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UNE HISTOIRE POLITIQUE DU TANGUT
L' antiquité
Qui ou qu'est-ce qui régnait en Tangut " avant " ? La première, seule et pire réponse possible, mais si fréquente en Tangut : on ne sait pas. De tous temps, le Tangut a été la frange de la civilisation ou à la frange ou au-delà. Des nombreuses légendes qui courent, les plus flatteuses voudraient que le Tangut soit l'endroit originel où les Dieux jouaient sur Derenworld, là où il allaient, venaient, vaquaient, s'amusaient ; les terres de la liberté et de l'insouciance. Force est de reconnaître qu'il s'agit plutôt, en apparence, de calquer quelques uns des traits du Tangut actuel sur le passé plutôt que l'inverse. Cependant, le Tangut connaît trois caractéristiques qui militent dans le sens d'interventions divines très anciennes sur son sol :
- D'une part, le Tangut connaît de véritables aberrations climatiques ; on peut éprouver des variations de températures et d'environnement en quelques lieues là où, partout ailleurs, il en faudrait des centaines. La puissance de l'influence des courants maritimes chauds ou froids est exceptionnelle, et il arrive que le Sud soit plus frais que le Nord. Le pays juxtapose des conditions extrêmes de froidure (Ghinor) et de chaleur (Sud-Altanie), de semi-sécheresse (Glow-Worms) et d'humidité (Scarlet Jungle), au beau milieu desquelles existent des zones parfaitement tempérées (Dahraun, Starstone) presque au mépris de la logique géographique.
- D'autre part, les lieux magiques abondent dans une proportion inconnue ailleurs, ainsi que leurs créatures et leur environnement. Ce n'est pas un hasard si les armoiries de Tangut portèrent longtemps un pégase. Avec que ce soit la vallée des Ancients, la forêt maudite du Trauneswood, les îles évanescentes de Tirnanog ou de Skara Brae, sans parler de l'Isle des Portes, on en viendrait presque à ne pas s'étonner de découvrir un fleuve qui remonterait vers sa source.
- Enfin, plus que partout ailleurs, le Tangut fut la terre des avatars, des prophètes, des missionnaires, des demi-dieux et des dieux oubliés ; on sait que Math, Seker, Uller, Frey, Untamo, Mitra, Arioch, Tharizdun, Graz't, Ptah arpentèrent le Tangut, parmi d'autres dont la trace et le souvenir se sont évanouis ; des religions et peut-être des civilisations prospérèrent ou disparurent ; et des villes saintes, des lieux consacrés, des sanctuaires, des monastères, il y en a foison.
A part les Dieux, qui furent les premiers habitants ? Des elfes presque exclusivement Aldaquendi, des nains Dzîrmeshs et des humains, très tôt, Barbares de Ghinor et surtout d'Altanie. Pendant longtemps, l'Altanie et le Ghinor seront le berceau de la grande majorité des souches humaines qui peuplent le Tangut. Avec une ignorance parfaite, et réciproque, des races les unes envers les autres. Ignorance qui ne manqua pas d'aboutir à de nombreux conflits car il fallut longtemps aux elfes de Tangut pour admettre la présence, voire la prééminence, d'autres races.
On dit aussi que les Dragons firent venir parmi les premiers orcs et autres humanoïdes en Tangut car de grandes terres inoccupées ou sauvages leur laissait tout l'espace nécessaire pour se développer puis attaquer ensuite d'abord les elfes, parfois avec le concours des humains, ce qui ne manqua pas d'aviver des dissensions qui perdurent jusqu'à ce jour.Les premiers fiefs humains se développèrent donc contre les elfes, notamment en Kingsland, Ghinor et en Valonner. On sait que le Ghinor fut précurseur du Tangut, un état constitué, mais dont il ne reste rien. La chute de Ghinor , qui se situe au début du IVe millénaire, et les massacres, allant jusqu'à l'extermination, qui s'ensuivirent, sont un des pires méfaits des humanoïdes giantkin (trolls, géants, ogres, ettins ) sur Derenworld même si les premiers coups furent donnés par les raides d'audacieux marins Berviks .
Cependant,pendant sa destruction, le Ghinor aura appelé à l'aide et fait venir du monde entier des volontaires à sa rescousse, ouvrant avec l'assistance des Falassianders les premières routes maritimes vers le Tangut et inaugurant le grand mouvement d'immigration qui ne va plus jamais cesser. Ensuite, les réfugiés de Ghinor s'implanteront un peu partout , fondant des villes ou des fiefs, notamment en Dahraun, Sioxe, Modroner, Cabiandara (péninsule avrossiane), souvent avec l'aide d'immigrants venus de tout le reste de Derenworld, inaugurant ainsi cette juxtaposition et ce mélange des cultures si particulier au Tangut.
