que soixante ans mais en paraît vingt de plus, pas seulement physiquement. Plus elle se sent injustement traitée, plus elle s’enferme dans l’isolement et l’amertume, ce qui l’empêche de comprendre que la personne du monarque est autant visée que le “gouvernement de froussardes en jupons” auquel il n’a pas su s’imposer. Elle ne voit pas que son fils Nirag III n’a plus dix mais vingt-quatre ans : soit il est capable de gouverner et il faut désormais qu’il le montre, soit il ne l’est pas et il faut le destituer. La question de la légitimité même de l’empereur est posée.

[metaslider id= »6080″]L’ouest de l’Empire en 5165 puis en 5168

C’est précisément ce qu’Eymerina de Colstone vient lui expliquer dans les étroits jardins du Palais par une belle nuit d’été tiède, le 5 Virgo 5168. Sinon, prédit-elle, la révolte va gronder. Tout ce que l’Empire compte de nobles et de puissants s’est détourné de la Cour et de l’Empereur. Au Parlement, on évoque ouvertement des traîtres qui entourent le monarque, ce qui signifie l’impératrice douairière. Les guildes et les villes demandent à quoi servent les impôts payés pour l’entretien des légions. Eymerina révèle même à sa tante qu’une conspiration viserait à renverser l’empereur pour mettre à sa place son propre époux, Erwindal de Colstone. Mais Erwindal, bien qu’aussi légitime au trône que Nirag III, ne mange pas de ce pain-là. Colstone est fidèle à l’Etat et à l’Empereur. Eymerinna et lui contrôlent la situation, pour le moment.
Devant une Geydrenna atterrée, Eymerinna énumère les maisons prêtes à destituer son fils, dont les noms tombent comme autant de coups : Terrel, Johstarre, Old-Arwen, Chalkenmoon, Oglevern, Oakfen, Keshamar. Quatre d’entre eux sont déjà là, à Ilnaëmb, dans l’Ailendil, dans le palais en ce moment même, prêts à agir. Naù, Agle, Arwen et Tolember-Arwen s’interrogent encore. Evidemment, le choix de Colstone ferait basculer les derniers hésitants. Mais c’est justement ce qu’elle, Eymerinna, cherche à éviter.
Geydrenna est décidément trop vieille : elle ne décèle pas le bluff. Elle ne mesure pas combien l’appareil d’Etat hérité de Kermegg II combinée à la puissance des institutions parlementaires, corporatives, administratives, militaires ou même religieuses assure la cohésion de l’Empire en interdisant aux nobles une révolte ouverte. Surtout, il y a loin de l’offuscation et même de la détestation à la révolte armée contre son souverain. Oakfen, ce grand pilier de la couronne qu’elle connaît depuis des décennies, Naù ou Arwen qu’elle a vu naître et grandir, prêts à à la rébellion armée contre elle ?  Elle ne réalise pas non plus que l’énumération faite par sa nièce laisse de côté Goldhelm, Dwarvenstone, Eaglehunt, Bergmale, Montaygue, Satansdoom d’Agle, Arveïn, sans compter l’Eriendel, les Naugs, la fidélité des Paladins, de Larraka, des légions, soit bien assez de monde auquel s’adosser. Et elle est aussi trop fatiguée et trop habituée à la solitude pour demander à Larraka, Dandria, et surtout à Nirag, le principal intéressé, ce qu’ils en pensent. Mais elle voit quand même qu’Eymerinna lui refait le même coup que sa soeur Zellina quelques années plus tôt et que celle-ci cherche l’Empire quand celle-la n’espérait que le Wiestmark. Et il lui reste assez de jugeote pour comprendre qu’Eymerina ne lui raconte tout cela que parce qu’elle veut quelque chose que seule l’impératrice Naëmbolt peut lui accorder. Même en se croyant trahie par tous et toutes, Geyrdrenna sait qu’elle a encore cette carte en main et elle va la monnayer. Dans cette nuit d’été où s’étend le parfum des rosiers du palais, les deux femmes décident ainsi du règne de Nirag III.

