Equilibres politiques (1e partie) collecté par l'Almanach Oghmaich (Selimnel
Frëa & Hera Jazan d'Oghma) |
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La libération de Ganarbe n'était pas qu'une rumeur. Une expédition audacieuse, combinant l'action militaire et le raid aventurier, a été menée par S.A. la Grande Duchesse Melkria d'Evriand et les forces de l'Ost Wejlan, a réussi à repousser les hordes de la Great Anarchy jusqu'aux frontières historiques du Wejlar. Les hiérarques de ce qui fut la Great Anarchy sur les terres wejlanes sont en fuite. Le Premier Royaume se voit ainsi reconstitué pour la première fois depuis des siècles et le règne de Sa Majesté Rhunring Ier, que d'aucuns appellent déjà le Glorieux, atteint de la sorte un incontestable zénith. L'Union du pays autour du monarque, dans le cadre d'un royaume enfin reconstitué en son entier, qui a fait taire les quelques détracteurs traditionnels de sa politique, réjouira les tenants d'une nouvelle prospérité dans l'ouest du continent. L'alliance wejlo-evriander ainsi scellée (Lord Fafnyr, un compagnon d'armes de S.A. Melkria, général d'Empire, a d'ailleurs été fait sur-le-champ Duc de Ganarbe), comprend un nouveau "Grand Evriand", un Wejlar reconstitué, et l'appui traditionnel du Lowenland (S.A. Luhor de Löw était d'ailleurs présent à la bataille de Ganarbe en qualité de commandant principal, et non seulement comme chef d'un troupes lowenlander), et forme une nouvelle puissance qui, encore handicapée par les traces du passé, émargera sans nul doute au titre des quatre ou cinq qui comptent vraiment sur le continent. On peut penser que c'est avec quelque inquiétude que la Cour de Marn ou le Haut Conseil de Portown considèrent le géant en train de naître, lequel ne fait pourtant que reprendre une alliance qui existait déjà voici quelques décennies. S.A. Melkria a de son côté réussi un pari qui en fait l'une des personnalités les plus étonnantes et les plus en vue de Derenworld. En s'assurant de l'alliance wejlane elle garantit certes ses frontières septentrionales et mais obtient surtout de facto un blang-seing pour son annexion des pays d'Ithyl et de Dol Bera, qui ont doublé l'étendue et la puissance du pays dont elle a reçu la couronne pour l'avoir libéré des Lich Kings. Tant au plan individuel (peu de Mages lui sont supérieurs : Peren ? Qwim ? Hellsson ? ) qu'au plan politique, il n'est sans doute pas exagéré d'affirmer que la personnalité de Lady Melkria domine aujourd'hui un bon quart de Derenworld. Il faut encore compter ses amitiés traditionnelles avec les elfes de Dere ou ses alliés Lowenlanders, les nombreuses relations qu'elle possède en Empire, et ses accointances avec plusieurs célèbres aventuriers qu'elle a pu connaître le long d'un parcours fulgurant car
Lady Melkria est également la personne qui a arrêté la Main d'Arioch, qui se peut se parer du surnom de Geryon Slayer, qui a anéanti la présence des Lich-Kings et donc, désormais, repoussé la Great Anarchy au-delà du Wejlar. Ce parcours de Paladin est pourtant le fait d'une Héroïne de Straasha, dont le culte semble en plein essor, ce qui n'est guère étonnant, et ce dont son pays semble profiter. Le canal reliant le nord du pays à l'Inwejle , véritable merveille de génie civil en même temps qu'infrastructure de première importance, doit d'ailleurs être aussi compris en ce sens. Par surcroît l'enrichissement du Wejlar consécutif à la récupération de sa province manquante s'avère de première importance pour l'Evriand qui est traditionnellement l'un de ses premiers partenaires commerciaux. Par ailleurs , sur un plan militaire, il apparaît que les Chevaliers de Prias et l'Empire ont échoué à profiter de l'opportunité représentée par la libération de Ganarbe. Une action impériale, menée simultanément avec l'expédition de Ganarbe, a en effet quitté la Marche de Prias pour tenter de faire sa jonction avec le Ganarbean. Elle s'est heurtée à de vives résistances et la Great Anarchy a solidement maintenu ses positions, notamment autour de Yengli, séparant l'Oswejle et l'Empire. Il devient presque sidérant de songer qu'on en est à raisonner d'éventuelles frontières communes entre l'Empire et le Wejlar ! Cependant, les troupes impériales ont dû faire demi-tour sans qu'on sache précisément si elles avaient fait face au gros des forces de contre-attaque ou bien échoué à percer les défenses traditionnelles de son ennemi. Enfin, les capacités de réaction de la Great Anarchy restent certes un mystère : ses ressources demeurent inconnues, et sa direction énigmatique, pour ne pas dire inexistante. Mais un fait apparaît clairement : une leçon de coordination a été donnée à cette contrée dans le nord - ouest du continent. Contrecarrer une action simultanée des Wejlans, Evrianders et Impériaux est pratiquement insoutenable pour toute armée constituée, et les troupes de la Great Anarchy sont tout sauf constituées. On peut dès lors penser que l'effet d'intimidation inhérent à cette brève guerre de libération de Ganarbe produira pendant longtemps ses fruits et qu'on n'est pas à la veille d'un contre attaque de grande ampleur par les hordes de l'Anarchy. Nul doute qu'on a aussi dû considérer à la Cour d'Ilnaëmb que l'Anarchy avait suffisamment gagné d'influence ces derniers temps dans les contrées du nord-est du continent pour avoir besoin d'un peu plus qu'un coup de semonce...