Le pré-Empire et ses influences
Environ deux siècles plus tard se produit un événement qui va changer à jamais le destin du Tangut : la fondation et fédération des Comtés Granchester, prémisse de la future Avros, dans la péninsule de Cabiandara, sur le modèle wejlan , au XXXIVe siècle (les Chesterians sont des immigrés venus de Wejlar, soit pour sauver le Ghinor, soit ayant échoué, au sens premier du terme, là). Il est certain que les elfes de Falassiand ressentaient le besoin de se sentir épaulés par des humains accueillants afin de mieux faire face à la rivalité des Naïgakis sur terre et à l'hostilité des Berviks sur mer. Cette intrusion d'une amitié, d'une collaboration confiante entre les humains, les elfes (Falassianders) et les nains (Dzîrmeshs, Thûzzs, Naugs), aura des répercussions immenses sur tout l'avenir du Tangut.
Peu après s'édifie définitivement l'autre grande influence qui va peser jusqu'à ce jour sur le Tangut : le Vizan. Très vite devenus maîtres de s mers méridionales, les vizaners vont commencer à partir du XXXVIe siècle par vagues successives leurs poussées vers l'Orient, barrés par les Färz, les Thûzz et les Naïgakis, mais sans rencontrer de résistance majeure en Tangut. Les Vizaners tentent d'abord de prendre pied en Altanie où ils établissent des comptoirs destinés à capturer des esclaves. Après maintes guerres ils y parviennent et tout au long de la deuxième moitié du IVe millénaire fondent de nouvelles implantations presque toujours côtières, un peu partout et jusqu'en Starstonian et Elphand.
C'est ensuite, jusqu'au Ve millénaire, l'époque des grands troubles, des grandes invasions, des grands changements de Derenworld qui commencent : les migrations Variks, le vol de la Magie, les ravages d'Hornst puis de ses Héritiers, la décimation des nains, le nationalisme Deran, la chute des grands Royaumes de Dere et de Wejlar, la fusion des Färz et du Gaïko, l'émergente prééminence du Vizan. Tout cela parvient comme assourdi, tel un ressac, dans le Tangut encore considéré comme lointain. Mais non sans conséquences majeures.
Jusqu'alors, le Tangut est un ensemble de petites implantations séparées par d'immenses étendues sauvages. Ces implantations concernent toutes les races, humains, demi-humains, humanoïdes, monstres. Or, plusieurs facteurs se conjuguent pour entraîner des immigrations massives en Tangut. Il y a d'abord les colonies Vizaners qui prospèrent et dont l'exemple en Lénap, Tarentine ou Viridistan fait des émules de toutes provenances ; il y a d'autre part ces routes ouvertes par les Falassianders et que vont prendre d'innombrables familles qui fuient les grands désordres de l'intérieur du continent ; il y a encore l'influence grandissante des Falassianders qui, las de s'opposer aux Derans, aux humains, aux nains, à ces agresseurs auxquels il n'ont fait ni voulu aucun mal, ont commencé de quitter leurs terres d'origine et pour beaucoup le continent, des Naïgakis qui ne veulent pas se trouver pris à revers par les elfes ou le Vizan, et qui envoient à cet effet leurs colons. Il y a aussi cette réputation de terre ouverte, accueillante, libre, qui commence à se répandre ; il y a enfin la poursuite des Héritiers d'Hornst qui trouveront eux aussi refuge en Tangut et y répandront de leurs richesses.
Les immigrants affluent en masse. Les villages deviennent des villes, des cités, des territoires. Viris, Sioxe, T'lan, Blest et surtout Valonne connaissent une expansion sans précédent, un véritable boom qui les transforme en quelques décennies en métropoles.
Autre fait majeur : les Dzîrmeshis ne se joignent pas, en tant que tribu, à l'Alliance Naine. Si un grand nombre d'entre eux, à titre individuel ou familial, rejoignent les Thûzz ou forment des armées pour s'opposer sous terre aux Duergars et Drows, et sur terre à leurs ennemis elfes ou humains, la majorité des Dzîrmeshs considère qu'il lui appartient de défendre d'abord son territoire, son clan, ses proches. Et aussi participer à l'essor que tous ressentent plus ou moins confusément qui est en train de se produire en Tangut.Mais l'événement majeur viendra une fois de plus de Cabiandara avec la guerre, mi-féodale mi-civile qui oppose les Comtés de Granchester à la Cité-Etat d'Avros, gagnée par celle-ci. Les avrossians fondent leur République, mettant un terme à la tentative d'une société féodale sur le modèle Wejlan. Cet esprit se retrouvera encore en Tangut, notamment en Starstone ou Valoner, mais sans pouvoir prédominer par la suite.