Le 7 Virgo 5168, l’empereur convoque une audience solennelle en son palais pour désigner son Ministre d’Empire, nouveau titre qui échoit à Erwindal de Colstone et équivaut à chef du gouvernement. Cette nomination consacre le grand retour de la haute noblesse aux affaires. Aernol Chalkenmoon est Connétable, Adorn de Colstone Grand Amiral, Horendil d’Old-Arwen Maréchal, Baldur d’Oakfen Haut Juge Impérial, Eymerinna de Colstone Grand Diplomate, Seymour d’Oglevern Haut Trésorier, Waldmar d’Orandreth-Colstone Grand Sénéchal, Irwin de Johstarre Ministre-Conseiller spécial. Ce qu’il restait de vieux serviteurs roturiers ou nobliaux de second rang à la tête de l’Etat seront vite écartés ou fermement invités à jouir d’une retraite bien méritée.
A cette audience, l’Impératrice Geyrdrenna est absente et elle le restera désormais. Elle a obtenu, en échange d’une retraite dans ses appartements, de conserver la haute main sur l’empereur, hormis pour l’exercice de ses fonctions officielles qui seront réduites autant que possible. Elle a également obtenu que le Prince Tar-Lion de Goldhelm soit chargé du Domaine de la Maison Impériale, dont dépend son sort matériel, et que le duc Mishal d’Arwen soit nommé à la Questure Impériale, prenant ainsi le contrôle de l’appareil des administrations locales.
Pour le reste, Erwindal de Colstone a le champ libre. Il proclame fièrement au Grand Conseil la résurgence d’un état véritablement impérial, le retour à la primauté d’une union féodale entre le peuple et ses guides et protecteurs naturels que sont les nobles, le rétablissement des prérogatives seigneuriales afin de rétablir l’Empire dans sa grandeur : bref, la déconstruction de l’édifice façonné par Kermegg II. Et se met aussitôt au travail, investissant le palais où s’agite la cour de tous ce que l’empire compte de grands et petits féodaux aussi ravis les uns que les autres. 

Mais le Ministre Erwindal entre aussi et quasi-immédiatement en conflit avec le Trésorier Seymour d’Oglevern qui refuse de desserrer les cordons de la bourse impériale pour financer les rêveries colstoniennes, outre un Parlement qui s’inquiète des conséquences fiscales d’un retour à l’ordre seigneurial.
La lutte entre Colstone et Oglevern va durer quinze ans.

Colstone et Oglevern

Prince Erwindal V de Colstone (à gauche), duc Seymour IV d’Oglevern (à droite)
(coll. de leurs maisons respectives)

Ce sont deux très grands seigneurs.
L’antique maison de Colstone conserve une forte revendication sur la Couronne en ce que descendante de l’empereur Cyne, grand rival Nirag Ier qui le vainquit pour fonder la IIIe dynastie Naëmbolt. Cette prééminence a pour premier symbole le titre de prince 5, que le chef de la maison de Colstone a droit de porter suivant l’une des deux dérogations faites par Nirag Ier à la règle qui réserve ce titre aux descendants de la famille régnante***. Cette revendication la distingue aussi de sa branche cadette ayant pris le titre de la ville et province d’Orandreth, l’ancienne capitale impériale, qui lui fut confiée par Irwin IV, les relations entre les deux branches étant par ailleurs de tout temps excellentes. 
L’établissement à l’est de l’Empire de la maison de Colstone a pour origine la conquête en 4471 par Coron III de l’ancien royaume d’Eriendel, qu’il réduit et vassalise. Deux siècles auparavant, à l’époque de son extension maximale, ce royaume, qui faisait alors partie de la ligue initiée par la République d’Avros sous le nom Avrossian Bond, était approximativement trois fois plus étendu que son territoire actuel. Il comprenait notamment le sud de l’actuel Arkandahr et ce qui constitue aujourd’hui la plus grande partie des terres de Colstone. En 4525, Eliazer de Colstone, fils d’Atanath de Colstone qui fut l’un des capitaines et compagnons de Coron III, reçoit de l’empereur Valerus II les terres démembrées de l’Eriendel qui vont constituer son fief. La détestation initiale qui en résulte entre les maisons d’Eriendel et de Colstone va disparaître sous les coups d’ennemis communs : Hornst, ses Héritiers, la All Wizard’s War, la Great Evil Coalition, les deux maisons se trouvant chaque fois combattre et subir côte à côte. Cette alliance de fait sera doublée de nombreuses alliances matrimoniales entre les deux familles ainsi devenues très proches à compter du LIe siècle.
Souvent appelée le Sceptre d’Or en référence à l’artifact devenu symbole qui la caractérise, la maison de Colstone possède d’immenses étendues dans l’est de l’Empire, qu’elle administre dans un féodalisme strict, incluant parfois le servage, prompt à repousser tout immixtion de l’administration centrale. Mais la main de fer qui tient le sceptre d’or sait enfiler un gant de velours pour caresser ses voisins. Elle est très bien considérée par les rois d’Eriendel et d’Ariandor, les druides du Lyrwood, les Naïgakis du nord (ou Koro-Gaïko : régions d’Orfajaz et de la basse vallée de la Nevaïn) qui tous entretiennent d’excellentes relations notamment commerciales avec elle. Colstone n’hésite d’ailleurs pas à leur fournir en cas de besoin une aide militaire d’autant plus appréciée que ses vassaux et gens d’armes ont la réputation de former la première armée privée du monde.
Le Sceptre d’Or doit sa fortune économique non seulement à ses vastes domaines agricoles mais à son expertise dans les affaires maritimes, étant depuis longtemps le premier armateur de l’Empire. Le commerce sur les mers orientales achève ainsi de faire de cette maison l’une des plus puissantes de l’Empire.
On dit souvent des Colstone qu’ils ressemblent à leur devise (‘“Ex Saxo Aedifico” : je construits en pierre) comme à leur patronyme : froids, durs, parfois brutaux ou cyniques, toujours déterminés, mais aussi assez entiers et fidèles. Il est ardu d’obtenir la parole d’un Colstone, mais c’est ensuite une valeur généralement sûre.
Erwindal de Colstone est l’archétype de sa famille. Il a patiemment attendu et construit son ascension en profitant des erreurs de la branche aînée des Naëmbolts et des « jupons » qui l’entouraient. Ses agents autant que lui-même ont exposé à qui voulait l’entendre le scandale des pertes de Zevjapuhr et du Wiestmark ; ils ont sans relâche attisé les rumeurs d’incompétence ou de trahison, resservi maintes fois la complainte du déclin de l’Etat. Mais la maison de Colstone a juré fidélité à celle de Naù : Erwindal ne cherche donc pas la couronne, mais le pouvoir. Une fois celui-ci obtenu, il affaiblira le gouvernement pour renforcer le rôle des grands nobles dans les affaires de l’Empire ; la plupart n’attendent que cela et il est l’un le plus puissant d’entre eux : il deviendra alors le maître de fait.

