En général on accède l'Ile des portes par bateau. L'Ile est au large des côtes du Tangut, au sud-est de Derenworld, à plus de 400 nautiques. Plusieurs marins avrossians, tangutians, vizaners, lowenlanders et zevjans en connaissent la route. Ce seraient les elfes Falassianders qui auraient les premiers découvert l'île ou du moins rendue notoire son existence.
Il est néanmoins possible de se rendre à l'Ile à Derenworld et inversement par voie magique ce qui requiert un Teleport without Error ou bien un Ltd.Wish. L'accès final est impossible autrement que par l'Esquif, y compris en venant du Plan Ethereal. En revanche, l'accès en retour est toujours possible par le Grand Portail.
Un autre moyen, d'ailleurs fréquemment utilisé, consiste en des prières. Les Dieux sont les créateurs de l'Ile, et leurs principaux utilisateurs, non pour eux-mêmes mais pour leurs servants. Ils ont libre accès aux facultés de l'Ile. Les "passants" amenés par les Dieux ne voient ni l'Ile, ni l'Esquif, ni le Gardien. En fait, tout se passe apparemment pour eux comme une seule et unique téléportation.

The Isle of the Gates apparaît souvent au début comme une colline basse pelée, désertique, enveloppée dans le brouillard. L'Ile baigne, perpétuellement, dans ce brouillard tiède qui égare le voyageur et l'écarte d'elle. Si le voyageur cherche en vain à entrer dans l'Ile et que le Gardien est présent, il peut lui envoyer l'Esquif. Elle ne dépasse guère plus d'une lieue de diamètre.

Près de la petite péninsule occidentale se trouve un mini-port, composé d'une hutte de pierres et d'un embarcadère de bois, auquel est parfois amarré l'Esquif. Le Gardien, qui se présente généralement sous les traits d'un très vieil homme, a là sa demeure. Il est impératif de lui demander la permission d'utiliser les portails; permission qu'il accorde souvent, sans paiement d'aucune sorte, l'usage de l'Ile étant gratuit, mais qui peut demander un certain délai, pour des motifs que le Gardien ne révèle jamais. Le Gardien conduit alors, dans l'Esquif, les passagers au Grand Portail qui apparaît au bord d'une plage dans le brouillard. Mirianto suppose cette plage au sud de l'île.

Passer sous l'arche centrale du Grand Portail amène dans la véritable île, là se situent les arches des portes menant outremonde. Il s'agit sans doute la même île, en décalage de phase avec celle qu'on aborde en premier.

Le Gardien est sans doute une créature magique ou divine, probablement un Génie. Il n'intervient jamais pour conseiller quiconque ni demander quelque paiement, mais seulement pour appeller l'Esquif. L'Esquif est un petit bateau qui transporte sur l'océan les voyageurs de/vers l'Ile des Portes; il peut contenir environ huit personnes, avec des bagages normaux. Il semble probable qu'il y ait en réalité plusieurs Esquifs, bien qu'on en ait jamais aperçu qu'un seul à la fois. L'Esquif n'a pas de marin; il est piloté, peut-être télépathiquement, par le Gardien, que celui-ci y soit ou non embarqué.

Du sol de l'Ile s'élèvent des dizaines d'arches, très simples, voûtes de pierre grise en pavés de section carrée reposant sur des piliers cylindriques. Sur la clef de voûte, trapézoïdale, est gravé le "symbole", celui de la destination. Ce sont les portails. Ils se répartissent sur toute la surface de l'Ile, chacun ayant sa propre orientation, selon une disposition apparemment anarchique. Cependant, vingt pieds au moins les séparent les uns des autres. Mirianto de Bakor en dénombre exactement cent-quarante-quatre et a démontré que le "symbole" n'est en réalité qu'un simple numéro.
Malgré l'humidité de l'endroit, le sol, en rocaille brunâtre, et les pierres des arches paraissent immuablement sèchecs, sans lichens ni mousses. L'île est toujours absolument silencieuse; on n'y entend que le bruit des vagues, assourdi par le brouillard. Il y règne toujours le même climat lourd et tiède.

Les portails ne sont pas opaques et aucun fluide ne semble les traverser. Le "test du bâton" ne semble pas fonctionner, l'extrémité apparaissant de l'autre côté. Il semble donc que le portail ne se déclenche que par l'accomplissement de l'action d'une créature consciente et vivante. On est téléporté en entrant par le côté du portail où est gravé le "symbole". L'effet est instantané, le voyage également. Entrer par le mauvais côté ne produit pas d'accident particulier.

Il est très important de considérer que le portail téléporte ou, si l'on préfère, "plane-shifte". Il ne s'agit pas d'un Astral Spell: ni corde, ni corps astral ne sont générés. Le "passant" et ses possessions physiques arrivent intégralement à destination. Cette destination n'est généralement pas prévisible: en effet, dans la plupart des cas, le portail ne téléporte pas à un endroit d'un autre monde où se situe un portail similaire mais bien à un lieu fixe ou variable de cet autre monde. Les conséquences peuvent s'avérer irréversibles. En outre, dès l'accomplissement, le passant est immédiatement et instantanément soumis aux conditions prévalant en sa destination. Heureusement, il ne paraît pas que la téléportation par le portail annule ou endommage les systèmes de protection physique ou magique qu'aura prévu le passant vers une destination dangereuse ou hasardeuse.

Bien que remontant à des temps immémoriaux, à la Genèse selon Mirianto de Bakor, l'Ile n'a pas toujours été en "état de marche". Par périodes plus ou moins longues, elle est "fermée". Les portails cessent de fonctionner. Le Gardien s'absente, l'Esquif est introuvable, le brouillard impénétrable. Seuls les Dieux, semble-t-il, peuvent alors l'utiliser.

L'Ile a été réactivée lors du Divin Concile de 4603. Auparavant, elle ne fonctionnait que par intermittences. C'est de cette époque que date sa divulgation, sa "publicité". Récemment, elle a connu une importante interruption de fonctionnement, au cours d'une période de plus de quatre années, entre 5207 et 5210, on ne sait pourquoi.

Les recherches de Mirianto ont établi que les fonctions de the Isle of the Gate ne se cantonnent pas à la seule téléportation. Les portails auraient plusieurs finalités et serviraient également de protection vis-à-vis d'autres mondes ou de puissances externes à Derenworld ou à sa cosmogonie. Selon les hypothèses émises et dûment étayées par Mirianto, il peut également s'agir d'un système de régulation et d'accord du temps et de l'espace, voire aussi d'un point de surveillance ou d'emprisonnement des Grands Anciens.