Or, l'influence Avrossiane tente assez vite de s'étendre au Tangut, via l'établissement de comptoirs, et par des incursions navales jusqu'en Mer des Cinq Vents. C'est le début de l'expansion du modèle républicain avrossian et les terres de Tangut en sont naturellement la première cible. Avec le départ définitif des Falassianders en 4042, Avros n'a plus de concurrent qui lui soit supérieur sur les mers orientales, tandis qu'à peu près au même moment, la victoire de Redrock assure au Vizan la maîtrise des mers orientales. Or, face à ces deux puissances maritimes alors émergentes, à Valonne, principale cité de Tangut, on a compris qu'à terme, si on ne fait rien, on sera soit Avrossian soit Vizaner. L'idée du Conseil de la Cité est d'unir les cités-états de Tangut en une ligue de défense. Mais très vite, portée par la maison de Cumbrie, s'impose la conception d'un Etat où adhéreraient librement les territoires de Tangut. Entre 4033 et 4039 d'intenses activités diplomatiques sont menées pour aboutir, le 3 Sagittarius 4040, à un accord entre Starstone, Valonne, Modron, Sioxe, Haghill, Thunderhold, et Viris sur l'union en un pays commun. Et, le 8 Taurus 4041, Arundel de Cumbrie est élu empereur à Valonne,
officiellement intronisé le 16 à Viris. Pourquoi empereur ? Parce que tellement se proclamaient roi qu'il ne pouvait question d'un être un parmi les autres, fût-il le primus inter pares. Le titre d'empereur fut inventé, probablement par les Viristans, à cet effet : roi des rois, régent de toutes les terres, seigneur au dessus des seigneurs.
La naissance d'un Empire
La tâche qui attend le nouvel Etat et immense et la grande force de la maison de Cumbrie est de l'avoir compris immédiatement. L'Empire ne représente même pas le quart du sous-continent tangutien. L'Empire deTangut est une virtualité, le sous-continent une réalité. La réalité, ce sont des territoires séparés par des centaines de kilomètres, sauvages ou peuplés de monstres, d'humanoïdes, de barbares, d'indépendants qui ne veulent rien savoir ni devoir à personne, des mers contrôlées par Avros ou le Vizan et où les pirates s'activent impunément, des cultures aussi mêlées que disparates, aucun appareil central, et des légions d'ennemis potentiels ou réels. Seuls de tous les Dzîrmeshis, les nains de Thunderhold s'allient officiellement avec le nouvel Etat. Les elfes l'ignorent. Les Vizaners et les Avrossians le considèrent comme leur jardin. Les barbares Altaniens comme une proie. Aucun allié. Aucune administration centrale. Pas de coutumes en commun. Des religions, des murs, des sociétés hétéroclites. Pas d'armée. Pas de routes. Aucune infrastructure. Tout est à faire, à inventer.
Pendant quatre siècles, l'empire de Tangut sera la longue et patiente histoire d'une conquête intérieure. Il n'aura pas de politique étrangère. Son seul, son unique effort, tient en la conquête et l'unification de son territoire. L'armée, la marine, n'auront de tâche que défensive, de police, de sécurité intérieure.
L'immense difficulté est la distance. Aucun pays n'a alors de centres aussi éloignés les uns des autres. Très pragmatique, l'uvre des empereurs Cumbriens va consister à faire tout reposer sur l'échelon local. Quasiment tout ce qui ressort des prérogatives d'un Etat sont décidées à cette échelle exception faite des impôts, des questions militaires et navales, et de la maison du monarque.
Le principal atout de la monarchie apparaît assez rapidement : Valonne. Choisie pour capitale, assez logiquement, creuset de toutes les cultures, splendide architecturalement, la ville va personnifier le Tangut pour les amis comme pour les ennemis de cet Etat. Très nettement alignée good, Valonne ne va cesser, pendant des siècles, de former de véritables missionnaires, civils ou militaires, qui iront dans le reste du Tangut promouvoir, administrer, défendre l'Etat. Ce sont ces Grands Serviteurs, qui vont, sur un plan pratique et matériel, " faire " le Tangut : coordonner les justices, les changes, les ports ; repousser les monstres, les pillards, les corsaires ; défricher des forêts, canaliser des fleuves, assainir des marais ; implanter des mines, structurer les administrations, protéger le commerce. Leur chance est de pouvoir s'appuyer sur une population qui, par endroit, a atteint des niveaux de connaissance et de développement élevés : il y a des sages en Tangut, des villes et des territoires organisés, des marins efficaces, et il suffit souvent de convaincre, parfois d'épouser, rarement de forcer. La manière douce, presque humble, systématiquement privilégiée par ceux qu'on appelait les " Valonners ", va pendant des siècles éviter les conflits et apaiser les tensions : les elfes ne veulent pas entendre parler de nous ? soit. On les évitera. Les nains voudraient rester indépendants mais commercer avec nous ? aucun problème, on traitera selon leurs coutumes. On ouvrira des foires, les barbares viendront s'ils veulent. Qui veut créer un temple le créera, à lui de convaincre le peuple. Telle ville élit son maire, telle autre est gouvernée par un conseil héréditaire ? Si les gens sont contents ainsi, pourquoi changer ? Ce nobliau veut bien devenir Tangutien mais sa bonne volonté se paye en or ? On trouvera bien une jeune fille de noble ou de riche marchand et sinon l'Etat dotera une orpheline qu'il épousera, quoi de plus beau qu'un mariage pour célébrer l'union ?