La Maison d’Oglevern est inséparable de son grand homme Maudwaith d’Oglevern dit le Splendide, cinquième enfant de l’empereur Irwin IX. Avant de s’égarer dans le conflit entre descendants de son père où il perdra la vie, Maudwaith fut un seigneur magnifique doublé d’un authentique entrepreneur. Son fief, situé sur la rive de l’Undine, correspond à la partie centrale de la province d’Undinielle et comporte des terres parmi les plus fertiles du pays, bien irriguées et enrichies par les sédiments fluviaux, jouissant d’un climat tempéré.
Dès son enfance, Maudwaith s’intéressa à ce fief et surtout à l’agriculture jusque dans ses plus petits détails, vivant auprès de hobbits et de paysans mais faisant aussi venir des savants de Zevjapuhr ou d’Evriand pour lui enseigner ce qu’il n’apprenait pas par lui-même. A quinze ans, il savait sélectionner les meilleures semences, pousses, cépages. A dix-sept ans, les techniques de rendements agricoles n’avaient plus de secrets pour lui. Se comportant davantage en entrepreneur qu’en seigneur, il résolut d’emprunter afin de financer l’acquisition de matériels destinés à l’édification de routes et de places de commerce de façon à réaliser un maillage de villages et de petits ports équipés pour le commerce fluvial. Maudwaith s’efforça toujours d’éviter le développement d’importants centres urbains, visant au contraire au développement équilibré et harmonieux des différents lieux de peuplement de son fief. Le recours à l’emprunt l’amena à s’intéresser à la finance et comme il connaissait comme personne les denrées agricoles, il en vint à spéculer sur les marchés afin de rembourser ses dettes puis de gagner beaucoup d’argent.
Cependant l’investisseur fut aussi un grand dépensier. Rien n’était trop beau pour le duché d’Oglevern : ici un silo, là de nouvelles charrues, ici des irrigations, là des drainages, de nouvelles plantations, une scierie à installer, une écluse à construire… Il ne souffrait pas la pauvreté sur ses terres : quiconque se trouvait malheureux ou en détresse pouvait aller demander au Splendide une audience dont il ressortirait avec des piécettes, un travail, un toit, un avenir. Lui-même s’habillait de vêtements magnifiques et collectionnait peintures, sculptures, tapisseries dont il passait souvent commande. Des bardes, des poètes, des enlumineurs et toutes sortes d’artistes se rendaient à sa cour pour célébrer sa magnificence et bénéficier de sa prodigalité. Il venait d’accepter les plans d’un palais doté de vastes jardins en grande partie potagers et de jeux d’eau qu’il seraient les plus beaux du monde lorsque la guerre civile l’emmena dans son tourbillon.
Ses descendants furent moins somptuaires lorsqu’ils s’aperçurent que le Splendide avait tout englouti de sa fortune dans ses projets militaires et artistiques, ne leur laissant que des dettes. Cependant l’aura et la munificence de Maudwaith d’Oglevern marqua sa génération et surtout sa maison pour toujours. Leur devise énonce : « Porte haut porte beau » à quoi s’efforce tout membre de cette maison.
Mais il s’agit de porter une puissance économique ou culturelle bien plus que militaire. Etre affable, spirituel, élégant, avoir de l’argent, le montrer et en faire usage, voilà qui est Oglevern: tout le contraire de fendre la tête d’une ennemi d’un coup de hache.
Seymour IV d’Oglevern s’est toutefois démarqué de la tendance ostentatoire de sa famille, pour s’inspirer davantage de la jeunesse de Maudwaith. Il a le goût du travail, de la négociation, de l’économie, tout en se méfiant énormément des investissements dispendieux ou incertains. Moins ostentatoire que la plupart des Oglevern, il a un sens aigu de l’opportunité, du réalisme, voire de l’intrigue, ce qui en fait un très redoutable adversaire autant qu’un excellent administrateur.