Farxel : un pays malade ou un Etat sage ? Nous vivons donc en cette année 5215, et plus globalement depuis quatre ou cinq ans, une phase étrange faite de tranquillité, de prospérité, et de régression de l'evil sur le Continent. Mais il apparaît aussi que ce que l'agitation de guerre extérieure perd, les problèmes politiques le regagnent. A cet égard, on peut craindre que le Farxel ne rejoigne le Vizan au titre d'homme malade de Derenworld. La greffe de la Royauté n'a pas pris et le nouveau monarque a dû piteusement abdiquer devant un Conseil des Provinces de longue date décidé à paralyser tous ses efforts. On pourrait penser que le Farxel se présente désormais comme un vaste corps avec une toute petite tête, un pays où règne une décentralisation souvent féodale qui n'est pas sans rappeler le Grand Royaume des Hommes à l'apogée du Wejlar. Car ce pays, décidément voué aux soubresauts politiques, est maintenant gouverné par un Conseil des Provinces, où le Ritterland, resté uni, se taille évidemment la part du lion, à telle enseigne que plus de la moitié des terres de l'ancien Saint Etat sont désormais gouvernées par des nobles issus de familles ayant repris souche dans le Ritterland. Il ne reste guère qu'Osport et les Hauts, dont la Montagne Divine, pour échapper à ce "retour des émigrés" qui se passe cependant assez bien la plupart du temps. Car le vaste corps du Farxel s'avère cependant fort bien irrigué par des Corps d'Etat dont les représentants sont allés se former en Empire ou en Avros, et qui constituent une administration compétente, efficace, et tenace. Le Corps des Aides (recettes et dépenses publiques), le Corps des Requêtes (appel judiciaire et coordination des coutumes), le Corps des Enquêtes (police d'Etat), le Gouvernorat Militaire (armée), la Gente des Baillis (cadastre, administration locale et immobilière), l'Intendance d'Etat (administration et domaines), la Sénéchaussée Générale (voies et routes) encadrent les guildes, les villes et villages, les seigneurs et les abbayes tout en leur supprimant en douceur certaines prérogatives. En réalité, il apparaît qu'on vit "bien" en Farxel et que le pays, traditionnellement défiant à l'égard de toutes autorité centralisatrice et même seulement centrale, trouve aussi des solutions adaptées à ses spécificités. La tête de l'Etat est donc désormais représentée par un Haut Ministère de Farxel, composé de personnes en réalité entre les mains de l'administration (Amirauté (Grand Amiral), Maréchal (incluant le Gouvernorat ; Maréchal), Chancellerie (Chancelier), Sénéchaussée (incluant la Gens des Baillis; Sénéchal), Surintendance, Trésorerie (incluant les Aides; Trésorier), Héraulté). Seul le Chancelier de Farxel (avec le Grand Amiral de Farxel, lequel n'a guère de pouvoirs), échappe à la tutelle de fait des administrations car il représente l'Etat auprès des autres nations, des races et des clergés. Tout le reste, notamment le Ministre, chef de l'Exécutif et superviseur théorique des Enquêtes et Requêtes, est pris en étau entre l'administration et le Conseil des Dix Provinces dont les capitales sont Almeria, Ered Divinis, Fahange, Haaker, Korven, La Horde, Malvois, Osport, Qwellis, Tide, contrées aussi disparates que possible qui vont de la simple ville (Tide) au pays complet (Qwellis). Un effort de regroupement a cependant été accompli dans la mesure où les lois ne dépendent plus que de cinq Parlements (Qwellis, Almeria, Osport, Haaker et Korven par ordre décroissant d'importance), progrès qui fera certes sourire dans des pays fortement centralisés comme Avros ou le Wejlar. Si donc, à l'échelon local, le Farxel se porte bien, et parfois même très bien, son absence de gouvernement stable et directif l'empêche sans doute d'avoir un destin de puissance politique. Mais, compte tenu de son histoire, de ses héritages culturels, et du tempérament des peuples qui le composent, il n'est pas certain que ce ne soit pas précisément le souhait de la plupart de ses habitants.
(à suivre) |