La Cour de Valonne a vite compris ce qu'est le nerf de la guerre. Elle a aussi la chance que ses principaux voisins, les Vizaners, les Avrossians, les Thûzz, soient particulièrement sensibles aux arguments sonnants et trébuchants. Elle a enfin la chance de disposer de terres dont les ressources naturelles apparaissent quasiment illimitées et extraordinairement diverses. A coups de licences, de droits de douane, de privilèges commerciaux, le Tangut va acheter sa paix extérieure. Certes l'Etat s'endette, mais cela vaut mieux qu'une dépopulation.
Après un siècle et demi, beaucoup a été accompli. Les nains sont très favorablement disposés. Les terres de Dahraun, de Kingsland, de Lénap, et une part de Ghinor ont rejoint l'Empire dont le contrôle s'étend désormais sur plus de la moitié des terres du continent, et sur à peu près les trois quarts de celles cartographiées.
Principal problème : les barbares Altaniens demeurent insoumis et leur raids menacent depuis toujours la frontière sud de l'Empire. Une guerre exigerait une levée en masse que l'Etat ne peut pas payer et dont il ne veut pas, aussi bien par conviction que compte tenu des pertes gigantesques auxquelles on peut s'attendre. L'impératrice Stanastasia trouve alors la solution. Elle n'a que des filles. Elle les déshérite de fait pour offrir le trône au chef des barbares Altaniens.Est ainsi inaugurée la longue suite des empereurs Altaniens qui vont se comporter de façon diamétralement opposée à ce que craignaient à peu près tout les amis de l'impératrice. En effet, la plupart des empereurs de la nouvelle dynastie vont administrer le pays avec une sagesse et une simplicité qui forceront l'admiration de leurs compatriotes. C'est un peu l'âge d'or du Tangut.
L'Empire de Tangut : son indépendance et son apogée
Entretemps Avros s'est décidée à contourner l'énorme masse territoriale mais rend au Tangut des services aussi précieux qu'indirects au Tangut en créant ses Républiques Maritimes, puis l'Avrossian Bond qui pacifient de facto les mers. Services retourné par le Tangut qui a fait l'effort de débarasser les siennes des pirates et qui ouvre ses portes au commerce avrossian. Cependant, il s'avéra que l'Empereur Ziaphar excomptait ne pas s'arrêter en si bon chemin : avec tant de côtes, comment se passer d'une marine militaire digne de ce nom ? Le Tangut se mit donc a construire des navires de guerre. Avros proposa alors d'assurer la sécurité navale du Tangut en haute mer en échange du renoncement à construire des vaisseaux de haut bord, capable de s'affranchir des côtes. Ziaphar, qui y voyait une menace pour l'indépendance de son pays, refusa. La République Maritime, se croyant menacée, entra alors en guerre contre le Tangut dont ce fut le premier conflit qui connut deux issues. Sur terre, les nombreuses tentatives de débarquement avrossian se soldèrent toutes par des échecs retentissants, notamment devant Modron et Starstone. Mais sur mer, ce fut l'inverse. Pas une bataille navale ne fut gagnée par le Tangut et Avros défit à trois reprises les flottes de l'Empire, notamment lors de l'affrontement décisif de Blessensister. La République instaura alors un blocus maritime qui devint vite insoutenable pour l'Empire. Le traité de paix qui conclut ce conflit aboutit en réalité à satisfaire les prétentions avrossianes, le Tangut renonçant à toute ambition maritime de haute mer. Cependant, Avros eut l'intelligence de ne pas humilier son adversaire et même de l'indemniser pour la destruction de ses chantiers navals. En fait, l'issue de cette guerre sera même positive, dès le règne de Zenos qui succède à Ziaphar, les ennemis d'hier se redoutant mutuellement et cherchant en conséquence les moyens de se concilier plutôt que de s'endommager. Le commerce avrossian s'avérant étroitement dépendant du Tangut, qui représente une source de matières premières et de denrées considérable, une synergie efficace va donc s'établir entre les deux puissances : au Tangut, les terres et mers intérieures, à Avros le commerce au long cours et international. Ainsi, sous l'Empereur Siméon, en 4367, les comptes du Trésor Impérial passent au vert. Comme, entretemps, le pays a été épargné par les grandes secousses du reste de Derenworld, c'est un véritable pôle politique et économique qui semble émerger au sud-est de Derenworld vers le milieu du