Les deux se sont alliés contre le parti varik avec l’objectif du pouvoir en ligne de mire. Mais alors que Seymour d’Oglevern passait son temps à négocier à l’étranger dans l’idée d’en revenir avec l’aura d’un sauveur diplomatique du régime, Erwindal de Colstone achevait de s’assurer le soutien d’une puissante coterie de grands féodaux pour déclencher avec son épouse une petite révolution de palais mûrie de longue date.

Seymour sait qu’Erwindal de Colstone tient le pouvoir d’un accord avec Nirag III et qu’il n’est de taille ni à lutter contre ce pouvoir ni à défaire cet accord. Il va donc tirer sur toutes les cordes à sa portée pour renforcer son influence sur le mode « je sais que nous n’avons pas toujours été d’accord mais », « je sais que nous ne sommes pas du même bord mais », « je sais que vous devez énormément à Colstone mais » ; bref, en usant de ces phrases où ce qui précède le mot « mais » est dépourvu de toute importance. Le Paladinat d’Empire, Larraka, Geyrdrenna, les différents partis du Parlement, les clergés qui comptent, les têtes de l’administration d’Etat, les guides de commerce, les corporations d’artisans, les chefs militaires, les grands magistrats, prévôts, questeurs, députés des villes, les représentants des différentes races, les ambassadeurs étrangers, les courtisans occasionnels ou professionnels et, bien sûr, ses collègues du gouvernement, les nobles de premier rang comme lui-même, les descendants du sang Naëmbolt comme lui-même, tous les seigneurs dont la prospérité est, comme la sienne, fondée sur le commerce, seront ainsi démarchés par le duc. Oglevern tient table ouverte en son hôtel d’Ilnaëmb et distribue les invitations à des bals, jeux, ou spectacles qu’il organise chaque semaine et  où troubadours et comédiens s’appliquent à brocarder ces princes hautains qui les gouvernent. Ces événements sont autant d’occasions de découvrir des sympathies mutuelles ou des intérêts convergents et de prévoir quelques conversations privées où l’on discutera de la gouvernance de l’Etat en se souvenant du grand Kermegg II.
La dispendieuse stratégie d’Oglevern va payer. Petit à petit s’additionnent tel parlementaire, tel administrateur, tel juge, tel noble qui lui prêtent une oreille attentive. Il apparaît assez paradoxal qu’un grand noble incarnant à peu près tout ce qu’un Kermegg II aurait détesté : la féodalité, l’opulence, l’intrigue, le beau-parler et même la résistance à la volonté impériale, réussisse à passer pour le sauveur de son appareil d’Etat, mais le fait est.
Après quelques mois à travailler les esprits, le duc d’Oglevern peut s’appuyer sur cet appareil et sur un Parlement persuadé que le prince de Colstone cherche à anéantir ses prérogatives. Le bon duc Seymour apparaît au contraire comme un ministre soucieux que la manne procurée par les traités qu’il a conclus aille à l’Etat plutôt que dans la poche des nobles. Cette réputation lui rallie un ensemble hétéroclite uni par la propagation d’inquiétudes communes.
Ce qui va lui permettre de paralyser dans les faits l’action du Ministre de la Couronne.