Ve millénaire d'autant plus qu'à l'époque ni l'Empire Naëmbolt, ni le Farxel n'existent encore. Pourtant, ce pôle n'en est pas un ; de fait, le Tangut n'a pas de politique étrangère et il passera à côté de toutes les grandes mutations de ces temps : effondrement du Gaïko, création de l'Empire, du Farxel, reflux deran et wejlan. En ces matières, c'est Avros qui gouverne et le Vizan, alors en pleine expansion, est le premier à s'en inquiéter. Il a déjà détruit le Gaïko. Comme souvent, c'est Avros qui prend l'initiative avant son adversaire et entraîne le Tangut dans la Guerre des Tempêtes, en 4490, à laquelle l'Empereur Araman II n'ose pas s'opposer. Ce sera une série de désastres maritimes aboutissant à l'extermination du corps expéditionnaire tangutian et à l'anéantissement de ses vaisseaux. Certes une solidarité, voire une amitié, de vaincus, apparaît à cette occasion entre Farxel et Tangut mais c'est surtout l'amertume et le ressentiment contre Avros qui prédominent alors. Le Vizan en profite pour étendre son influence en Tangut, aussi bien commerciale que politique, notamment en Viris, Lenap, et surtout Tarantis, fondée en 4501, et dont le territoire est pacifié avec l'aide d'une armée vizaner au grand dam des avrossians et de la proche Starstone, leur meilleur soutien en Tangut. Face à un Vizan qui continue de s'étendre (annexion de l'Okhpuhr en 4513) et s'implante " chez elle ", c'est-à-dire en Tangut, la République d'Avros choisit cette fois la mauvaise pente et envahit le Ghinor, c'est-à-dire la province frontière de Tangut, au printemps 4514 après un ultimatum au Tangut au sujet de Tarantis jugé à l'époque universellement grotesque. C'est une grosse bêtise car l'empereur Ataraman a compris les faiblesses de son père et n'a aucune intention de les reproduire. Certes, la République a les moyens de soutenir une guerre et elle va même le faire pendant six ans. Mais elle le fera seule. Le Conseil de l'Avrossian Bond refuse de suivre la République-Mère. Ses tentatives de renouer avec un blocus maritime de Tangut se heurtent à une volonté farouche et à des marins appuyés par le Vizan. Sur terre, elle ne gagnera rien du Ghinor, cent fois pris, perdu, repris, devenu un simple champ de bataille, territoire exsangue et ruiné, qui ne profitera qu'aux monstres et humanoides. Territoire qu'en fin de compte, elle perdra. Elle y perdra même beaucoup car c'est une alliance Thûzz - Farxel - Tangut, appuyée par le Vizan (ce qui peut historiquement paraître un comble) qui l'en déloge définitivement à l'automne 4520, et qui exige un tribut faramineux pour ne pas enchaîner en envahissant la République. La République mettra un demi-siècle à s'en remettre, un demi-siècle qui coïncide avec l'apogée de l'Empire de Tangut. Tous les grands territoires sont pacifiés. C'est l'époque de l'édification de châteaux, de la construction de routes et de ports, de la fondation de monastères, de temples, de centres de sagesse. La prospérité du Tangut sous les règnes de Thoramène et Albéric II, solidement allié du Farxel et du Thûzzland, équilibrant savamment entre Avros et Vizan, loin des racismes du naëmbolt ou des agressivités vizaners, provoque l'envie ou l'admiration. La cour de Valonne est magnifique, Viris, Tarantis, Modron, Starstone, Haghill des villes en pleine expansion, riches, puissantes, où les sages, les artistes, les commerçants, les artisans, montrent et démontrer tous leurs talents. Même les seconds Héritiers d'Hornst, les Grsk, Iggwilv et autres Keraptis, évitent de s'en prendre au Tangut : terre toujours et encore de refuge, même pour les Fléaux de Derenworld.
La chute de l'Empire
Pourtant, par conservatisme, l'Empire de Tangut va passer à côté de ses chances. La vie est simple, facile et libre en Tangut. La All Wizards War? connaît pas, les sorciers font ce qu'ils veulent et puis c'est tout. La Grande Guerre des Humains et l'effondrement du Wejlar ? et alors ? tout cela est bien loin ; la dislocation de l'Avrossian Bond ? bien fait pour la gueule d'Avros. Le Naëmbolt cimente son pays et en unifie l'appareil judiciaire ? grand bien lui fasse. Le Vizan pèse d'un poids énorme sur tout Derenworld ? ce n'est pas notre ennemi. La Great Anachy apparaît, avec des monstres partout et un royaume Gith au cur du continent ? chacun ses problèmes, nous aussi nous avons nos monstres.