En opposition à l’action d’un Namrodd Ier ou d’un Irwin VI, Erwindal de Colstone prône un retour aux sources féodales et à la décentralisation des pouvoirs.
Alors que depuis la Seconde Période Irwingienne, le renforcement du pouvoir central est considéré comme le moyen primordial d’assurer la continuité de l’Etat, il y voit au contraire la source de ses maux. Erwindal tient que les défaites de l’Empire proviennent de l’affaiblissement de sa noblesse qui seule aurait pu s’opposer aux grands cataclysmes des derniers siècles. Il en veut pour preuve que ce sont des initiatives locales et non quelque politique centralisée qui ont permis la victoire finale contre la Great Evil Coalition. Il soutient aussi que le désastre de l’invasion thûzz provient de l’aveuglement du pouvoir central et que des nobles locaux comme Dwarvenstone ou Chalkenmoon auraient certainement pu désamorcer le conflit si on leur en avait laissé la possibilité.
Il ne nie pas l’efficacité de l’administration centrale ni l’utilité des libertés accordées aux sujets et corps constitués de l’Empire. Mais il considère que la cohésion nationale n’est qu’une conséquence de la cohésion locale, que les droits et devoirs de chacun ont pour source fondamentale et première le lien féodal garanti par le seigneur, et qu’ainsi la propriété et la sécurité forment le véritable socle de tout Etat du genre humain. Tel est le substrat de ce qu’on appelle la doctrine de Colstone, que le prince Erwindal se propose de mettre en oeuvre sous le règne de Nirag III, grâce à la faiblesse de ce dernier.
Colstone veut toutefois un pouvoir central fort parce qu’il doit au préalable soumettre les autres composantes de l’Etat afin de pouvoir diriger uniment l’Empire vers une nouvelle phase d’expansion. Son modèle est Cyrus II et non Kermegg II. Il veut en finir une bonne fois pour toutes avec la Great Anarchy puis dans la foulée annexer ou vassaliser l’Arkandahr et le Bervikelt. Dans un deuxième temps, il se tournera vers l’ouest contre les principaux états humains : Wiestmark, Marn, Zevjapuhr, Okhpuhr et Confédération, pour les adjoindre à l’Empire afin de former un Etat-continent qui imposera au monde la suprématie du règne des humains. Il ne croit pas que l’appareil administratif de l’Empire soit suffisamment extensible pour mener à bien un tel projet et sait que les parlements, guides, villes, propriétaires fonciers ou bourgeois citadins, s’y opposeront car focalisés sur leurs intérêts particuliers et immédiats. Il considère donc que seul le gouvernement des nobles, au plan local autant que national, appuyé par une féodalité s’inspirant de l’exemple du grand Wejlar du passé mais rénovée par la conception impériale de l’Etat, peut permettre la réalisation et la pérennisation de ses grands desseins.

A quoi s’oppose fermement Seymour d’Oglevern qui prône pratiquement tout le contraire. Ce pragmatique fait avec ce qu’il a et avec ce qui est. Son objectif est le bien-être concret et immédiat du peuple en général, ce qui commence par l’argent, lequel commence par la confiance dans la sécurité d’un système économique et politique. Seul le pouvoir central peut garantir cette sécurité dans un territoire aussi étendu que l’Empire, seul le pouvoir central peut exercer la souplesse qu’exigent les différences au sein d’un tel pays, seul le pouvoir central peut garantir les investissements et les échanges nécessaires à optimiser des richesses d’un tel pays.
Il multiplie les manœuvres pour lui faire échec en commençant par refuser obstinément tout transfert de fiscalité au profit des nobles. L’argent étant le nerf de la guerre qui n’est elle-même qu’une continuation d’une politique, cette résistance contrarie directement l’action de Colstone.
Après quelques mois de querelles avec son réticent trésorier, Erwindal finit par conclure qu’il faut se débarrasser de lui. Il lui demande donc de démissionner, ce que Seymour refuse, arguant qu’il ne doit son service qu’à l’empereur. Erwindal exige alors sa révocation, adoptée par le Conseil le 16 Leo 5169 à une majorité acquise de justesse : Oglevern et Oakfen ont voté contre, Chalkenmoon s’est abstenu.
Colstone sent que le vent tourne en sa défaveur. Il est d’autant plus consterné qu’Oakfen représente l’une des quatre maisons les plus puissantes de l’Empire avec Arwen, Terrel et la sienne. Bartalum d’Oakfen rappelle ensuite qu’il faut que l’empereur contresigne cette décision car lui seul a le pouvoir de révoquer un de ses ministres.
Or, à la stupéfaction de Colstone, Nirag refuse. L’empereur ne connaît pourtant quasiment pas le duc d’Oglevern. Il ne siège jamais au Conseil et ne l’a aperçu que dans les fêtes, audiences ou réceptions officielles. Sa propre mère, l’impératrice douairière Geyrdrenna, en qui il a aveuglément confiance, soutient Colstone. Néanmoins, Nirag refuse obstinément de révoquer son Trésorier, quitte à provoquer une crise politique.