C'est que depuis que la Maison de Galathia a succédé aux empereurs Araphians, eux-mêmes descendants de la dynastie altanienne des Kahulaïn, seul l'intérieur absorbe les préoccupations de la cour de Valonne, elle-même petit à petit éclipsée par les autres grandes cités de Tangut. Oh, très lentement certes, mais tout de même : au XLVIIème siècle, Sioxe, Viris, Tarantis sont au moins aussi peuplées et aussi avancées que la capitale. Et c'est Tarantis qui pose la première la question de savoir pourquoi Valonne est la capitale de l'Empire, quand aucun texte ne le précise, quand seule une coutume certes multiséculaire lui en donne le privilège, un coutume tellement multiséculaire qu'à cette époque Tarantis n'existait même pas, et qu'elle n'a dont pu ratifier Les Galatéens ne sont pas du même bois que la plupart de leurs prédécesseurs : Tarantis est brutalement " pacifiée " par l'armée impériale en 4666, puis c'est le tour de Starstone en 4673 et même de Modron, la meilleure amie de Valonne, en 4678.Le résultat ne se fait pas attendre. Un peu partout on s'agite, on se rebelle, on conspire. Des déçus de la Cour s'épanchent à Sioxe. Des mécontents s'arment en Dahraun. Des ambitieux préparent la revanche de Tarantis. Du coup, faisant brutalement machine arrière, l'Empereur Dalgirr fixe lors de son avènement sa capitale à Viris en 4881. Et il décide la même année que le Tangut n'aura plus de capitale fixe, chaque monarque choisissant la sienne. C'est une erreur. Toutes les villes se demandent pourquoi pas elles ? Quant à Valonne, elle récupère certes ses exilés, mais surtout une certaine amertume. C'est alors que les elfes, qui sentent venir un vent mauvais, agissent pour la première fois en tant que délégation unie, pour supplier l'empereur de revenir à Valonne et de rétablir les anciennes coutumes. Mais l'Empereur semble un jouet entre les mains des Farèzes et des Ingelis, les deux grands duchés des marches occidentales de Tangut qui, très influencés par l'esprit Farxlan, prônent l'instauration d'un Etat ultra-centralisé tout en se combattant pour savoir qui en aura les rênes via la mainmise sur la personne de l'Empereur. Il règne à la Cour de Viris une atmosphère détestable où tous les groupes de pression, les intérêts, tirent chacun dans leur direction un monarque faible et indécis, aboutissant à des séries d'édits aussi nombreux qu'inefficaces : en 5 ans de règne, Dalgirr signe plus d'actes que ses deux prédécesseurs réunis. C'est sans doute à ces luttes d'influence, attisées par les intérêts vizaners, qu'on doit la mort très vraisemblablement par empoisonnement, de l'Empereur Dalgirr, le 8 Licorne 4686. Or, ce n'est pas son fils, mais sa seconde épouse, qui lui succède : Bérénice Farèze se proclame régente et impératrice. Trois mois plus tard son beau-fils, Ulgirr, meurt en bas-âge. La mort du jeune prince crée immédiatement une scission entre ceux qui reconnaissent l'impératrice, Farèzes, Viris et Tarantis, ceux qui la tiennent pour une usurpatrice, Ingelis, Valonne et Starstone, ceux qui hésitent, Sioxe, Altanis, Dahraun. En 4700, c'est la guerre civile. L'Empire ne s'en remettra pas.
Très vite, le parti de l'impératrice se dissout et Viris reste presque seule à la soutenir. Mais en même temps, les jalousies, les rivalités, longtemps contenues, se déchaînent. Sioxe et Tarantis s'allient contre Valonne et Modron. Starstone contre Blest. Dahraun contre Ghinor. Ce sont ces dissensions qui sauvent longtemps l'impératrice et Viris qui, sous l'influence des les plus racistes doctrines de l'Empire Naëmbolt et du Vizan, mène une guerre très dure contre les elfes de Viridistan puis contre les Altaniens puis contre Dor-Lenap en 4702. Valonne réunit cette même année les nains de Thunderhold, Haghill, Valonne, Dor-Lenap et Modron afin de repousser l'impératrice et y parvient. Entretemps, Tarantis prend et brûle Starstone. L'impératrice s'allie alors avec Tarantis, débarque en Dahraun, pille la province, passe en Ghinor, rase tout, puis réussit à redescendre sur Valonne où elle met le siège en 4703. En Gemini, Sioxe s'allie à l'impératrice et bloque ses alliés, notamment Haghill, prise et incendiée, et Thunderhold, confinée à sa citadelle. Valonne va tenir car l'impératrice est tuée par un raid d'aventuriers pendant le siège. Les Viristans se rembarquent, les Tarentins aussi, mais en laissant aux monstres et humanoides de l'est du Tangut leur place. En 4704, Valonne tombe enfin, non aux mains des monstres mais aux mains des pirates qui l'assiégeaient par mer, et est pillée, ses plus beaux bâtiments détruits, avec eux toutes les archives impériales, et les trois quarts de ses habitants exterminés après que les portes aient été ouvertes aux gnolls et trolls qui attendaient la curée. Avec la chute de Valonne, l'Empire de Tangut prend fin. Le trône n'a que des ennemis ou des alliés, aucune autorité sur les uns et les autres. La moitié du pays est à feu et à sang. Le jeune empereur Aragloen est chassé de Viris par une émeute suscitée par les Ingelis. Ville après ville, province après province déclarent le trône vacant et recouvrir leur pleine indépendance.Bien que mal connu, le bilan est sans doute l'un des plus épouvantables qui aient jamais eu lieu sur Derenworld, et l'une des plus grandes défaites de la civilisation. C'est sans doute plus de 40% de la population totale humaine qui a disparu en cinq ans de guerre civile. Plus de 50% des habitats et terres ont été détruits ou abandonnés. Plus du tiers des navires de haute mer a coulé. Des contrées entières, comme le Dahraun, le Ghinor, Dor-Lenap, le Nord du Valoner, sont entièrement dépeuplées, livrées aux monstres, orcs, géants, ogres etc Starstone, Blest, Valonne sont en ruine. Sioxe encerclée par les gobelins. Jamais le pays ne s'en relèvera et il faudra plus de 150 ans pour retrouver un niveau de civilisation, de commerce, de technologie, d'art et de culture comparable à ce qu'il en était sous le règne de Dalgirr.
La Restauration de Wohrm et la Croisade de Stephen
C'est bizarrement la Great Evil Coalition qui va donner une nouvelle chance au Tangut en la pesonne de Wohrm Vorundal, Ritter de Farxel, et descendant lointain de l'empereur Ashalvorth, un des aieux de Dalgirr. Car c'est Wohrm qui, en 4876, est à la tête des forces humaines aux côtés des nains commandés par Nordre Ironhelm qui écrasent la G.E.C. en Tangut, à la célèbre bataille de Hellgong.
Le nord-ouest du Tangut, Sioxe, Modron Valonne, Thunderhold, échappe à la G.E.C. Nordre Ironhelm, qui est aux yeux de tous le vainqueur de Hellgong, jouit d'un énorme prestige. Il en profite pour reconnaître Wohrm pour empereur de Tangut et le couronne à Valonne le 6 pisci 4876. Du coup, Starstone, Blest, Dor-Lenap et à peu près toute la moitié nord de Tangut, suivie par Avros, Thunderhold, Farxel, reconnaissent le nouvel empereur. Même les Farèzes et les Ingelis se mettent d'accord : une renaissance d'un empire stable dans cet endroit du monde paraît à tous une bonne idée. Enfin, à presque tous. Les Altaniens ne veulent plus entendre parler d'empire, ils on trop perdu de guerriers. Le Seigneur de Tarantis, probablement allié de la G.E.C., refuse de reconnaître Wohrm. Quant à Viris, elle rappelle qu'elle est capitale d'Empire et exhibe un fantoche couronné qu'elle prétend descendant direct d'Aragloen.
Wohrm, nourri de culture impériale, wejlane, occidentale, apporte des idées neuves. Il souhaite une autorité centrale, bâtie sur des symboles et un appareil d'Etat solide auquel il se consacre pendant un an, rétablissant les coutumes impériales, formant des administrateurs, des légistes, recrutant des conseillers. Il remet son sceptre à Starstone, sa Couronne à Valonne, et vient proposer son épée à Viris où il arrive en paix le 16 Leo 4878 et où il est promptement assassiné le 18. C'est son frère, Wohrom, qui lui succède et met aussitôt le siège devant Viris, appuyé par les Ingelis, outrés de l'assassinat qui vient d'être commis et qui ont récupéré l'épée impériale. Mais Wohrom n'a pas le temps de prendre Viris ; la guerre continue partout contre les débris de la G.E.C. Meilleur guerrier que son frère, il est moins bon administrateur. L'esquisse d'Etat commencée par Wohrm n'a pas le temps de prospérer pendant que l'Empereur guerroie ici, pacifie là. En outre, Viris s'allie secrètement au Vizan, le première puissance de Derenworld, pour tenter de contrarier les plans de l'empereur. Après 10 ans à cheval ou sur mer, Wohrom doit se rendre à l'évidence : il ne réussira jamais à contrôler que le quart de son pays. Et c'est sur une position essentiellement défensive qu'il passe les 22 ans qui lui restent à régner, la plupart du temps à Sioxe, qu'il a choisie pour résidence principale, car proche de Thunderhold. Cependant, l'action de Wohrom stimule incontestablement toutes les cités et contrées qu'il a sous son administration. Valonne achève de se relever, Haghill, Modron, Sioxe reprennent l'ampleur qu'elles avaient sous le Grand Empire. Mais à la mort de Wohrom, le 16 Balance 4901, dans le cortège, un individu, Odolin Szeiheitt, venu rendre hommage Odolin est un Sorcier de très grande puissance, sans doute de l'Ecole de Sudel. Toute la Cour de Valonne est anéantie. Tous les descendants de la maison de Vorundal. Un tremblement de terre secoue la cité. Une légion infernale débarque à Modron, pille la cité, s'empare d'Haghill, fonce vers Thunderhold ; il faudra la garde personnelle de Nordre Ironhelm et l'aide de mages d'Ariacandre pour en venir à bout.
Odolin a disparu. On le retrouvera quelques années plus tard, ayant dérobé les 3 insignes du pouvoir de Wohrom, se prétendant empereur à Viris. Plus de cent tentatives et expéditions seront menées contre lui. Toutes échoueront.
Valonne alors propose que le titre impérial revienne à Nordre Ironhelm, Roi de Thunderhold, qui refuse et se désiste pour Garin of Haghill. Avant d'accepter, Garin commande une expédition d'aventuriers pour retrouver les insignes du pouvoir de Wohrom. Une autre. Une troisième. Il y en aura dix-sept. L a dix-septième réussit en 4924 à récupérer le sceptre, avec l'aide de la maison d'Ingelis, qui garde encore aujourd'hui l'objet. Garin renonce.