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1 — Le rocher de l’Ailendil est la principale raison de choix par Irwin IV de fonder à cet endroit la nouvelle capitale de l’Empire. Il s’agit d’une colline extrêmement abrupte qui se dresse au centre de la ville d’Ilnaëmb, couverte par un plateau arasé d’une hauteur moyenne d’environ 80 mètres. La colline a été taillée pour en faire une forteresse naturelle de forme ovale et arasée à son sommet pour former un plateau assez étroit, d’environ 800 mètres de long sur un axe grosso-modo est-ouest pour une largeur ne dépassant pas 180 mètres en son point le plus étendu. Elle est entièrement fortifiée : l’à-pic de ses pentes est prolongé par une enceinte de 10 mètres de haut, munie de 11 tours toutes différentes. Elle n’a jamais été prise. Son seul accès consiste en une longue rampe, quasiment un viaduc, descendant vers l’est. On ne peut y accéder qu’en y ayant sa résidence, son travail, un statut l’autorisant ou une invitation. La colline fortifiée abrite le palais impérial (résidence officielle de l’Empereur et siège du gouvernement) et plusieurs institutions centrales de l’état ainsi que quelques temples et des hôtels de nobles. Le nom Ailendil, qui réfère originellement à la seule colline, est par métonymie donné à l’ensemble urbain qu’elle porte ou au Palais impérial. On a coutume de reprocher à cette « cité intérieure » un côté sombre et étroit : beaucoup préfèrent les grandes rues des canaux ou les avenues bordées d’arbres du sud de la ville.

2 — Quartier au coeur d’Ilnaëmb, la capitale de l’Empire, ainsi désigné en raison de “l’Arène” qui est au centre. Originellement un champ de manoeuvres militaires l’Arène devint un terrain de joutes, puis de tir à l’arc et de diverses compétitions et enfin un théâtre bâti par Irwin VI puis agrandi sous Namrodd II. Nobles bourgeois et peuple venaient s’y mesurer et il était de bon ton, pour les vainqueurs les plus aisés, de renoncer sur le champ à leur prix au profit d’une institution charitable ou d’éducation. De nombreuses écoles s’ouvrirent ainsi à l’ouest de Nearena, car le terrain y était alors peu cher, dans une cohabitation quelque peu anarchique car dépourvue de tout plan urbain préalable. L’ensemble fut plus tard regroupé sous l’appellation non officielle d’université. Les quartiers de l’université et de Nearena forment une continuité où se trouve un très grand nombre de tavernes, de restaurants, de théâtres salles de spectacles et tous genres, mais aussi des collèges et des maisons d’étudiants. Y demeurent beaucoup de jeunes gens, notamment étudiants, ainsi que leurs professeurs, mais aussi des artistes, des gens du spectacle, mais encore des guerriers professionnels et bien sûr de nombreux commerçants. Ce double quartier, à la réputation vivante et festive, est très fréquenté à toute heure et souvent bondé en soirée.

3 — Nom donné la fois au Parlement et au Gouvernement de la cité de Zevjapuhr et au complexe palatial qui les héberge.

4 — Maldrock a atteint le rang de Lord (guerrier) du seizième niveau lors de sa connaissance de Zellina de Chanteveille.

5 — Par cet honneur, Nirag Ier entendait à la fois rendre hommage à son rival et récompenser de ce titre le ralliement de sa maison à la nouvelle dynastie. L’autre dérogation fut instituée au bénéfice de la maison de Goldhelm afin marquer l’importance qu’accordait l’empereur à l’éthique de ses serviteurs (vf. une Histoire de l’Empire Naëmbolt – 5e partie).

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