Lentement, l'anarchie s'installe. Coup d'Etat à Sioxe. Protectorat Avrossian sur Starstone. République proclamée à Modron. Invasions altaniennes en Dor-Lenap. Cinquante ans après la mort de Wohrom, l'empire est une chimère.
Sa résurrection sera l'objet d'une dernière tentative. En 5116, un paladin d'Empire débarque en Ghinor tel un missionnaire ; il prétend qu'Athéna, Ukko et Osiris le guident pour rétablir la paix, la justice, la sécurité en Empire. Il mène une vie simple et austère et accomplit des miracles. Petit à petit les gens l'écoutent, prennent confiance en lui, le suivent. Il arrive devant les murs de Valonne et le clergé de la ville l'accueille. Modron l'appelle. Thunderhold le soutient. Stephen le Preux parcourt le centre du Tangut, puis le sud, convainc les Altaniens, délivre Starstone ; en quelques mois un immense élan naît dans tout le pays à la suite de ce Paladin au charisme exceptionnel, chanté dans maints ouvrages. Le bien qu'il faisait autour de lui, sa justice, son aura, sa beauté, tout en fait un héros qui levait partout des partisans qu'on reconnaissait à la croix qu'il dessinaient sur leurs vêtements: ce fut ce qu'on a appelé la Croisade de Stephen. Il convainquit même les Farèze et les Ingelis de s'unir, parcourant le Kingsland pendant l'hiver 5117. Avec courage, il pénétra avec quelques compagnons dans Viris et parvint à subtiliser l'Epée de Wohrm. Tout cela dura deux ans.
Suspect aux yeux des elfes d'appartenir aux clan des nains ; menace pour Tarantis que cet illuminé qui relève Starstone ; danger pour Viris que ce concurrent d'Hautulin Szeiheitt, l'héritier d'Odolin. Les ennemis de Stephen ne manquent pas et ils sont puissants, et ils sont impitoyables. Le 24 Virgo 5118, tout la flotte Tarentine débarque devant Valonne. Il y a une brèche dans la défense de la ville, des complices à l'intérieur des murs. Valonne tombe le jour même, et est rasée, anéantie, méthodiquement, par les Tarentins, qui réduisent toute sa population en esclavage et emportent un énorme butin. Le même jour, une pluie de feu s'abat sur le camp de Stephen, dans des collines au sud du Dahraun, tout près de la province Nord de Tarantis. C'est Hautulin Szeiheitt lui-même, qui ne manque pas de panache en venant défier en personne Stephen. On dit que le combat célèbre qui s'ensuivit avait son pendant dans les cieux, entre les Dieux eux-mêmes.
Et aujourdhui...
Hautulin Szeiheitt règne encore à ce jour à Viris, et personne ne sait où est la tombe de Stephen. Les Farèzes le savent peut-être, eux qui ont mystérieusement récupéré l'Epée de Wohrm, ou peut-être les Ingelis, qui prétendent détenir celle de Stephen, outre le Sceptre Impérial. Hautulin garde seul la Couronne.
On l'appelle l'empereur vert à cause du teint de sa peau, aux reflets verdâtres, témoignage supposé d'une dévotion à Set. Personne ne le reconnaît pour empereur de Tangut, hormis lui-même.
Valonne ne s'est jamais relevée. Modron, privée de sa grande sur du nord, n'a pu à elle seule reprendre le flambeau. Toutes les autres grandes villes de Tangut ont périclité, l'exception de Sioxe, de fait protégée par les nains de Thunderhold, de T'lan la lointaine, très à l'écart en Dorost, et protégée par Avros, et bien sûr, de Tarantis et de Viris. Viris penche tellement vers le Vizan qu'elle y est tombée, énonce un proverbe moqueur. Tarantis est une puissance qui a l'intelligence de connaître ses limites, et de savoir réduire voisins et rivaux quand il en est temps, Valonners et Starstonians en savent quelque chose, réduits les uns et les autres à des rôles plus tertiaires que secondaires. Ghinor, Valonner, Dor-Lenap sont de vastes étendues où des fiefs, des villages, parfois un gros bourg, jouissent d'indépendance et de liberté, mais qui demeurent vulnérables à toute entreprise de grande ampleur ; or tel est bien le souhait des puissances étrangères qui dominent ce jour, comme hier, le Tangut : Avros et Vizan. A un moindre degré, l'influence Farxlane demeure, surtout dans l'ouest. Au sein même du pays, Viris, Tarantis, et une sorte de conglomérat Modron-Haghill-Thunderhold forment les principales sinon les seules forces majeures. Le Dahraun s'est récemment constitué en Etat, aux ambitions guère plus que régionales.
Mais la contrepartie en est cette terre de libertés et de diversité, ces murs et civilisations si particulières et si changeantes, ces espaces ouverts qui attirent depuis toujours les migrants, les réfugiés, les aventuriers, cette impression de possibilités infinies, de richesses inépuisables, de passés qui ne demandent qu'à ressurgir, souvent mirages auxquels plus d'un s'est laissé prendre, mais qui font aussi le charme profond d'une contrée aux facettes innombrables, aux reliefs multiples, aux étendues immenses.
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